Jean-Francois Cier est né le 21 mars 1915 à Nice. Son père, Jean Euphrasin Cier-Péraro (Fleurance [Gers] 1882-Avezan [Gers] 1965), fils d’un pharmacien, médecin généraliste, qui avait exercé en Gascogne, s’était installé à Nice après son mariage en juin 1914 avec Eugénie Jeanne Noélie Emanuel (Nice 1892-Avezan 1960), fille d’un imprimeur niçois.
Après des études secondaires au lycée Carnot de Nice, Jean-François Cier vient faire ses études de médecine à Lyon, et il est reçu en 1933 à l’École du service de santé militaire. Externe des hôpitaux de Lyon en 1934, il entre au laboratoire de physiologie du professeur Hermann* dont il devient l’assistant. Il soutient sa thèse de doctorat en 1938, sous la direction de Georges Morin, sur « Le comportement vasomoteur périphérique de la peau chez le chien ». Puis il part pour Paris, compléter sa formation de médecin militaire au Val-de-Grâce. Médecin-lieutenant, il est fait prisonnier en 1940 et est affecté, pendant l’Occupation, comme médecin-chirurgien à l’hôpital Saint-Julien de Nancy qui, sous autorité allemande, reçoit des prisonniers de guerre des troupes coloniales. Libéré en 1944, il est affecté comme médecin- capitaine à l’hôpital d’instruction militaire Desgenettes à Lyon. Choisissant la carrière universitaire, il devient chef de travaux pratiques de physiologie à la faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon. Licencié ès sciences en 1950, il occupe passagèrement une charge d’enseignement à Dijon, est nommé agrégé de physiologie à Lyon en 1952, puis professeur sans chaire en 1959, professeur à titre personnel en 1962. Le doyen Hermann* étant occupé par ses fonctions administratives, il est le principal animateur du laboratoire de physiologie où il développe ses propres recherches et où il reçoit notamment de jeunes internes (Alain Sisteron, Philippe Mikaeloff*, Jean Michel Dubernard, Georges Dureau) qui poursuivent l’étude expérimentale des transplantations d’organe. En 1963, il succède à Henri Hermann* comme titulaire de la chaire de physiologie et est élu aussitôt doyen de la faculté contre la candidature du professeur Pierre Bertrand, ancien maire de Lyon sous le régime de Vichy. Membre du comité consultatif des universités dont il a présidé la 38e section, il devient président du conseil scientifique de l’INSERM et, de 1964 à 1974, membre du conseil d’administration des hospices civils de Lyon. Il est un des artisans principaux, avec Louis Veyret, directeur général des hospices civils, de l’application à Lyon de la réforme Debré qui crée les centres hospitalo-universitaires. Pendant les événements de 1968, il doit supporter les manifestations « houleuses » des étudiants, qui occupent son bureau. Devant l’éclatement de la faculté en quatre unités d’enseignement et de recherche, il démissionne de son poste de doyen le 19 avril 1969, et refuse toute nouvelle fonction administrative pour se consacrer exclusivement à l’enseignement et à la recherche. Il a effectué de nombreuses missions à l’étranger : Liban, Maghreb, Arabie saoudite, et en Afghanistan où il met sur pied, en 1960, le jumelage de la faculté de Lyon et de celle de Kaboul. Élu membre de l’Académie nationale de médecine en 1979, il prend sa retraite en 1983.
Il avait épousé le 25 juin 1942, Renée Arnaud, également médecin, dont il avait eu deux filles : Françoise épouse Fulconis, et Pascale. Grand voyageur, chasseur, pêcheur, montagnard, skieur, il possédait une propriété à Charsac près de Crest (Drôme), où il aimait soigner ses abeilles et tailler ses arbres. C’est là qu’il a été victime d’un accident vasculaire cérébral qui a assombri les dernières années de sa vie. Il est décédé à Lyon 2e le 4 novembre 2008, et inhumé au cimetière d’Avezan (Gers). Son nom a été donné à un des bâtiments de la faculté de médecine Lyon-Est.
Officier de la Légion d’honneur 1976.
S’il fut surtout un enseignant de grande valeur, Jean-François Cier a aussi été un chercheur. Ayant débuté ses recherches par l’étude de la vasomotricité périphérique, il s’est intéressé à de nombreux domaines de la physiologie, et en particulier aux glandes endocrines avec des études sur la croissance, l’adrénaline et la noradrénaline. Il a étudié l’innervation extracardiaque, le fonctionnement des centres respiratoires, l’hypothermie profonde, l’équilibre hydro-électrique et ses perturbations, l’hypertension artérielle expérimentale et les facteurs hormonaux et humoraux de l’homéostasie circulatoire.
Succédant à Henri Hermann*, il est élu, le 20 février 1973, au fauteuil 3, section 3 Sciences, sur rapport de Pierre Mounier-Kuhn*. Le 16 octobre 1973, il consacre son discours de réception aux Conquêtes de la modalité humoro-hormonale dans les corrélations fonctionnelles (MEM 29, 1975). Il fera ensuite plusieurs communications : La coopération médicale française en Afghanistan (MEM 30, 1977) ; Neurochimie et comportement ou des rapports entre la physiologie et la psychiatrie (MEM 32, 1978) ; Jean Lépine, 1876-1967 (Ibidem) ; L’actualité scientifique de l’œuvre de Claude Bernard (MEM 33, 1979) ; En Arabie saoudite (MEM 35, 1981) ; avec P. Mounier-Kuhn et Jean-Pierre Boissel : Placebo et médicaments (MEM 37, 1983) ; Histoire du stress, le point de vue du biologiste (MEM 40, 1986) ; Médecine et acupuncture (MEM 43, 1988).Membre émérite en 1990.
R. Mornex, « Éloge de J.-F. Cier (1915-2008) » Bull. Acad. Nation. Méd., 2009, 193-7, p. 1481-1487. – A. Bouchet « Éloge funèbre » (MEM 9, 2009) – David 2000.
Il est l’auteur de plus de 300 communications (cf. Titres et travaux 1974, dossier Académie) et de plusieurs ouvrages didactiques. On retiendra :
J.-F. Cier (dir.) La physiologie française contemporaine, volume jubilaire en l’honneur du doyen H. Hermann (préface de Léon Binet), Paris : Masson, 1968. – Avec H. Hermann, Précis de physiologie, 4 vol., dernière éd. Paris : Masson, 1976. – Avec H. Hermann, Le système nerveux central, Paris : Masson, dernière éd. 1975.