Benoît Philibert Perroud est né à Lyon le 24 pluviôse an IV [13 février 1796], fils de François Perroud, marchand coffretier (Villefranche-sur-Saône 27 juillet 1768-Lyon 14 avril 1845), et de Françoise Rivière, brodeuse (décédée à Lyon le 11 juin 1838 âgée de 66 ans). Il épouse à Lyon le 25 février 1829 Antoinette dite Antonia Buyet (Lyon 16 avril 1811-Irigny [Rhône] 14 mai 1893) fille de Jean Baptiste Buyet, marchand pelletier (Lyon, 14 janvier 1770-20 novembre 1821), et de Louise Bertholon (Lyon, 14 novembre 1781-27 juin 1857) ; de ce mariage sont nés quatre enfants : François Étienne Louis Perroud, né à Lyon le 28 décembre 1831 ; Louis François Perroud (Lyon 24 février 1833-Lyon 2e 26 février 1889) médecin des hôpitaux, professeur à la Faculté de médecine et botaniste, collaborateur de Saint-Lager* ; François Charles Perrroud (Lyon 16 juin 1835-Jaulgonne [Aisne] 12 mai 1893) admis à l’École polytechnique en 1855, officier d’artillerie, chevalier de la Légion d’honneur ; Charles Louis Perroud (Lyon] 31 janvier 1838-Lyon 2e 14 mai 1920), avocat, conchyliologue (d’où postérité) ; ce dernier a hérité de la propriété familiale rachetée en 1857 à la famille Bertholon par son père aux Sellettes à Irigny.
Après des études au lycée de Lyon, Benoît Philibert Perroud poursuit des études de droit à Dijon ; une fois gradué, il entre dans une étude d’avoué à Lyon en qualité de clerc et devient avoué près le tribunal de première instance de Lyon le 3 mars 1836. Mais il doit se retirer pour raison de santé en 1846.
Il se consacre alors exclusivement à l’entomologie, qu’il cultivait en amateur depuis sa jeunesse. Il entre en relations avec les principaux spécialistes européens ; il achète des spécimens rares du monde entier à des marchands ; il effectue avec sa famille des voyages (en Provence, en Algérie) au cours desquels il procède à des captures d’insectes parfois remarquables, enrichissant ses collections qui acquièrent une renommée européenne. Il entreprend avec ses collègues entomologistes lyonnais, en particulier Mulsant*, des voyages en Angleterre (en 1851) ainsi qu’en Allemagne et en Suisse (1861), dont Mulsant a conté les péripéties. Ces voyages leur permettent de faire la connaissance personnelle de nombreux savants et d’examiner des spécimens types déposés dans des musées (par exemple, les insectes décrits par Linné, conservés par la Linnean Society à Londres). Perroud devient ainsi un des meilleurs entomologistes de l’époque. Il est sollicité pour étudier des lots en provenance du monde entier, notamment de l’Océanie envoyés par le P. Xavier Montrouzier (1820-1897), missionnaire mariste résidant en Nouvelle Calédonie, avec lequel il est en relation suivie. Il publie, seul ou avec Mulsant, sur divers ordres d’insectes, des travaux taxinomiques qui continuent d’être cités. On lui dédie des espèces nouvelles : dès 1839, Mulsant décrit Pogonocherus perroudi (Coléoptère Cerambycide) ; sa femme se voit dédier un Oiseau-mouche, Threnetes antoniae Bourcier et Mulsant, qui est figuré par Gould en 1861.
Après la mort de sa belle-mère en 1857, Benoît Philibert Perroud rachète la maison de campagne de la famille Bertholon à la Salette, à Irigny ; cette propriété avait appartenu au xviiie siècle aux Lortet, et la chapelle avait été en 1770 le lieu du double suicide de Faldony et de Thérèse Lortet, qui eut à l’époque un grand retentissement ; elle demeura en possession de la famille Perroud jusqu’en 1970. Il était chevalier de l’Ordre saxon d’Albert le Valeureux
Perroud décède à Lyon dans son appartement 6 quai des Célestins, le 10 février 1878.
Il est élu le 1er décembre 1857 au fauteuil 3, section 2 Sciences ; trésorier, 1864 ; contrairement à Mulsant, Perroud ne publie pas lui-même dans les mémoires de l’Académie, mais il communique un important travail du P. Montrouzier intitulé Flore de l’Ile Art (près de la Nouvelle Calédonie) (MEM 10, 1860, p. 1-254). Perroud est membre de nombreuses sociétés savantes : Société linnéenne de Lyon (1846; président 1851-1852, 1855-1856), Société d’agriculture de Lyon, Société entomologique de France (1851), Société géographique de Lyon, membre fondateur (1873), Société entomologique de Stettin, Société des naturalistes d’Altenbourg.
Anonyme, « Notice nécrologique sur Benoît Philibert Perroud », RLY 26, 1877-78 ; E. Mulsant, Souvenirs d’un voyage en Allemagne, Paris : Magnin, Blanchard, 1862 ; E. Mulsant, « Notice sur Benoît-Philibert Perroud », ASLL 1878, 25, p. 271-281, portr. gravé ; réimpr. ASLL 26, 1879, p. 108-120 ; G. Kraatz, « Benoit-Philibert Perroud », Deutsch Entomol. Zeitschr. 22, 1878, p. 227-228.
Mélanges entomologiques. Paris, Maison ; Savy ; Lyon, Dumoulin, 4 vol., 1846-1864. – Notes et mémoires (en partie reproduits dans les Mélanges ci-dessus) ; la liste publiée dans le Catalogue of scientific papers comprend dix titres dont les principaux sont : « Description de quelques Coléoptères nouveaux ou peu connus (tribu des Carabiques, famille des Truncatipennes, section des Anthiaires) », ASLL 1847, p. 25-64 ; « Descriptions de quelques Coléoptères nouveaux ou peu connus … », ASLL 1, 1851-1853, 2e s., p. 389-526 ; « Description de quelques espèces nouvelles ou peu connues, et création de quelques nouveaux genres dans la famille des Longicornes », ASL 2, 1854-55, p. 327-364 ; « Notice sur la viviparité ou 1’ovoviviparité des Oreina speciosa, Panzer, et 0. superba, Olivier, avec la description de la larve de cette dernière espèce », Ibidem, p. 402-408 ; « Nouveau genre de Longicorne à la création duquel donne lieu le Tmesisternus mirabilis, Boisduval, et description de deux nouvelles espèces, en faisant également partie », Ibidem, p. 409-420 ; Avec E. Mulsant, « Description de deux nouvelles espèces de Coléoptères (Melasia gagatina, M. tarsalis) constituant un genre nouveau dans la famille des Ulomiens », ASLL 3, 1856, p. 160-165 ; Avec le P. Montrouzier) « Essai sur la faune entomologique de Kanala (Nouvelle Calédonie) et description de quelques espèces nouvelles ou peu connues », ASLL 11, 1864, 11p. 46-257.
Ses collections ont été vendues par ses petits-enfants à Maurice Pic (1866-1957), et se trouvent actuellement au Muséum de Paris, et pour partie au centre de conservation des collections du musée des Confluences à Lyon.