Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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COGELL Pierre (1734-1812)

par Michel Le Guern.

 Per Eberhard Cogell est né à Stockholm en 1731 (d’après Grognier*) ou 1734 (d’après Dumas*), fils de Frédéric Cogell et de Sophie Sirchogle [l’acte de baptême cité par le Svenskt biographiskt lexicon est celui d’un homonyme]. Sa famille était originaire de Saxe. Il était boiteux, par suite d’une blessure reçue dans sa jeunesse ; Jean-Baptiste Dumas, qui a voulu se renseigner sur l’origine de cette infirmité, évoque l’hypothèse d’une blessure de guerre. Élève du sculpteur Jacques Philippe Bouchardon (1711-1753) et du portraitiste et pastelliste Gustaf Lundberg (1695-1786) à l’Académie de Stockholm, il obtient une bourse de voyage, en 1763, pour continuer sa formation à l’Académie des Beaux-Arts de Copenhague où il reçoit une grande médaille d’argent pour le dessin, le 12 avril de l’année suivante. De 1764 à 1766, il est l’élève de Jean Marie Vien à Paris. Pensionné par le gouvernement suédois, il se fixe à Lyon à partir de 1766, excepté un séjour en Suisse de 1768 à 1769.

 En 1775 il est nommé deuxième adjoint auprès du professeur de dessin à l’École royale académique. Le 5 janvier 1779, il est, d’après les ordres de la reine Marie-Antoinette, nommé peintre de la ville de Lyon, en survivance de Donat Nonnotte*, bien que le consulat ait lui-même nommé Alexis Grognard (1752-1840), l’année précédente. Cogell sera le dernier titulaire de cette fonction. À la mort de Nonnotte en 1785, il ne put garder sa place, convoitée par Alexis Grognard, que grâce à l’intervention du duc de Villeroi. En 1782, il est membre de la loge La Bienfaisance créée par Jean-Baptiste Willermoz et Jean-Antoine Morand. En 1784, il est sous-professeur honoraire à l’École royale gratuite pour le progrès des arts et celui des manufactures de la ville de Lyon ; il habite alors rue de la Vieille Monnaie. Plus tard, il bénéficiera d’un logement à l’intérieur de l’Hôtel de ville.

 Le 28 ventôse an II [18 mars 1794], il épouse à Lyon Geneviève Privat, âgée de 29 ans, également peintre (« du même art »), fille de Français Privat, qui était huissier de son vivant, et de Claudine Clavaizon. Les témoins sont Jean-Baptiste Privat, greffier de la gendarmerie nationale, frère de l’épouse, Jean-Baptiste Arnaud, joaillier, beau-frère de l’épouse (marié à Marie Privat), Pierre Grivet, fabricant, et Jean Marie Bertrand, maire de Lyon. Cet acte soulève plusieurs difficultés. Pierre Cogell y est dit âgé de 58 ans (ce qui situerait sa naissance en 1736, mais il s’est peut-être rajeuni pour l’occasion). Le peintre habite alors rue des Bouchers. Fuyant les troubles révolutionnaires, il va travailler en Suisse, mais revient vite à Lyon, pour y divorcer. Après l’acte de non-conciliation daté du 26 nivôse [15 janvier 1795], le divorce est prononcé le 29 pluviôse an III [17 février].

 Lors de la création de l’école centrale en l’an V, il y est nommé professeur de dessin. Il s’installe quai de Retz (act. quai Jean-Moulin), près de la terrasse du collège. Le 5 août 1806, Cogell est nommé par arrêté préfectoral commissaire président du concours de dessin pour l’admission à l’école impériale polytechnique. Le 9 septembre 1806, lors de la distribution des prix des écoles gratuites de dessin, il prononce un discours sur l’influence de l’art du dessin sur les manufactures de la ville. Il continue son enseignement du dessin au lycée impérial de Lyon jusqu’en 1810.

 Il est mort à Lyon le 21 janvier 1812, le même jour que le comte de Laurencin*. L’acte de décès indique : « Pierre Cogell, âgé de quatre vingts ans environ, natif de Stockholm en Suède, ancien professeur de dessin, demeurant à Lyon, rue du Pas étroit [partie est de l’actuelle rue du Bât-d’Argent] n°13, célibataire ». Les déclarants sont Jean Antoine Perenciol, architecte rue de la Glacière, et Claude Antoine Roux*, professeur de mathématique, place du Lycée.


Académie

Le 24 juillet 1787, l’Académie commande à Cogell le portrait d’Adamoli*, probablement réalisé d’après un tableau de Donat Nonnotte*. Il est nommé membre titulaire de l’Athénée en 1800. Le 25 mai 1802, le peintre donne à l’Académie le portrait de Jean Espérance Blandine de Laurencin*. Pour ces deux tableaux conservés dans les collections de l’Académie, voir Bruyère, PSJ, p.143-144.

Associé ordinaire de la Société d’agriculture, histoire naturelle et arts utiles.

Bibliographie

Louis Furcy Grognier*, Compte rendu des travaux de la SAHAL, et Lyon : Pelzin, 1812, p. 81-83. – Dumas*, Notice historique sur la vie et les ouvrages de M. Cogell, peintre de la ville de Lyon, 1812, Ac.Ms140-II fos81-108. – Dumas, t. II, p. 130. – Desvernay, 1915. – Svenskt biografiskt lexicon, vol. 8, 1929, p. 687 (en ligne). – Nelly Gabriel, Histoires de l’École nationale des beaux-arts de Lyon, Lyon : Beau fixe, 2007.

Manuscrit

Lettre du peintre Cogell, professeur de dessin à l’école centrale du département du Rhône, aux administrateurs dudit département sur l’installation d’un cours de modèle vivant dans une des salles du grand collège, 11 décembre 1797 : autographe signé, avec apostilles et signatures autographes des professeurs de l’école centrale, Gilibert, Bérenger, Brun, Delandine, Roux, Tabard, Mollet (BML Ms Coste 1309).

Œuvres

Portraits de Claude Jacob (1778), de Gabrielle Châtillon, d’une femme inconnue (1789), d’une autre femme inconnue : MBAL. Portraits de M. et Mme Lepescheux : musée des arts décoratifs, Lyon. Portrait du préfet Jean Xavier Bureaux de Pusy* (an X) : musées Gadagne. Les portraits d’André Baréty, de sa nièce et de son petit neveu, vers 1785, sont au musée de Grenoble.