Antoine Jean Emmanuel Bouchacourt est né à Lyon, 64 place du Méridien (act. place des Cordeliers), le 3 janvier 1812, fils de Gabriel Bouchacourt (Cluny 1778-Lyon 5e 1852), commerçant, et de Marie Geneviève Suzanne Duclaux (Lyon Saint-Nizier 1787-Lyon 1840), fille d’un commerçant en toiles interné pour démence, Pierre Martin-Duclaux, dont le frère, Jean Suzanne de Martin du Claux avait été exécuté en 1793. Présents à la déclaration du lendemain : Charles Richard, rentier, et Mathieu Grand, limonadier.
Il fait ses études au pensionnat tenu par Claude Louis Grandperret à Saint-Clair, puis au collège Royal (auj. lycée Ampère), où il est très marqué par l’enseignement de son professeur de philosophie, l’abbé Noirot*. Il a comme condisciples Frédéric Ozanam, fondateur de la Société Saint-Vincent-de-Paul à laquelle il participera dès ses débuts, le philosophe catholique Blanc de Saint-Bonnet* dont il prononcera le 12 juin 1880 le discours de funérailles, et son confrère le docteur Francis Devay* auquel il consacrera son discours de réception à l’Académie.
Ses études médicales débutent en 1820 à l’école secondaire de médecine de Lyon. Nommé interne au concours de l’hospice de l’Antiquaille à l’âge de 19 ans (concours 1831), il passe à l’Hôtel-Dieu en 1834. Reçu docteur en médecine de la faculté de Paris en 1836, il reste dans cette ville deux ans, revient à Lyon pour se présenter au concours de chirurgien major, et échoue derrière Pétrequin*. De retour à Paris, il se spécialise en obstétrique et en chirurgie auprès de Lisfranc et de Récamier. Reçu au concours de chirurgien-major en 1840, il prend son poste à la Charité. Il y développe l’obstétrique autrefois réservée aux sages-femmes. En 1851, il pratique une césarienne, intervention alors exceptionnellement réalisée. Il est aussi le premier à utiliser l’anesthésie à l’éther à la Charité. Il enseigne la physiologie et la médecine opératoire à l’école préparatoire de médecine et de pharmacie, puis devient professeur d’accouchement dans cette école où il succède à Paul-Nicolas Colrat en 1856. Enfin, en 1877, à la création de la faculté de médecine, il devient professeur titulaire de la chaire de clinique obstétricale d’accouchements et le reste jusqu’en 1886.
Il a été président de l’Association des médecins du Rhône en charge en particulier de l’assistance médicale gratuite. L’Académie nationale de médecine le reçoit comme membre correspondant en 1889, puis membre associé en 1894. Très actif à Lyon, il a été membre de l’Association lyonnaise des amis des sciences naturelles (1887), membre fondateur de la Société des sciences médicales, de la Société médicale d’émulation de Lyon qu’il préside en 1841 et membre de la Société nationale de médecine et des sciences médicales de Lyon (1844). Chevalier de la Légion d’honneur le 26 août 1860.
Alors qu’il habitait avec son père 69 quai Bon-Rencontre (act. quai Jules-Courmont), il avait épousé à Lyon le 4 décembre 1844 Françoise Marguerite Ponchon née à Lyon le 20 octobre 1824 – fille de François Ponchon (de Saint-André) et de Jeanne Éléonore Morand de Jouffrey –, décédée le 22 novembre 1845 à l’âge de 21 ans, après avoir accouché le 2 octobre d’un enfant, Marie Antoine Gabriel Bouchacourt, qui deviendra avocat à Lyon. Il se remarie à Lyon (il habite alors 4 rue du Pérat) le 23 mai 1849 avec Anne Marie Sophie Prudence Zacharie (Lyon, 1830-1908).
Il décède à Lyon 2e, le 6 octobre 1898.
Présenté par Pétrequin, il est élu le 2 juin 1863 au fauteuil 5, section 3 Sciences. Son discours de réception, prononcé le 22 décembre 1868, est intitulé Éloge historique du docteur Francis Devay* (MEM S 17, 1868). Président pour l’année 1880, il est émérite en 1886.
Pascaline Davin, La chirurgie à Lyon, évolution au cours des siècles : l’âge d’or du xixe siècle, thèse (inédite), 2009. – Alain Bouchet dir., La médecine à Lyon des origines à nos jours, 1987. – Jean-Baptiste Raingeval, Les Chirurgiens-majors de l’Hôpital de la Charité de Lyon au xixe siècle, thèse inédite, 2006. – G. Despierres, « Antoine Bouchacourt », Lyon Médical 1981. – Allocutions aux funérailles par M. Lafon* (notes manuscrites), Ac. dossier. – Bertrand Morel, Antoine Bouchacourt, premier professeur de clinique d’obstétrique à la Faculté de Médecine de Lyon, Paris : s.n., 1985.
Observations, expériences et propositions sur quelques points de physiologie et de pathologie chirurgicale, Lyon : Didot le Jeune, 1836. – Recherches et observations cliniques sur les tumeurs érectiles, Paris : Béthune, 1838. – Du traitement de la tumeur et de la fistule lacrymale par cautérisation de la membrane muqueuse des paupières, Paris : [s.n.], 1838. – Recherches expérimentales et cliniques sur le diagnostic, le pronostic et le traitement des plaies, Paris : Béthune, 1838. – Des Tumeurs nerveuses sous-cutanées et de leur traitement, Paris : Ducessois, 1841. – Recherches sur les accouchements, les maladies des femmes et des enfants. Deuxième Fragment d’un Voyage médical en Allemagne en 1842, Paris : Baillière, 1843. – Mémoire sur la dégénérescence hydatique et hydatiforme des reins chez le fœtus, Lyon : Savy, 1844. – Mémoire sur le traitement du goitre cystique par les injections iodées, Paris : Hennuyer, 1849. – Du galactocèle et de son traitement par l’incision suivie de la cautérisation, Lyon : Vingtrinier, 1857. – Mémoire sur une altération spéciale de la vessie, Paris : Loéquin, 1859. – Considérations sur le traitement des suites de l’opération césarienne, Lyon : Vingtrinier, 1860. – Observation pour servir à l’histoire des polypes du vagin, Lyon : Vingtrinier, 1864. – Étude clinique sur la métrorrhée séreuse des femmes enceintes, Paris : Savy, 1868. -– Du traitement de la grenouillette par l’injection iodée, Lyon : Lepagnez, 1846