Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

SAINTE-MARIE PERRIN Louis Jean (1835-1917)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Marie Louis Jean Perrin (qui prendra le nom de Sainte-Marie Perrin) naît le 31 août 1835 au 21 rue Bellecordière à Lyon, déclaré le lendemain ; il est le fils de Théodore Perrin* (1795-1880), médecin, et de Jeanne Marie Horacie Cozon (1807-1885) ; témoins : Joseph Cozon, rentier, oncle maternel, et Victor Charvet, commis négociant. Il est le neveu de l’imprimeur Louis Benoît Perrin* (1799-1865) et de Louise Adelaïde Perrin (1789-1838) fondatrice d’un foyer d’accueil pour jeunes filles incurables, institution qui porte toujours son nom.

 De santé fragile, Louis Perrin passe sa prime jeunesse à Ambronay (Ain) chez ses grands-parents Cozon. Puis il est l’élève de l’abbé Noirot* au lycée de Lyon, et prend ensuite des cours de dessin avec Louis Janmot. En 1859, il est récompensé d’un second prix pour un projet de pont monumental proposé par la Société académique d’architecture. Sur les conseils de Tony Desjardins*, dont il est l’élève, il se présente cette même année à l’école des beaux-arts de Paris et entre dans l’atelier de Charles Auguste Questel (1807-1888, second grand prix de Rome en 1844). Il obtient trois secondes médailles, puis une première médaille en 1861. Revenu à Lyon, il travaille avec Tony Desjardins dont, le 5 janvier 1865, il épouse, à Lyon 2e, la fille Reine Amélie (Lyon 4 janvier 1845-12 mars 1895) ; il signe « Sainte-Marie Perrin » mais le nom ne sera officiellement validé qu’en 1902 ; parmi les témoins figure l’architecte et décorateur parisien Alexandre Denuelle (1818-1879). En 1868 il obtient une première mention pour un projet d’église à Lille, et en 1869 il est choisi comme architecte en chef de l’école vétérinaire de Lyon que Prosper Chabrol (1812-1875) a été chargé d’aménager de 1839 à 1858. Cette même année 1868, il entre à la société académique d’architecture dont il sera secrétaire (1871-1871) puis vice-président (1893-1894). En 1869, il se fait connaître par la réalisation du portail de l’église Saint-Bruno et, en 1871, il ouvre sa propre agence.

 Le vœu fait par les Lyonnais d’échapper à l’ennemi prussien en 1870 ayant été exaucé, la première pierre de la basilique de Fourvière, projet auquel l’architecte Pierre-Marie Bossan (Lyon 23 juillet 1814-La Ciotat 23 juillet 1888) et le diocèse de Lyon pensaient depuis 20 ans, est posée le 7 décembre 1872. « Bossan a une si haute idée de l’œuvre à entreprendre et à mener à bonne fin, il veut verser en elle tant d’âme, tant de pensées, et j’oserai dire tant de vertu, qu’il se retire aussitôt en Provence, dans une retraite absolue, comme pour fuir les hommes et les choses. Il veut se donner tout entier. Dès lors la vie matérielle cesse en quelque sorte pour lui. Son chapelet, sa Bible, son crayon, une mauvaise chaise, un méchant lit, une table boiteuse, voilà son mobilier [….] Le plan était construit, les proportions générales étaient fixées, le corps était formé dans son ossature, il fallait maintenant donner à ce corps une âme, il fallait le faire vivre, le faire parler, le faire chanter. » Ainsi, Sainte-Marie Perrin explique très discrètement le rôle qu’il a joué auprès de Bossan (dont il partage le mysticisme) dans la construction de l’édifice, qu’il considère comme « un acte de foi » et dont il est chargé de terminer les travaux (notamment les décors) de 1888 à l’inauguration officielle le 16 juin 1896 ; en récompense, il a été fait commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand le 8 juin précédent. Une plaque à sa mémoire, ornée de son buste de profil, a été apposée dans la nef de la basilique. Disciple de Bossan, Sainte-Marie Perrin a beaucoup construit, principalement des édifices religieux dont il a également dessiné les décors et le mobilier, cependant « Fourvière sera la pensée dominante de sa vie » (Bissuel).

 De son mariage avec Amélie Desjardins sont nés cinq enfants : Marie Louise Théodora née le 23 février 1866, 26 quai de la Charité (act. quai Gailleton) ; Antoine Jean René né le 21 septembre 1868, 25 quai Tilsitt (en marge de l’acte a été ajouté « Un jugement en date du vingt-neuf mai mil neuf cent deux du tribunal civil de Lyon ordonne l’addition du nom de Sainte-Marie au nom patronymique de Perrin et qui s’appellera à l’avenir Sainte-Marie-Perrin au lieu de Perrin »), marié à Auxerre le 20 février 1905 à Marie Chenot, capitaine de dragons mort pour la France le 2 novembre 1914 à Zonnebecke (Belgique) ; Louis Joseph Antoine, architecte (Lyon 8 février 1871-Paris 2 janvier 1928) [même indication en marge de l’acte de naissance que pour son frère], marié à Angers le 5 janvier 1901 à Élisabeth Renée Denise Marie Bazin (1879-1926), fille de l’écrivain René Bazin, et elle-même écrivain ; Gabrielle Françoise Marguerite Marie (Lyon 27 décembre 1874-Paris 11 septembre 1961), mariée le 9 avril 1902 à un médecin parisien, Henri Million ; et enfin Marie Pauline Geneviève Reine (Lyon 2e 2 décembre 1880-Brangues [Isère] 26 janvier 1973) mariée à Lyon le 14 mars 1906 à Paul Claudel (Villeneuve-sur-Fère [Aisne] 6 août 1868-Paris 23 février 1955), écrivain et diplomate. Claudel aurait connu sa future belle-famille par l’intermédiaire de son confesseur l’abbé Baudrillart et d’Élisabeth Bazin avec laquelle il correspond de 1905 à 1926 ; il a rendu hommage à son beau-père en 1918 dans le poème L’Architecte : « Du compas et de la boîte à couleurs, jamais votre chapelet n’était loin » (Feuilles de saints, Paris : Gallimard, 1925).

 Sainte-Marie Perrin est décédé 25 quai Tilsitt le 20 juillet 1917, inhumé le 23 à Belmont (Ain) après une cérémonie à Ainay. Son nom a été donné le 15 mai 1995 à un square situé devant l’église du Saint-Sacrement, construite par ses soins.

 Son fils Antoine se forme à Paris en 1894 chez les architectes Jean-Louis Pascal et Georges Debrié, et termine ses études en 1901. Revenu à Lyon, il seconde son père dans ses travaux, les poursuit après sa disparition et devient en 1919 professeur de théorie à l’école des Beaux-Arts. Il a réalisé en outre deux hôtels particuliers 31 et 33 boulevard des Belges pour Auguste Isaac*, et a publié Bâle et ses peintres. Holbein et Boecklin, extrait du Correspondant du 25 mars 1908, 1908 ; Bâle, Berne et Genève, Paris : Laurens, 1909, 148 p, Paris : Renouard, 1909.


Académie

Il est élu le 3 décembre 1895, au fauteuil 6, section 4 Lettres, occupé par Casimir Echernier* décédé en juillet, sur un rapport de Gaspard André* lu le 26 novembre, et prononce son discours de réception le 6 avril 1897 : Une promenade à Fourvière (MEM 1898). Ch. Jacquier*, président, prononce son éloge funèbre (MEM 1919).

Il est devenu membre correspondant de l’Institut de France (Académie des Beaux-Arts) en 1894.

Bibliographie

É. Bissuel, « Sainte-Marie Perrin architecte (1835-1917) », Ann. Soc. ac. arch. Lyon 19, 1918, p. 311-328. – Charles Jacquier, Éloge de M. Sainte-Marie Perrin, Lyon : Rey, 1918. – Charvet. – Philippe Dufieux, Le mythe de la primatie des Gaules, Pierre Bossan (1814-1888) et l‘architecture religieuse en Lyonnais, PUL, 2004. – Séverine Penlou, « Le décor sculpté des églises de Sainte-Marie Perrin (1835-1917), l’exemple de l’église de Chaponost », Histoire de l’architecture, Persée, 2006. – G. Corneloup, DHL. – E. Hardouin-Fugier, « Perrin Louis, dit Sainte-Marie Perrin », DMR.

Iconographie

Photographie de Sainte-Marie Perrin assis, collect. part., publiée dans un article du Progrès, Sainte-Marie Perrin l’architecte du sacré, 9 décembre 2012. – Portrait de l’architecte assis, devant l’église Saint-Georges et la basilique, tableau, huile sur toile, peint par Georges Decôte* en 1904, collect. part. – Plaque commémorative, avec portrait en buste de profil, basilique de Fourvière.

Manuscrits

Le Journal d’Hostel, livre de raison tenu dans le château d’Hostel (Belmont, Ain), propriété de Tony Desjardins, rédigé en partie par Sainte-Marie Perrin, après le décès de son beau-père. Un microfilm est conservé dans le fonds Paul Claudel (NAF 28255) en cours de classement. Après la mort de Tony Desjardins, Hostel avait été mis en copropriété entre Sainte-Marie Perrin et Paul Desjardins, frère d’Amélie, et époux de Cécile Perrin, sœur de Sainte-Marie Perrin. Claudel, qui y fit de longs séjours, y écrivit notamment au solstice de juin 1911 La cantate à Trois Voix, [rejouée par la Compagnie Michel Béatrix, sous le patronage de l’Académie de Lyon, sous la présidence de D. Bertrand*, au centenaire de l’écriture de l’œuvre au solstice d’été 2012 sur la terrasse d’Hostel]. – Lettres à Bossan, et autres (1872-1917), Archives de la fondation de Fourvière.

Publications

Le Beffroi de Fourvière, rapport présenté le 4 juillet 1892, à la commission de Fourvière, par Sainte-Marie Perrin... lu à la Société académique d’architecture de Lyon, séance du 4 août 1892, Lyon : Mougin-Rusand, 1892, 19 p. – Peintres et architectes, lecture faite à la Société académique d’architecture de Lyon, séance du 7 avril 1892, Lyon : Mougin-Rusand, 1892, 29 p. – Madame Sainte-Marie Perrin, née Reine-Amélie Desjardins, 1845-1895, Lyon : Vitte, 1895, 23 p., tableau généalogique. – La basilique de Fourvière, ses origines, son esthétique, son symbolisme, Lyon : Vitte, 1896, 68 p. ; Paris : Hachette, 2012. – Une promenade à Fourvière, Lyon : Rey, 1897. – Art et archéologie à propos de la basilique de Fourvière, Paris : Dumoulin, 1907. – Art et archéologie. Coup d’œil sur l’architecture catholique dans le monde, 1908. – De l’utilisation de l’archéologie dans l’architecture religieuse moderne, extrait des Études du 20 avril 1910, Paris, 1910, V + 20 p. – Origines de l’établissement de charité des jeunes filles incurables d’Ainay, fondation Adélaïde Perrin. Notes d’après les souvenirs manuscrits de la fondatrice, Lyon : impr. Paquet, 1910, 16 p. – Du Symbolisme dans l’architecture religieuse : et notamment dans la basilique de Fourvière, Lyon : Vitte, 1911. – La basilique de Fourvière, son symbolisme, Lyon : Vitte, 1912, 40 p., 32 ill., pl. ; 15 éd. de 1912 à 1944. – « Étude sur le peintre Paul Borel », Notes d’art et d’archéologie, 1913.

Travaux d’architecture

Chapelle du donjon du château de Dortan pour Noël Le Mire camérier secret du pape Pie IX, en style troubadour, 1864-1865. – Église de Saint-Germain-au-Mont d’Or (réfection et agrandissement), 1865. – Église Saint-Bruno des Chartreux (portail), 1869. – Présenté au salon de 1969, un projet d’église pour Messimy (Ain), non réalisé. – Église d’Illiat (nef et clocher), 1871. – Chapelle de l’Adoration-Réparatrice (rue Henri IV, Lyon), 1876. – Monastère des Clarisses (Lourdes), 1877. – Église de Thizy (en collaboration avec Bossan), 1877. – Église de Grézieu-le-Marché, 1882-1886. – Église de Saint-Héand (Loire), 1882 à 1886. – Église de Saint-Symphorien-sur-Coise (restauration), 1885. – Hospice de l’œuvre de la Croix (actuel hôpital Sainte-Croix, Lyon), 1886. – Chapelle du noviciat des frères de la doctrine chrétienne (Caluire), 1886. – Tombe Purpan (Loyasse), 1886. – Reconstruction de la cure de Châtillon-sur-Chalaronne pour en faire la maison Saint-Vincent, pour les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, avec chapelle à l’étage, 1888. – Église de Chaponost, 1889-1891. – Chapelle du Carmel (Oullins), 1890. – Chapelle de l’usine Bonnet (Jujurieux), 1891. – Église de Sain-Bel, 1892-1895. – Petit séminaire de Saint-Jodart (Loire), 1894. – Chapelle du Centre Adélaïde-Perrin (rue Jarente, Lyon), 1896. – Transept reliant dans la basilique d’Ars l’abside de Bossan et la nef de l’ancienne église romane, 1897-1899. – Église Saint-Maurice (Lyon), agrandissement, 1898. – Église du Saint-Sacrement (Lyon), 1898-1920. – Église de Roche-la-Molière (Loire), 1900 à 1902. – Église de Saint-Sauveur-en-Rue (Loire), 1901-1903. – Séminaire de Saint-Irénée (Sainte-Foy-lès-Lyon), 1902-1903, « le chef d’œuvre de Sainte-Marie-Perrin, l’œuvre d’un vrai maître » (E. Bissuel). – Carmel de Domrémy, vers 1900 (« les Carmélites viennent de s’installer, et leur cloître vraiment, est bien laid » : Barrès, 1903). – Château d’Héré (Duingt, Haute-Savoie), restauration. – Château de Varambon (Ain), restauration pour Alphonse de Boissieu*, avec Jean-Étienne Giniez. – Avec son beau-père Desjardins, il a édifié un calvaire, près de l’église de Vieu-en-Valromey, avec des pierres romaines laissées à l’abandon.