Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

GERMAIN Jean Eugène (1922-2002)

par Gérard Pajonk.

 Le 28 janvier 1922, figure sur le registre de la mairie de Boujan-sur-Libron (Hérault) la déclaration de naissance de Jean Eugène Jules Germain, fils de Martial Jean Quentin Germain, cultivateur, et de Fernande Marie Louise Antoinette Ferrier son épouse, sans profession. Dès l’école communale Jean Eugène a révélé de remarquables capacités. Après des études secondaires au lycée de Béziers, puis au lycée de Montpellier en classes supérieures et ensuite au lycée Saint-Louis, il est reçu à l’École Normale Supérieure en section des sciences en 1943. Il y a vécu l’arrestation et la déportation sans retour d’un de ses maîtres : le professeur Georges Bruhat (1885-1945), grand physicien, unanimement respecté par la communauté de ses pairs, mort au camp de Sachsenhausen. Agrégé en 1947, Jean Eugène reste une année à l’École en qualité de thésard et préparateur dans le laboratoire du professeur Dupont, puis il part pour deux ans à l’Université Northwestern (à Evanston non loin de Chicago, E.U.). Il travaille avec un grand spécialiste mondial de la catalyse, le professeur Hermann Pines, ancien élève de l’École Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon et successeur scientifique de Vladimir Ipatieff (1867-1952), l’un des fondateurs de la catalyse sous haute pression. Pays réputé pour les exilés par excellence, les États-Unis avaient recueilli en 1930 un général de l’armée tsariste devenu bolchevique du nom de Vladimir Ipatieff, qui n’avait ce grade officiel que pour le situer dans la hiérarchie scientifique de l’époque, organisée sur le modèle de l’armée… C’est là que Jean Eugène Germain fait la connaissance de Dorothée qui deviendra son épouse et fera de la France sa seconde patrie. Le couple aura deux enfants : Élizabeth et Richard, et deux petites-filles Louise et Manon.

 De retour à l’ENS, il soutient brillamment sa thèse de doctorat en 1952 consacrée à l’isomérisation catalytique du limonène, sous la direction du professeur Dupont au laboratoire de chimie de l’ENS. Il est rapidement nommé chargé de cours à la faculté des sciences de Lille, puis il y est promu professeur titulaire en 1954, à 32 ans seulement. Il est lauréat de la Société Industrielle du Nord de la France en 1962. Cette même année il devient directeur de l’École Nationale Supérieure de Chimie de Lille jusqu‘en 1966, date à laquelle il fonde un laboratoire de catalyse tandis que, simultanément, il est appelé à prendre la direction de l’École Supérieure de Chimie Industrielle de Lyon jusqu‘en 1978, date de sa démission. Il continue d’enseigner la catalyse et de faire des recherches dans le laboratoire de Catalyse Appliquée et Cinétique Hétérogène associé au CNRS, qu’il a créé et codirigé avec le professeur S. J. Teichner en 1975, jusqu’à son départ en retraite en 1988.

 Officier des palmes académiques en 1968.

 Il s’éteint à Lyon le 3 décembre 2002, victime d’une longue et cruelle maladie.

 La municipalité de Boujan-sur-Libron a dédié une de ses rues à la mémoire de Jean Eugène Germain pour ses qualités de chimiste et de chercheur.


Académie

Le 16 novembre 1976, il fait acte de candidature à l’académie pour le fauteuil laissé vacant par la disparition de Marcel Prettre*. Sur un rapport de Maurice Jacob*, il est élu le 7 décembre au fauteuil 1, section 1 Sciences. Discours de réception le 18 octobre 1977 intitulé : L’industrie chimique lyonnaise à la fin du xixe siècle et la genèse de l’école de chimie de Lyon. Il y pourfend quelque peu la réglementation bureaucratique en écrivant : « Car, à vouloir séparer l’autorité de la responsabilité et le profit du risque, on n’arrive qu’à compromettre la liberté de chacun et la prospérité de tous » (MEM 1978). Président de l’Académie en 1988, il donne à cette occasion une communication : La science en tant que phénomène social (MEM 1988). Membre émérite en 1996. Il a collaboré aux ouvrages édités en 2000 à l’occasion de la célébration du tricentenaire de l’Académie : dans le premier : Lyon du xxe siècle au xxie siècle (édité par Noël Mongereau*), il a rédigé un chapitre sur la chimie lyonnaise ; dans le second : Trois siècles d’Histoire lyonnaise (édité par Louis David*), il a évoqué la lignée des académiciens chimistes de 1850 à 2000.

Publications

Jean Eugène Germain a publié trois ouvrages de catalyse : La catalyse hétérogène, Paris : Dunod, 1959. – Catalytic conversion of hydrocarbons, New York : Academic Press, 1969. – Catalyse de contact, Paris : Techniques de l’Ingénieur J1180, 1979. – Il a été chargé de la rédaction du chapitre sur la catalyse de l’Encyclopaedia Universalis dans toutes ses éditions.