Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

TRUDAINE DE MONTIGNY Charles (1660-1721)

par Dominique Saint-Pierre.

 Né à Paris le 3 janvier 1660, il est issu d’une famille de tanneurs d’Amiens, dont les descendants s’installent à Paris comme orfèvres. « Il y a encore à Amiens une enseigne parlante d’une truie qui mange dans un plateau, dont le mot est À la Truye qui daisne, c’est un rébus sur le nom de Trudaine » (Marais, 1721). Il est chevalier, seigneur de Montigny (Seine-et-Marne, il a acheté le château en 1794), et de Champagny, maître des requêtes, intendant de justice à Lyon en 1704, puis à Dijon en 1710, conseiller d’État ordinaire en 1711, prévôt des marchands de Paris de 1716 à 1720. Le duc d’Orléans, régent, le révoque en juillet 1720 au moment des spéculations du Mississipi parce qu’il émet des doutes sur la gestion du contrôleur général des finances, Law. Le duc d’Orléans lui dira : « Nous vous avons ôté votre place parce que vous êtes trop honnête homme ». Selon Saint-Simon (VII, 810-811), Trudaine, s’il n’était pas « un aigle », était « un très honnête homme, intègre, désintéressé, vertueux ».

 Il est décédé à Paris dans la nuit du 20 au 21 juillet 1721. « Un abcès lui a crevé la tête. On lui a trouvé deux polypes et du sang dans le cerveau, et enfin il est mort, au grand regret de tous les bons citoyens », écrit Marais.

 Il avait épousé le 4 février 1701 Marie Magdeleine de Rambouillet (décédée en 1740), dame de La Sablière, de Laleu et de La Jarie, fille de Nicolas de Rambouillet, et de Magdeleine Henri de Cheusse, et petite-fille de Marguerite Hessein de La Sablière (1636-1693), qui procura asile à La Fontaine en 1673. D’où un fils, le cadet, qui servit dans la gendarmerie, mort à 24 ans, trois filles – l’une épouse le marquis de La Tour-Maubourg, futur maréchal de France ; la deuxième Paris de La Brosse, président de la chambre des comptes ; la troisième est religieuse à Sainte-Élisabeth –, et Daniel Charles Trudaine (Paris, 2 janvier 1703-19 janvier 1769), dit « le Grand Trudaine », chevalier de Montigny et de Champigny, conseiller d’État, intendant des finances, directeur des Ponts et Chaussées (collection des atlas Trudaine, création de l’École des Ponts et Chaussées et du corps d’ingénieur), président de l’Académie des sciences en 1745, dont le fils Philibert de Trudaine de Montigny (1733-1777), aussi directeur des Ponts et Chaussées, également chimiste, a été président de l’Académie des sciences en 1766, 1773 et 1777. Les deux fils de ce dernier furent guillotinés avec leur ami André Chénier le 7 thermidor an II, à deux jours de la chute de Robespierre.


Académie

Trudaine nommé intendant à Lyon, proposa au président Dugas* l’établissement d’une académie. Celui-ci lui répondit que cette académie (des sciences et belles-lettres) avait déjà été créée. Comme il souhaitait y être admis, quelques réunions se firent à son cabinet (Saint Fonds et Dugas, I, XLIII).

Perrache présenta vers 1786 un premier plan, ensuite modifié, des rues du quartier neuf : y figurait, à l’extrémité orientale du cours Napoléon (quai de La Charité), la place Trudaine. Vers 1838, une rue Trudaine, voie nouvelle, est créée quartier des Capucins.

Dans le nord-est du 9e arr. de Paris, a été ouverte en 1821 l’avenue Trudaine, dans le quartier Trudaine-Maubeuge. D’autres voies Trudaine existent, notamment à Montigny, mais elles concernent son fils ou son petit-fils.

Bibliographie

Mathieu Marais, Journal de Paris, 1715-1721 (édité par H. Duranton et R. Granderoute), Saint-Étienne : PUSE, 2004, p. 424. – Grandjean de Fouchy, « Éloge de M. [Daniel Charles] Trudaine, lu à l’Académie des sciences, le 5 août 1769 ». – Saint-Simon, Mémoires, par Y. Coirault, Gallimard, 1983-1988, t. I-VIII.