Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

GACON François (1667-1725)

par Denis Reynaud.

 François Gacon est né à Lyon, paroisse Saint-Nizier, rue Tupin, le 16 février 1667, de Pierre Gacon (mort à Lyon 1682), marchand toilier, originaire de la Bresse (son père, Jean Gacon, avocat au parlement et présidial de Bourg, était bourgeois de Loyes), et d’Anne Chrestien – ou Chrétien – (1635-Lyon Saint-Nizier 1719), mariés le 17 novembre 1656, contrat reçu par Favard, notaire à Lyon ; celle-ci est fille de Gabriel Chrétien, bourgeois de Lyon et d’Hélène Mornay. Anne accoucha vingt fois. Il semble que 14 enfants survivent : François est le huitième enfant ; il est le frère de Pierre Gacon*. Parrain : François Vaudé ; marraine : Marie Chrestien (dite en 1664 épouse de Jean Baptiste Morel, marchand). Il est mort le 15 novembre 1725 en son prieuré de Bâillon, près de l’abbaye de Royaumont à Asnières-sur-Oise, et est inhumé le lendemain en présence de « Maître François Gacon, avocat au Parlement de Paris, son frère » (A.D. Val d’Oise, Viarmes, cité par M. Gilot), ou plutôt son neveu fils d’un autre frère (Pierre Charles, Lyon, av. 1674-1742) ; ce dernier ne réalisa jamais la publication annoncée des œuvres posthumes de son parent.

 Il fait ses études chez les oratoriens au collège de Nantua, puis à la Maison Saint-Charles à Paris. D’abord destiné au commerce, « sa répugnance pour cette profession le détermine à entrer dans la congrégation de l’Oratoire », le 4 octobre 1686. Il y fait un cours de philosophie et de théologie ; il quitte l’ordre au bout de cinq ans, en 1691, pour acheter une charge de clerc de chapelle chez le duc d’Orléans, puis se fait poète à Paris. Sa traduction des Odes d’Anacréon et de Sapho en vers français (Rotterdam : Fritsch et Bohm 1712) a un certain succès. Il obtient le prix de l’Académie française en 1717, pour une ode sur Louis le Grand perdant ses enfants. Mais « la légèreté de l’esprit plutôt que la malignité du cœur l’entraîne vers le genre satirique », que d’autres qualifieront plutôt de grossièreté (Michaud). Le Poëte sans fard, ou Discours satiriques en vers (Paris : s.n., 1696, 2 vol.) lui valut quelque temps en prison. Il publia des satires contre Boileau (Apologie pour M. Despréaux, ou Nouvelles satyres contre les femmes, 1695), Jean-Baptiste Rousseau (Anti-Rousseau, 1712), La Motte (Homère vengé, 1715), Fontenelle, Voltaire (Le Journal satirique intercepté, ou Apologie de M. Arrouet de Voltaire et de M. Houdart de La Motte, 1719) ; ainsi que de nombreux Brevets de la Calotte. Il rentra dans les ordres ecclésiastiques à la fin sa vie. Selon Niceron, « Gacon se trouvant par hasard dans le prieuré de l’Ordre de Cluny, et se ressouvenant qu’il avait pris la Tonsure dans sa jeunesse, il en sollicita la nomination auprès de l’archevêque de Cambrai ; prieur de Saint-Martin-des-Champs, qui en était le collateur, et il obtint sur la démission du titulaire. Ce prieuré, qui porte le nom de Notre-Dame de Baillon, est situé à neuf lieues de Paris, dans le diocèse de Beauvais. Il est d’un très médiocre revenu, mais la situation & les jardins en sont très agréables. Il en prit possession au mois de février 1723 et y demeura jusqu’à sa mort… Il a été enterré dans la chapelle de ce prieuré ».


Académie

Le 4 janvier 1718, François-Paul de Villeroy*, archevêque, « a proposé Mr. Gacon, poète célèbre connu par divers ouvrages en vers et en prose, pour être admis au nombre des académiciens. Mr. Gacon avait demandé cette place par une lettre qu’il avait écrite à Mgr l’archevêque, comme protecteur. J’ai fait la lecture à l’assemblée d’une autre lettre que Mr. Gacon m’avait écrite à même fin. La compagnie a reçu unanimement Mr Gacon et m’a chargé de lui écrire pour lui donné avis de sa réception » (Brossette, Journal de l’Académie, AcMs.265 f°51). Mais Gacon ne parut jamais. Il se contente d’écrire à l’archevêque pour le remercier et remercier l’Académie, et d’envoyer « un petit divertissement qu’il a fait pour le jeune roi. C’est le mariage du renard et de la licorne. La lecture en a été faite à l’Académie » (Journal de l’Académie, 7 février 1718). La correspondance de Dugas et Saint Fonds marque la piètre estime dans laquelle les deux académiciens tenaient ce confrère. Certains vers de Gacon chantent cependant sa ville natale : « Vers cet endroit fameux où le rapide Rhône,/ Enfle son cours des eaux de la dormante Saône, / Et dont mille palais bâtis sur le coteau / Aux yeux du voyageur rendent l’aspect si beau » (Le Poète sans fard, p. 79).

Bibliographie

Bollioud, Ac.Ms271. – Delandine, Bibliothèque de Lyon. – Pernetti. – Feller. – Bréghot. – Titon du Tillet, Le Parnasse français, 1732, p. 605-607. – F. Z. Collombet, « Lettres inédites de Brossette à Gacon », RLY, 1835, p. 189-196. – Michel Gilot, in J. Sgard, Dict. des journalistes, 1999. – Jean Pierre Niceron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres dans la République des Lettres…, 38, Paris : Briasson, 1737, p. 233. – L. Trénard, DBF.

Manuscrits

Compliment à l’Académie, avec corrections manuscrites, lu le 7 mars 1718 (Ac.Ms263 f°116-120) ; copie du même (Ac.Ms263 f°5-8). L’Académie conserve des vers latins de Desforges-Maillard adressés « ad duos illustrissimos fratres Gacon » (Ac.Ms126 f°4).

Publications

On trouvera la liste complète de ses publications dans Gilot 1999.