Louis Christophe Auguste Allmer est né le 8 juillet 1815 à Paris 2e, 35 rue des Martyrs, fils de Jacques François (1783-1852), employé des Finances, et d’Adélaïde Augustine Cretolle. Après une enfance partagée entre Paris et la campagne (Chantilly), et des débuts comme surnuméraire au Contrôle, il est nommé percepteur, de 1839 à 1855 en poste à Estrablin (Isère), en résidence à Vienne, puis en 1855 à Saint-Priest avec installation à Lyon à la Guillotière, jusqu’à sa retraite en 1868.
La vocation d’Allmer vient de la multitude de vestiges antiques qu’il rencontre à Vienne, et particulièrement de ceux qui sont exhumés lors des travaux du chemin de fer. Il les relève et les dessine avec soin et, pour comprendre leurs nombreuses inscriptions, il se met, autodidacte, à l’étude du latin. À la demande de son ami l’historien Alfred de Terrebasse (1801-1871) qui s’occupe des inscriptions du Moyen Âge, il se charge des inscriptions romaines. Leur collaboration aboutit à la publication, en 1875 (quatre ans après le décès de Terrebasse) des Inscriptions antiques et du Moyen Âge de Vienne en Dauphiné [Vienne : Girard], ouvrage monumental en sept volumes qui est récompensé par une médaille de l’Institut.
Admis à la Société Littéraire en 1858, il en démissionne en 1861 « pour défauts de loisirs ». Considéré comme un des épigraphistes les plus distingués de notre pays, il est élu correspondant du Comité des travaux historiques et scientifiques en 1856, de la Société des Antiquaires le 6 mars 1861, de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres le 23 décembre 1876. Officier de l’Instruction Publique, il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 2 avril 1875, introduit et reçu par Joannès Erhard Valentin-Smith*.
Allmer fonde en 1878 et dirige jusqu’à sa mort la Revue épigraphique du Midi de la France, qui deviendra la toujours vivante Revue Épigraphique de réputation internationale. Il publie en 1887 le Catalogue sommaire des musées de la Ville de Lyon [Lyon : Mougin-Rusand], illustré des dessins de son fils Adrien (décédé quatre ans plus tard, à Annecy, à 52 ans, le 22 janvier 1891). Le 25 novembre 1878, il est nommé conservateur du département d’épigraphie au musée des Antiques de Lyon. Il reste peu de temps dans ce poste où Paul Dissard lui succède.
En 1889, il publie Les gestes du Dieu Auguste d’après l’inscription du temple d’Ancyre [Ankara], avec restitutions et commentaires [Vienne : Savigné], ayant imaginé depuis 1864 d’orner le temple d’Auguste et de Livie à Vienne d’une restitution de ce monument insigne de l’épigraphie romaine. En 1893 paraît à Toulouse, chez Privat, le volume des Inscriptions antiques de Nîmes, publiées par Eugène Germer-Durand et par MM. F. Germer-Durand et A. Allmer, où ce dernier a une part importante.
Auguste Allmer meurt à Lyon le 27 novembre 1899, à son domicile 26 quai Claude Bernard. E. Espérandieu a dédicacé ses Inscriptions antiques du Musée Calvet d’Avignon : « À la mémoire vénérée de mon maître et ami Auguste Allmer ».
Après rapport favorable d’A. Desjardins* le 16 mai 1876, Allmer est élu le 6 juin au fauteuil 3, section 2 Lettres, et introduit le 13. Le 11 juillet, après ses observations sur le texte du monument d’Ancyre, le président le remercie et « félicite l’Académie d’avoir acquis dans ses rangs un érudit dont l’illustration rejaillit sur toute la Compagnie ». Allmer est émérite en 1882. Il a présenté de nombreuses communications, dès 1860. « Il avait le don de faire revivre le passé » (E. Pariset*, Ac 1900, p. 156).
Dans la séance publique du 29 mai 1885 est lu un copieux Rapport des fouilles faites à Trion à l’occasion de la création du chemin de fer de Lyon à Saint-Just, de l’agrandissement de la gare, et de la préparation de la nouvelle ligne vers l’Ouest lyonnais. Rapport préalable au plus gros volume des Mémoires jamais publié par l’Académie : Trion, antiquités découvertes en 1885, 1886 et antérieurement Au quartier de Lyon dit de Trion, décrites (en 641 pages) par A. Allmer et P. Dissard, MEM L 25, 1888. Dissard s’est chargé de la partie archéologique (voie, tombeaux, objets mobiliers), Allmer de l’épigraphie après un exposé préliminaire de l’histoire de Lyon à l’époque romaine, en 168 pages, qui renouvelle totalement le sujet. L’ouvrage, qui « fait le plus grand honneur aux auteurs et à l’Académie qui n’a pas hésité à s’imposer ce sacrifice pour servir à l’histoire de notre vieux Lyon » (B. Teissier*, MEM L 26, 1889, p. 326) a été couronné par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres.
L’exposé historique d’Allmer sera repris dans les Inscriptions antiques du Musée de Lyon, des mêmes auteurs, en cinq volumes publiés par la ville de 1888 à 1893, ouvrage qui à son tour recevra le prix Gobert 1893 de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Et, référence obligée pour l’épigraphie lyonnaise, c’est l’une des bases du tome 13 du Corpus Inscriptionum Latinarum [CIL] d’O. Hirschfeld, ami et correspondant d’Allmer, à l’instar des autres sommités de l’épigraphie que sont Th. Mommsen, A. Héron de Villefosse, É. Espérandieu, etc.
LH/24/46. – H. Morins-Pons, « Auguste Allmer, épigraphiste », RLY 28, 1899, p. 457-460, et Ac. Rapports 1897-1901, p. 215-218. – J. Buche, « Auguste Allmer, sa vie et son œuvre », RLY 29, 1900, p. 241-270, avec un beau portrait de septembre 1899. – E. Espérandieu, « Notice sur la vie et les travaux d’Auguste Allmer », Rev. Épigr., 96, 1900, p. 65-79, avec sa bibliographie. – J. Burdy, Ac2000, p. 198-199. – Carte archéologique de la Gaule, Lyon 69/2, p. 8-9 et 116-117. – S. Lévin, Inventaire du fonds Allmer, Bibl. de l’INHA-collections Jacques Doucet, Paris, 2004. – M. Christol et S. Lévin, L’apport des archives d’A. Allmer à l’épigraphie de la Gaule méridionale, École antique de Nîmes 28, 2008, p. 61-63. – A. Pelletier, « Auguste Allmer (1815-1899) », Bull. Amis Vienne 96, 2001, p. 9-13.
La bibliothèque de l’Institut National d’Histoire de l’Art (INHA)-Collection Jacques Doucet (Paris) possède une quantité impressionnante de lettres, de notes et d’estampages d’Allmer, réunis par Espérandieu qui les destinait à la bibliothèque de l’Institut, avant de les utiliser pour ses propres travaux.
L’Académie conserve : un manuscrit de 144 pages de dessins avec commentaires : Inscriptions de Lyon et Environs, Dessins d’Aug. Allmer. Donné à Monsr J.E. Valentin-Smith et sur ma demande offert par son fils à la bibliothèque de l’Académie de Lyon. Juin 1892 (Ac.Ms341). – Sept recueils d’une exceptionnelle collection de plusieurs centaines d’estampages d’inscriptions romaines, Ain, Aix, Annecy, Ardèche, Alès, Chanaz, Drôme, Isère, Vienne romaine et chrétienne (Ac. Ms365 à 371).
Allmer est l’auteur de très nombreux articles d’archéologie et d’épigraphie parus à l’Académie, à la Société littéraire, dans la Revue du Lyonnais et Lyon-Revue, à la Société des Antiquaires, etc. Se reporter en bibliographie à É. Espérandieu, à J. Buche et à la C.A.G. Lyon 69/2. Retenons seulement : « Sur quelques inscriptions de l’église Saint-Martin d’Ainay », extrait de la France littéraire, 21 novembre 1857. – « Sur une inscription chrétienne de Lyon regardée comme perdue, et sur deux autres […], découvertes à Anse », RLY 17, 1858, p. 337-345. – « Sur une inscription du xiiie siècle commémorative de la consécration d’une église en Lyonnais », s.l. s.d., p. 354-359. – « Sur deux colonnes milliaires romaines aux noms de l’empereur Maximin et de son fils… », RLY 18, 1859, p. 28-49. – « Sur une inscription romaine du musée de Lyon », RLY 18, 1859, p. 353-355. – Communication sur plusieurs nouvelles inscriptions extraites de la Saône et du Rhône, 1858. – « Sur deux inscriptions votives en l’honneur de la déesse Bormo […] et sur l’étymologie du mot Bourbon », RLY 18, 1859, p. 498-514, et Lyon : Vingtrinier, 1859, 22 p. – « Note sur plusieurs monuments épigraphiques » (lu à l’Académie 13 novembre 1860), MEM 9, 1860-1861, p. 147-160. – « Découverte de colonnes et de tombeaux antiques dans l’église de Saint-Pierre à Vienne, le 29 janvier 1861 », MEM 9, 1860-1861, p. 299-326. – « Note sur plusieurs inscriptions épigraphiques », RLY 22 1861, p. 5-18. – « Mosaïque romaine découverte à Sainte-Colombe-lès-Vienne », RLY 25, 1862, p.161-166, et dans Bull. Soc. Antiq. France 7, 1862, p. 103-106. – « Sur la question de l’emplacement de l’autel de Rome et d’Auguste… », RLY 28, 1864, p. 98-113. – « Explication d’un bas-relief… sur un tombeau antique (Sutia Authis) », RLY 28, 1864, p. 267-268. – « Sur une inscription antique trouvée à Genay, dans le département de l’Ain », MEM 12, 1864-1865, p. 63-79. – Notice sur plusieurs inscriptions de Lyon et sur quelques noms de céramistes, Vienne : Savigné, 1864. – « Notice sur huit inscriptions romaines récemment extraites de la Saône et du Rhône », Bull. Soc. Antiq. France, 1865. – « Sur une inscription antique trouvée à Genay », RLY 28, 1864, p. 292-308 ; MEM 12, 1864-1865, p. 63-79. – « Sur plusieurs inscriptions antiques découvertes à Lyon, pendant l’année 1865 », RLY 1, 1866, p. 31-53. – « Inscription romaine », RLY 4, 1867, p. 475-476. – « Promenade d’un épigraphiste à travers les départements de l’Ardèche, du Gard, de Vaucluse et de la Drôme », Bull. Soc. Départ. Archéol. Stat. Drôme, 1871-1872, p. 267-298 et 354-379. – « Deux inscriptions antiques trouvées à Lyon en 1867 », RLY 5, 1868, p. 358-382. – « Une inscription romaine dans l’église Saint-Jean », RLY 7, 1879, p. 84-90. – « Note sur un fragment de colonne itinéraire », MEM 19, 1879-1880, p. 195-196. – « Épigraphie lyonnaise », RLY, 1881, 1883…, 287 p. – « Épigraphie romaine : I, piédestal d’une statue … ; II, Ahenobarbus », RLY 9, 1884, p. 523-532. – « Épigraphie lyonnaise : épitaphe d’un Trévire », RLY 9, 1885, p. 16‑23. – « Découverte de monuments funéraires et d’objets antiques au quartier de Trion » (lu à l’Académie 29 mai 1885), MEM 23, 1885-1886, p. 281-325. – « Une nouvelle étymologie de Lyon (d’Arbois de Jubainville), travail critique », RLY 10, 1886, p. 94-102. – « Dis Pater, le père de la nation gauloise », RLY 10, 1886, p. 196-212. – « Épigraphie romaine : fouilles de Trion, l’insigne des bénéficiaires », RLY 10, 1886, p. 259. – Les gestes du dieu Auguste d’après l’inscription du temple d’Ancyre avec restitutions et commentaires, Vienne : Savigné, 1889.