Jean-Baptiste Monfalcon est né le 11 octobre 1792, baptisé le même jour à Lyon Saint-Paul. Parrain : Jean Baptiste Brazier, boulanger ; marraine : Élisabeth Roche, femme du parrain (qui ne sait pas signer). Son père, Vivant Marie Monfalcon dit Lameunière (Lyon Saint-Vincent 16 juillet 1762-Lyon 1852) prétendait descendre d’une famille noble déchue. Il était le fils de Claude Pierre Monfalcon dit Lameunière (Lyon Saint-Pierre-le-Vieux 24 avril 1725-Hôpital des malades 3 janvier 1796) et d’Éléonore Aimée Marion. Son grand-père Joseph se fait appeler Monfalcon de Lameunière lors de la naissance de son fils ; il est dit, non pas capitaine de vaisseau et chevalier de Saint Louis, comme Jean-Baptiste l’a affirmé, mais contrôleur pour le roi. Lors de son décès à Lyon Saint-Pierre-le-Vieux le 22 juillet 1741, il est qualifié de « bourgeois de Lyon ». En outre une première mention Joseph Lameunière est rayée, et surchargée Monfalcon. Signe en outre un témoin, Pierre Lameunière. Lors de son mariage à Saint-Pierre-le-Vieux le 29 septembre 1716 avec Suzanne de Pierrefeu – fille de Hugues, maître tireur et fileur d’or et d’argent, et de Marie Anne Lebon –, il est appelé Joseph Monfalcon de Lameunière, ancien officier dans le régiment de Valouze, fils de François de Monfalcon de Lameunière, receveur du grenier à sel de Novalaise (Savoie), et de Jacqueline Goibet. Aucun témoin n’est noble. Le père de Jean-Baptiste était en fait un modeste ouvrier en soie vivant et travaillant pour son compte dans un grenier-atelier. Il eut, par la suite, d’abord deux compagnons puis jusqu’à douze métiers, mais, selon son fils, ne « sut pas s’agrandir et faire fortune ». Sa mère, Marie Fleurie Chaninet, était la fille d’un petit propriétaire de Grézieu-la-Varenne (Rhône). Un autre fils, Joanni, naquit en 1803. Il est mort d’ « une mort sanglante » en 1852, « victime d’un sentiment d’honneur exagéré ». Jean-Baptiste, dans ses Souvenirs, dit avoir eu peu de rapports avec son père qui « ne pensait qu’au gain ». Sa mère, très vive, « violente même », avait de grandes ambitions pour son fils dont elle voulut tôt faire un médecin, alors que le père se serait contenté de l’associer à son travail d’ouvrier. Pendant la rébellion de Lyon en 1793, le père s’engage dans l’armée de Précy, tandis que sa femme et son fils se réfugient à Grézieu. Il ne quitte pas la ville et, « protégé par son obscurité », dissimule son uniforme pour reprendre modestement son travail à la fin du siège, sans avoir alors d’ennuis. Confondu avec un homonyme pendant la réaction thermidorienne, il est pris pour un jacobin et son atelier saccagé. Il montre l’uniforme pour prouver qu’il était du bon côté.
Jean-Baptiste apprend à lire avec une ancienne religieuse, et court les rues et les champs avec les gamins du quartier, avant d’être scolarisé, huit ans, dans un établissement privé, montée des Carmélites, tenu par les frères Prat. On le mène d’abord au culte clandestin dans une chapelle du quai Saint-Antoine puis, après le Concordat, à l’église des Chartreux dont il goûte fort la beauté. Il ne semble pas avoir développé alors un fort sentiment religieux. Pendant ses études, il montre surtout une passion pour la littérature, notamment pour Jean-Jacques Rousseau, dont il imitera parfois le style et les descriptions des sites naturels dans ses Souvenirs, manifestant, à l’occasion, des traits de personnalité qui rappellent le « promeneur solitaire ». Bon élève, il commence très tôt à versifier et à écrire de petites comédies. Il se met aussi à lire Pétrarque et s’exerce au latin.
À 15 ans, avec l’aide du docteur Sauzet, médecin de sa mère et père du futur avocat et homme politique Paul Sauzet* (1800-1876), il entre comme élève à l’Hôtel-Dieu. Au milieu des autres élèves, issus de milieux plus favorisés, et devant ses maîtres, il se sent déclassé et gardera ce sentiment sa vie durant, au point de s’exclamer « ouvriers faites de vos enfants des ouvriers, ils s’en trouveront mieux et vous aussi ». Il est rapidement déçu par la pratique médicale et par la pauvreté de l’enseignement. Par contre, amoureux des livres, il passe beaucoup de temps dans la librairie Bohaire, rue Puits-Gaillot (il habite alors rue Bouteille), et chez un bouquiniste de la place des Jacobins où il acquiert son premier beau livre, La Henriade de Voltaire, dans l’édition Didot.
Reçu chirurgien interne de l’Hôtel-Dieu en 1810, il part à Paris pour y approfondir ses études de médecine. En chemin, il s’arrête quelques temps chez le parrain de sa mère, le curé Cortey de Saint Symphorien-de-Lay (Loire). Celui-ci le « guérit de ses idées voltairiennes », et, tout en l’utilisant pour écrire ses sermons, lui fait connaître sa nièce, Suzanne Cortey, née à Saint-Symphorien-de-Lay le 28 février 1793, une séduisante jeune fille de son âge. Après un an de vie parisienne où la pensée de Suzanne l’aide à s’abstenir des « liaisons dangereuses et grossières » qui occupent ses condisciples, il revient à Lyon prendre un poste d’interne. Esprit contemplatif et rêveur, il se mêle peu aux « espiègleries » et aux réjouissances des internes avec les novices hospitalières « qui semblent oublier qu’elles ont fait vœu non seulement d’obéissance et de pauvreté, mais aussi de chasteté ». La chute de l’Empire et l’invasion par les troupes austro-hongroises le « navrent ».
En 1814, il retourne à Paris terminer ses études. Plus que par la médecine dont il déplore l’inefficacité, il semble intéressé par les cours de philosophie et de littérature de deux jeunes professeurs, Victor Cousin (1792-1867) et Abel-François Villemain (1790-1870). C’est là qu’il se lie avec Isidore Polinière*, son futur collègue à Lyon, qui restera son ami. Il soutient sa thèse en août 1818 : De l’influence que l’âge exerce sur l’habileté du médecin. Il a commencé à gagner modestement sa vie en écrivant des articles pour le Dictionnaire des sciences médicales édité par Charles-Louis-Fleury Panckoucke (1780-1844). Cette collaboration est le fruit d’un stratagème. Encore étudiant, il a envoyé, sous son nom, et proposé gratuitement un article intitulé Médecin qu’il a prétendu écrit par un oncle, médecin retraité à Lyon. L’article est accepté et a beaucoup de succès. Il y détaille l’« art d’observer » ainsi que celui d’interroger le patient pour établir ses prescriptions. Limitant ses exigences scientifiques, il précise toutefois que, « quoique les principes de la médecine soient constants, il est souvent difficile d’en faire l’application aux cas particuliers ». Une collaboration régulière et rémunérée s’engage alors. Elle se poursuit après le retour à Lyon et permet à Monfalcon de survivre. Issu d’un milieu populaire, sans relations, il ne parvient pas à se constituer une clientèle. En même temps, il déplore l’étroitesse d’esprit des Lyonnais et leur seul souci du commerce. Un événement met un peu de baume sur son amertume. Le curé Cortey vient alors négocier un mariage avec sa nièce, retrouvée après une séparation de huit années. Une cour de trois mois s’engage en promenades dans la campagne, et bien qu’étant tous deux sans fortune, ils se marient le 18 février 1819, à l’église Sainte-Marguerite de Neaux (Loire), le village de l’épouse. Leur bonheur sera de courte durée. Suzanne meurt le 28 mai 1820, six jours après avoir accouché, 3 rue Rozier, d’un garçon, Pierre Marie Félix, qui ne semble pas avoir survécu. Jean-Baptiste entreprend, pour se consoler, le premier d’un de ses nombreux voyages, dont une large partie à pied.
Il envisage de devenir prêtre, mais sur les instances de ses amis accepte de se remarier, le 27 septembre 1821, avec Jeanne Marie Rivat dite Jenny (Lyon 13 octobre 1795-Givors 5 avril 1885) filleule de la femme du général de Précy et fille de Claude Élisabeth Louis Rivat, notaire royaliste émigré à Constance, revenu après la Révolution à Irigny, et de Benoîte Tissot. Le notaire a fait de mauvaises affaires et meurt, peu après, ruiné.
Toujours en difficulté pour pratiquer la médecine, Jean-Baptiste Monfalcon tente sa chance en littérature. Il écrit un roman sous le nom d’un poète disparu, mais devant la menace d’un procès intenté par les héritiers du poète, il doit détruire tous les exemplaires. S’il réussit plusieurs concours littéraires en France et à l’étranger, il n’est pas épargné par la critique, qui accueille mal la première édition de sa participation à un concours organisé par l’Académie l’Histoire des marais, fondé sur une étude des conditions de vie dans les Dombes. Pour meubler ses loisirs forcés, il apprend l’anglais, l’allemand, l’italien, l’espagnol et se perfectionne en latin, ce qui lui permettra plus tard d’éditer en éditions « polyglottes » aussi bien Horace ou Virgile que l’Imitation de Jésus-Christ. Il traduit Dante et donne des cours de langues à des jeunes dames. Grâce à ses relations avec le comte de Brosses, préfet de Charles X, et avec le commandant de la garnison de Lyon, le général Paultre de Lamotte, il obtient une place au conseil de salubrité et à l’inspection des eaux minérales. Il réunira plus tard, avec Polinière qu’il a retrouvé au conseil de salubrité, ses travaux dans un Traité de la salubrité dans les grandes villes suivi de l’hygiène de Lyon. En 1825, il s’est présenté au concours de médecin suppléant à l’Hôtel-Dieu où, malgré sa parole embarrassée, il a été reçu. Il sera titularisé en 1832, après avoir, dit-il, refusé des positions plus avantageuses à Paris car, malgré tout le mal qu’il en a dit, « un chaînon le relie à sa ville ». On sait peu de choses de son activité proprement médicale. Il a publié en 1825 une Dissertation sur divers sujets de médecine de chirurgie et d’anatomie, et rapportera d’une mission à Marseille, lors des épidémies de choléra en 1835 puis en 1839, des observations détaillées sur le choléra asiatique. Il étudiera en 1850 le crétinisme dans les états sardes (Ms 279-IIIf°60). Il poursuivra sa carrière médicale, essentiellement publique, en devenant parallèlement médecin de la nouvelle prison de Perrache, où il introduira plus de confort et une meilleure alimentation. En 1842, il quitte l’Hôtel-Dieu pour la Charité. Avec son ami Jean-François Terme*, également médecin, président du conseil d’administration des Hospices puis maire de Lyon de 1840 à sa mort en 1847, il s’intéresse à l’Histoire statistique et morale des enfants trouvés (Prix Montyon de l’Académie française), où les auteurs suggèrent de substituer l’admission à bureau ouvert au tour d’abandon. En 1826, il a publié un Précis d’histoire de la médecine et de bibliographie médicale qui est avant tout une bibliographie classée par auteurs et par matières.
En même temps, il devient journaliste politique. Constitutionnaliste sous la Restauration, il épouse la cause orléaniste à la révolution de Juillet. Cela lui vaut d’entrer comme rédacteur adjoint au Précurseur, journal constitutionnel de Lyon et du Midi, un journal d’abord partisan du nouveau régime, mais qui entrera de plus en plus dans l’opposition républicaine. Lors de la première révolte des canuts, en 1831, désirant participer au maintien de l’ordre et bien que ses fonctions de médecin à l’Hôtel-Dieu le dispensent de service, Monfalcon s’engage dans la Garde nationale et s’indigne de la faiblesse des autorités. Il accueille avec soulagement l’arrivée des forces du maréchal Soult. Il prend alors la direction d’un nouveau journal conservateur : Le Courrier de Lyon, ce qui lui vaudra des attaques tant de ses anciens collègues du Précurseur que des feuilles légitimistes, comme La Gazette de Lyon, ou au contraire radicales, comme La Glaneuse, auxquelles il ne ménage pas ses attaques. Il entre aussi en conflit avec le maire Victor Prunelle* (1777-1853) qu’il méprise et déteste. Il doit répondre non seulement à des menaces qui l’obligent à sortir armé, mais aussi à plusieurs provocations en duel qui se résolvent par des conciliations sur le terrain. Il est un observateur attentif de la révolte de 1834 et de sa répression par le préfet Étienne-Pierre de Gasparin (1783-1862) dont il admire la fermeté, mais avec qui il se brouille lorsque le préfet refuse d’armer des volontaires bourgeois. Il affirme avoir suivi de visu les premiers engagements et en fait le compte rendu quotidien dans des dépêches adressées au journal parisien Le Temps. Réunies et commentées dans un ouvrage sur l’Histoire des insurrections de Lyon, ces dépêches sont lues avec beaucoup d’intérêt par le roi Louis-Philippe auquel il propose un Traité des devoirs et des droits des classes laborieuses, couronné par l’Académie française, supposé résoudre la question sociale. Il assure s’être fait quasiment un ami personnel du roi, lors d’une audience particulière. Refusant la direction du journal Le Temps, il quitte bientôt le journalisme pour entrer dans une nouvelle carrière, sans abandonner ses fonctions médicales (pendant et après l’insurrection, il a apporté ses soins aux insurgés hospitalisés à l’Hôtel-Dieu ou incarcérés à Perrache).
Son ami Terme voulant lui donner enfin « une position convenable », il succède à Polinière au jury médical qui nomme et contrôle les officiers de santé, les sages-femmes et les pharmaciens (ce qui est à nouveau une source d’ennuis car il a « les drogues médicinales en horreur » et dénonce des « fraudes abominables »). Enfin, en 1841, il est nommé non sans difficultés et retards, dus entre autres à l’opposition de Prunelle, bibliothécaire au Palais des Arts, une bibliothèque fondée en 1830 par le même Prunelle à partir des fonds des sociétés savantes (dont celle de l’Académie), mais qu’il trouve dans un état déplorable. Il a toujours été passionné par les beaux livres et s’est constitué une belle bibliothèque personnelle. Il s’y enferme « comme un ramoneur dans la poussière », range, classe et établit un Catalogue des bibliothèques réunies au Palais des Arts. Il enrichit la bibliothèque par des achats et essaie de faire rentrer les ouvrages empruntés. « C’est, dit-il, mon enfant ». Ces succès lui valent la considération du maire Terme qui, encore premier adjoint, avait souhaité en 1830, contre l’Académie, la fusion sous gestion municipale des bibliothèques des sociétés savantes rassemblées au Palais des Arts et de la bibliothèque municipale de l’ancien collège de la Trinité. Il le convoque en septembre 1847, pour lui annoncer, alors qu’il ne demandait rien, qu’il est nommé bibliothécaire de la ville à la place de Péricaud*. « L’homme que vous remplacez n’a plus la confiance de l’administration municipale, lui aurait dit Terme, je lui ai donné une heure pour partir de la bibliothèque et pour vous en donner les clés ». Monfalcon, dans ses Souvenirs, ajoute avoir alors seulement appris le résultat d’une « instruction minutieuse » secrète qui menaçait depuis plusieurs mois d’une « catastrophe » l’ancien bibliothécaire (voir notice Péricaud). Logeant désormais dans un appartement de fonction, quai de Retz (act. quai Jean Moulin), il gère un vaste ensemble de 120 000 volumes. Pour éviter les conflits d’intérêts, il décide de vendre une partie de sa bibliothèque personnelle, restaurée à ses frais, et de faire don du reste (ce que Terme lui interdit). Il cède donc le tout à un bouquiniste qui fait faillite, et n’en tire donc aucun bénéfice. Destitué comme orléaniste, à la révolution de 1848, il est rapidement rétabli dans ses fonctions et se ralliera ensuite à l’Empire. Il se consacre désormais à sa tâche de bibliothécaire et à son œuvre d’historien, d’éditeur et d’épigraphiste. Nommé expert dans la succession du bibliophile Louis Coste* (1784-1851), il y joue un rôle contesté (voir notice Coste). Il publie une « magnifique » Monographie de la table de Claude, pour laquelle on l’accuse de plagiat, un Manuel du bibliophile et de l’archéologue lyonnais, et réédite les Recherches sur les Antiquités et curiosités de la ville de Lyon de Jacob Spon (1647-1685). Après avoir écrit une première Histoire de la ville de Lyon en deux volumes, revue par Claude Breghot du Lut* (1784-1849) et par son prédécesseur Antoine Péricaud* (1782-1867) qui ne semble pas lui en vouloir, il s’attelle à une Histoire monumentale de la ville de Lyon en neuf volumes, dont il orne un exemplaire de documents originaux empruntés sans vergogne au fonds Coste. Il édite aussi des auteurs lyonnais des siècles passés, comme Louise Labé (1524-1566) ou Pernette du Guillet (1520-1545). Ses écrits, qui ne lui valent pas toujours la consécration attendue, sont l’occasion de plusieurs procès avec ses éditeurs ou des lecteurs mécontents. Tout au long de sa vie, il avait multiplié les voyages en France, en Italie, en Suisse, en Allemagne, en Angleterre, consacrant de nombreuses pages de ses Souvenirs à la description des paysages, des mœurs, des monuments et des musées.
Jean-Baptiste Monfalcon est mort à Lyon 2e le 5 décembre 1874, à son domicile 13 quai de Retz. Il a été inhumé au cimetière de Loyasse (mais sa tombe a disparu).
De son union avec Jenny Rivat, trois enfants sont nés. L’aîné Vivantial Émile (13 août 1822-23 février 1879), entré à Saint-Cyr, a servi en Afrique et a été nommé chevalier de la Légion d’honneur le 15 août 1860 ; il est mort sans enfants de sa femme Julie Thérèse Caroline Maillot, fille du général Charles Alexandre Maillot, directeur de l’artillerie à Lyon. Sa fille Jeanne André Pierrette dite Délie (née le 8 août 1823) a épousé à Lyon un capitaine au 5e bataillon de chasseurs à pied, Philibert Bernard (né le 15 octobre1810) ; elle est morte en couches en novembre 1851, laissant son père d’autant plus désespéré qu’il venait de perdre son plus jeune fils Vivantial Fleury, né en 1832, intelligence brillante, mais de constitution chétive, mort subitement le 4 mars 1850. Le petit-fils de Jean-Baptiste, Jean Émile Bernard (1851-1915) a été autorisé par décret présidentiel du 28 juin 1889 à s’appeler Bernard-Montfalcon incluant dans son nom le -t- d’une vieille famille féodale savoyarde et réalisant peut-être ainsi les ambitions nobiliaires de son grand-père ! Après avoir refusé la Légion d’honneur pour la part prise aux événements de 1831 et préférant alors une bourse d’études pour son fils, Monfalcon s’est fait fort de l’obtenir en dix jours, en 1834, grâce au préfet Gasparin. Découvrant avec colère que celui-ci ne l’avait pas proposé, il est intervenu auprès du commandant de la place et a été décoré à une date non précisée. Il est aussi chevalier de l’Aigle rouge de Prusse.
Après de nombreux échecs, Monfalcon avait renoncé à devenir académicien titulaire, dénigrant une société hétérogène, composée surtout, selon lui, d’individus médiocres et envieux, perdant leur temps en discussions stériles et en arguties sur les règlements. Il a peu d’estime pour une des richesses de la bibliothèque académique : le fonds Adamoli*. Bien que se jugeant l’objet « d’une conjuration d’académiciens très malveillants qui ne supportent pas les gens de qualité », il n’en fait pas moins hommage de ses œuvres à l’Académie où son ami Polinière prononce le 19 janvier 1836 un éloge de son rapport sur le choléra à Marseille. L’Académie refuse alors de l’inscrire sur la liste des candidats, faute de vacances, mais Polinière insiste à nouveau le 21 juin et l’inscription est acceptée. Monfalcon présente officiellement sa candidature le 16 août avec un nouveau recueil de ses œuvres. Il est enfin élu dans la classe des lettres le 6 décembre. Son discours de réception sur L’Imitation de Jésus-Christ, où il soutient l’attribution à Jean Gerson, est lu le 25 août 1837, en son absence, par l’avocat et historien Aimé Auguste Boullée*. Il ambitionne alors de rendre l’institution utile et de la sortir de sa torpeur. Il propose d’entreprendre une statistique du département du Rhône (établie en collaboration avec Terme et le préfet Rivet). Des querelles l’éloignent peu à peu des séances, et sa participation aux travaux de l’académie reste modeste, limitée à quelques éloges funèbres (notamment celui de Polinière) et à des comptes rendus d’ouvrages déposés à l’Académie (tels des notes plutôt critiques sur Dumas*). À partir de 1847, il occupe le fauteuil 4, section 2 Lettres.
J.B. Monfalcon, Souvenirs d’un bibliothécaire, une vie d’homme de lettres en province, texte autographié tiré à 25 exemplaires, Lyon : Nigon 1853, 415 p. – Dumas 1839-1840 – F. Cler, Sine dolo, société de gens d’histoire, n° 5, décembre 2000, n° 6, 7, 8 (pour une reproduction partielle des Souvenirs). – Guiart 1941. – David 2000. – G. Bruyère*, « Pro patria colligit, le bibliophile L. Coste (1784-1851) et sa bibliothèque lyonnaise », Actes des journées d’études 2013, XXVI, Caluire et Cuire et sa région, USHR.
Un portrait orne l’exemplaire de sa Bibliographie médicale aujourd’hui déposé à la BML.
Une liste complète des publications de Monfalcon 1816 à 1840 figure dans Dumas. Parmi les autres : Monographie de la table de Claude, Lyon : Louis Perrin, 1851. – Manuel du bibliophile et de l’archéologue lyonnais, Paris : Delahaye, 1857. – Histoire monumentale de la ville de Lyon, Paris : Firmin Didot, et Lyon : Biblioth. de la ville, 1866.