Esprit Alexandre Jourdan (ainsi écrit dans l’acte, mais son père signe « Jordan ») est né à Die (Drôme), le 30 vendémiaire an IV [22 octobre 1796], fils d’Alexandre Pierre Jourdan (Lyon 3 janvier 1788-Vienne 21 décembre 1824) – alors « roulier de Lyon », c’est-à-dire transporteur par routes, plus tard en 1829 receveur particulier des finances – et de Marie Sylvie Hippolyte Gueymar (Die 13 novembre 1774-Lyon 12 décembre 1837), dite parfois de Saint-Ferréol ou de Roquebeau comme son père. Témoins : Ennemond Gueymar, « aïeul maternel de l’enfant » (né à Die en 1740, officier au régiment de Soissonnais) et Pauline Gueymar de Roquebeau (1777-1856) tante de l’enfant, épouse en 1806 du baron de Montrond.
Alors qu’il est domicilié avec sa mère rue Royale à Lyon, Esprit Jordan épouse à Lyon, le 9 février 1835, Joséphine Puvis, née à Lyon le 7 décembre 1816, fille de Marie Julien César Puvis (Cuiseaux [Saône-et-Loire] 1785-Nice 1843), ingénieur en chef des Mines, et de Marguerite Guyot (Oullins 1795-1840) son épouse, demeurant à la Croix-Rousse avec ses parents, cours d’Herbouville ; c’est la sœur du peintre Pierre Puvis de Chavannes (Lyon 1824-Paris 1898). Témoins : Marc Antoine Puvis, 58 ans, oncle de l’épouse, propriétaire à Bourg-en-Bresse ; Jean Louis Guyot grand-père de l’épouse, 68 ans, négociant à Lyon, rue des Deux Angles ; César Jordan, oncle de l’époux, 59 ans, négociant, rue Basseville ; et Ennemond Camille Jordan, frère de l’époux, procureur du roi demeurant à Vienne. Esprit Jordan est le neveu de l’homme politique Camille Jordan*, le cousin germain du botaniste Alexis Claude Thomas Jordan*, le beau-frère du peintre Puvis de Chavannes, le père du mathématicien Camille Jordan. Son père était cousin issu de germain du ministre Casimir Périer. Il faut être attentif à ne pas le confondre avec son cousin, Joseph François Auguste Jordan (1807-1855, polytechnicien 1826), fils de Camille Jordan, lui aussi ingénieur des ponts et chaussées, en service à Lyon de 1838 à 1847.
Esprit Jordan entre à l’École polytechnique en 1818 et en sort dans le corps des ponts et chaussées. Sa carrière le mène à Draguignan puis à Grenoble. Là, sur les plans de l’ingénieur en chef Louis Crozet, grand ami de Stendhal, il mène à bien en 1827 la construction d’un pont suspendu à des chaînes de fer, sur le Drac à Seyssins. Cela lui vaut d’être promu ingénieur de 1re classe le 30 août 1828, et d’être entraîné dans une polémique avec Crozet. En effet les Périer, auxquels il est apparenté par sa grand-mère paternelle, Élisabeth Périer, publient en 1828 une lithographie du pont sur le Drac, que la légende attribue au seul Jordan. Crozet s’en plaint avec véhémence auprès du préfet de l’Isère et de Jean Ange Carron*, inspecteur divisionnaire des ponts et chaussées de Lyon.
Jordan, chevalier de la Légion d’honneur (décret du 15 janvier 1843, LH/1374/13), est ingénieur en chef de 2e classe à Mâcon, de 1841 à 1847. En 1842-1843, il rehausse les quatre premières arches du pont sur la Saône entre Mâcon et Saint-Laurent. En 1843, il achète une propriété à Mervans (Saône-et-Loire), avec son beau-frère le peintre Pierre Puvis de Chavannes. Il est ensuite nommé à Lyon jusqu’à sa retraite en 1856.
Conseiller municipal de Mervans en 1861, il est élu le 8 février 1871 député de la Saône-et-Loire, le 9e sur 12, avec 66 920 voix. Il siège cinq ans au centre droit, vote pour les prières publiques et l’abrogation des lois d’exil des princes, contre le retour à Paris, pour la chute de Thiers le 24 mai, pour le septennat, pour l’état de siège, pour le ministère de Broglie et contre l’amendement Wallon. Le 25 février 1875, il vote les lois constitutionnelles. Le 30 janvier 1876, il se présente au Sénat dans son département, mais il est battu avec 286 voix sur 697 votants et quitte la vie politique.
Il décède le 5 mai 1888 à son domicile à Paris 7e, 48 rue de Varennes ; témoins : Marie Ennemond Camille Jordan, fils du défunt, 50 ans, professeur au Collège de France, membre de l’Institut, domicilié 48 rue de Varennes ; Édouard Jordan, son petit-fils, 21 ans, élève à l’École normale supérieure, même domicile. Il est enterré avec son fils dans le cimetière de Mervans, à côté de la tombe de sa femme, morte à Mervans le 24 septembre 1882.
Le 6 mars 1849, au nom d’une commission composée de Polinière*, Bineau* et lui-même, Georges Pigeon* lit un rapport sur les titres de M. Jordan, ingénieur en chef des ponts et chaussées, candidat. Sur la présentation de cette candidature par Fournet*, Esprit Jordan est élu membre titulaire le 5 juin 1849. Il prononce le 25 novembre 1851 son discours de réception : Des travaux publics à Lyon.
André Doyon et Yves du Parc : « Les amitiés parisiennes de Stendhal », chap. III, « Les cahiers du capitaine Crozet ». – Forma urbis : Les hommes du plan, note prosopographique 14. – R. et C. – P. Hamon, DBF.
Compte rendu aux électeurs de Saône-et-Loire des votes à l’Assemblée nationale, Chalon-sur-Saône, 1842, 32 p.