Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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LATARJET Michel (1913-1999)

par Philippe Mikaeloff.

 Michel Eugène Latarjet est né à Lyon le 1er janvier 1913. Il est le fils de l’anatomiste de renommée mondiale André Latarjet (Dijon 20 août 1877-Lyon 4 mai 1947) – spécialiste des viscères et de leur innervation, il a donné avec Léo Testut son nom au musée d’anatomie de Lyon et est aussi commémoré par une place de Lyon et un boulevard de Villeurbanne ; André était lui-même le fils d’Eugène Latarjet, bâtisseur du tunnel de Collonges à Saint-Clair et auteur du système d’adduction d’eaux de la ville d’Istamboul. La mère de Michel Latarjet, Suzanne Françoise Linossier, amie de Francis Poulenc, était la fille de Georges Linossier, agrégé de chimie biologique à la faculté de médecine de Lyon et membre de l’académie de médecine. Michel Latarjet est le frère du radiobiologiste Raymond Latarjet (Lyon 17 octobre 1911-Paris 3 juin 1998) directeur de la section biologie de l’institut du radium, membre de l’académie des sciences, membre d’honneur de l’académie de Lyon, époux d’une pianiste de concert Jacqueline Bernard, premier prix du conservatoire de Paris. Sa sœur Martine a épousé le docteur Riou, médecin pneumologue à Aix en Provence ; elle est la mère de Jean-Paul Riou professeur d’endocrinologie à Lyon et de deux autres enfants médecins. La famille Latarjet habitait un vaste appartement cours du Midi (act. cours de Verdun).

 Externe des hôpitaux de Lyon en 1931, Michel Latarjet est, deux ans plus tard, à seulement 20 ans, interne des hôpitaux, puis aide d’anatomie en 1936, prosecteur en 1937, docteur en médecine en 1939 avec une thèse sur Le traitement des chirurgical des bronchiectasies (dilatations bronches), sous la direction de Paul Santy* dont il devient le chef de clinique en 1939. Mobilisé pendant la guerre de 1939-1940, il est chef d’équipe au groupe chirurgical mobile n° 10. À son retour à la vie civile, il s’oriente vers la chirurgie thoracique tout en poursuivant une carrière d’anatomiste. Chef de travaux anatomiques en 1942, agrégé d’anatomie en 1946, chirurgien des hôpitaux de Lyon en 1953, titulaire de la chaire d’anatomie en 1958 illustrée par son père et où il succède à Henry Gabrielle, chef de service à l’hôpital Jules Courmont en 1958, il est nommé professeur de clinique chirurgicale en 1970, transmettant l’enseignement d’anatomie à son élève Alain Bouchet*. Membre associé de l’académie nationale de chirurgie en 1970, président de la société française de chirurgie thoracique et en 1971 de la société de chirurgie de Lyon, il devient administrateur des hospices civils de Lyon de 1974 à 1980. Il avait créé en 1969 l’association des dons des corps de la région lyonnaise. Il était par ailleurs membre de l’académie du Gourguillon et des Pierres plantées sous le pseudonyme de Claudius Lhumérus.

 Outre sa carrière hospitalo-universitaire, Michel Latarjet a été un sportif de haut niveau, pratiquant comme son frère Raymond le ski et l’alpinisme, mais aussi le golf. Il a présidé la commission de ski du Club alpin français. Avec son frère Raymond, il a accompagné en 1948 l’explorateur Paul-Émile Victor au Groenland pour la création de la première station de glaciologie. Il a également été un pianiste de talent, donnant des concerts et jouant en duo avec son épouse violoniste. Vice-président de l’association de musique de chambre de Lyon, membre du conseil du conservatoire de Lyon, il devient président de la Société philharmonique en 1965, succédant à Robert Proton de la Chapelle*.

 Il avait épousé le 22 avril 1940 Élisabeth Claret dont il a eu quatre fils : l’aîné Jacques devenu anesthésiste réanimateur à l’hôpital Saint Luc ; un autre fils, Marc, premier prix de violoncelle du conservatoire de Paris ; et une fille.

 Il est mort le 19 novembre 1999, à 86 ans, après avoir souffert pendant deux ans des suites douloureuses d’un accident vasculaire cérébral.


Académie

Élu à l’académie de Lyon le 2 juin 1970 au fauteuil 4, section 3 Sciences, de Paul Santy*, il consacre son discours de réception à son maître sous le titre : Le professeur Santy et la chirurgie d’aujourd’hui (MEM 1975). En 1974, communication intitulée Promenade dans le monde des musiciens (MEM 1977), où il fait l’éloge de Georges Martin-Witkowski*, et affirme que le disque ne saurait remplacer le concert. Président de l’académie en 1985, il prononce les habituelles allocutions de début et de fin de présidence (MEM 1986 et 1987). Il accède à l’éméritat en 1990. Il a été à la fin de sa vie bibliothécaire adjoint, et a réalisé un album photographique des bustes possédés par l’académie.

Croix de guerre 1939-1940, chevalier de la Légion d’honneur (1975), commandeur des Palmes académiques (1977).

Bibliographie

A. Bouchet, « Michel Latarjet », MEM 1999. – David 2000.

Publications

Ses travaux ont porté principalement sur l’anatomie. Citons : Avec Charles Clavel, Anatomie médico-chirurgicale du crâne et de l’encéphale Paris : Doin, 1938. – Avec Félix Magnin, un Traité d’anatomie médicochirurgicale du poumon, Paris : Doin, 1956. – Avec Pierre Juttin, il a développé une technique originale, l’« injection corrosion », qui lui a permis de réaliser des travaux sur la vascularisation des organes. – Mise à jour et nombreuses rééditions des ouvrages de son père : le classique Traité d’anatomie humaine de L. Testut et A. Latarjet (où des générations de médecins pendant tout le xxe siècle ont appris l’anatomie), ainsi que le Manuel d’anatomie appliquée à l’éducation physique et à la kinésithérapie pour les candidats à ces professions. – Coédition avec A. Ruiz-Liard (1918-1997, un anatomiste de Montevideo), Anatomia humana [en espagnol], Buenos-Aires, 1983 ; traduite en portugais (mais l’édition française n’a jamais vu le jour).