Laurent Pierre Bérenger (parfois orthographié Béranger ou Berrenger) est né le 28 novembre 1749 à Riez en Provence, de Louis Bérenger, négociant, et Angélique Marie Reboul. Il épouse à Chaponost, le 9 février 1790, Catherine Souchay, fille de Pierre Hélène Souchay, négociant à Lyon et propriétaire du château de Montgriffon à Chaponost, et de Jeanne Marie Vionnet, qui lui donna deux enfants : un fils, qui mourut jeune, et une fille, Angélique Jeanne, née à Chaponost le 29 thermidor an III, qui épousera à Lyon, le 23 avril 1816, Marie Louis Félix Chevrier de Corcelles (1782-1855), magistrat et député de l’Ain. Le En 1801, le Fablier de la jeunesse est dédié à Antoine-Ernest Bérenger et à Laurette-Jenni Bérenger. En 1816, il réside avec son épouse à Lyon, 56 rue Tourette. Mentalement très affaibli, il passe les derniers mois de sa vie à Bourg, chez sa fille et son gendre, président du tribunal civil de la ville.
Il meurt lors d’un voyage à Lyon le 26 septembre 1822, dans le pied-à-terre de son gendre, 5 place Saint-Laurent (act. place Gerson).
Bérenger a passé sa petite enfance à Marseille, puis à Toulon. Un oncle oratorien, qui l’emmène étudier au Grand Collège de Lyon, périt en chemin sous ses yeux dans un accident de voiture à Vienne, le 14 novembre 1765. Il termine ses études chez les oratoriens de N.-D.-des-Grâces-en-Forez. Il enseigne ensuite la rhétorique chez les oratoriens de Lyon, à Troyes (où il aurait eu Danton comme élève), puis à partir de 1776 au collège d’Orléans, dont il doit démissionner en février 1785 à la suite d’incartades répétées, dont la publication en juillet 1781 dans le Mercure de France d’une épître satirique. Il est l’ami de l’abbé de Reyrac, curé de Saint-Maclou, censeur royal, qui lui fait obtenir une place de censeur dans la classe des Belles-Lettres et Histoire. Il collabore en 1786 au Journal polytypé. L’Almanach royal le donne comme résidant à Lyon en 1784 et 1785, mais à Orléans dans l’édition de 1786, et, dans celle de 1787, à Paris (hôtel du duc de Valentinois, paroisse de Montmartre, où il loge encore au moment de son mariage). C’est qu’il vient d’être engagé comme précepteur du prince de Monaco. Son « Épître à l’abbé de La Serre » (Portefeuille, 1782, p. 40-44) contient une comparaison de Paris et de Lyon, tout à l’avantage de la seconde, et se clôt ainsi :
Ne pourrai-je habiter une ville aussi chère,
Où l’amitié m’appelle, où mon cœur est resté
Près des Souchais, près de La Serre.
Il féquente Mme de Staël, Mme Récamier, Mme de Krüdener et d’autres célébrités littéraires. Son attachement à Lyon n’avait d’égal que celui pour sa Provence natale, exprimé dans « Ma Patrie », une épître insérée dans le Mercure du 9 septembre 1780, qu’il signe « Bérenger P. D. R. » [professeur de rhétorique]. Pendant la Révolution, Bérenger cultive à Chaponost un goût pour la botanique souvent exprimé dans ses vers. Il est nommé professeur à l’école centrale de Lyon (an VII), puis premier proviseur du lycée de Lyon en 1803, et enfin inspecteur d’Académie (1809-1815). En 1801, il est nommé censeur dramatique par Verninac*, préfet du Rhône. En 1812, il est fait docteur ès lettres de l’université impériale de Lyon.
Recommandé par Gaudin (lettre du 18 mai 1782, Ac.Ms228 IV f°114), il postule par lettres des 15 avril 1782, puis du 6 novembre 1783 (Ac.Ms268 IV f°108 et f°154-155). Il est associé le 11 décembre 1783 (lettres de remerciement du 20 décembre 1783 et du 5 janvier 1784 [Ac.Ms268 IV f°160 et f°169]). En 1787, il n’est toujours donné que comme associé. Présent à la création de l’Athénée le 24 messidor an VIII (13 juillet 1800), il est élu secrétaire pour la classe des lettres, mais démissionne à la séance suivante du 3 thermidor. Mais en avril 1805, c’est en tant que président de l’Académie qu’il est reçu à l’audience de Napoléon, lors de la visite de celui-ci à Lyon. Il est à nouveau président en 1809 et 1818.
Il a été également membre associé ou non résidant des académies d’Arras (1781), Besançon (1812), Bordeaux (1783), Marseille (1781), Nîmes, Rouen (1808), Toulon (1801), de la Société d’émulation pour les sciences, belles-lettres et arts de Toulon (1803), de la Société libre d’agriculture et d’histoire naturelle du département du Rhône (an 7), de la Société libre d’émulation du Haut-Rhin (an 9), du Lycée du département du Gard (an 9), de l’Athénée du Vaucluse (1808), de la Société des troubadours épicuriens de Marseille (1810), de la Real Sociedad Bascongada (Société royale basque, 1804) et de l’Institut de France.
« Le plus doux, le plus riche et le plus infatigable des tributaires de tous les journaux » (Rivarol, Le Petit Almanach de nos grands hommes, 1788, p. 32-33). Ses productions littéraires se divisent entre poésie et ouvrages de morale et d’éducation. Plus qu’à son Portefeuille du troubadour (Paris, Nyon, 1782, objet d’un extrait dans le Mercure du 1er février 1783, p. 79-83), et aux deux tomes de ses Poésies (Londres, 1785), Bérenger dut sa réputation de poète à ses Soirées provençales (3 vol., Paris, Nyon, 1786) : 76 lettres en prose et en vers, appréciées de Mirabeau. Certaines pièces furent publiées dans l’Almanach des muses (Épître à Imbert, 1776 ; La violette, 1784) ; dans le Mercure de France, où son poème de l’Hiver, couronné par l’Académie de Rouen, est longuement critiqué (2 mars 1782, p. 111-119) ; dans le Journal de Lyon (1786, nos 1 et 11 ; 1787, n° 24). Le Villageois philosophe (in Recueil amusant de voyages en vers et en prose, t. 2, 1783, p. 37-42) chante les coteaux du Loiret. Il écrivit aussi pour Horace Coignet, l’auteur de la musique du Pygmalion de Rousseau. Dans le second genre, il est connu pour La Morale en action, ou Élite de faits mémorables et d’anecdotes instructives, Lyon, Périsse, 1783 (le t. 2 est du P. Guibaud), plusieurs fois rééditée au xixe siècle et « adoptée par toutes les maisons d’éducation » ; le Fablier de la jeunesse et de l’âge mûr…, 2 t., Lyon, Bruyset, 1801). Le 2 mars 1790, il présente à l’Académie son Esprit de Mably et de Condillac (Grenoble, 1789). Collection de tous les voyages faits autour du monde par les différentes nations de l’Europe, 8 t., Paris, Poinçot, 1789 (v. Journ. encycl., mai 1789, p. 453-462, mai 1790, p. 437-443).
L’Académie conserve 30 pièces :
Rapports sur : Les travaux de l’Académie du Var, Ac.Ms123-266. – Un ouvrage de M. Fortis, 2 mai 1819, Ac.Ms123-280. – L’esprit du Grand Corneille par M. François de Neufchâteau, 11 janvier 1820, Ac.Ms123-318. – Le Panache d’Henri IV par M. Delandine, 25 novembre 1817, Ac.Ms123-164. – Une traduction de M. Cavelier, Ac.Ms123-55. – M. Viennet et ses ouvrages, 1er mai 1813, Ac.Ms123-93. – Divers ouvrages de Charles Malo, Ac.Ms123-147. – La personne et les écrits de M. de la Bouisse, avril 1806, Ac.Ms123bis-298. – Les poèmes de la Mort d’Abel et du sacrifice d’Abraham par M. Boucharlat, Ac.Ms125-417. – La traduction en vers français de L’Art poétique d’Horace par M. Poupar, 20 août 1811, Ac.Ms125-418. – Les tributs poétiques de M. Pézenas, signé par M. Delandine, Ac.Ms125-422. – Le poème d’Eulalie ou les quatre âges de l’homme par M. Ponchon, Ac.Ms125bis-104. – Retrait du mémoire de M. [illisible] pour le concours de 1817-1818, Ac.Ms240-sans n° de folio.
Épîtres : À M. le comte de Laurencin. Dernier hommage du doyen des troubadours à ses chers confrères de l’Académie de Lyon, Ac.Ms125-407. – À M. Montperlier, 28 septembre 1812, Ac.Ms125-413. – du recueil de ses poésies, Ac.Ms125-422. – Au docteur Pitt, mon ami, en lui envoyant La Morale en exemples, 28 nivose an XI, Ac.Ms125-401 ; Réponse de Pitt à l’épître de M. Bérenger, Ac.Ms125-405. – Mirabeau et ses principes, conversation historique inédite, 9 décembre 1817, Ac.Ms123-196.
Poésies : La toilette, conte poétique imité de Piguotti, Ac.Ms123-245. – La France sauvée, fragment d’un poème, Ac.Ms125bis-107. – Prophéties et prières, imitation libre d’Isaïe, des Élévations de Bossuet, etc., Ac.Ms125bis-109. – Vers improvisés à un dîner auquel assistait le célèbre Lemot, Ac.Ms125bis-111. – Le rossignol et l’hirondelle, fable, Ac.Ms125bis-13. – Les femmes grecques demandant à Jupiter de s’armer comme leurs maris, fable milésienne, juin 1818, Ac.Ms125bis-117. – O solitude, bonheur de la retraite volontaire, Ac.Ms125bis-119. – Mort de Laure, imitation de Pétrarque, Ac.Ms125bis-121. – Mes souhaits, Ac.Ms127-85. – Vers à M. de Noailles, envoyé du Roi, à Lyon, Ac.Ms139-318.
Le Discours préliminaire du commentaire sur les fables de La Fontaine (17 avril 1792, Ac.Ms126 f°140-145) est suivi dix ans plus tard par des Vers débités à l’Académie de Lyon dans sa séance du 23 frimaire an 11, par l’auteur des Commentaires sur Lafontaine, en lui présentant son manuscrit en 14 cahiers (Bulletin de Lyon, 27 frimaire an 11) ; vendu à l’imprimeur Couret en 1789, ce manuscrit perdu n’a jamais été publié.
Dumas, Notice historique lue à l’Académie de Lyon le 1er juillet 1823, Lyon : Boitel, 1836, 23 p. – DBF. – L. H. Tranchau, Le Collège et le lycée d’Orléans (1762-1892), notes, souvenirs, documents, Orléans Herluisox, 1893, p. 609-613. – Roland Saussac, Les Débuts du lycée de Lyon (1803-1805), thèse de doctorat d’État, université de Lyon 2, 1986, ch. 1 : le personnel du lycée (en ligne). – Roland Saussac, Laurent-Pierre Bérenger : le troubadour de Provence, roman, L’Harmattan, 2012.