Maurice René Lannois est né le 6 novembre 1856 à Clichy (alors dépt de la Seine ; sur le territoire détaché en 1867 pour former la commune de Levallois-Perret [Hauts-de-Seine]), fils de Pierre Édouard Lannois, fabricant de miroirs et encadreur, et de Joséphine Marie Gérard, née à Paris place des Vosges le 7 mai 1831 – mariée à Paris en 1853, la « doyenne des grand’mères de France » est décédée à Tassin-la-Demi-Lune le 3 mars 1936, après avoir reçu la Légion d’honneur le 27 février d’Herriot*, LH/1472/53). Présents à la déclaration : Nicolas Michel Fazillan, propriétaire, et Guillaume Alfred Deligny, blanchisseur. Il a eu six frères et une sœur.
Admis à l’école du service de Santé militaire au concours de 1875, lauréat du concours de l’Externat des Hôpitaux de Paris en 1877, il est affecté comme élève médecin au Val-de-Grâce en 1878. Il commence sa formation à Paris, dans le service de Raphaël Lépine à l’hôpital Laennec, avant de devenir externe dans celui du professeur Isidore Strauss à l’hôpital Tenon. En 1880, il soutient sa thèse (Paralysie vaso-motrice des extrémités ou érythromélalgie) à Paris, et il est nommé médecin stagiaire à l’hôpital militaire de la Charité (devenu en 1887 hôpital Desgenettes) à Lyon. Affecté au 30e régiment d’infanterie en garnison à Annecy en 1884, mis en non-activité pour infirmité temporaire en 1885, il démissionne par décision personnelle en 1890, tout en poursuivant sa carrière de médecin militaire comme réserviste. En 1892, il habite 26 rue du Plat puis, en 1894, 14 rue Saint-Dominique (devenue rue Émile-Zola en 1902) où il installe son cabinet. Médecin major de 1re classe depuis 1905, il est rappelé à l’activité le 2 août 1914. Affecté à la direction du service de santé de la place de Lyon au service d’oto-rhino-laryngologie, il est promu médecin principal de 2e classe en 1916.
Agrégé de médecine en 1886 (thèse : Nosographie des chorées), c’est dans la vie civile qu’il poursuit une carrière de praticien et d’enseignant. Il entreprend un long voyage d’études en Allemagne et dans l’empire austro-hongrois, en particulier à Vienne, dans le service du professeur Adam Politzer, le « père » de l’otologie moderne.
Médecin des hôpitaux depuis 1889, il donne des cours de clinique médicale (1889-1894) à la clinique du professeur Lépine venu à Lyon, et dont il avait fréquenté le service à l’hôpital Laennec de Paris lorsqu’il préparait l’externat : sur les maladies ORL au Bureau de Bienfaisance (1890-1894), à l’hôpital de la Croix-Rousse (1895-1896), à l’hospice de l’Antiquaille (1897-1898) ; sur les maladies nerveuses à l’hospice de l’Antiquaille (1902-1906). Chargé de cours complémentaires d’ORL à la faculté, il est nommé professeur adjoint (1908) et devient, en 1920, professeur de clinique des maladies de l’oreille, du nez et du larynx, titulaire de la chaire créée pour lui et qu’il occupe jusqu’à sa mise à la retraite en 1928.
Cet ancien élève de Raphaël Lépine s’intéresse d’abord à la médecine générale et à la thérapeutique. Le résultat des recherches entreprises avec Georges Linossier (1857-1923), qu’il expose lors d’une communication au congrès de Médecine de Nancy de 1896, sur Le traitement du rhumatisme par les applications locales de salicylate de méthyle, a ouvert une nouvelle voie thérapeutique et lui vaut un prix de l’Académie de Médecine. L’étude des maladies nerveuses l’amène à faire créer en 1897 un service spécialisé à l’Antiquaille. Mais, ce sont surtout ses travaux concernant l’oto-rhino-laryngologie qui attirent l’attention. Il réussit à mettre en place une consultation d’otologie annexée à son service des maladies nerveuses en 1911 et à ouvrir, en 1920, une clinique universitaire officielle d’ORL. Ses recherches comme sa pratique lui permirent de publier en 1908, avec ses élèves Côme Ferran et Fleury Chavanne, un Précis des Maladies de l’oreille, du nez et l’oreille qui fit autorité.
Il participe à la fondation en 1882 de la Société française d’otologie, laryngologie et rhinologie qu’il a présidée, et il est membre de nombreuses sociétés scientifiques : Société d’histoire naturelle d’Autun, Société des sciences médicales (dont il fut président), Société nationale de médecine de Lyon, Société médicale des Hôpitaux de Lyon, Société d’anthropologie de Lyon, et membre correspondant de la Société de neurologie de Paris, de la Société thérapeutique, de la Société belge d’otologie et de laryngologie. En 1911, l’Académie nationale de Médecine l’élit membre correspondant non-résidant.
Retraité en 1928, il dispose du temps qui lui manquait pour mener à bien de nombreuses recherches, principalement touchant à l’histoire de la médecine. Il découvre une bibliothèque de Madame du Barry à l’école de Santé militaire et les archives du Collège des médecins de Lyon. Il publie ses études dans le Lyon médical et la revue Aesculape. Il est membre de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon de 1933 à sa mort, et de la Société d’histoire naturelle d’Autun.
Bibliophile averti, il réunit une riche bibliothèque et dirige, depuis sa fondation en 1919, le Cercle lyonnais du Livre qui édite luxueusement des œuvres modernes. Collectionneur de médailles, il publie deux études qui présentent, accompagnés de notices précises, les documents numismatiques liés au monde médical, aux œuvres d’assistance ou aux hôpitaux lyonnais.
Il était marié à Jeanne Marie Rolland, née vers 1864, fille d’Éleuter Rolland et de Louise Diare ; d’où, nés à Lyon, Marie-Louise Simone (17 avril 1892-Férolles-Attilly [Seine-et-Marne] 14 février 1977), épouse Arnoult ; Madeleine Marie Léonie (25 février 1894), épouse Gaillard ; Jean Paul Marie (17 février 1896-2 septembre 1918), mort pour la France sergent dans la 4e compagnie du 12e bataillon de chasseurs malgaches à Terny-Sorny (Aisne).
Maurice Lannois décède le 19 septembre 1942. Il est inhumé à Écully le 22. Depuis les années 1930, il résidait 9 bis ancienne-montée du Docteur-Mastier à Écully.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur (31 décembre 1907, LH/ 19800035/0179/23187), il a été décoré devant la troupe par le général Gallieni, gouverneur militaire de Lyon. Il est promu officier le 31 juillet 1915. Il était aussi officier d’Académie (1889) et officier de l’Instruction publique (1900).
Après avoir fait acte candidature dans une lettre du 28 avril 1936, il est autorisé, le 5 mai, à « faire une lecture à l’Académie » et présente une communication sur le médecin lyonnais J. B. Goiffon. Il est élu au fauteuil 4, section 3 Sciences, le 1er décembre suivant. En guise de discours de réception, il fait une communication sur Les sociétés de bibliophiles de Lyon après la guerre (MEM 1939), qu’il illustre en faisant circuler de nombreux documents, ce qui aurait été difficile lors d’une séance publique. Le 25 janvier 1938, il fait une communication sur Un sarcophage du Musée des Antiques de Lyon, Job ou saint Pierre (MEM 1939), puis Sur un frontispice du xvie siècle « À la dame de Virgile » (MEM 1945). Élu président pour 1938, il conserve sa charge jusqu’à fin 1941. Il prononce son allocution de présidence puis rend compte des travaux de l’Académie pendant l’année 1938 (MEM 1939) et fait le bilan de ses années de présidence (MEM 1945). Il prononce les éloges funèbres de Jean Beauverie*, Auguste Isaac*, Gabriel de Canat de Chizy*, Louis de Launay (MEM 1939), Charles Soulier*, Louis Josserand*, Eugène Vial*, Claude Faure*, Camille Germain de Montauzan*, Joseph Buche* et Henri Rigollot* (MEM 1945). Le 10 novembre 1942, le docteur Jean Audry* prononce son éloge funèbre (MEM 1945).
Hommage au professeur M. Lannois, Lyon le 8 janvier 1928 (recueil des allocutions prononcées lors de cette cérémonie), Lyon, 1928, 60 p. – J. Guiart*. - Bouchet*. – René Mornex*, Bernard Ducouret, Olivier Faure, L’Antiquaille de Lyon, histoire d’un hôpital, Lyon : Lieux dits, 2003, p. 108-113.
Une plaquette rectangulaire à son effigie en robe professorale, gravée par François De Hérain, le montre, au revers, examinant la mastoïde d’un jeune enfant assis sur les genoux d’une grand-mère ; elle lui a été offerte le 8 janvier 1928 au cours d’une cérémonie d’hommage organisée lors de son départ en retraite et son passage à l’honorariat (Lannois 1934). L’avers est la réduction d’une grande plaquette placée à la faculté de médecine.
Il a lui-même établit la liste de ses publications en 1907 : Titres et travaux scientifiques du Dr Maurice Lannois, Lyon : Rey, 1907, 98 p. Cet ouvrage qui recense 209 publications est divisé en quatre chapitres : Maladies de l’oreille, du nez et du larynx (79 numéros publiés de 1883 à 1908), Maladies du système nerveux (73 numéros), Études de clinique, d’anatomie et de physiologie pathologiques (38 numéros), et Thérapeutiques (19 numéros), ainsi que 70 thèses faites dans son service et sous son inspiration.
On peut ajouter, après 1907 : Avec C. Ferran et Fl. Chavanne, Précis des Maladies de l’oreille, du nez et l’oreille, 2 vol., Paris : Octave Doin, 1908, : 845, 783 p. – Avec Fl. Chavanne, Formes cliniques du syndrome de Ménière, Paris : J.-B. Baillière, 1908, 61 p. – Avec R. Gaillard, La Syphilis nasale et son traitement, Paris : PUF, 1924, 128 p. – « L’autel auriculaire du musée d’Arles », Lyon médical, 1921, 3 p. – Médailles modernes de médecins lyonnais, Lyon : Assoc. typogr., 1931, 51 p. et 5 pl. – « Mort d’un Dauphin de France, Jean, duc de Lorraine et de Berry (1398-1416) par thrombophlébite des sinus caverneux d’origine otique », Lyon médical, 1932, 4 p. – Le chirurgien lyonnais François Faure, titulaire de la première médaille de l’Académie royale de chirurgie en 1752, Lyon : Assoc. typogr., 1933, 9 p. – Médailles médicales, 3 vol., Croco, 1933, 1934 et 1935. – Rues, places et quais de Lyon désignés par des noms de médecins, Lyon : Assoc. typogr., 1933, 12 p. – Les enfants assistés de l’Hôtel-Dieu et la Charité et leurs sceaux d’immatriculation, Lyon : Assoc. typogr., 1934, 6 p. – Avec Jules Guiart, La médaille polonaise de J. E. Gilibert, Lyon : Assoc. typogr., 1935, 4 p. et 1 pl. – Avec Jean Audry, Angelo Cato, archevêque de Vienne, astrologue et médecin, extrait du Lyon médical, Lyon : Assoc. typogr., 1935, 12 p. (38 p. BNF). – « Les sages-femmes de la Nativité et leurs figurations à Lyon », comm. Soc. litt., hist. et arch. le 2 novembre 1935), Lyon : Assoc. typogr., extrait du Lyon médical, 12-19 janvier 1936, 40 p., 6 pl. – « À propos d’un tableau du musée Gadagne relatif à la peste de 1720 », extrait du Lyon médical, 19 juillet 1936, Lyon : Assoc. typogr., 9 p. – Médecins lyonnais qui furent échevins de la ville de Lyon du xvie au xviie siècle (extrait du Lyon médical, 6 septembre 1936), Lyon : Assoc. typogr., 9 p. – Une bibliothèque de Madame Du Barry à l’école du Service de santé militaire de Lyon, Lyon : Assoc. typogr., 1937, p. 147-154. – « L’armoire aux archives du Collège des médecins de Lyon », Lyon médical, 21 février 1937, p. 223-230, 1 pl. – « Jean Baptiste Goiffon 1658-1730 », Hippocrate, avril 1937, p. 193-206. – Avec J. Lacassagne, « Quelques représentations sculpturales du Saint homme Job », Esculape 2 février 1938. – Les sociétés de bibliophiles de Lyon après la guerre, Lyon : Rey, 1938, 22 p. – « Ce qui reste du culte de saint Blaise dans notre région » Bull. Soc. litt. Hist. et arch., t. 14, 1938. p. 93-104. – « Henry et Jean de Rhodes, médecins de l’Hôtel-Dieu au xviie siècle », Lyon médical, 1940, p. 327-334. – Avec J. Collet et B. Lyonnet, « À l’occasion du centenaire de Raphaël Lépine », Le Crocodile, 1940, n° 50, 36 p. – « Aperçu historique sur l’oto-rhino-laryngologie à Lyon », extrait du Lyon médical, 1941, 20 p.