Né à Lyon le 6 novembre 1787, baptisé le même jour à l’église paroissiale de Sainte-Croix, Antoine Jean-Baptiste d’Aigueperse est le fils d’Alexandre Jean Baptiste d’Aigueperse (Beaujeu 1747-Régnié 1823), procureur aux cours de Lyon en 1775, alors greffier au tribunal de la Conservation de Lyon, et de Thérèse Boscary (Lyon 1752-Régnié 1816), fille elle-même d’un procureur aux cours de Lyon. Parrain : Jean Baptiste d’Aigueperse, négociant à Beaujeu, oncle paternel de l’enfant ; marraine : Annette Boscary, cousine maternelle de l’enfant. Ses premières années se passent à la campagne, à Régnié, en Beaujolais, d’où est originaire la famille, et où son père s’est retiré pendant la Révolution. À onze ans il est envoyé à Lyon au pensionnat de l’Enfance à la Croix-Rousse, où il a croisé Lamartine (la rue de l’Enfance est aujourd’hui rue Henri-Gorjus). Élève sérieux, appliqué, il réussit bien. Son oncle Jean Baptiste Joseph Boscary de Villeplaine (Lyon Sainte-Croix 1757-Paris 1827), agent de change à Paris, le fait venir à Paris en 1802 pour suivre des études de droit. Licencié en droit il entre dans une étude d’avoué à Paris, où il devient vite le premier clerc. En 1815, revenu à Lyon, il retrouve la charge de son père, greffier en chef du tribunal de commerce. Il se marie le 16 mai 1815, à Lyon, avec sa cousine, Marie-Antoinette Perret dite « Tonine » (Lyon 8 février 1796-Lyon 21 octobre 1840), fille de Jacques Théodore Perret (Mornant 1757-Lyon 1832) et d’Anne Marie Boscary (Lyon 1772-Lyon 1834), qui lui donne dix enfants dont six meurent très jeunes. Une fille, Antoinette Théodore (Lyon 1819-Régnié 1898), mariée en 1842 à Louis Victor Poidebard (Saint-Paul-en-Jarez 1817-Lyon 1862), sera la mère d’Alexandre Poidebard*.
D’une insatiable curiosité et d’une grande culture classique, passionné d’histoire, de l’époque romaine particulièrement, féru d’archéologie, il est reçu à la Société littéraire en 1839 ; il en est vice-président ou président entre 1845 et 1857. Il devient aussi correspondant de la Société éduenne d’Autun et de la Société de statistiques de Marseille. De ses deux voyages en Italie, le premier à Naples, Rome, Florence en mars 1845, le second à Rome en 1853, avec constamment à l’esprit les grands auteurs classiques, il fait à la Société des récits fragmentaires qui seront publiés après sa mort, avec des notes sur deux excursions à Londres (Courrier de Lyon, 7, 10, 18 juillet 1850, et 4 et 5 août 1851) et sur un séjour à Pau, pour se soigner, en 1853.
Épigraphiste, il présente des inscriptions romaines récemment découvertes qui concernent un légat de la province lyonnaise, un porte-enseigne de la XXXe légion, un procurateur aux nombreuses charges impériales, un élu au Sénat à l’âge de quatre ans, un affranchi contrôleur des mines de fer.
Il décède à son domicile à Lyon 2e, 8 rue Saint-Dominique, le 10 mars 1861 à 73 ans ; il est inhumé à Loyasse à côté de son épouse (stèle dans l’allée 8).
Présenté par Cléophas Dareste* le 29 mai 1855, il est élu le 4 juin (Lettre à Mme D…, datée de Sainte-Foy, 10 juin 1855, Œuvres…, p. 357). Le 10 juillet, il intervient pour la première fois en lisant quelques pages de son « voyage classique en Italie ». Il prononce son discours de réception en séance publique le 22 janvier 1856, sur La décadence des lettres, sciences et arts chez les Romains.
Sa grande affaire est, à partir de la Table de Peutinger et de l’Itinéraire d’Antonin, la recherche des voies romaines dans le nord du département du Rhône, et particulièrement de l’emplacement de Lunna (Ludna), entre Lyon (Lugdunum) et Mâcon (Matisco). Il s’y reprend à plusieurs fois – en 1844, 1852, 1853, 1857 – pour départager Saint-Georges-de-Reneins et Belleville. Dix ans après sa mort ont été retrouvées, et publiées en 1873 annotées par A. Vachez*, ses « Recherches sur les quatre grandes voies romaines de Lugdunum », écrites en 1858 pour la Commission de la topographie des Gaules. Il discute aussi de la « Distance de Vienne à Lugdunum », différente dans les deux sources antiques. Il présente en 1860 un « Essai sur quelques chiffres de l’histoire romaine », citant, tirés d’auteurs latins, de multiples exemples de fortunes, d’héritages, de revenus et de dépenses, de malversations aussi, avec de très grosses sommes dont le déchiffrement reste une énigme pour qui n’est pas dûment averti, et dont l’énormité laisse souvent pantois.
Péricaud. – Abbé Christophe, « Notice sur M. d’Aigueperse », RLY 22, 1861, p. 376-394. – Martin-Daussigny, « Discours prononcé aux funérailles de M. d’Aigueperse », Soc. Litt. Lyon. – M. A. Péricaud, « Esquisse sur la vie et l’œuvre de M. d’Aigueperse », lue à la Soc. Litt. Lyon les 19 juin et 3 juillet 1851, Lyon : Vingtrinier, 1861. – DBF, article M. Audin*.
« Lettre à M. Auguste Bernard sur l’emplacement de Lunna », Soc. Nation. Antiquaires France 18, 1846. – « Une visite à Gergovia, 15 juillet 1840 », Arch. Soc. Litt., 1847, 23 p. – Éloge historique de M. Bréghot du Lut prononcé à la Soc. littéraire de Lyon le 6 février 1850, Lyon : Perrin, 1850, 16 p. – Recherches sur l’emplacement de Lunna, Lyon : Perrin, 1852, 27 p. – « Découverte d’une villa gallo-romaine », RLY 7, 1853, p. 148-159. – Note sur le cippe nouvellement découvert rue de l’Archevêché, 2 p. – Inscription découverte en 1856 quai de l’Archevêché, 4 p. – « Nouvelles et dernières recherches sur l’emplacement de Lunna », MEM L 6, 1857, p. 1-24. – « Notice sur la découverte d’une inscription dans le lit de la Saône », MEM L 6, 1857, p. 305-309. – « Notice sur Boscary de Villeplaine », MEM L 7, 1858, p. 137-156. – « Notice biographique sur Ambroise Commarmond », MEM L 8, 1859, p. 1-8. – « Essai sur quelques chiffres de l’histoire romaine », MEM L 9, 1860, p. 49-63. – « De la décadence des lettres, sciences et arts chez les Romains ». Discours de réception Œuvres I, 1862, p. 103-128). – « Distance de Vienne à Lugdunum, 2 p. ; « Notice sur Spon, 5 p. ; « M. G. Vincent de Saint-Bonnet, 6 p. : ces titres ont été réunis, avec une préface de l’abbé Christophe, dans le tome 1er des Œuvres archéologiques et littéraires de A. J. B. d’Aigueperse, Lyon, A. Brun, 1862, 260 p. – Un tome 2 de 362 p. est consacré à des « Fragments d’un voyage en Italie », à ses « Deux excursions à Londres», à « Un séjour à Pau», et à quelques « Lettres choisies ». – « Découverte d’une villa gallo-romaine entre Villefranche et Saint-Georges de Reneins », RLY 7, 1859, p. 148‑159. – « Recherches sur les quatre grandes voies romaines de Lugdunum », RLY 15, 1873, p. 325-341.