Jean Jules Henry Joseph Déniau est né à Pouilly, dans la Nièvre, le 23 septembre 1885, fils de Jules Amédée Déniau, principal clerc de notaire à Pouilly, et d’Eugénie Marie Henriette Gaufry. Le 27 décembre 1919, à Lyon 3e, il a épousé Jeanne Marie Migard-Savin. Il est mort à Saint-Broing (Haute-Saône), le 3 décembre 1970.
Après des études de lettres (il obtient sa licence en 1905), Jean Déniau est répétiteur, puis, en 1908, professeur de collège. Le 2 août 1914, bien que dégagé des obligations militaires, il signe un engagement volontaire et son unité d’artillerie sera, un temps, basée à Azincourt ! La paix revenue, il obtient l’agrégation d’histoire (1922) et, à partir de 1925, enseigne au lycée du Parc de Lyon. Docteur ès lettres en 1935, il est nommé professeur à la faculté des lettres de Strasbourg, qu’il quittera dès 1938 pour succéder à Arthur Kleinclausz* dans la chaire d’histoire du Moyen Âge à Lyon. Il la quittera dix-huit ans plus tard atteint par la limite d’âge, après avoir formé quelques médiévistes éminents dont Georges Duby, qu’il recrute comme assistant à la faculté des lettres de Lyon et qui raconte (L’histoire continue, p. 9) avoir été converti par lui à l’histoire du Moyen Âge ; Marcel Pacaut* qui fait toute sa carrière dans cette même faculté ; et Marcel David qui devient ensuite professeur d’histoire du droit.
Cet attachement à Lyon se marque par son souci de grouper, autour de l’Institut d’histoire du Moyen Âge, un « atelier d’histoire locale » au temps où l’on ne parlait pas encore de centres de recherches. Il se marque aussi par la présidence de la Société littéraire, historique et archéologique de Lyon (1945-1946), par son élection à l’Académie de Lyon (1946), par un ouvrage Lyon et ses environs, Paris, Grenoble : Arthaud, 1953, illustré par de grands photographes : Blanc et Demilly, Robert Doisneau… Mais ce sont évidemment ses thèses qui ont marqué l’historiographie de la ville. Sa thèse principale, La commune de Lyon et la guerre bourguignonne, 1417-1435 (Lyon : Pierre Masson, 1934), analyse les positions des dirigeants et des notables de la cité au temps de la querelle des Armagnacs et des Bourguignons, période la plus dure de la guerre de Cent ans, et mérite une seconde médaille au Concours des Antiquités nationales de l’Académie des Inscriptions et belles-lettres en 1936 ; Dupont-Ferrier, malgré quelques critiques, y voit l’ouvrage d’un « maître ». Sa thèse complémentaire, Les nommées des habitants de Lyon en 1446, est également publiée (Lyon : A. Rey, Paris : Alcan, Annales de l’Université de Lyon, nouvelle série, II, Droit- Lettres, 42, 1930). ). Il collabore à la grande Histoire de Lyon, dirigée par Arthur Kleinclausz ; dans le tome 1, il rédige le livre IV consacré à la Commune qui correspond aux xive et xve siècles, Lyon : Pierre Masson, 1939, p. 217-354.
Il est élu le 4 juin 1946 au fauteuil 6, section 2 Lettres, et devient émérite en1957. Il avait déposé un discours de réception le 26 novembre 1946 : Naissance de la commune de Lyon au xiie siècle, lu le 11 mars 1947.
René Fédou, In memoriam Jean Déniau (1885-1970), Cahiers d’histoire 16.2, 1971, p. 109-114.
Histoire de Lyon et du Lyonnais, Paris : PUF, coll. Que sais-je ?, 1951. – « Les origines du patriciat lyonnais », Bull. Société litt. Lyon 14, 1938. – « Théâtres et “exercices” publics dans les collèges lyonnais du xviie et du xviiie siècles », Bull. Soc. Litt. Lyon 16, 1947 ; « Notes sur les vicomtes de Lyon au xe et au xie siècles », Bull. La Diana 30, 1947. – « Les inscriptions médiévales du musée de Vienne », in Pierre Wuilleumier et alii, Le cloître de Saint-André-le-Bas à Vienne, Vienne, 1947.
La bibliographie de Jean Déniau est relativement modeste. Mais son long compagnonnage, ses qualités humaines et pédagogiques ont fait qu’il a marqué le monde des médiévistes. Et il sut aussi être un excellent vulgarisateur dans les pages qu’il consacra au Moyen Âge dans l’Histoire de la Société française à laquelle L. Halphen et R. Doucet l’avaient convié comme collaborateur.