Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

MOREL Jean Marie (1728-1810)

par Michel Le Guern.

 Jean Marie Morel est né à Lyon, paroisse Sainte-Croix, le 28 mars 1728, fils de Pierre Morel (1689-1763), procureur en la cour de Lyon, et de Françoise Ozinda ; il est baptisé le 29 mars dans l’église Sainte-Croix. Jean Marie Morel est le frère du grammairien Pierre Morel*, et de Bonaventure Morel (1734-1805) qui sera procureur, puis juge au tribunal d’appel de Lyon.

 À l’âge de 16 ans, il enseigne déjà les mathématiques à l’école des Ponts et chaussées, et, à 17 ans et demi, il est nommé sous-ingénieur de la province de Lyonnais. Cette même année 1746, la place d’architecte de Louis-François de Bourbon, prince de Conti, étant devenue vacante et mise au concours, c’est Jean-Marie Morel qui en devient le titulaire. Il conserve cette fonction jusqu’à la mort de Conti, le 2 août 1776. En 1791, il habite à Paris, paroisse Saint-François, enclos du Temple. Le 14 mai 1791, il épouse à Lyon, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin, Adélaïde Marguerite Pierrette Goussard de Fontebrune (1767-1850), fille d’un négociant, écuyer avant la Révolution, Nicolas Jean Louis Goussard de Fontebrune et de Marie Ferdinande Elizabeth Joseph de Rance. Elle n’a que 23 ans et lui 63 ! Ils auront deux filles, Aimée Pierrette (1792-1822), épouse de François Nicolas Jean Baptiste de Salomon, officier ; et Sophie Albine, née en 1797, épouse de Constantin de Piellat, officier.

 Arrêté lors de la répression du soulèvement de Lyon contre la Convention, Jean Marie Morel est libéré avec son frère Bonaventure le 10 ventôse de l’an II [28 février 1794]. Le 19 mai 1802, André-Marie Ampère* cherche à se procurer l’adresse de « Morel le jardinier » par l’intermédiaire de son frère le grammairien.

 En 1804, Jean-Marie Morel innove en prenant le titre d’« architecte paysagiste ». Ses admirateurs l’appelaient « le Le Nôtre lyonnais ». Pourtant sa conception de l’art des jardins s’oppose à celle de Le Nôtre et marque une rupture : alors que Le Nôtre dessine les jardins en fonction des bâtiments, Morel insiste sur l’inscription dans le paysage. Il critique les jardins symétriques, dont la monotonie fait éprouver de l’ennui. C’est lui qui introduit en France la mode du jardin anglais. Il a dessiné plus de cinquante parcs et jardins, parmi lesquels on peut citer : le parc d’Ermenonville pour René de Girardin (1765), le parc de Guiscard pour le duc d’Aumont (1770), le parc du château d’Arcelot (1800), le parc de la petite Malmaison pour Joséphine de Beauharnais (1803), le parc de Saint-Trys à Anse (1806-1807), le parc de Maupertuis à Meylan (1808), le parc de la villa Saint-Pierre à Écully...

 Il est mort à Écully le 7 octobre 1810 (déclarants : Ennemond Eynard et Laurent de Fontebrune), alors qu’il mettait la dernière main à un ouvrage sur l’architecture rurale.


Académie

Membre titulaire de la Société d’Agriculture, de Botanique et des Arts utiles du département du Rhône à partir du 5 prairial an 6 (24 mai 1797), il est membre de l’Athénée, classe des sciences, en 1800. Il y a lu cette année-là un mémoire sur la Théorie des eaux fluentes appliquées au cours du Rhône, depuis la Pape jusqu’à la Mulatière.

Bibliographie

Savalette de Fortair, qui a été son élève, a publié un Discours sur la vie et les œuvres de Jean Marie Morel, architecte, auteur de la Théorie des jardins, des parcs d’Ermenonville, de la Malmaison, Guiscard, etc., Paris : D. Colas, 1813. – Jean-Baptiste Dumas, « Notice sur Jean-Marie Morel, né à Lyon, et mort dans cette ville, en l810, à l’âge de 83 ans », AHSR, t. II, 1825, p. 49-53. – Charvet, architectes. – Audin et Vial. – J. Disponzio, The Garden Theory and Landscape Practice of Jean-Marie Morel, Columbia University, 2000.

Iconographie

Médaillon en terre cuite, Chinard, 1793.

Manuscrits

Ac.Ms139 f°26 : Mémoire sur la théorie des eaux fluentes et particulièrement sur le cours du Rhône, 23 ventôse an 9, publié également dans AHSR, 1825, I, 441. – Ac.Ms140-II f°70, de Fortair : Discours et lettre sur la vie et les ouvrages de J. M. Morel, 11 juillet 1811.

Publications

Il théorise sa pratique d’architecte de jardins : L’Art de distribuer les jardins suivant l’usage des Chinois, Londres : 1757. – Théorie des jardins, Paris : Pissot, 1776, 400 p. ; 2e éd. augm., sous le titre Théorie des jardins ou L’Art des jardins de la nature, Paris : Veuve Panckoucke, 1802.

Autres publications : Tableau dendrologique, contenant la liste des Plantes ligneuses indigènes et exotiques acclimatées, la manière dont elles se propagent, le terrain et l’exposition qui leur conviennent, leur grandeur, les principaux caractères de leurs feuilles, le mois dans lequel éclosent les fleurs des plantes en qui elles sont apparentes, leurs fruits cultivés ou sauvages, et ceux de cette dernière classe qui ornent les arbres qui les produisent, enfin la qualité de leur bois, Lyon : Bruyset aîné, 1800, 52 pages/ – Tableau de l’école de botanique du Jardin des plantes de Paris : Ou, Catalogue général des plantes qui y sont cultivées et rangées par classes, ordres, genres et espèces, d’après les principes de la méthode naturelle de A. L. Jussieu. Suivi d’une table alphabétique des noms vulgaires des plantes le plus fréquemment employées en médecine, dans les arts, la décoration des jardins, etc. ; avec les noms des genres et des espèces auxquels elles se rapportent, Paris : Méquignon l’aîné, 1801, 107 p. – AHSR, 1825, I, 441. Musicien, il a rédigé un ouvrage sur la Composition de la musique.