Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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PLANTIER Claude Henri (1813-1875)

par Dominique Saint-Pierre.

 Il est né le 3 mars 1813 à Ceyzérieu (Ain) au château de Gramont, avec le seul prénom d’Henry, fils de Jacques Plantier (Ambilly, Ville-la-Grand [Haute-Savoie] 27 mai 1792-Lyon 1872), maître jardinier au château de Gramont chez les d’Arloz, et de sa première épouse Josephte Louise Bandol (Domessin, Savoie, 29 septembre 1788-Saint-Cyr-au-Mont-d’Or 13 juin 1827, dont le père était marchand de vin à Belley), servante chez les d’Arloz, mariés le 18 décembre 1812 à Ceyzérieu. Présents à la déclaration de naissance : Louis Marjollet et François Marjollet, cultivateurs à Gramont. Il est baptisé le même jour, avec les prénoms de Claude Henri. Parrain : Claude Henri d’Arloz ; marraine : demoiselle Émilie d’Arloz, représentés par Jean Marie Marjollet et Marie Madeleine Caonne, domestiques au château. Henry est fils unique, car il a une sœur, décédée à Belley le 18 août 1817 à l’âge de 14 mois, où ses parents se sont installés chez les Bandol. Jacques est chargé par la municipalité de réaliser la promenade de Belley. La même année, la famille se rend à Saint-Cyr-au-Mont-d’Or où le père devient jardinier d’un ancien fabricant, Seguin, au hameau de Vacques. Jacques Plantier, petit-fils d’un jardinier, fils d’un fleuriste d’Ambilly avait une passion pour les roses et leur multiplication. Il créera des variétés, qu’il baptisera au gré des événements : Claudius Plantier, Julie Plantier, et selon la Gazette de Nîmes des 27 et 28 mai 1875 : Abbé Plantier (1840), Conférencier de Notre-Dame (1848) et Évêque de Nîmes (1855). Devenu veuf en 1827, il se remarie à Lyon le 12 avril 1830 avec Charlotte Romain, née le 13 juin 1796 à La Guillotière, épicière rue d’Ossaris, fille d’un boulanger. Le couple s’installe à Lyon, 56 rue de la Croix, près de l’église Saint-Louis. Charlotte Romain décède lors de son premier accouchement le 15 octobre 1831. Jacques vend son affaire en 1840 au rosiériste François Lacharme (1817-1887).

 Claude Henri est mis en nourrice chez l’épouse d’un cultivateur et pêcheur de Massignieu-de-Rives (Ain), Marc Gaillard, puis il fréquente l’école primaire de Saint-Cyr, où il est remarqué par un instituteur flamand, Merlans. Il poursuit son instruction à l’école cléricale de Saint-Cyr où il a comme condisciple Francisque Bouillier*. Le 15 octobre 1826, il intègre le petit séminaire de l’Argentière, puis le 20 octobre 1831, comme novice, la maison des Chartreux. Il est tonsuré le 16 juin 1832 dans la chapelle du grand séminaire de Lyon, reçoit les ordres mineurs le 1er juin 1833, tente en vain en 1834 d’intégrer la Grande Chartreuse, reçoit le sous-diaconat le 24 mai de la même année, enseigne la théologie à la maison des Chartreux, apprend l’hébreu, l’anglais et l’italien, plus tard l’allemand, est appelé au diaconat le 15 mars 1835 et est ordonné prêtre le 20 mai 1837. Le 12 octobre 1838, il est nommé professeur d’hébreu et d’écriture sainte à la faculté de théologie de Lyon, nouvellement réorganisée, alors que Louis Augustin Antoine Pavy* enseigne l’histoire. Il conservera cette chaire pendant 17 ans. Quelque temps Supérieur général de la congrégation de Saint-Joseph, il est nommé le 12 août 1852 supérieur de la maison des religieuses de Sainte-Élisabeth, à la Croix-Rousse, puis en juin 1853 supérieur de l’abbaye des bénédictines de Pradines, près de Roanne. Il est appelé en 1847 par Mgr Affre, archevêque de Paris, pour succéder à Lacordaire dans la chaire de Notre-Dame, parlant au carême de 1847 et aux avents de 1847 et 1848. Mgr Devie, évêque de Belley le nomme chanoine honoraire de la cathédrale le 22 mars 1847. L’abbé Plantier avait fait un prêche pastoral dans cette ville en 1844. De même, l’archevêque de Paris le nomme chanoine honoraire de sa métropole et l’installe le 10 avril 1847. Il est candidat malheureux à l’Assemblée Constituante dans la Loire en 1848. Le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon, le fait vicaire général, nomination agréé par le gouvernement le 28 avril 1855. Le 30 août 1855, il est nommé évêque de Nîmes à la suite de Mgr Cart, décédé le 13. Sacré le 18 novembre par le cardinal de Bonald (le jour de son sacre, il rajoute à ses prénoms celui d’Augustin, mais il signera « Henri, évêque de Nîmes »), il prend possession de son siège le 29 novembre. Il créera une chaire d’hébreu au séminaire de Nîmes. Ardent et adroit polémiste, il s’attaque à tout ce qui lui semble une hérésie. Il garde comme vicaire général Emmanuel d’Alzon, fondateur des Assomptionnistes et du journal La Croix, tout en étant réticent en raison de ses positions ultramontaines. En 1859, devenu lui aussi ultramontiste, il s’oppose à Napoléon III au sujet du pouvoir temporel romain, soutenant le Vatican. La polémique deviendra publique. De même, il attaque le protestantisme dans son évêché, rentrant dans des controverses doctrinales sans fin ; il écrit une lettre pastorale en 1863 contre les courses de taureaux. Il s’oppose à La Vie de Jésus (1863) de Renan, écrivant en réponse : Une vraie vie de Jésus, seconde instruction pastorale de Mgr Plantier, évêque de Nîmes contre le livre intitulé Vie de Jésus par Ernest Renan (Paris et Nîmes : Louis Giraud, 1864). Il proteste contre l’organisation en 1867 par Victor Duruy de cours secondaires pour les jeunes filles. Au Concile Vatican-I (où il occupe la place 448), il se fait le champion outrancier de l’infaillibilité pontificale, contre l’évêque de Saint-Brieuc Augustin David, qui défend une conception moins autoritaire de l’Église. Tombé gravement malade en cours de session, il doit rentrer à Nîmes en avril 1870.

 Il est mort à Nîmes le 25 mai 1875.

 Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 13 août 1857 (LH/2177/46).


Académie

Claude Henri Plantier fait partie des académiciens qui ont obtenu entre 1841 et 1847 le statut particulier d’« académicien libre », avec le droit de participer à toutes les séances, mais sans droit de vote. Il est élu le 5 décembre 1843, probablement en raison du succès de la parution des Études littéraires sur les poètes bibliques parues en 1842 (Paris et Lyon : Périsse frères, VIII + 408 p.). L’Académie « lui faisait déclarer par son secrétaire [Grandperret* par lettre du 6 décembre 1843, Ac.Ms277-III] qu’elle avait voulu rendre un juste hommage au mérite de son enseignement, à son talent d’écrivain et à la dignité de son caractère personnel. L’abbé Plantier répondit qu’il ne pouvait voir qu’une faveur imméritée dans la distinction dont il fait l’objet, et qu’elle exciterait en lui une émulation plus active pour les fonctions qu’il remplissait à la Faculté de Théologie, puisqu’elles lui valaient l’honneur d’appartenir désormais à une royale et savante société » (Clastron). Le 28 janvier 1844, il fait un rapport sur le Panorama du christianisme, à l’usage de la jeunesse, livre de B. Rey (Montauban, 1841), qu’il considère comme sans valeur comme œuvre littéraire.

Bibliographie

Abbé Marcel Bruyère, Mgr Plantier, évêque de Nîmes (1813-1875). L’activité apologétique d’un évêque sous le Second Empire, Lyon : Emmanuel Vitte, 1925, 236 p. – Ernest Pernollet, « Cl.-H. A. Plantier, enfant de Ceyzérieu, évêque de Nîmes (1813-1875) », Le Bugey 1960, p. 25-34. – J. Clastron, Vie de sa grandeur Monseigneur Plantier évêque de Nîmes, Paris et Poitiers : H. Oudin ; Nîmes : Gervais-Bedot, 1882, 703 p.

Publications

Ses publications sont considérables. Elles se trouvent sur data.bnf.fr. Retenons : Collection intégrale et universelle des orateurs sacrés du premier et du second ordre... publiée... par M. l’abbé Migne..., 90 vol., Petit-Montrouge : impr. catholique, 1844-1868. – Conférences de Notre-Dame, par M. l’abbé Plantier. Première conférence [3 décembre 1848], extrait de la Tribune sacrée, Montmartre : impr. Pilloy frères, 1848, 15 p. ; autres éditions de 1949 à 1954 avec d’autres conférences, Paris : Lecoffre. – Lettre de Monseigneur Plantier, évêque de Nîmes, sur la restauration du grand orgue de sa cathédrale, inauguré le 6 juin 1863 ; suivi des Comptes rendus de réception d’orgues de Nîmes, Avignon, Preixan (Aude), Sainte-Germaine de Pibrac, faisant partie des travaux exécutés dans le courant de la même année par la maison Puget père et fils...., Toulouse : impr. J. Pradel et Blanc, 1864, 16 p. – Question romaine. Lettre de Mgr l’évêque de Nîmes aux représentants catholiques du département du Gard à l’Assemblée nationale. [4 juillet 1871], Nîmes : impr. de Soustelle, 1871, 8 p. – Enseignements et consolations attachés à nos derniers désastres, Paris : V. Palmé, 1872, III-328 p. – Conférences inédites sur quelques erreurs du rationalisme contemporain, données à la Faculté de théologie de Lyon en 1840 et 1841, par M. l’abbé Plantier, Lille : Bergès 1880, 472 p.