Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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PESTALOZZI Jérôme Jean (1674-1742)

par Louis David.

 Les familles Pestalozzi (écrit parfois Pestalossi ou Pestalossy en France) sont d’origine italienne : on peut remonter jusqu’à un Albert de Pestalozzi, seigneur de Gravedone dans le Milanois, capitaine de la ville de Chiavenna qu’il défendit en 1209 (pays des Grisons, province de Sondrio, à la frontière avec la Suisse). Les descendants, répartis en plusieurs branches en Italie, France, Espagne, Suisse et Allemagne, ont rempli des fonctions honorables avant tout militaires. Au xviie siècle, la branche originaire des Grisons, était représentée par le capitaine Vincent Pestalozzi marié à Veneranda Stampa. Leur fils Jean Jacques (Johann Jacob) vint s’établir à Lyon pour exercer un commerce en gros grâce aux privilèges accordés par Louis XIII, vers 1610. Il aura plusieurs fils, banquiers vers 1650, dont un Jean Jacques, commissaire des guerres, qui à son tour sera père d’un troisième Jean Jacques.

 Ce dernier avait choisi la médecine : il est médecin (à Montpellier ?) agrégé au collège de Lyon et sa réputation le conduit à servir dans l’armée française d’Italie, en particulier en Sicile lors de la révolte de Messine (1674). C’est à son retour qu’il épouse à Venise Feliciana Balotti (ou Bellotti, devenu Balloty), née à Rovigo. Ils demeurent paroisse de Saint-Paul. Jean Jacques est domicilié montée du Change dans son inventaire après décès (AD Rhône BP 2053 Pestalossy Jean Jacques, docteur médecin, 7 novembre 1705).

 Leur fils, Jérôme Jean, naît donc à Venise le 23 juin 1674, où il reste avec sa mère jusqu’en 1682 ; son père le ramène alors à Lyon à l’âge de 8 ans pour son éducation. Il fait de rapides et brillantes études, attiré par la botanique, par la géométrie et finalement par la médecine : il est reçu docteur en médecine en 1694 à Valence. Il est alors agrégé au collège de médecine de Lyon en 1695, et, en 1696, l’Hôtel-Dieu le choisit comme médecin des fiévreux : il le restera 23 ans.

 La peste qui ravage Marseille en 1720 conduit J.J. Pestalozzi à étudier cette maladie ancienne mais peu connue : il rassemble ses résultats sous la forme d’un livre qu’il adresse à Léopold, duc de Lorraine, qui avait consulté le collège de Lyon sur cette maladie ; le duc est si satisfait qu’il lui envoie un présent de vaisselle d’argent aux armes de Lorraine. L’académie de Bordeaux ayant ouvert un concours intitulé La peste est-elle contagieuse ?, il envoie son ouvrage qui remporte le prix. La société royale de Montpellier le nomme associé correspondant pour la qualité de son travail. La Cour aimerait l’envoyer en Provence ; le parlement du Dauphiné lui propose une pension considérable pour venir à Grenoble, mais, grâce au maréchal de Villeroy*, il reste à Lyon.

 À côté de la médecine, son goût prononcé pour les sciences naturelles le pousse à acquérir, en 1700, le cabinet de curiosités des frères de Monconys : il accroît encore ces collections qui deviennent célèbres au point d’être citées dans les Mémoires de l’Académie des Sciences en 1715, à propos d’une dent de poisson pétrifiée. Il léguera ce cabinet à l’un de ses fils, Antoine Joseph*.

 Il se marie le 16 septembre 1700 en l’église de Trèves, annexe de Longes, avec Charlotte Dupré (née vers 1768), fille de feu noble Jacques Dupré Deshayars, ancien capitaine au régiment lyonnais et aide de camp dans les armées de sa majesté, et de Marie Gadancour. La bénédiction nuptiale est donnée par le frère de la mariée, Antoine Joseph Dupré, prêtre camarier en l’église de Lyon.

 Jérôme Jean Pestalozzi est mort le 26 avril 1742, et inhumé le 27 en l’église Saint-Pierre, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin. Pas moins de vingt signatures suivent son acte de décès. Sa femme, âgée de 74 ans, était morte quelques jours plus tôt le 21 avril, et avait été inhumée le lendemain dans la même église. Ils avaient alors deux filles, et quatre fils dont trois seulement survivront : Antoine Joseph (médecin et académicien), et Jean Joseph et Jean Claude, tous deux capitaines d’infanterie. Le 21 février 1743, Marguerite Louise Françoise (1707-1767) épouse Claude Camille Brossette, fils de Claude* et de Marguerite Chavany : ils eurent deux enfants, dont Marianne, née et baptisée paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin le 24 septembre 1742 (enfant nommé Pestalozzi « donné à Claude Camille Brossette »).

 Le blason des Pestalozzi est : d’azur au lion d’or accompagné de deux burettes en devise, le lion tenant deux clefs d’or ; l’écu est timbré d’une couronne de marquis avec pour cimier un lion tenant aussi une clef d’or, concession faite à Albert Pestalozzi au xiie siècle. Ces clefs sont celles de la ville de Chiavenna au pays des Grisons.


Académie

J. J. Pestalozzi est élu à l’Académie des sciences et belles-lettres le 26 mars 1715, proposé aussi à l’Académie des beaux-arts le 9 septembre 1737, où il est élu le 8 novembre, alors que l’académie de Montpellier le nomme associé et correspondant. En 1719, il prononce une dissertation sur Jonas dans le ventre de la baleine, qui sera imprimée, et qu’on retrouvera dans l’éloge funèbre que lui consacrera Christin ; il sera directeur en 1730 (sciences et belles-lettres).

Bibliographie

J. P. Christin, Éloge de Mr Pestalozzi, prononcé dans l’assemblée publique de l’académie des Beaux-Arts de Lyon le mercredi 5 décembre 1742. Ac.Ms124 f°66-77, 1742, (24 p.), avec reprise du texte de la conférence de 1719 sur Jonas et la baleine que l’archevêque l’engagea à donner au public et à publier. – J. Pernetti, Notice de Jérôme Jean Pestalozzi, lue le 16 mai 1755 à l’Académie des Sciences et Belles-Lettres, Ac.Ms124 f°32-34. – M. Francou, « Une dynastie médicale lyonnaise au xviiie siècle, les Pestalozzi », BMO Lyon, 5799, 15 juin 2009. – Dugas et Saint Fonds (adoptant la graphie « Pestalossi »). – AD Rhône, E Suppl. 1281 (GG2) f° 117.

Manuscrits

Conférence sur Jonas et la baleine, 1719 (reprise dans son éloge par Christin, Ac.Ms124 f°66-77). – Discours sur la lithologie. Ac.Ms221 f°75-78, 1720. – Dissertation sur les cailloux cristallisés en dedans où l’on développe tout le secret de la pétrification. Ac.Ms221 f°67-72, 1738. – Mémoire sur les pierres et cailloux (2e mémoire). Ac.Ms221 f°123-130. – Discours sur l’étude de la botanique. Ac.Ms222 f°39-49, 1738. – Sur les marbres. Ac.Ms221 f°59-66, 1739. – De quelques erreurs populaires. Ac.Ms226 f°4-9, 11.5.1740. – Discours sur l’architecture animale et physiologique du corps humain. Ac.Ms229 f°68-78, 1 dessin, 17 mai 1741. – Mémoire sur les pierres précieuses, leur nature et leurs qualités. Ac.Ms221 f°53-57, 5 septembre 1742.

Publications

Pestalossi [sic], Traité de l’eau des mille fleurs, remède à la mode, Lyon : Guillimin et L’Abbé, 1706, 102 p. [Nabu Press, États-Unis, 2011], livre académie n° 200 037 corrigé de la main de l’auteur. – Avis de précaution contre la maladie contagieuse de Marseille qui contient une idée complète de la peste et de ses accidents [...], Lyon : Bruyset, 1721, 203 p. ; Lyon : Bruyset, 2e éd. 1723, 266 p. [Transmedia Holding, USA, 2013]. – Dissertation sur les causes et la nature de la peste, Bordeaux : Brun, 1722 (prix du concours) – Suite et confirmation du système de la contagion par les levains..., Lyon : Bruyset, 2e éd. 1723, 321 p.