Ennemond Marie Laurent Maurice de Boissieu est né à Saint-Chamond le 19 mai 1844, quatrième fils de Claude Roch de Boissieu (Lyon, 19 février 1809-Saint-Chamond 13 février 1880), maire de Saint-Chamond, conseiller général de la Loire, chevalier de Saint-Grégoire-le-Grand, commandeur de l’ordre de Charles III d’Espagne, et de Louise Marie Dugas de La Boissonny (Saint-Chamond, 1814-1884). Son grand-père maternel, Jacques Antoine Victor Dugas de La Boissonny (1783-1861), banquier, avait été président du conseil général de la Loire. Maurice de Boissieu est l’arrière-petit-fils de Jean-Jacques de Boissieu* et le neveu d’Alphonse de Boissieu*.
Élève du collège de Mongré (Villefranche-sur-Saône) en 1860, il gagne Paris trois ans plus tard pour faire son droit, fréquente la conférence Saint-Vincent-de-Paul, le cercle Luxembourg, la conférence Olivaint. Il combat en 1870 sous le commandement de Charette.
Il épouse à Lyon 2e, le 8 juin 1872, Marie Gasparine Hélène Édith Thiollière de l’Isle (Lyon 28 juin 1850-Lyon 7e 10 janvier 1929), fille de Jacques Louis Thiollière de l’Isle (Saint-Étienne 1815-Château de la Doue, Saint-Galmier, 1898), polytechnicien, ancien ingénieur en chef des ponts et chaussées du département du Rhône, officier de la Légion d’honneur, et de Françoise Thérèse Louise Marie MacKer (Tain l’Hermitage 1823-La Roche-de-Glun 1910) ; il aura pour confrère à l’Académie le géologue Victor Thiollière*, un oncle de sa femme. Ils ont eu trois filles : Marguerite Marie Claudine Josèphe (1873-1938), épouse en 1899 du vicomte Marc François Gabriel de Montessus de Rully ; Thérèse Marie Louise Josèphe (1874-1947), épouse en 1903 de Bernard Carrelet de Loisy ; et Marie Magdeleine (1875-1973), épouse en 1905 du comte Charles de Prunelé. Le couple séjourne principalement à Saint-Galmier (Loire) au château de la Doue, propriété des Thiollière, effectue de courts séjours en Dauphiné dans leur gentilhommière de Saint-Georges, et passe l’hiver à Lyon, 12 rue Vaubecour. Maurice de Boissieu a été membre du conseil municipal de Saint-Galmier du 11 mai 1896 au 30 novembre 1919.
Il ne semble pas avoir exercé un métier rémunéré car il consacre son existence à des activités de recherche et des œuvres de bienfaisance, tant dans la Loire qu’à Lyon. Ses premiers travaux portent sur l’histoire du Forez et particulièrement sur la ville de Saint-Chamond. Ils lui méritent d’être reçu dans de nombreuses sociétés savantes : la société La Diana de Monbrison, dont il fut vice-président en 1908, et président du 8 juillet 1919 au 4 juillet 1928 ; la société des Bibliophiles Lyonnais qu’il présida ; la Société française d’archéologie.
Ses convictions politiques et religieuses le conduisent à participer à la Commission de Fourvière, où son rôle est déterminant dans l’édification de la basilique. Dans un domaine voisin, il préside la « commission du monument expiatoire des Brotteaux » et eut à connaître des différends avec la municipalité lyonnaise qui désirait rendre à la voirie l’emprise de l’ossuaire et de la chapelle érigés en mémoire des victimes du siège de Lyon. Il a été membre du conseil d’administration du Nouvelliste de 1893 à sa mort. Il avait réuni en son château de la Doue de nombreuses curiosités bibliographiques et une importante série d’ouvrages historiques sur le Forez et le Lyonnais, ainsi que la plupart des œuvres de son ancêtre Jean-Jacques. Pie XI, par diplôme daté du 28 novembre 1923, l’avait nommé chevalier de l’ordre de Saint-Grégoire-le-Grand.
Maurice de Boissieu est mort à Lyon le 29 mars 1933, à l’âge de 88 ans. Après des funérailles à la basilique d’Ainay, il a été inhumé à Tain dans le caveau de famille.
Pour occuper le siège laissé vacant par l’éméritat de Raoul de Cazenove*, Alexandre Poidebard* présente, le 29 novembre 1904, la candidature de Maurice, en rappelant qu’il est le petit-fils de Jean-Jacques et le neveu d’Alphonse. Une telle filiation et une semblable recommandation ne peuvent laisser la compagnie indifférente, et Maurice est élu le 6 décembre 1904 au fauteuil 1, section 1 Lettres. Il prononce son discours de réception le 23 mars 1909 : Un diplomate au xviie siècle, Melchior Mitte de Chevrières, marquis de Saint-Chamond, ambassadeur du roi Henri IV près du Pape (MEM 10, 1910, p. 193-214). Ce discours est apprécié pour la qualité de son érudition et l’éloquence de sa présentation. Maurice de Boissieu appartient à l’Académie pendant vingt-neuf ans. Ses biographes reconnaissent en lui une solide érudition, un jugement sûr et une extrême bienveillance. Son éloge est prononcé par l’architecte Louis Rogniat*.
Louis Rogniat, Éloge de M. Maurice de Boissieu, MEM 22, 1936. – W. Poidebard, J. Baudrier et L. Galle, Armorial des bibliophiles, Lyon : au siège de la société, 1907. – E. Roche, La famille de Boissieu, dans Mémorial Fourgon de Maisonforte, Lyon 93, Lyon : ELAH 2008. – Robert Poidebard, « Maurice de Boissieu, sa vie, ses œuvres. 1844-1933 », Bull. La Diana 24, 1931-1934, portr., et Soc. Bibliophiles lyonnais, 1934, 28 p., ill. – Robert Poidebard, Éloge funèbre de Maurice de Boissieu prononcé à Ainay, devant le parvis le lundi 20 mars 1933, par Louis Rogniat, président de l’Académie de Lyon, Lyon : Rey, 1933.
L’église collégiale de Saint-Jean-Baptiste à Saint-Chamond, son chapitre, ses reliques, Lyon : Brun, 1880, 340 p., illustré par Séon. – Généalogie de la maison de Saint-Chamond, Saint-Étienne : Théolier, 1888, 452 p. 1 pl. – Le comte Georges de Chamberet, plaquette, 1893. – « Excursion archéologique de la société de la Diana à Saint-Galmier, Saint-Médard, Chevrières et Chazelles-sur-Lyon, le 21 juillet 1898 », Bull. La Diana 12, 1901, 367 p., 13 + 46 fig., 3 pl. – Le R.P. Brésard, s.l. s.n., 1902, 24 p. – William Poidebard, sa vie et ses travaux, Lyon : Mongin Rusand, 1903, 37 p., 2 fig., portr. – Frank de Jerphanion, sa vie et ses travaux, Lyon : Legendre, 1904, 10 p., portr. – Discours prononcé aux funérailles du marquis d’Albon, président des Bibliophiles lyonnais, à Saint-Forgeux le 11 décembre 1912, Lyon : Grange, 1912, 4 p. – C. P. Testenoire-Lafayette 1810-1903, Saint-Étienne : Théolier, 1919, 31 p., 7 ill. par F. et E. Thiollier. – Le monument religieux des Brotteaux, historique, liste des victimes du siège de Lyon en 1793, Lyon : Audin, 1925, 34 p., ill., + 69 p. liste des victimes. – Alexandre Poidebard, sa vie et ses travaux, Lyon : Audin, 1926, 30 p., portrait.
Il a donné des articles nécrologiques ou des biographies dans le Bulletin La Diana : Claude Philippe Testenoire-Lafayette, mort en 1903 (repris dans une plaquette, 1919) ; Félix Thiollier mort en 1914 (19, 1913-1914, portrait) ; Henry Gonnard, conservateur du musée de Saint-Étienne, décédé en 1912 ; vicomte Charles de Meaux, etc. Divers articles dans le Bulletin Soc. Bibliophiles lyonnais : À la mémoire de M. Henry Morin-Pons, ancien président des Bibliophiles lyonnais, 1905, 8 p.