Né à La Boisse (Ain), le 8 novembre 1863, fils de Jean-Baptiste Pradel, 36 ans, rentier, et de Benoîte Gros, 34 ans. Témoins : Jean Chabert et Benoit Trigon, cultivateurs à La Boisse.
Élève au lycée de La Martinière, bachelier ès-lettres, il entre en 1882 comme vendeur dans l’affaire de produits chimiques Solvay. Puis, il crée, avec un associé, une affaire pour fabriquer du bichlorate d’étain, développe toutes sortes de produits nécessaires aux teinturiers et achète en Turquie « une mine de borax dont l’exploitation assure sa fortune » (Auguste Isaac). Il séjourne en Russie où il crée une usine de produits chimiques. Son séjour lui permet d’appréhender la fragilité des emprunts russes et d’être un des premiers industriels à mettre en garde les porteurs contre le risque encouru. Parvenu à la tête des Usines Chimiques du Rhône, il participe au rapprochement avec les Usines Poulenc, pour former Rhône-Poulenc, dont il devient administrateur, jusqu’à sa mort. Il siège également au conseil d’administration des Établissements Coignet et à celui de la Société des plaques et papiers photographiques Antoine Lumière et ses fils.
Le 2 avril 1898, avec Francisque Vial, Ulysse Pila, Charles de Fischer, Auguste Lumière, Jacques Vuy et la Banque de Commerce Privée de Saint-Pétersbourg, il fonde la Banque Privée Industrielle, Commerciale, Coloniale Lyon-Marseille (41 rue de l’Hôtel de Ville), fusionnée la même année avec le Comptoir lyonnais géré par Auguste Robin et Auguste Rondel, absorbant en 1921 la Banque Bonnasse de Marseille, en 1922 la Banque Richard-Klehe de Toulouse, en 1925 le Comptoir d’escompte de Carcassonne, et en 1928 le Comptoir Alix Julien de Béziers. Dès la création, Auguste Robin est président-directeur général et Louis Pradel, vice-président ; il sera président de 1900 à 1905, puis de 1912 à 1922. La banque se développe jusqu’à posséder en 1929 vingt-neuf agences et trois-cent vingt-deux sous-agences et bureaux. Mais elle est affectée par la crise des années 1930-1931, et son réseau réparti dans le cadre d’une liquidation en janvier 1932 entre différentes banques, notamment à la Société Lyonnaise de Dépôts et de Crédit Industriel (en 1998 Société Lyonnaise de Banque), sous l’impulsion du Crédit industriel et commercial, dont elle est une filiale, qui détenait une importante participation dans le capital de la Banque privée.
Entré en 1900 au tribunal de commerce de Lyon, il fait discrètement son droit, devient successivement juge suppléant, juge titulaire, chef de section, premier juge, puis président de 1906 à 1908. Membre de la chambre de commerce de Lyon en 1909, il en est le président de 1922 à 1930, participant à la création du Port Rambaud sur la Saône, du musée des Arts Décoratifs – dont l’inauguration eut lieu en 1925 à l’Hôtel de Lacroix-Laval –, à la prise en charge de l’aérodrome de Bron, et à la constitution du XIIe Groupement économique régional. Membre de la commission d’études de l’aménagement du Rhône, il participe à la création de la CNR [Compagnie nationale du Rhône]. Accordant une attention particulière aux relations avec l’outre-mer, il veille à ce que les services de la Chambre apportent une aide accrue aux exportateurs, il organise le Musée colonial, favorise la création du port de Tanger et soutient l’ouverture de la voie ferrée Rabat-Casablanca. Président de la 2e société de secours mutuels de Saint-Genis-Laval, de la Société des tanneries lyonnaises, de la Société d’économie politique (1920-1922).
Il est Commissaire général-adjoint de la célèbre exposition internationale urbaine de Lyon en 1914, organisée par E. Herriot*, Tony Garnier*, Jules Courmont et lui-même dans le grand hall et autour des futurs abattoirs, manifestation interrompue par la guerre (Lyon centre du monde ! L’exposition internationale urbaine de 1914, exposition à l’Hôtel de Gadagne du 21 novembre 1913 au 27 avril 1914). Il a reçu le Grand Prix de l’exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris 1925 pour avoir organisé le pavillon de Lyon.
Chevalier de la Légion d’honneur le 12 juillet 1908, officier le 20 juin 1920 (remise par Auguste Isaac*), commandeur le 8 mai 1826 (LH/19800035/388/51986) ; Officier d’académie ; titulaire de diverses décorations étrangères.
Il est mort à son domicile 30 bis place Bellecour le 19 août 1944 et a été inhumé le 22 à Saint-Genis-Laval, après une cérémonie à l’église Saint-François. Le Salut public du 21 août 1944 publia une nécrologie qui se conclut ainsi : « Il montra dans les hautes situations qu’il occupa une remarquable puissance de travail servie par une volonté ardente. Ce fut un bon Lyonnais dont l’exemple devra inspirer ceux qui auront à réaliser les œuvres reconstructrices de l’après-guerre. »
Alors domicilié 21 cours de la Liberté, il avait épousé le 5 juin 1890 à Lyon 2e Jeanne Marguerite Charvet, née à Lyon 2e le 13 octobre 1869, fille de feu Henri Charvet et de Marie Marguerite Gélas. Ils sont les parents d’Henri Pradel, né à Lyon 3e le 5 mars 1891, et de Suzanne Marie Pradel, née à Saint-Genis-Laval le 6 juillet 1892, épouse d’Alexandre Charbin*.
Candidat le 4 décembre 1930, au siège de Pierre Villard* (décédé), il est élu le 2 juin 1931 sur un rapport d’Auguste Isaac*. Son éloge a été prononcé le 7 novembre 1944 par Louis Meunier* (MEM 25, 1949).
Lucien Jeanmichel, Chambre de commerce et d’industrie de Lyon. Les idées, les hommes, les actes, les événements, Lyon, 1989. – Auguste Isaac, Journal d’un notable lyonnais, 1906-1933. – Michel Lescure et Alain Plessis, Banques locales et banques régionales en Europe au xxe siècle, Albin Michel, 2004, p. 227.