Marie François Joseph Eugène Vial est né à Saint-Étienne (Loire), 10 grande rue du Chambon, le 21 août 1863, fils de Jean-Baptiste Vial (Lyon le 3 novembre 1828-Oullins 7 juillet 1897), substitut du procureur impérial près le tribunal de Saint-Étienne, puis juge de paix du 4e arr. de Lyon en 1874, et d’Antoinette Marie Françoise Bethenod (Lyon le 9 août 1835-Oullins 20 juillet 1921), mariés le 29 mai 1858 à Lyon 2e. Témoins : Claude Antoine Frédéric Mulsant, substitut du procureur impérial près le tribunal de Saint-Étienne, et Louis Marie Auguste Allut, juge suppléant chargé de l’instruction. La famille Vial est une famille lyonnaise descendant de Charles Vial, maître ferronnier au xviiie siècle qui demeurait 5 rue Sainte-Marie-des-Terreaux, où l’on peut encore admirer de lui une imposte avec les lettres C et V entrelacées ; on connaît aussi de Charles Vial les ferronneries et serrures des boiseries et armoires de la salle du conseil de l’hôpital de la Charité conservées au musée historique des Hospices civils de Lyon. La famille Bethenod est une famille en partie originaire de la Loire. Eugène Vial en a écrit l’histoire (voir aussi Philippe Bethenod, La famille Bethenod, six siècles de vie en Forez, Lyon : Audin, 1966). Le grand-père maternel d’Eugène Vial, Joseph Bethenod (Saint-Chamond 1788-Saint-Martin-la-Plaine 1874), est le cousin germain de Louis Coste*. Son père poursuivant sa carrière à Lyon, Eugène Vial y étudie le droit et s’inscrit au barreau de 1884 à 1898, mais il ne plaide pas, rapidement absorbé par ses études historiques. Ami du félibre Paul Mariéton (Lyon 1862-Nice 1911), il fait avec lui de nombreux voyages artistiques, notamment en Italie, et lui consacrera une importante biographie sous le pseudonyme de Critobule. En 1901, il devient membre de la Société littéraire, historique, archéologique de Lyon, devant laquelle il présentera plusieurs communications, et il fonde la Revue d’histoire de Lyon dont il assure le secrétariat général. Partageant sa vie entre son domicile lyonnais 5 rue d’Auvergne et sa maison de campagne 40 chemin du Merlus à Oullins (Rhône), il se consacre à une double activité d’érudit, historien de Lyon, et d’écrivain. Comme historien, il s’attache aux institutions et coutumes lyonnaises, aux gens et choses de Lyon, aux petits métiers, à l’histoire du costume, mais aussi aux personnalités natives de Lyon ou ayant vécu dans la ville. Il s’intéresse également à l’histoire de l’art et écrit plusieurs études sur des peintres, sculpteurs, dessinateurs lyonnais. En 1904, il co-organise avec la ville de Lyon, à l’ouverture du palais municipal des expositions, le palais de Bondy, une exposition rétrospective des artistes lyonnais, dont il rédige le catalogue. Il récidivera à l’occasion de l’exposition internationale de 1914 organisée par la ville dans le quartier de Gerland. En 1907, il est appelé à collaborer en ce qui concerne Lyon à l’Allgemeines Lexikon der bildenden Künstler von der Antike bis zur Gegenwart, le célébre dictionnaire général des artistes de l’Antiquité à nos jours, entrepris à Leipzig par Ulrich Thieme (1865-1922) et Felix Beckert (1864-1928), et dont les trente-sept volumes seront achevés en 1950. Il en extraira un Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art du Lyonnais publié avec Marius Audin (1872-1951). Il publie également plusieurs notices sur les peintres et dessinateurs lyonnais dans le Dictionnaire des peintres, dessinateurs, sculpteurs et graveurs d’Emmanuel Bénézit (1854-1920). Comme écrivain, il publie plusieurs pièces de théâtre dont Le trèfle à quatre feuilles, pièce d’ombres en trois actes et treize tableaux pour récitant avec orchestre et chœur, musique de Valentin Neuville (1863-1941), organiste de Saint-Nizier, représentée à Lyon pour la première fois le 25 janvier 1895 et Les Willis, légende lyrique en cinq tableaux, musique également de Valentin Neuville, représentée à Thiel (Hollande) en novembre 1902, première audition à Lyon le 1er avril 1908. Il est encore l’auteur du livret d’un oratorio de Valentin Neuville, Notre Dame de Fourvière, audition aux Grands Concerts, le 12 janvier 1908. Conteur apprécié, membre de l’Académie des Pierres Plantées en 1920 sous le pseudonyme de Thomas Bazu, il collabore à l’Almanach des amis de Guignol et écrit en patois de la Croix-Rousse plusieurs pièces pour le théâtre de Guignol, dont Une belle polisse, La pépie, Le grand Joseph, l’Agathe et la Fanny, La Nini à l’Académie, toutes publiées dans l’Almanach. Nommé, en 1926, conservateur du Musée de Gadagne, il restera dix ans à ce poste, restaurant et aménageant l’hôtel qui l’abrite, enrichissant les collections. Il édite un guide des visiteurs et catalogue les collections du musée. Membre de la Société des antiquaires de France, secrétaire permanent de la Société de secours aux blessés de la guerre de 1914-1918 d’Oullins, administrateur de la Caisse d’épargne d’Oullins, il est fait chevalier de la Légion d’honneur le 25 août 1937 et reçoit les insignes de Marie Auguste Tony Grangier, docteur en médecine à Paris, officier de la Légion d’honneur (dossier 19800035/758/85980).
Il décède le 13 mai 1942 à Oullins où il est inhumé, après des obsèques sans discours à l’église d’Oullins.
Marié le 19 avril 1906 à Quimperlé avec Marie Joséphine Lassagne (Saint-Étienne 1er avril 1880-Oullins 13 juin 1941), fille de Léon Lassagne, percepteur, et d’Adrienne Rolet, il laisse un fils, Marie François Jean Vial (Oullins 11 septembre 1908-Caluire-et-Cuire 2 avril 1948).
Élu en 1913, fauteuil 3, section 4 lettres, sur rapport de Fernand Mittifiot de Bélair*, il ne prononcera son discours de réception, du fait de la guerre, que le 20 mai 1919. Dans ce discours consacré à Paul Chenavard et Joséphin Soulary* (MEM 17, 1921), il raconte en particulier la dépression qui affligea le peintre lorsqu’il se vit refuser son projet pour la décoration du Panthéon, illustrant les Essais de palingénésie sociale de Pierre-Simon Ballanche*. Eugène Vial déploie une intense activité d’archiviste à l’Académie, devant laquelle il présente une grande partie de ses travaux, pour la plupart publiés ailleurs et seulement résumés dans les comptes rendus des séances (PV, t. 26 et 27 ; ces communications ne figurent pas dans les Mémoires). En 1919, il communique l’introduction de son Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art du Lyonnais. Le 24 février 1920, il dépose sur le bureau de l’Académie, la liste des titulaires pour chaque fauteuil depuis l’institution des fauteuils en 1847 jusqu’au 1er février 1920, soit 247 noms dont 43 avaient été nommés avant 1847 et 204 depuis. Le 11 janvier 1921, communication sur Marceline Desbordes-Valmore (membre associée de l’Académie en 1835), ses séjours à Lyon, et sa correspondance (inédite) conservée dans les archives de Pierre Mariéton, notamment avec l’imprimeur et écrivain lyonnais Léon Boitel (1806-1855), fondateur de la Revue du Lyonnais. La même année, communication sur Le banquet des intelligences, qui, autour de 1842, réunissait à Lyon pour un repas mensuel : les peintres Hippolyte Flandrin (1809-1864) et Anthelme Trimolet (1798-1866), les poètes Victor de Laprade*, Joséphin Soulary et Jean Tisseur* ainsi qu’Aimé Vingtrinier*, repas auquel participaient les célébrités de passage : Alexandre Dumas, Berlioz ou Chenavard. Le 16 mai 1923, il présente une communication sur Adrien Péladan (1815-1890), polémiste catholique et légitimiste, journaliste à Lyon de 1856 à 1870, fondateur de la Semaine religieuse, père du « Sar Merodack », Joséphin Péladan (1858-1918), écrivain déca-dent, occultiste, fondateur de l’ordre des Rose-Croix, dont Barbey d’Aurevilly était féru. Le 20 novembre 1923, communication sur une contestation entre Lamartine et Joséphin Soulary sur la paternité d’une pièce de vers : Vers l’album ; Lamartine est censé avoir écrit sur l’album d’une jeune fille une pièce qui commence par :
Sur cette page blanche où mes vers vont éclore...
publiée dans l’édition de ses Harmonies en 1849. Or, Joséphin Soulary publie à son tour, en 1857, un recueil intitulé : Éphémères, 2e série où l’on peut lire un sonnet qui commence par le vers :
Sur cette page blanche mes vers avant d’éclore...
La suite des deux poèmes est très semblable avec des rimes identiques. La presse, qui commente avec faveur l’œuvre de Soulary, fait état de cette similitude dont Lamartine est informé. Soulary a ajouté une note sur un exemplaire de son recueil : « Ces vers écrits sur l’album d’une jeune fille en 1839 avait été publiés sans nom d’auteur dans les Curiosités littéraires de Paulin, Bibliothèque des poètes, 1845 ». Le soupçon de plagiat se répandant, Soulary ulcéré écrit à son ami Vingtrinier* : « On a dû vous insinuer que je suis un plagiaire. N’en croyez rien. J’affirme sur l’honneur que ces vers sont bien de moi. J’attends la réponse de Lamartine à qui j’ai demandé une explication. J’irai, s’il le faut, jusqu’au scandale. Dîtes le je vous prie à tout le monde ». On ne connaît pas la réponse de Lamartine. Vial ajoute que, pour Soulary, ce fut « la grande épreuve de sa vie » à l’origine d’une « vieillesse amère et désabusée », malgré la fidélité persistante de ses amis. Cela n’empêcha pas Soulary d’écrire plus tard un hommage à Lamartine, lui-même « dans la détresse ». Dans la discussion de cette communication, qui laisse subsister un doute et à laquelle participent Arloing*, Limb* et Appleton*, il est fait état de « certains points de mémoire qui font croire comme vrai des faits qui n’ont rien de réel [... et de], prétendues coïncidences d’imagination faisant naître des conflits d’intérêts entre personnes divisées à propos d’une priorité d’invention ». L’affaire sera reprise par P.A. Perrod*, en 1970, dans une communication intitulée : « Joséphin Soulary a-t-il été volé ? » (MEM 28, 1975) ; il y est citée une lettre à Clair Tisseur* où Soulary accuse, au contraire, « un poète, L… [sic] ] de lui avoir volé un poème écrit sur l’album d’un ami. Le 8 février 1927, communication sur Les premiers horlogers lyonnais, qui détache de l’ouvrage publié avec Claudius Côte, la même année, l’histoire du Poméranien Daniel Gom, constructeur de l’horloge de l’Hôtel de ville (aujourd’hui disparue), destitué en 1664 de sa fonction d’horloger de la ville pour incurie et remplacé par Guillaume Nourrisson qui restaura l’horloge de la cathédrale Saint-Jean endommagée par « les bandes du baron des Adrets ». En 1928, Vial fait justice de la légende qui localise au début du xvie siècle la demeure dite de « l’Angélique » appartenant à l’humaniste et antiquaire Nicolas Lange (1525-1606), car elle n’était pas encore construite. Le 12 juin 1928, il fait état de sa recherche sur les domiciles lyonnais d’Ampère. La même année, il communique encore sur Deux cartonniers lyonnais, Jacques Visé et Jean Dole. Depuis sa nomination au musée de Gadagne en 1926, sa présence à l’Académie se fait plus rare. Il devient émérite en 1933. Son éloge funèbre est prononcé par Maurice Lannois* le 27 janvier 1942. (MEM 24, 1945).
M. Lannois*, « Éloge funèbre d’Eugène Vial », Lyon : Rey, 1942. – B[asse*], « Eugène Vial », Le Salut public, 15 janvier 1942. – L. Rousselon*, « Hommage à Eugène Vial », Le Salut public, 27 avril 1943.
Un portrait gravé sur bois orne son éloge funèbre.
De plus de 150 publications on retiendra : L’esturgeon du Rhône. La famille Porcelet au xve siècle. Généalogie de la famille Porcelet. Lyon : Brun, 1904. – Catalogue illustré de l’exposition rétrospective des artistes lyonnais, peintures et sculptures, octobre-novembre 1904. Lyon, Rey, 1904, 172 p., 45 reprod. – Dessins de trente artistes lyonnais du xixe siècle, Lyon : Rey, 1905, 45 p., 63 fac-simile. – « Les musées de Lyon. Peinture et sculpture modernes », in Lyon en 1906, publié par le Comité local du Congrès de l’Assoc. française pour l’avancement des sciences, extrait Lyon : Rey, 1905, 21 p., 9 reprod. – « Les anciennes mesures de vin à Lyon », Bull. des sciences économiques et sociales du Comité des travaux historiques et scientifiques, 1906, p. 3. – « Notes sur les pennonages lyonnais », Rev. de la réunion des officiers de la garnison de Lyon, décembre 1907, p. 13-17 ; juillet 1908, p. 1-5 ; août 1908, p. 3-5. – « Les francs-archers de la ville de Lyon », Rev. réu. off. gar., septembre 1908, p. 2-7. – « Les procureurs généraux et les secrétaires de la ville de Lyon », RLY 1908, p. 309-316. – Institutions et coutumes lyonnaises, Lyon : Brun, 1903-1909, 8 fasc. 25 reprod., 384 p. – Gens et choses de Lyon, Trévoux : J. Jeannin, 1904-1908, 4 vol. – « Élections de consuls à Oullins », RHL 1909, p. 228-232. – « Les receveurs et trésoriers de la ville de Lyon », RHL 1909, p. 373-396. – « Un Noël en patois lyonnais de Jean Claude Dunant 1674 » RHL, 1909. – « Le marchand de bugnes de la place Grenouille », BSHALL 3, 1908, p. 106. – « Une chanson de canut », RHL 1910, p. 58. – Jean-Baptiste Giraud, conservateur des musées de Lyon, 1844-1910, Lyon : Brun, 1911, 32 p., portrait, 21 reprod. – « Catalogue des peintures », in M. Audin (dir.) Catalogue rétrospective art lyonnais, publié à l’occasion de l’exposition internationale de Lyon, Lyon : Rey, 1914. – L’histoire et la légende de Jean Cléberger dit «le Bon Allemand», 1485 ?-1546, Lyon : Rey, 1914. – Les eaux fortes et lithographies de Joannès Drevet, introduction et catalogue, Lyon : Cumin et Masson, 1915, 120 p., 29 eaux-fortes et 84 repro. – Avec Marius Audin, Dict. des artistes et ouvriers d’art de la France : Lyonnais, Paris : Bibliothèque d’art et d’archéologie, t. I, 1918, 522 p. ; t. II, 1919, 372 p. – Sous le pseudonyme de Cristobule, Paul Mariéton d’après sa correspondance, Paris : G. Crès, 3 vol., 1920. – « La vie et l’œuvre de Léon Boitel », RLY, janvier-mars 1921, p. 109-121. – « Le banquet des intelligences », RLY 1921, p. 425-440. – « Adrien Péladan père, journaliste à Lyon, 1856-1870. », RLY 1922, p. 91-104. – Sous le pseudonyme de Thomas Bazu, « La Sicile aux foires de Lyon vers le milieu du ier siècle de notre ère, d’après une inscription récemment découverte à la Croix-Rousse », Almanach des amis de Guignol, 1922, p. 67-68. – Marceline Desbordes-Valmore et ses amis, d’après une série de lettres inédites recueillies par Paul Mariéton, Paris : La Connaissance, 1923, 184 p., 2 portraits. – Le livre de famille des Béthenod, Lyon : Audin, 1926. – Les amours de la Bernardine, Lyon : Audin, 1926. – La pierre qu’arrape du Port Mouton, Lyon : Éditions de l’Antilope, 1926. – Avec Claudius Côte, Les horlogers lyonnais de 1550 à 1659, Mâcon : Protat, 1927, 256 p., 12 pl. héliogravées. – « La vie de Clair Tisseur », Les amis de Guignol 2, n° 8, décembre 1927, numéro spécial en l’honneur de Nizier de Puitspelu, 143-155. – Guide des visiteurs du Musée de Gadagne. Lyon : Audin, 1931. – Costumes lyonnais du xive au xxe siècle, ill. J. Coulon, enlumin. F. Garnier, préface Édouard Herriot, Lyon : Provincia, 1935, 64 p., 25 pl. – « Les de Tournes à Lyon », in A. Cartier, Bibliographie des éditions des de Tournes, imprimeurs lyonnais, Paris : Éd. des biblioth. nationales de France. – « Les Ampère à Lyon, les domiciles lyonnais du grand Ampère », Bull. SLHA Lyon, 1936-1938, p. 147-165.