Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

MONGEREAU Noël (1935-2014)

par Louis David.

 Noël Mongereau est né le 26 décembre 1935 à Gray (Haute-Saône), où son père, officier de gendarmerie, était en garnison. Dix ans plus tard, celui-ci est affecté à Lyon, où il prend le commandement des gendarmes de Serin, et la famille s’implante dans la ville. Noël épouse le 23 décembre 1965 Nicole Deplace ; ils auront deux enfants : Stéphane-Pierre (1973) et Marine (1975), chacun d’eux ayant également deux enfants.

 Noël Mongereau décède le 5 juin 2014, et il est inhumé près de la petite église de Marcy (Nièvre), berceau de la famille.

 Après l’école primaire, il est entré au lycée Jean-Perrin en 1947, et obtient son baccalauréat de mathématiques élémentaires en septembre 1954. Il entame des études supérieures de sciences naturelles, obtenant la propédeutique SPCN en juin 1956, la licence ès sciences naturelles en juin 1959.

 Il entre en octobre 1959 comme assistant au laboratoire de géologie de Lyon dirigé par Henri Gauthier* : ses premiers travaux sont en paléontologie, plus précisément sur les bryozoaires d’âge tertiaire sous la direction de Louis David*, ce qui le conduit à soutenir un diplôme d’études supérieures en janvier 1960.

 S’ouvre alors une parenthèse militaire : service actif en Algérie (1er septembre 1961-28 février 1963), avec 18 mois à l’école d’infanterie de Cherchell, promotion 203 baptisée « Élève offficier André-Esprit », qu’il termine comme lieutenant, avec la croix de combattant.

 Revenu à la faculté, il poursuit sa carrière d’enseignant et de chercheur paléontologue : il se spécialise sur les bryozoaires cyclostomes néogènes, ce qui le conduira, avant et après sa thèse, à de nombreuses publications avec les chercheurs lyonnais ou européens ; puis c’est la thèse de doctorat d’État, soutenue le 14 mars 1970 et publiée en quatre parties dans quatre revues européennes.

 Il est intégré au Centre de Paléontologie stratigraphique et Paléoécologie dès sa création, en 1966, comme laboratoire associé au CNRS. Explorant la région lyonnaise, il participe au levé de cartes à 1/50 000 du Fossé rhodanien pour le Tertiaire et le Quaternaire : Vienne (1970), Serrières (1975), Montluel (1980), et il sera coordonnateur de Bourgoin (198). De 1966 à 1974, il effectue chaque année une mission d’un mois dans l’Ouest africain comme assistant de Pierre Gevin, professeur à la faculté et à l’école Centrale de Lyon, pour la révision de la carte à 1/2 000 000 du Nord-Ouest de l’Afrique, ce qui donne lieu à plusieurs publications. Étant également membre du comité technique des Grands barrages, P. Gevin sollicita sa collaboration pour l’étude de plusieurs ouvrages : barrage de Villers-le-Sec (Meuse), barrage du Rouchain (Loire), barrage de Lavalette (Haute-Loire). C’est ainsi que Mongereau fera profiter l’Académie en 2002 d’une communication sur la catastrophe (1963) du barrage du Vajont (Italie, province de Longarone, au nord de Venise), en 2010 sur celle du barrage de Malpasset (1959).

 Parallèlement à son travail à la faculté, depuis l’année 1959-1960, Mongereau assume les travaux pratiques de géologie appliquée qui accompagnent le cours professé par L. David puis par P. Gevin auprès de l’École Centrale (ECL) et de l’INSA de Lyon. Sa carrière change en 1972 lorsqu’il est chargé d’enseignement à l’INSA, titularisé maître de conférences en 1973, puis professeur de 2e classe en 1983 et de 1re classe en 1989, dans le département de Génie Civil. Dès 1973, Mongereau est adjoint au chef de ce département, chargé des enseignements et de la pédagogie ; il devient chef du département (1977-1980, et 1983-1990). Il dirige la mission coopération de l’INSA (1986-1991), devient président du centre d’études supérieures des formations en génie civil, transport et aménagement (1987-1991), et enfin directeur de l’ensemble de la formation de l’INSA (1991-1997). Il participe alors à l’étude de très nombreux projets de génie civil d’abord dans le fossé rhodanien, mais aussi en pays plus lointains : tous les domaines géotechniques seront étudiés par lui-même ou par ses élèves, avec une prédilection pour l’hydrogéologie.

 Il a participé à soixante-quatorze jurys de thèses, comme directeur, rapporteur, membre ou président. Il a participé à plus de cinquante congrès, colloques, séminaires, etc., nationaux etinternationaux, avec ou sans communication.

 Coopération internationale. Comme chef du département de Génie civil, Mongereau est chargé d’une mission de coopération avec le Mexique (avril 1979), puis est responsable de la coopération avec l’Institut national de formation du bâtiment d’Alger (INFORBA), et avec l’École nationale supérieure polytechnique de Yaoundé (Cameroun). Du 1er janvier 1982 au 30 juin 1983, il quitte Lyon, devient conseiller technique auprès du ministère de l’Éducation nationale en République populaire du Congo, directeur des études de l’École nationale supérieure de l’enseignement technique de Brazzaville et chargé de cours à l’université. Revenu à Lyon, il est responsable de la mission de coopération de l’INSA, mais il est aussi délégué général de la CITEF (conférence des formations de techniciens et ingénieurs d’expression française), et membre du comité d’orientation des boursiers au ministère de la Coopération : il est donc conduit à visiter à plusieurs reprises de nombreux pays : Cameroun, Côte d’Ivoire, Mali, Sénégal, Congo, Madagascar et Mexique.

 Expertises et tribunaux. En raison de son implication dans la cartographie et la géologie régionale lyonnaise, Mongereau est hydro-géologue agréé par le ministère de la Santé à partir de 1965, puis coordonnateur pour le Rhône en 1986. Il est membre du Conseil départemental d’hygiène du Rhône, suppléant puis titulaire, depuis 1965. Pour Lyon et son agglomération, il siège depuis 1973 à la commission des Balmes chargée des constructions sur les pentes des collines, et à la commission des risques géologiques du Grand Lyon depuis sa création en 1994. C’est grâce à Guy Sanglerat, professeur de mécanique des sols à l’école Centrale, directeur du bureau Sols-investigations, que Mongereau a été sollicité pour quelques expertises judiciaires lyonnaises : l’éboulement du cours d’Herbouville en 1977 ; le colmatage des berges des champs de captage de la ville à cause des vidanges des barrages du Haut-Rhône ; l’inondation de parkings en sous-sol après l’arrêt des pompages du Grand Camp ; enfin le second éboulement d’Herbouville en 1981. Ces interventions vont aboutir à inscrire Mongereau, à partir de 1991, sur la liste des experts près la cour d’appel de Lyon ; en 1998, il sera aussi expert près la cour de cassation. Il va ainsi être sollicité dans le cadre de soixante-sept expertises, surtout en Rhône-Alpes, mais aussi dans le Nord, la Normandie, le Massif central, etc.


Académie

Il est élu le 4 juin 1996, au fauteuil 2, section 2 Sciences, sur un rapport de L. David*. Il prononce le 25 mars 1997 son discours de réception : Géologie lyonnaise et Génie civil (MEM 51, p. 111-115). Lors de sa prise de fonction comme président, le 10 janvier 2006, son allocution est titrée La Géologie, science du futur (MEM 6, p. 193-198). Mongereau est chancelier de l’Académie de 1998 à 2005, puis en 2007-2008, succédant à Paul Malapert* ; il sera ensuite trésorier adjoint, chargé de la gestion de l’immeuble de la rue Pierre-Corneille (propriété de la Fondation-Rosa, géré par l’Académie), et des relations avec la conférence nationale des académies (CNA).

En 2006, Noël Mongereau est élu à l’académie du Gourguillon et des Pierres Plantées et devient Géni Deladoua, en référence à l’implantation du campus Université-INSA et à l’hydro-géologie de la source de la Doua.

Bibliographie

S.-P. Mongereau et L. David, « Hommage à Noël Mongereau », Géologues, septembre 2014. – L. David*, « Noël Mongereau (1935-2014) », MEM 15, 2016.

Publications

Livres (sélection faite par Mongereau lui-même parmi les ouvrages les plus récents et les plus significatifs) : Les pièges géologiques, Mém. Mus. Hist. Natur. Lyon 3, 70 p., 28 fig., 20 photos. – Lyon du xxe au xxie siècle, N. Mongereau (dir.), Lyon : ELAH, 2000, 299 p., ill. (dont contribution N. M., « L’eau à Lyon au xxe siècle », p. 57-72) – « Les géologues de l’académie », in L. David, Trois siècles d’histoire lyonnaise, Lyon : ELAH, 2000, p. 255-263. – Les eaux cachées, Lyon : éd. ARPPAM, 2003, 160 p., fig., tabl. – « Risques géologiques en milieu urbain », in Sols urbains, ouvrage collectif, Paris : éd. Lavoisier, 2003, p. 147-171, 7 fig. – Géologie du Grand Lyon, Grand Lyon édit., 2004, 160 p., fig. – Grand Lyon, connaissance du sous-sol et de l’hydrogéologie, apports à l’aménagement durable du territoire, Grand Lyon édit., 2008, 151 p., fig. – Géologie de Lyon, l’histoire, l’utilisation, les pièges, Lyon : ELAH, 2010, 143 p., fig.

Paléontologie. Thèse (au total 229 p.) en quatre publications : « Le genre Idmonea Lamouroux 1821 (Bryozoa-Cyclostomata) dans le Tertiaire d’Europe », Geobios 2, 1969, p. 205-264, 4 fig., 6 pl. ; « Le genre Hornera Lamouroux 1821 en Europe (Bryozoa-Cyclostomata) », Ann. Naturhistor. Mus. Wien 76, p. 311-373, 1 fig., 13 pl. ; « Les bryozoaires cyclostomes branchus du Miocène du bassin du Rhône, données nouvelles », Geobios 3, p. 29-42, 2 pl. ; « Les bryozoaires cyclostomes branchus du Miocène du bassin du Rhône », Docum. Lab. Géol. Fac. Sci. Lyon, 40, 95 p., 18 fig., 22 tabl. Parmi les autres publications paléontologiques on retiendra surtout : Avec L. David et S. Pouyet, « Bryozoaires du Néogène du bassin du Rhône, gisements de Taulignan (Drôme) », Docum. Lab. Géol. Fac. Sci. Lyon 40, 1970, p. 97-175, 18 fig., 10 pl. – « Gisements burdigaliens de Mus (Gard) »Docum. Lab. Géol. Fac. Sci. Lyon 52, 1972, p. 1-118, 1 fig., 12 pl. – Génie civil et cartographie : Avec G. Sanglerat, « Mouvements de terrains en zone urbaine. Exemple de la ville de Lyon », Cahiers Expertise Judic. 3, 1989, p. 39-50, fig. – Avec G. Sanglerat, L. David et H. Millers « Mouvements de terrain en zone urbaine. Exemple de la ville de Lyon », Bull. Assoc. Intern. Géol. Ing. 31, 1985, p. 95-103, 9 fig. – « Géologie lyonnaise et Génie civil », discours de réception, MEM 51, 1997, p. 111-115. – « La catastrophe du Vajont, Longarone (Italie) 9 octobre 1963 », MEM 2, 2002, p. 161-162. – « Pathologie de parkings enterrés sous la nappe à Lyon », Rev. Fr. Géotechnique 101, 2002, p. 83-89, 3 fig.

Géologie africaine, en collaboration : Huit notes sont consacrées à la géologie et aux découvertes paléontologiques du Sahara occidental (1968- 1978). – Carte à 1/2 000 000 du Nord-Ouest de l’Afrique, 3 éd.

Géologie régionale lyonnaise : Participation aux levés des cartes géologiques à 1/50 000 : Vienne (1970), Serrières (1975), Montluel (1980), et Bourgoin (1986, coordonnateur). – Avec L. David, J. Évin, C. Guérin et B. Walter, « Datation par le radiocarbone de la terrasse quaternaire de Saint-Rambert-d’Albon (Drôme), Würm de la moyenne vallée du Rhône », CRAS 274, p. 2007-2008. – Avec L. David et B. Walter, « Les nappes alluviales fluvio-glaciaires dans la région lyonnaise », in La préhistoire française, éd. CNRS, 1976, t. 1, p. 97-100, 2 fig. – Avec L. David, R. Ballésio et H. Méon-Vilain, « La ria pliocène rhodanienne dans la vallée du Garon (Rhône) », Bull. Soc. Linn. Lyon, 50e année, n° 2, p.72-80, 4 fig.

6. Enseignement : Participation à trois manuels de biologie et géologie pour lycée. -