Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

MARTIN-DAUSSIGNY Edme Camille (1805-1878)

par Jean Burdy.

 Edme Camille Martin est né à Bordeaux, section du Nord, le 11 fructidor an XIII [jeudi 29 août 1805], fils de Jacques Joseph Martin et de Thérèse Sylvie Daussigny, demeurant 7 rue Fondaudège. Témoins : Abel Dominique Desbois, dit Duménie, confiseur, et Pierre Charles Robert Vasseur, caissier au Grand Théâtre. Ses parents s’étaient mariés à Lyon, division Nord, le 30 brumaire an XIII [21 novembre 1804] : Jacques Joseph Martin, 40 ans, fils d’un oculiste, originaire de Metz, musicien, était divorcé à Reims ; Thérèse Sylvie, 20 ans (née à Lyon le 13 décembre 1784), est la fille d’Edme Daussigny (Châteauroux, Saint-André 1750-Lyon 1824), syndic des agents de change en 1807, 116 rue Sainte-Catherine, qui avait épousé en 1782 à Saint-Pierre Saint-Saturnin Marie Magdeleine Sylvie Grivet (Saint-Pierre Saint-Saturnin 1760, Lyon 1822) : une de leurs filles, Joséphine Laurence (1788-1833), épousera en 1808 Jean Antoine Riboud (1781-1864), fabricant de soierie, président du conseil des prudhommes en 1840, des hospices de Lyon en 1845 et adjoint au maire en 1846, arrière-grand-père de Camille Riboud*.

 Le ménage Martin-Daussigny revient à Lyon. Le père part sans laisser d’adresse ; mère et fils s’installent chez Edme Daussigny. Ils habitent en face du palais Saint-Pierre, voisins de Fleury Richard*, François Artaud*, Pierre Révoil*. À partir de 1821 le jeune homme, qui a accolé le nom de sa mère au sien, suit l’enseignement de l’école des Beaux-arts de Lyon, qu’il achève dans la classe de peinture de Révoil. En 1826-1827, un voyage en Italie le mène à Pise et à Rome où il rencontre Victor Orsel, et en Campanie où il découvre la peinture à l’encaustique utilisée dans l’Antiquité. Avec Étienne Rey*, il devient un chaud partisan de cette technique. Toutes ces fréquentations marquent ses débuts dans la peinture. Il expose au Salon de Lyon : 1838, Jeune archer égyptien ; 1839, Le Christ mort sur la croix (église Saint-Paul) ; 1843, un Ex-voto à Fourvière après les inondations de 1840 ; 1853, Sainte Élisabeth de Hongrie (musée des Beaux-Arts) ; 1862, Dante.

 Martin-Daussigny est admis à la Société littéraire et historique en février 1842, en devient secrétaire adjoint en 1858, et dessine le diplôme de la société. Il est un des fondateurs de la Société topographie historique de Lyon en1872, et la préside en 1873.

 Archéologue reconnu par ses premières interventions et publications archéologiques il est nommé en décembre 1857, après la mort d’Ambroise Comarmond*, directeur des musées archéologiques de Lyon, poste où il s’est révélé le digne successeur de François Artaud*. Comme lui, il surveille assidûment les travaux à Lyon et pratique des fouilles aussi souvent que possible. Consciencieux à l’extrême, sa gestion rigoureuse des collections et les nombreux achats d’objets archéologiques et de monnaies exigent de lui de fréquents courriers au sénateur Vaïsse et à l’administration préfectorale (ADR 4T66). En 1862, il fait trois communications à la 29e session du Congrès archéologique de France, qui se tient à Lyon, et guide une visite abondamment commentée de la collection épigraphique lyonnaise. Il est nommé chevalier de la Légion d’honneur le 2 octobre 1869 (LH/1766/58).

 En 1838, il habite à Lyon 32 rue Saint-Marcel, au Palais des Arts en 1857, au 30 rue de l’Annonciade en 1860-1869, puis 1 place Sathonay, où il meurt le 26 juin 1878. L’acte de décès, signé par ses cousins Edmond Antoine Léon Riboud et Marie Adolphe Joannès Flandrin ne porte que le nom de Martin. Le 29 juin un grand concours de monde assiste à ses obsèques à l’église Saint-Vincent et au cimetière de Loyasse (n° 3221, non localisé sur le registre), où le doyen de la faculté des sciences rappelle sa vie et ses travaux (« Chronique locale », RLY 6, 1878, p. 77-78). Le président Charvet de la Société littéraire lui rend hommage à la séance du 3 juillet en soulignant « son dévouement sans bornes à des fonctions pleines de responsabilité ». Célibataire, Martin-Daussigny a légué ses biens à la veuve de son ami Jean-Claude Bonnefond* (décédé le 27 juin 1860).


Académie

Le 1er septembre 1840, l’Académie lui a attribué un prix d’encouragement fondé par le duc de Plaisance pour ses améliorations apportées à la peinture à l’encaustique. Chaudement recommandé par Servan de Sugny* et Menoux*, il est élu au fauteuil 1, section 2 Lettres, le 6 juin 1854. Il lit son discours de réception en séance publique le 11 juillet : De l’alliance intime des beaux-arts et de l’archéologie (MEM L 3, 1853 [sic]). En 1858, l’Académie autorise les membres de la section à former un Comité d’histoire et d’archéologie. Allmer*, Vachez*, Saint-Olive, Debombourg, entre vingt autres participants, sont des plus actifs. Les comptes rendus des travaux, d’abord parus succinctement dans la Revue du Lyonnais en 1858 et 1859 (t. 16-19), sont suivis de procès-verbaux détaillés réunis et publiés dans un recueil des séances mensuelles du 2 décembre 1859 au 8 décembre 1867, où l’on retrouve nombre d’articles présents dans les Mémoires. Martin-Daussigny, au premier rang dans ce comité, tient l’Académie régulièrement au courant de toutes les découvertes, nombreuses en ces temps de grands travaux d’urbanisme qui apportent une multitude d’informations essentielles à la connaissance de la topographie de Lugdunum. Pour donner un aperçu de son inlassable activité, notons, outre ce qui est cité plus loin dans les manuscrits et les publications, des recherches et des travaux sur une voie romaine aux Minimes, des mosaïques et des éléments de constructions (à Fourvière, Saint-Jean, Ainay, Célestins, Terreaux), des tombes (la Sarra, la Favorite, Trion, Vaise), le mausolée d’Acceptius rue de Marseille, des inscriptions (à Saint-Irénée, Saint-Paul, Pierre Scize, Chouans, dans la presqu’île), des pilotis et blocs de quais antiques et une statue de Jupiter en bronze dans le Rhône, des armes et des plombs dans la Saône.

Bibliographie

Bonnel. – CAG 69/2. – P. Beghain, DHL. – Travaux archéologiques extraits des mémoires de l’Académie… de Lyon. 1859-1867, Lyon : Assoc. typogr., 1868, 169 p. – G. Bruyère, « Jalons pour une histoire des collections épigraphiques lyonnaises, xvi-xxe siècle », BMML, 2001, p. 8-139 (portrait photogr. par Armbruster, p. 44). – D. Dumas, Salons et expositions à Lyon 1786-1918, Dijon : L’échelle de Jacob, 2007, t. II, p. 867-868. – P. Beghain, Les travaux et les jours d’un directeur des musées de Lyon, Journal inédit (1872-1878) d’Edme-Camille Martin-Daussigny, Lyon : EMCC, 2014.

Manuscrits

Proportions des lettres romaines antiques retrouvées sur les monuments de Rome, Ac.Ms95, 1840, 94 p. – Mémoire sur les noms à attribuer aux rues de Lyon (pour une rue Jean de Tournes), Ac.Ms352 f°409-410. – Étienne Rey*, Rapport sur le mémoire de Martin-Daussigny. Observations sur la peinture à l’encaustique, 17 décembre 1839, Ac.Ms279-1 pièce n° 3. – Antoine Chenavard*, Rapport sur les améliorations apportées par M. Martin-Daussigny aux procédés de la peinture encaustique, mis au jour par M. de Montabert, 19 août 1840, Ac.Ms279-1 pièce n° 14. – Comarmond*, Rapport sur la candidature de MM. Martin-Daussigny et d’Aigueperse, 7 juin 1853, Ac.Ms279-III pièce 86. – Joseph Victor Vibert*, Rapport sur la candidature de MM. Martin-Daussigny et d’Aigueperse, décembre 1853, Ac.Ms279-III pièce 95. – Travaux littéraires de M. Martin-Daussigny, Ac.Ms279-III pièce 146. – Lettre de Martin-Daussigny à l’Académie du 19 novembre 1861, demandant que soit émis le vœu que la rue Raisin devienne la rue Jean-de-Tournes, Ac.Ms352 f°409 et 410. – Dissertation sur l’emplacement du temple d’Auguste au confluent du Rhône et de la Saône, 36 p., BML, Fonds général, Ms.5668. – Musées de Lyon, Journal, notes particulières depuis le 17 avril 1872, Musée des Beaux-Arts publié par P. Beghain en 2014.

Publications

Observation générale sur la peinture à l’encaustique, ou Lettre d’un voyageur en Grèce, Lyon, 1838. – Débats entre la peinture à l’encaustique et la peinture à l’huile, Lyon : L. Perrin, 1841, 47 p. – Éloge historique de Pierre Révoil, Lyon : impr. Barret, 1842, 32 p. – « Dissertation sur l’emplacement du temple d’Auguste au confluent du Rhône et de la Saône », RLY 28, 1848, p. 10-44 ; 2e éd. enrichie, Lyon : L. Perrin, 1853, 48 p. – « Lettre au sujet du temple d’Auguste », RLY 28, 1864, p. 381-382. – « Notice sur Victor Orsel », RLY 1, 1850, p. 502-514. – Peintures des litanies exécutées par Victor Orsel, Lyon : L. Perrin, 1851, 28 p. – « De l’alliance intime des beaux-arts et de l’archéologie », discours de réception, MEM L 3, 1853, p. 227-248. – « La crypte de Saint-Pothin à Lyon », RLY 7, 1853, p. 431-441. – « Description d’une voie romaine découverte à Lyon dans le quartier du Jardin des Plantes en octobre 1854 », MEM L 4, 1854, p. 133-162 ; RLY 18, 1855, p. 87-88 ; MEM L 5, 1858, p. 239-263. – « Nécrologie. M. Menoux », RLY 11, 1855, p. 246-253. – « Notice sur le perfectionnement de la peinture à l’huile, par Jean de Bruges au xve siècle », MEM L 5, 1856, p. 264-273. – « Notice sur l’inscription de Sabinius Aquila retrouvée en 1857, dans la maison Lempereur, rue Mercière ; traduction », MEM L 6, 1857, p. 89-104 et 127-129, et RLY 15, 1857, p. 350-352. – « Lettre sur l’amphithéâtre du Jardin des plantes », RLY 16, 1858, p. 165-166. – « Mémoire pour servir à une nouvelle recherche de la statue équestre à laquelle appartient la jambe de cheval en bronze trouvée en 1766 dans la Saône », MEM L 8, 1859, p. 82-104, et RLY 19, 1859, p. 190-212. – « Notice sur les découvertes faites en 1859 […] à l’Hôtel du Parc », MEM L 8, 1859, p. 129-143, et RLY 19, 1859, p.403-416. – « Rapport […] sur la nouvelle édition du livre de Spon par M. Monfalcon », MEM L 8, 1859, p. 283-298. – « Éloge funèbre de C. Bonnefond », MEM L 9, 1860, 15 p., et RLY 22, 1861, p. 177-197. – « Éloge funèbre de Victor Vibert », MEM L 9, 1860, p. 101-122. – « Notice sur la découverte des restes de l’autel d’Auguste à Lyon », MEM L 11, 1862, p. 111-136, et RLY 26, 1863, p. 171-196. – Le Campo Santo à Pise, Lyon, A.Vingtrinier, 1862, 27 p. – « Notice sur l’amphithéâtre et l’autel d’Auguste à Lugdunum ; La collection épigraphique du musée de Lyon ; Topographie de Lugdunum au ive siècle », Congrès archéologique de France, 29e session, Saumur et Lyon 1862, Paris, 1863, p. 418-453 et 462-503. – « Une nouvelle inscription trouvée sous le pont de Nemours », RLY 26, 1863, p. 85. – « Note au sujet du canal des Terreaux », RLY 26, 1863, p. 384-385. – « Découvertes archéologiques dans le lit du Rhône à Lyon en 1863 et 1864 », MEM L 12, 1864, p. 153-162, et RLY 28, 1864, p. 99-108. – « Lettre au sujet du temple d’Auguste » (en réponse à Allmer*), RLY 28, 1864, p. 381-382). – « Lettre au sujet de la mosaïque du musée Saint-Pierre », RLY 3, 1867, p. 172-173. – « Notice sur Morand et Perrache », MEM L 15, 1870-1874, p. 403-413. – « Étude sur la dédicace des tombeaux gallo-romains », RLY 12, 1871, p. 401-476. – Notice des tableaux exposés dans les galeries du musée de Lyon au palais des arts, Lyon : Perrin et Marinet, 1877, XVIII + 187 p. – Notice des tableaux donnés au musée de Lyon par M. Jacques Bernard en 1875, Lyon : Perrin et Marinet, 1877, VI, 113 p. ; 2e éd., 1881, 130 p.