Henri Xavier Hermann est né à Lunéville (Meurthe-et-Moselle) le 19 décembre 1892. Son père, Georges Hermann, était officier et appartenait à une famille d’officiers de père en fils depuis le règne de Louis XV. Sa mère, Thérèse Gillet, était fille de notaire.
Après une scolarité à Lunéville, Verdun, Laval et Nancy, il entre à la faculté de médecine de Nancy et, en 1912, devient préparateur au laboratoire de physiologie du professeur Édouard Meyer (1860-1924). Mobilisé en 1914 comme médecin auxiliaire sur les fronts de France et d’Orient, il retrouve ensuite sa place à la faculté et soutient sa thèse en juin 1921 sur La respiration unilatérale et sa régulation, étude expérimentale (Nancy : impr. Colin, 1921, 98 p.). Agrégé de physiologie en 1926, il est nommé à la faculté d’Alger auprès du professeur Henri Tournade. En 1933, au moment de l’installation de la faculté mixte de médecine et de pharmacie de Lyon dans ses nouveaux locaux, il succède à Maurice Doyon (1863-1934) et devient ainsi le quatrième titulaire de la chaire de physiologie occupée précédemment par deux élèves directs de Claude Bernard : Benoît Picard (1844-1885) et Jean-Pierre Morat (1846-1920). Il donne à son laboratoire un relief particulier en l’ouvrant aux cliniciens (René Froment, René Guillet*, Maurice Pont* plus tard René Mornex) ; il devient un véritable chef d’une école illustrée entre autre autres par Georges Morin (1903-1979), par la suite doyen de la faculté de médecine de Marseille, Jean-François Cier*, Michel Jouvet, Jean-Didier Vincent – ces deux derniers devenus membres de l’Académie des sciences. En 1943, le doyen Jean Lépine* ayant été suspendu par le régime de Vichy, il est élu par ses pairs doyen de la faculté, poste qu’il occupera jusqu’à sa retraite en 1963 (avec une brève interruption en 1944 pour permettre à Jean Lépine de retrouver son poste avant son propre départ à la retraite).
Poursuivant une triple carrière de chercheur, d’enseignant et d’administrateur, il occupe des fonctions nationales comme membre pour l’enseignement supérieur du conseil supérieur de l’éducation nationale et membre du comité consultatif des universités ainsi que, localement, du conseil d’administration des hospices civils de Lyon, du conseil de l’École du service de santé militaire et du comité de rédaction du Lyon médical. Présidant la section de physiologie et de biologie du CNRS, il prend part à l’élaboration du 3e plan (1958-1961). Directeur d’études à l’École pratique des hautes études, en 1942, docteur honoris causa de l’université Laval à Québec, il est élu membre correspondant de l’Académie des sciences le 28 mai 1956, pour la section de médecine et de chirurgie, et membre de l’Académie nationale de médecine en 1963.
Marié à Marie-Angèle Launois (Croismare [Meurthe-et-Moselle] 25 février 1883-Lyon 5e 4 janvier 1973), fille d’un verrier de Saulxures-les-Vannes, il n’a pas eu d’enfants. Résidant 15 avenue Félix Faure Lyon 7e, propriétaire d’une maison de campagne à Vaugneray (Rhône), il est atteint en 1968 par une grave maladie rénale dont il décède le 24 mai 1972. Il est inhumé dans l’intimité en Lorraine à Saulxures-les-Vannes, et une cérémonie est organisée à sa mémoire à la chapelle de l’Hôtel-Dieu à Lyon.
Croix de guerre 1914-1918, Commandeur de la Légion d’honneur.
Auteur de près de 400 publications, il a inspiré une soixantaine de thèses et s’est consacré, en particulier, aux mécanismes nerveux et humoraux de la régulation de l’homéostasie et aux régulations périphériques, notamment par la préparation originale dite du « chien sans moelle épinière ». Il a étudié l’hypertension artérielle expérimentale, le choc anaphylactique et l’hibernation artificielle. Il a publié seul ou en collaboration plusieurs ouvrages didactiques maintes fois réédités ainsi que des articles d’histoire de la physiologie.
Élu au fauteuil 3, section 3 Sciences, sur rapport de Maurice Patel* le 26 mars 1957, il succède à Jean Lépine*. Il est reçu par Charles Garin* qui, dans un discours imagé, exalte la Lorraine, et l’apparente aux grands Lorrains que furent Henri et Raymond Poincaré, le maréchal Lyautey et Maurice Barrès. Il consacre le 9 décembre 1958 son discours de réception à Connaissance et inconnaissance de la neurophysiologie (texte dactylographié, dossier Acad.). Après avoir décrit le fonctionnement du neurone, il critique l’assimilation, au nom des avancées de la cybernétique, du cerveau à une machine à calculer. Il soutient que la machine n’est pas capable d’effort créateur. « Le robot, dit-il, ne crée pas, mais résout simplement ». Il fait ensuite plusieurs communications sur Le travail et ses mécanismes physiologiques (14 mars 1961), La physiologie de la faim (MEM 27, 1971), L’anticonception (Ibidem). Il préside l’Académie en 1961 et prononce les éloges funèbres d’André Cade* (11 avril 1961) et de Mgr Lavallée* (21 novembre 1961).
E. Banssillon, A. Latreille*, J.-F. Cier*, « Éloges » Lyon médical, 10 septembre 1972.
Une médaille à son effigie, gravée par Jean Dulac, lui a été offerte lors de son départ à la retraite. Au revers, la légende qui rappelle son décanat entre 1943 et 1963 entoure une vue de la faculté, accompagnée d’un appareil enregistreur et d’un chardon. C’est la réduction d’un médaillon placé dans l’amphithéâtre, inauguré le 25 septembre 1963, qui porte son nom.
Outre sa thèse, on retiendra : avec G. Morin, F. Jourdan et J. Vial, « La vie sans moelle épinière », Biologie médicale, 1936, 26, p. 252-325. – La circulation, Paris : Hermann, 1938.– Physiologie du cœur, Paris : Masson, 1941. – Le métabolisme basal, Paris : Masson, 1941. – Physiologie de la circulation du sang, Lyon : Libr. Camugli, 1941. – Avec A. Policard, Les glandes endocrines, embryologie, histologie et physiologie, Lyon : Libr. Camugli, 1944. – Avec J.F. Cier, Précis de physiologie Paris : Masson, dern. éd. 1976. – Avec J.-F. Cier, Le système nerveux central, Paris : Masson, dern. éd. 1975.