Né le 26 septembre 1902 à Lyon 1er, Henri Paul Thiers est le fils d’Ernest Camille (né à Caluire le 16 janvier 1876), interne des hôpitaux, domicilié 37 quai Saint-Vincent, et de Jeanne Dubois (Lyon 1er 22 septembre 1876-Marseille 27 décembre 1960). Les témoins sont son grand père Henri Thiers, propriétaire, demeurant à Caluire, et Louis Tissot, 47 ans, pharmacien. Son père – thèse 5 novembre 1904 : Étude comparative de la ténotomie à ciel ouvert et de l’extirpation partielle du sterno-cléido-mastoïdien dans le traitement du torticolis congénital, Lyon : impr. du Salut public, 82 p., – sera chirurgien à Valence ; il fait paraître en 1920 des Observations cliniques de chirurgie (Valence : impr. Jules Céas, 16 p.). Son grand-père paternel (Marseille 16 octobre 1838-4 novembre 1904), marié à Appoline Vaudrey, était journaliste, membre de la Société des Gens de Lettres, rédacteur en chef du Salut Public entre 1872 et 1880.
Après une enfance valentinoise, Henri Thiers vient à Lyon pour effectuer ses études médicales. Externe puis interne des hôpitaux (vice-doyen de sa promotion) en 1923, il soutient sa thèse de doctorat à Lyon le 18 juin 1928, avec comme sujet : L’urémie convulsive (sous la présidence du Pr Adrien Pic). Il devient en 1932 chef de travaux au laboratoire de chimie biologique de la faculté. Passionné de biochimie, il n’oubliera jamais cette formation tout au long de sa carrière. Il s’intéresse également à la néphrologie et à la rhumatologie avant d’opter pour la dermatologie. Médecin des hôpitaux en 1936, il est ensuite nommé agrégé en dermatologie en 1948. En 1956, il succède à son maître Jean Gaté* dans la chaire de dermatologie et de vénéréologie. En 1960, il obtient la transformation de la chaire en ajoutant l’allergologie à la dermatologie et la vénérologie. Il est également directeur du centre de prophylaxie anti-vénérienne de la région Rhône-Alpes. Il est président de la Société française de dermatologie et de syphiligraphie de 1967 à 1968.
Ses travaux éclectiques ont porté initialement sur l’insuffisance rénale, le diabète sucré, les accidents allergologiques de la chimiothérapie, la pathologie rhumatismale. Puis en dermatologie, il a publié sur les sclérodermies, les érythrodermies, l’action des vitamines, les greffes de peau animale ou fœtale dans les ulcères de jambe, l’auto-histothérapie dans les tumeurs. Il a créé plusieurs spécialités médicales : l’Insadol®, l’Eutrophyl®, mais surtout la Piasclédine® à base d’insaponifiables de noyaux d’avocat pour traiter les sclérodermies ; elle a aujourd’hui une nouvelle indication dans l’arthrose ! La dermopharmacie est un de ses derniers domaines de recherche et il crée les premières Journées annuelles de cette spécialité.
Il se marie une première fois le 30 novembre 1926 à Lyon 7e avec Marie Louise Morel (née le 23 juin 1905 à Lyon 2e), pour en divorcer le 4 mars 1933. Il se remarie à Saint-Jean-de-Maurienne (Savoie) le 22 avril 1940 avec Marie Augusta Eugénie Venera. Ils n’auront pas d’enfants.
Henri Thiers est officier d’académie, chevalier de l’ordre du Mérite et chevalier de la Légion d’honneur. « Sa simplicité, son originalité et son optimisme fascinaient tous ceux qui l’approchaient ou travaillaient à ses côtés » selon son élève Georges Moulin.
Henri Thiers décède le 11 juin 1979 à l’hôpital Édouard-Herriot ; il était domicilié 14 rue des Acacias à Écully. Selon son vœu, il a été incinéré le 15 juin, et ses cendres dispersées dans la plus stricte intimité.
Présenté par Pierre Mounier-Kuhn*, il est élu le 6 juin 1972, au fauteuil 6, section 2 sciences, précédemment occupé par Charles Garin*. Son discours de réception, le 14 novembre 1972, porte sur l’Évolution des idées sur l’allergie (MEM 29, 1975). Son éloge a été prononcé par Pierre Mounier-Kuhn en 1979 (MEM 34, 1980).
Correspondant de l’Académie de médecine.
F. Cottenot, Nécrologie : Professeur Henri Thiers, Ann. Dermatol. Venereol. (Paris), 107, 1980, nos 1-2, p.113. – Pierre Mounier-Kuhn*, « Le Professeur Henri Thiers, 1902-1979 », Lyon médical, 1979, p. 617.
De ses quelque 600 publications, nous retiendrons : L’urémie convulsive, thèse méd. Lyon n° 79, Lyon : Bosc Frères et Riou, 1928, 226 p. – Titres et travaux scientifiques, Lyon : Bosc, 1936, 138 p. ; 2e édition 1939, 151 p.) – Les Vitamines. Biochimie. Biologie. Emploi thérapeutique, Paris : Masson, 1956, 627 p. – Les cosmétiques : pharmacologie et biologie, Paris : Masson, 1962, 301 p. – Manuel d’allergologie, Paris : Masson, 1964, 485 p.