Camille Perrichon, né le 8 février 1678, est baptisé deux jours plus tard dans l’église de Saint-Nizier. Baptême prestigieux : son parrain est Camille de Neuville de Villeroy*, archevêque et comte de Lyon, gouverneur de Lyon, pays lyonnais, Forez et Beaujolais, lieutenant général du roi ; sa marraine, Geneviève Ramadier, épouse de François Claude d’Aix (1635-1697), comte de La Chaize, seigneur de la Douze (à Odenas) capitaine des Gardes de la compagnie de l’archevêque en 1666, plus tard de la Porte du roi, sénéchal de Lyon et du Lyonnais [frère de François de la Chaise d’Aix (1624-1709), dit le Père Lachaise, confesseur de Louis XIV]. Il est le fils de Pierre Perrichon (Saint-Nizier 19 novembre 1645-26 mai 1721 à l’hôtel de ville et inhumé à Saint-Pierre-les-Nonnains le 27 mai 1721 par l’archevêque François Paul de Neuville de Villeroy*), avocat en parlement, notaire royal, secrétaire de la ville et communauté de Lyon, qui sera échevin en 1700 et 1701, et de Marguerite Severt (décédée le 7 octobre 1734, fille d’André Severt, bourgeois de Lyon et de Jeanne Lagier), mariés, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin le 5 janvier 1676.
Camille est le deuxième de six frères et sœurs, dont André (1681-1758), écuyer, avocat en parlement, chargé en 1705 par le consulat du soin et de la conservation des archives, puis secrétaire de la ville et du commerce, garde-scel du consulat et des juridictions de la conservation et de la police, directeur des droits de douane, chevalier de l’ordre du roi. En 1698, Camille Perrichon, avocat au Parlement est nommé « aux charges de secrétaire de la commune et de l’Hôtel-Dieu et à celle de greffier en chef de la Conservation, en concurrence et survivance de Pierre Perrichon, son père, le tout à la recommandation expresse du maréchal de Villeroy » (AML, inventaire Rolle, BB 257). Il sera secrétaire de la ville jusqu’en 1766.
Le 3 septembre 1701 il épouse à l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin Suzanne Olivier, née à Lyon (registre protestant), le 16 décembre 1679, décédée sans doute presque centenaire après 1775. Elle est la fille de David Olivier (1642-1722) – banquier, protestant converti au catholicisme en 1685, échevin de Lyon en 1697-1698, devenu comte de Sénozan (Mâconnais) en novembre 1710 – et de Françoise Araison (ou Oraison, née en 1652). En 1707, David Olivier devient propriétaire de l’hôtel particulier construit en 1653 par Girard Desargues, appelé Hôtel de Sénozan, puis Hôtel de l’Europe (act. 1 rue Chambonnet, Lyon 2e), magnifiquement décoré en 1721 par le peintre Daniel Sarrabat. En hérite son fils, François Olivier de Sénozan, président de la Chambre des comptes de Paris en 1722, et en 1726 intendant général du clergé. Le 14 mai 1722, David Olivier de Sénozan est inhumé dans la chapelle Sainte-Blandine de l’église d’Ainay en présence de l’archevêque François Paul de Neuville de Villeroy, de son fils, et de son gendre Camille Perrichon devenu entretemps chevalier de l’ordre de Saint-Michel. Conseiller d’État, Camille Perrichon est prévôt des marchands de 1730 à 1739 et commandant de la ville en l’absence du duc de Villeroy. Comme secrétaire de la ville et du commerce, il est logé avec sa famille dans l’hôtel de ville où il demeure jusqu’à la fin de sa vie. Sa veuve y habite encore en 1775, date à laquelle le consulat lui en enlève la jouissance et décide de destiner l’appartement « à servir de lieu d’assemblée, lors du repas des corps de la ville et à d’autres usages ». Mais la famille possède une maison des champs chemin de Montribloud à Chamvert, héritée de David Olivier.
Décédé le 7 mai 1768, à plus de 90 ans, à l’hôtel de ville de Lyon, Perrichon est inhumé le lendemain dans l’église Saint-Pierre et Saint-Saturnin.
Il est père de trois filles et un fils. Qualifié de « noble et généreux », il n’a pas échappé, du fait de l’importance de sa charge, aux labels critiques : « Camille Perrichon, au cours de sa longue prévôté, s’attira de nombreuses animosités et fut très impopulaire, mais son administration fut cependant habile et profitable à Lyon, qu’il embellit, et au commerce de la soie, qu’il contribua à développer » (Poidebard). D’autres sont plus élogieux : « Pendant les dix années qu’a duré sa Prévôté, sa réputation soutenue par la conduite la plus intelligente ne s’est pas bornée dans la Province & auprès de ses compatriotes. Perichon s’est fait connaître avantageusement à la Cour & chez les Etrangers qui ont admiré plus d’une fois son intelligence dans les affaires délicates du Commerce & sa générosité dans les Fêtes publiques & particulières qu’il a données » (Dreux du Radier, L’Europe illustre, t. IV, 1757). En 1733, il a favorisé la création d’un médaillier municipal en faisant acheter par la ville celui d’Antoine Laisné (1668-1746). Cultivé, Camille Perrichon s’est constitué une belle bibliothèque mise en vente aux enchères en 1763, après que les frères Duplain en ont dressé le catalogue (Catalogue des livres de M. C. P********, 687 ouvrages répertoriés). Il soutient le Grand Théâtre (créé en 1687 par Jean-Pierre Legay, et qui erre de salle en salle jusqu’à la construction du bâtiment de Soufflot* en 1756) en la personne de sa maîtresse nommée directrice, Madeleine Eucher, surnommée la Desmarais, d’assez mauvaise réputation (Léon Vallas*). À partir de 1749, Camille Perrichon devient actionnaire des mines de la Haute-Maurienne en association avec Madame de Warens, qu’il a connue par l’intermédiaire de Jean-Jacques Rousseau venu à Lyon en 1741, et dont il payera les dettes en achetant ses actions (François Mugnier, Madame de Warens et Jean-Jacques Rousseau, Paris : Calmann-Lévy, 1891).
Camille Perrichon fait attribuer le 7 mars 1726 une salle dans l’hôtel de ville pour héberger l’institution (Dumas, t. I, p. 28-30). Le 31 décembre 1729, l’Académie des sciences et belles-lettres, convoquée en assemblée extraordinaire, « decida unanimement que M. Perrichon seroit receu Academicien honoraire comme il le demandoit, et en consideration de l’acte consulaire du 7. Mars 1726. il fut arrêté qu’on accorderoit la même place à Mrs les Prevôt des Marchands qui la demanderoient » (Pernetti, AcMs301 f°53). « Ce Prévôt des marchands fut le premier qui remit, en 1736, la bourse de 300 jetons que MM. du Consulat avaient pris l’engagement de faire donner tous les deux ans à l’Académie pour être distribués à raison des assistances et des tributs. La Compagnie en avait arrêté ainsi les types : la face portait les armes de la ville et le revers représentait l’ancien Athénée, tel qu’il avait été gravé pour le sceau, avec la légende et l’exergue qui sont restés les mêmes jusqu’à nos jours » (Dumas). Camille Perrichon, qui est l’un des fondateurs de l’Académie des beaux-arts comme société du concert en 1713, ne fait pas partie des premiers membres de la société des conférences de cette Académie des beaux-arts (c’est-à-dire de ce qui est de fait l’académie des sciences de Lyon) à sa création le 12 avril 1736, mais il en est nommé « directeur » ; les règlements de l’institution sont arrêtés le 21 février 1737 et à cette occasion il demande qu’un président soit désigné « pour y remplir la fonction de Mr. le Directeur en son absence. » Du fait de cet absentéisme dû à la lourdeur de sa charge, il est déclaré honoraire de l’Académie des beaux-arts le 5 août 1739.
Dumas, 1839, I, p. 30. – Bréghot. – W. Poidebard, J. Baudrier, L. Galle, Armorial des bibliophiles du Lyonnais, Forez, Beaujolais et Dombes, Lyon: Société des bibliophiles lyonnais, 1907. – ADR, Frécon rouge.
Le tableau anonyme Le Romain Camillus protégeant la ville de Lyon (huile sur toile, musée Gadagne, Lyon) est traditionnellement considéré comme un hommage à Camille Perrichon. En fait ce tableau que l’on peut dater du xviie siècle, fait très probablement référence à Camille de Neuville. – Portrait, huile sur toile, signé Charles Grandon, 1739, musée des Beaux-Arts de Lyon. – Le même portrait gravé par Séraucourt (publié par E.Vial, « Institutions et coutumes lyonnaises Costumes consulaires », RHL, 1904). En outre le musée Gadagne conserve un grand plat de Joseph Combe, à décor mythologique en camaïeu de bleu d’après une gravure de Lepeautre, aux armes de Camille Perrichon.
Comme secrétaire de la ville en titre (depuis le 11 octobre 1720), Camille Perrichon bénéficia régulièrement, de 1721 à 1767, de distribution de jetons, en argent, anépigraphes portant ses armes (Écartelé en sautoir d’or et vairé d’argent et de gueules ; à la bordure componée d’argent et de gueules) entourées du collier de l’Ordre de Saint-Michel. On en connait trois variétés associées aux différents revers du consulat (Jean Tricou*, Jetons armoriés offerts par la ville de Lyon aux xviie et xviiie siècles, nos 117-121 p. 168-174 et pl. V). Chacune de ses cinq prévôtés lui permit de recevoir des jetons, en cuivre ou en argent, avec, à l’avers, une légende mentionnant sa prévôté et son appartenance à l’ordre du roi entourant ses armes et celles de la ville ou des quatre échevins au revers. Jean Tricou, Les jetons consulaires de la ville de Lyon, nos 192, 196, 201, 207, 212 et 213, p. 64-68 et pl. VII-VIII ; Henry Morin-Pons, p. 79-83 et pl. XI).