Né le 7 avril 1828 à Fleurie (Rhône), lieu-dit Le Vivier, fils de Benoît Delore (Fleurie 1783-Lyon 2e 1870), propriétaire viticulteur, et de Françoise Jousserandot (Mâcon 1797–Fleurie 1846). Son frère Émile Delore (Fleurie 28 janvier 1821-Romanèche-Thorens 27 mars 1904), entré chez les Capucins sous le nom de Père Juste, a peint des tableaux religieux pour le Vatican et dessiné les motifs du monument funéraire familial à Fleurie.
Il fait ses études à l’institution des Minimes à Lyon. Il est reçu au concours de l’internat des hôpitaux de Lyon en 1849. Son internat terminé, il se rend à Paris (1853-1855) ; en 1854, il est envoyé en mission en Isère pour combattre le choléra. À son retour, il prépare sa thèse, qu’il soutient en 1856 à la faculté de médecine de Strasbourg. Il devient chef de clinique obstétricale à Lyon (1857-1859) dans le service d’Amédée Bonnet*. Entre 1859 et 1872, il participe à l’enseignement des sages-femmes. Aide-major à l’Hôtel-Dieu (1859-1866), il devient chirurgien-major de 1866 à 1878. Il fonde en 1875 le service de gynécologie de la Charité. Comme enseignant à l’École de médecine, il occupe les postes suivants : professeur suppléant de matière médicale et thérapeutique à l’école préparatoire (1858-1865), puis professeur-adjoint d’accouchements et de clinique obstétricale (1865-1877), maintenu dans cette fonction à la création de la Faculté en 1877. Ecarté de la succession de Bouchacourt* en 1886, il démissionne. En 1870-1871, il s’occupe des ambulances installées à l’Hôtel-Dieu pour soigner les blessés de la guerre en cours. Profondément croyant, comme Bouchacourt*, il fonde une confrérie destinée à promouvoir une médecine spiritualiste et chrétienne.
Alors qu’il habite 97 rue de l’Impératrice (act. rue Édouard-Herriot, plus tard il habitera 31 place Bellecour), il épouse à Lyon 2e le 24 août 1863 sa cousine germaine Marie Julie Eugénie Delore (Charbonnat-sur-Arroux [Saône-et-Loire] 7 septembre 1843-31 mars 1865, peu après la naissance d’un enfant). Ce décès l’avait incité à étudier la fièvre puerpérale ; cet enfant, Benoît Émile Marie (23 mars-La Bussière, Saint-Paul-de-Varax [Ain] 10 juin 1938), agent de change, s’adonna, outre des travaux d’économie politique, à administrer des œuvres hospitalières : directeur de l’hôpital de l’Antiquaille (1912-1923), créateur et directeur de l’hôpital des Minimes pendant la Grande Guerre, président du conseil général d’administration des hospices civils de Lyon (1934-1937). En 1935, il crée le musée historique des hôpitaux de Lyon, situé à l’Hôtel-Dieu. Son épouse, Thérèse Azémia Rohart (Paris 1873-Lyon 1931), membre de l’académie de Mâcon, a écrit diverses comédies et poèmes. Leur fils, Pierre Louis Frédéric (Lyon 1896-Lyon 1960), titulaire de la chaire d’hydrologie thérapeutique et de climatologie à la faculté de Lyon a eu un rôle important dans le développement du thermalisme et de la lutte antialcoolique. Une salle de l’hôpital de l’Antiquaille portait son nom. Il a restauré le château de Groslée (Ain).
Xavier Delore se remarie à Lugny (Saône-et-Loire), le 1er juillet 1866, avec Jeanne Laure Marie Péchart, née à Lugny le 31 août 1847, fille de Claude Péchard et d’Antoinette Desréaux. Ils auront plusieurs enfants : l’un, Joseph Delore (Romanèche-Thorens 1873-Ghazir, Liban, 1944), jésuite, missionnaire en Syrie et au Liban, reçut un prix de l’Académie française en 1935 pour avoir propagé la langue française dans les écoles qu’il avait créées ; un autre fils, Claude Louis Marie Xavier (Romanèche-Thorens 1869-Brignais 1940), élève d’Antonin Poncet, important chirurgien des hôpitaux, a donné son nom à une des salles de l’hôpital de la Croix-Rousse.
Xavier Delore est membre de la Société d’anthropologie de Lyon, de la Société de chirurgie de Lyon, de la Société des sciences médicales dont il fut l’un des fondateurs (1861), de la Société nationale de médecine et des sciences médicales de Lyon, de la Société impériale de médecine de Lyon, de la Société anatomique et de chirurgie de Paris. Du fait de ses fonctions, beaucoup de ses travaux ont trait à l’obstétrique (neuf) et à la gynécologie (quatre), mais il s’intéresse aussi à l’orthopédie. Il maîtrise l’asepsie et promeut les interventions abdominales dans de nombreuses circonstances comme la grossesse extra-utérine jusqu’alors presque toujours mortelle, la césarienne, les kystes de l’ovaire, tout en restant très prudent. Dans son traité d’obstétrique, écrit avec son collègue parisien Lutaud, il abandonne beaucoup d’hypothèses ou de traitements non prouvés, préférant souvent préciser ce que l’on ignore à son époque.
Il meurt le 20 février 1916 à Romanèche-Thorens, à son château de la Chanillière. Une salle de l’hôpital Édouard-Herriot porte son nom. Son arrière-petite-fille, Anne-Marie Delore, fille de Xavier Delore (Lyon 1805-Rillieux-la-Pape 1994) et de Simone Ribes (Quintenas, Ardèche 1913-1990), a épousé Jean Agnès*.
Sur un rapport d’Arnould Locard*, il est élu le 2 décembre 1884 au fauteuil 6, section 2 Sciences, après trois tours infructueux le 3 juin. Son discours de réception, lu le 15 juin 1886, est intitulé : Des microbes au point de vue de la maladie et de l’hygiène (MEM S 28, 1886). Ses autres communications sont : Des vidanges à Lyon au point de vue de l’hygiène (MEM 3, 1895). – Perfectionnements de l’hôpital moderne (MEM 3, 1895). – L’opération de Marius (cent ans avant notre ère) (MEM 4, 1896).
Membre correspondant de l’Académie de médecine (1884), de l’Académie de Macon (1907).
François Leclerc*, Éloge funèbre de Xavier Delore, MEM 16, 1919. – Alain Bouchet* (dir.), La médecine à Lyon des origines à nos jours, Lyon : Hervas, 1987. – Jean-Baptiste Raingeval, Les chirurgiens-majors de l’Hôpital de la Charité de Lyon au xixe siècle, thèse médecine, université de Lyon Claude-Bernard (inédite), 2006. – Gabriel Astrie, Une dynastie médicale lyonnaise : la famille Delore, thèse médecine université Claude-Bernard (inédite), 1990. – Pascaline Davin, La Chirurgie à Lyon : évolution au cours des siècles ; l’âge d’or du xixe siècle, thèse médecine université Claude-Bernard (inédite), 2009. – M. Jacquet, DBF (5 notices Delore).
Thèse pour le doctorat en médecine présentée et soutenue le 21 décembre 1854 par Xavier Delore, Paris : Rignoux, 1854. – Du Traitement du pied-bot varus équin dans les cas difficiles, Paris : Hennuyer, 1855. – Opérations de lithotritie pratiquées par M. Barrier, chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu de Lyon, au moyen du brise-pierre pulvérisateur de M. le Dr Guillon : note présentée à l’Académie de médecine, Paris : Cosson, 1855. – Avec A. Berne, Influence des découvertes physiologiques et chimiques récentes sur la pathologie et la thérapeutique des organes digestifs, Paris : Masson, 1857 – Description d’un monstre célosomien aspalasome, avec réflexions, s.l., s.n., 1860, 12 p. – Thrombose et placenta margini, s.l., s.n.,1860. – Anévrysme de l’artère carotide primitive, Paris : Plon, 1860. – Du principe colorant des suppurations bleues, Lyon : Vingtrinier, 1860. – De l’opération du croup et de ses suites chez les très jeunes enfants, Paris : Savy, 1863. – Avec A. Berne, Influence de la physiologie moderne sur la médecine pratique, Paris : Masson, 1864. – Rétrécissement du larynx guéri par l’incision, Lyon : Vingtrinier, 1864. – Du traitement des ankyloses. Examen critique des diverses méthodes. Lu au Congrès médical de Lyon, Paris : Masson, 1864. – De l’hygiène des maternités : discours d’installation prononcé par Delore, Lyon : Vingtrinier, 1866. – Du forceps au point de vue historique et critique, Lyon : Vingtrinier, 1867. – De la Ventilation des hôpitaux, Lyon : Vingtrinier, 1868. – Essai de mécanique obstétricale, Paris : Masson, 1869. – De la Nature de la fièvre puerpérale (leçon recueillie par M. Leriche), Lyon : Vingtrinier, 1869. – De la mortalité des nouveau-nés, de ses causes et des moyens d’y remédier, Lyon : Mougin-Rusand, 1870. – Autoplastie de la main avec lambeau abdominal, Lyon : Vingtrinier, 1872. – Note sur l’ambulance chirurgicale de la Charité, Lyon : Vingtrinier, 1872. – Mort et funérailles du Dr Jules Michaud, chirurgien en chef désigné de la Charité de Lyon, Lyon : Assoc. typogr, 1878. – Traitement des fibromes par l’injection d’ergotine dans le tissu de l’utérus, Paris : H. Lauwereyns, 1878. – La Vérité sur les tours, Paris : V.-A. Delahaye, 1879. – Sur le tamponnement intra-utérin, Lyon : C. Rioton, 1880. – Avec Lutaud, Traité pratique de l’art des accouchements, Paris : Savy, 1883. – Des microbes au point de vue de la maladie et de l’hygiène, Lyon : Assoc. Typogr., 1886. – Des Hôpitaux d’isolement en Angleterre, Lyon : Assoc. Typogr., 1886. – De l’urano-staphylorraphie chez les enfants du premier âge, lu à la Soc. Nation. Méd. Lyon, Lyon : Assoc. Typogr., 1892. – L’Eau potable à Lyon. Présenté à la Soc. Nation. Méd. Lyon, Lyon : Assoc. Typogr., 1892. – Perfectionnements de l’hôpital moderne, Lyon : Rey, 1893. – De l’assistance privée des malades à Lyon, Lyon : Waltener, 1894. – Des Vidanges, à propos du système de M. Bourdaret. Présenté à la Soc. Nation. Méd. Lyon, Lyon : Assoc. Typogr., 1894. – L’opération de Marius (cent ans avant notre ère), lu à l’Académie le 18 juin 1894, Lyon : Rey, 1895. – Note critique sur l’hématocèle, Lyon, 1896. – Recherches sur la circulation maternelle du placenta, Clermont : Daix frères, 1897. – Du redressement forcé des bossus, Paris : Davy, 1897. – Avec A. Pont, Kyste dermoïde suppuré du plancher buccal, Paris : Masson, 1898. – Des étapes de l’hermaphrodisme, Paris : Masson, 1899. – Du pied plat-valgus douloureux, clinique chirurgicale de M. Bonnet (de Lyon), Paris : Hennuyer, [1858]. – Placenta normal et placenta thrombosé, Paris : Levé, 1899. – Enchondrome du Placenta (Môle hydatiforme), Paris : Masson, 1899. – Notre ancêtre de l’âge de la pierre, Vannes : Lafolye frères, 1901. – Hypothèse géodynamique, Lyon : Vitte, 1901.