Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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HENNEZEL Henri d’ (1874-1944)

par Michel Dürr.

 Marie Augustin Henri d’Hennezel est né à Lyon 2e, 5 place de la Charité, le 1er janvier 1874, fils de Marie Armand, vicomte d’Hennezel (Nancy 23 septembre 1842-Marault-Bologne [Haute-Marne] 24 février 1901) alors capitaine au 9e chasseurs, puis lieutenant-colonel, et de Marie Amélie Joséphine Aynard (Lyon 10 décembre 1849-1936) ; témoins, Joseph Aynard, 22 ans négociant, oncle maternel de l’enfant, 5 place de la Charité, et Maurice Charrin, 21 ans, propriétaire, 18, rue du Plat. Marie Amélie Aynard, fille de Francisque Aynard et d’Augustine Mas, est la demi-sœur d’Édouard Aynard*, qui est donc l’oncle d’Henri d’Hennezel.

 Le 27 octobre 1900, à Gleizé (Rhône), alors qu’il habite 9 rue Vaubecour, il épouse Marie Isabelle Octavie Deroche de Lonchamp (Nice 8 avril 1879-Nantes 1969), fille de Charles Jules Gabriel Deroche de Lonchamp (Lyon 4 août 1826-Saint-Raphaël [Var] 28 janvier 1899) et d’Olympe Marie Louise Tobie de Monspey (Saint-Christophe [Saône-et-Loire] 25 août 1842), sa veuve, demeurant à Gleizé (contrat reçu le même jour par Me Mortier notaire à Belleville), en présence de Marie Gonzague Louis Henri Élisée (Saint-Georges-de-Reneins 1844-1922) – marquis de Monspey, colonel du 25e régiment de dragons à Angers –, de Louis Balthazard Philibert Marie, comte du Peloux (Ludovic du Peloux de Praron [1831-1902], avocat), demeurant au château du Bretail, commune de Perreux (Loire), tous les deux oncles de l’épouse. Ils auront quatre enfants : Armande (décembre 1901-Lyon novembre 1991), épouse en 1937 d’Henri Pernel, officier ; Charlotte (Lyon 5e 24 février 1903-Lyon 7e 4 février 1990), épouse en 1923 de Barthélemy Charles Marie Jacques Penet, comte de Monterno (1900-1976) ; Raoul (Saint-Pierre-de-Chandieu [Rhône] 7 décembre 1903-Lyon 6e 1er novembre 1972) ; et Myriam (Lyon 9 décembre 1904-Romanèche-Thorins 4 mars 1997), épouse en 1927 d’Hervé d’Hennezel d’Ormois.

 Henri d’Hennezel décède le 21 octobre 1944 à son domicile, 67 avenue Maréchal Foch. Il est inhumé au cimetière de la Croix-Rousse le 24 après une cérémonie à l’église de la Rédemption. Sa dépouille a été transférée le 17 mai 1950 à Gleizé.

 Par sa lignée paternelle, il revendiquait de descendre de la famille d’Hennezel, gentilshommes verriers dès la fin du xiiie siècle en Lorraine. Devant Me Gaston Vandorme, notaire à Bruyères-et-Montbérault (Aisne), est signé le 31 janvier 1938 entre la branche, dite officielle, d’Hennezel d’Ormois et la branche d’Hennezel de Gemmelaincourt, dite utérine, un curieux pacte de reconnaissance de parenté et d’utilisation des mêmes armes.

 Élève du collège de Mongré à Villefranche-sur-Saône, étudiant en droit à la faculté catholique de Lyon, il se tourne vers les lettres. Il signe Berbier du Metz – Marie Anne Victoire Berbier du Metz (1815-1885) avait épousé Paul Alfred Hennezel (1803-1869), grand-père d’Henri – son premier ouvrage La superbe Méchin : « ouvrage fort noir sur la jeune bourgeoisie lyonnaise, proie désignée des demi-mondaines » (Bernard Poche), et il abandonne aussitôt ce pseudonyme pour publier La fosse aux bêtes : « livre d’une très grande violence visant aussi bien un gouvernement asservi aux Loges […] que le clergé séculier concordataire auquel tentent de s’opposer des ordres religieux bien isolés dans leur pureté » (Bernard Poche). Il entre en relation avec Joris-Karl Huysmans (1848-1907) en septembre 1901 et lui écrit pour manifester sa sympathie lors de son départ forcé de Ligugé (Vienne) ; il donne dans la presse un compte-rendu de l’Oblat, et défend ce livre dans un article du journal lyonnais Salut Public. Puis, en 1904, il dédie à Huysmans son premier roman La Seconde faute, qui massacre la bourgeoisie d’Ainay et déclenche un véritable scandale. En 1910, il préface Prières et pensées chrétiennes de J.-K. Huysmans. Il est aussi en contact avec Maurice Barrès, Abel Hermant, Henri Lavedan. Il publie dans les revues lyonnaises, dans la Revue Bleue (le 18 décembre 1910, L’appel du bonheur ; en 1911, Le requiem des bohémiens), dans la Revue hebdomadaire (15 juillet 1911, La porte close ; 9 décembre 1911, Le Mausolée), et dans L’illustration. En 1912, il tient la rubrique de critique littéraire du Salut Public où il donne en 1913-1914 plusieurs études (La Compagnie du Saint-Sacrement, Le Musée des Tissus de Lyon, L’œuvre monumentale de Soufflot). En 1914, il écrit Lyon, ville d’art dans la collection Laurens « Les villes d’art célèbres ».

 Après la guerre de 1914, pendant laquelle il aurait été administrateur d’un hôpital de la Société de secours aux blessés militaires, il devient, à l’instigation de son oncle Édouard Aynard, directeur des musées de la chambre de commerce de Lyon, le musée des Tissus et le musée des Arts décoratifs de la ville de Lyon. Il leur consacre désormais son activité et son écriture.


Académie

Le 14 mars 1922, Hennezel se porte candidat au fauteuil de Terrebasse*, passé à l’éméritat. Sur le rapport de Mariéjol*, il est élu le 6 juin 1922 au fauteuil 2, section 2 Lettres. Reçu le 13 juin 1922, il prononce le 6 mars 1923 son discours de réception Théodore de Banville, poète lyrique et dramatique (MEM 1924, et Lyon : Rey, 1923, 29 p.). Il est président de l’Académie en 1943-1944. Autres interventions : 20 janvier 1925, L’évolution de l’industrie de la soie ; 24 novembre 1925, Les tapis anciens de Perse et de Turquie ; 18 mai 1926, Claude Dangon inventeur du métier à la grande tire ; 4 février 1936, Présentation du livre de Tancrède de Visan Sous le signe du Lyon ; 12 février 1935, Les portraits tissés de Michel Marie Carquillat ; 21 juin 1938, Hennezel projette des photographies de tentures du Musée des Tissus évoquant divers évènements historiques ; 19 janvier 1937, La fleur dans la soierie française du xviiie siècle ; 9 février 1943, Les origines de l’industrie de la soierie à Lyon. Il prononce le 9 novembre 1943, l’éloge funèbre de Georges Martin-Witkowski* (MEM 1945), et le 21 décembre 1943, celui d’Antoine Sallès* (MEM 1945). Le 7 novembre 1944, Louis Meunier* prononce son éloge funèbre (MEM 1949).

Membre de la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon en 1904, il la préside en 1914-1915. Le 9 décembre 1906, il fait une conférence intitulé Louis Mercier, un poète de la nature (Bull. de la SHALL, 1907) ; le 12 février 1908, il y lit sa nouvelle Le dogue ; le 12 janvier 1910, Le requiem des bohémiens ; le 7 décembre 1910, Le couvent de Melle Blumentopf ; le 8 février 1911, Le Mausolée ; le 20 décembre 1911, La veuve aux écus ; le 12 mars 1913, La porte close. Il a aussi publié dans le bulletin de 1905 Une réparation de vitraux en 1904 (verrière de la Rédemption de l’église Saint-Jean à Lyon).

Bibliographie

Bruno Benoît, DHL. – T. de Morembert, DBF. – Bernard Poche, Dict. bio-bibliographique. – B. Poche, « Huysmans et le roman lyonnais entre 1895 et 1910 », in J.-K. Huysmans. Littérature et religion, Samuel Lair (dir.), PU Rennes, 2009. – Bull. de la SHALL 1940-1944, L.R. Notice et bibliographie, p. XLII-XLVI.

Publications

Vie de province, la superbe Méchin, Lyon : Effantin, 1901, 171 p. – La fosse aux bêtes, Journal du temps de la « Défense républicaine », Lyon : Effantin, 1901, 342 p.L’amour et l’eau fraîche, comédie en 2 actes, Lyon : Rey, 1903, 96 p. – La seconde faute, roman, Paris : Stock, 1904, 253 p.L’entrave, roman, Paris : Perrin, 1906, 301 p.Le lendemain du péché, roman, Paris : Perrin, 1907, 252 p. – Les cendres du foyer, roman, Paris : Grasset, 1911, 302 p.Lyon, ville d’art, Paris : Laurens, 1914, 146 p.Le péril de l’art sacré, conférence aux facultés catholiques de Lyon le 3 avril 1919, Lyon : Rey, 1919, 36 p. – La mode féminine au xviie siècle, Lyon : Grange et Giraud, 1924, XIV + 98 p.Le décor des soieries d’art anciennes et modernes. Documents originaux en couleurs du Musée Historique des Tissus de Lyon, Paris : Nileson, s.d. (ca 1925), 13 p., 56 pl.Claude Dangon, essai sur l’introduction des soies façonnées en France, d’après des documents inédits, 1605-1613, Lyon : Rey, 1926, 57 p., 12 pl.Lyon, ouvrage illustré de 127 gravures, Paris : Renouard, 1927. - Pour comprendre les tissus d’art, Paris : Hachette, 1930, 232 p. – Le Musée lyonnais des Arts décoratifs, Mulhouse Dornach : Braun, et Lyon : Artaud, Lyon, 1929, 68 p.Musée historique des tissus. Catalogue des principales pièces exposées, Lyon : Rey, 1929, xiii-150 p. – Tapis d’Orient, Lyon : Desvignes, 1935, 148 p., 48 pl. sépia. – Tourmente, roman, Paris : Plon, 1936, 248 p.

Préfaces à : J.-K. Huysmans, Prières et pensées chrétiennes, Lyon : Lardanchet, 1910, 92 p., 33 p. – Centenaire de Jacquard, 1834-1934. – Un siècle de l’art lyonnais de la soierie, Paris : Fondation Salomon de Rothschild, 1934, 80 p. – Anne Tapissier, Madame de Sermézy, élève de Chinard, Lyon : Audin, 1936, 72 p. – Edmond Delaye, Quelques menuisiers en sièges de Lyon aux xviie et xviiie siècles, Lyon : impr. Express, 1936, 101 p.