Louis Marie Honoré Tavernier est né le 16 février 1878 à Lyon 2e, fils aîné de Jean Claude Tavernier (1847-1918), avocat à la cour d’appel de Lyon en 1869, bâtonnier de 1902 à 1904 – lui-même fils du médecin légiste lyonnais Horace Tavernier (1811-1894), – et de Marguerite Piaton (1856-1942), petite-fille d’Antoine François Michel* et de Jeanne Cazot (1809-1863), et sœur de Maurice Piaton (1953-1917) et de Thérèse Piaton-Martin (1870-1918) arrière-grand-père et arrière-grand-mère de Bruno Permezel*, et d’Alexandrine Piaton-Bianchi (1858-1938) arrière-grand-mère de Marguerite Yon-Calvet*. Il est le neveu d’Henri Tavernier* (1850-1932).
Il épouse à Lyon 6e le 29 mai 1903 Constance Philiberte Ravier (Francheville 15 septembre 1883-Lyon 6e 22 mars 1975), fille de Paul Henri Ravier (1854-1900), notaire à Lyon, et de Théodorine Marie Louise Michel (1887-1955), celle-ci petite-fille de César Michel (1802-1875) le dernier frère d’Antoine François Michel*. Ils eurent quatre enfants : Andrée (1904-1990), ép. Edmond Balaÿ) ; Maurice (1906-2005, ép. Geneviève Panhard) ; Denise (1911-2005, ép. Jean Bourbon) ; Raymond Louis (1917, mort pour la France le 13 juin 1940 à Pont-sur-Seine). Louis Tavernier demeure 7 rue de Bonnel à Lyon (act. 3e arr.).
Il est mort le 28 juin 1951 à Lyon (3e), et il est inhumé au cimetière de Loyasse (allée 5, tombe portant l’inscription « familles multier et tavernier »). Par décision du Conseil municipal de Lyon du 1er décembre 1957, son nom a été attribué à une rue du 8e arr. de Lyon (reliant la rue du Professeur-Beauvisage à l’avenue Viviani).
Après des études secondaires classiques au lycée Ampère, qui lui valent à 16 ans un 1er prix de Physique au Concours général, il poursuit à Lyon des études médicales, reprenant une tradition familiale. Interne des hôpitaux en 1901, docteur en médecine en 1904 (thèse sur Les déplacements traumatiques du semi-lunaire, direct. prof. Maurice Vallas), agrégé de chirurgie en 1910, il devient chirurgien des Hôpitaux de Lyon en 1913. Au cours de la Première Guerre mondiale, son activité et son dévouement lui valent une citation à l’ordre de l’Armée (12 juillet 1915) comme « chirurgien de haute valeur », signée du général Humbert, et les décorations de la Croix de guerre et de la Légion d’honneur. Il aborde alors surtout des pathologies proches de l’orthopédie (traitement des plaies de guerre, des plaies articulaires et des nerfs…).
Il s’est intéressé à diverses spécialités de la médecine. Pour sa thèse, il avait collaboré avec le docteur Étienne Destot, le premier radiologue lyonnais, à qui les rayons X avaient permis de reconnaître les lésions des petits os du poignet qu’on identifiait mal auparavant. Dès 1910, Louis Tavernier a participé avec le professeur Eugène Villard (cousin germain de l’économiste Pierre Villard*) à des recherches sur la transplantation du rein. Mais après son expérience des pathologies de la guerre, il se spécialise en chirurgie orthopédique. Il devient en 1924 à l’Hôtel-Dieu titulaire d’un service de chirurgie, qu’il oriente vers la chirurgie osseuse et orthopédique. Il est membre du Conseil d’administration des Hospices, 1924. En 1928, il est chef du service de chirurgie infantile et orthopédique à l’hôpital Debrousse. Associé aux travaux du professeur Gabriel Nové-Josserand, avec qui il a publié en 1927 un traité de chirurgie orthopédique, il est son adjoint de 1930 à 1937 à la clinique de chirurgie infantile et d’orthopédie de l’Hôpital É.-Herriot, et il lui succède comme professeur dans cette spécialité à la faculté de médecine, de 1937 jusqu’à sa retraite en 1947.
Devenu spécialiste des recherches sur les tumeurs osseuses, et en particulier les sarcomes, il acquiert une notoriété qui dépasse les frontières françaises, et il est invité dans de nombreuses universités étrangères. Grand sportif (tennis notamment), il est aussi un des premiers chirurgiens du sport ; il s’intéresse en particulier à la pathologie méniscale des sportifs : au 1er congrès de la Fédération internationale de médecine sportive de Chamonix en 1934, Louis Tavernier est chargé d’un rapport sur la pathologie du genou. Son œuvre sur la chirurgie du genou sera reprise et amplifiée ensuite par son élève Albert Trillat (fils du musicien Ennemond Trillat*), qui le qualifiera de « chirurgien d’exception, visionnaire de l’avenir, pour qui rien n’était établi » (Kohler 2006, p. 5). Autorité internationale dans le domaine des tumeurs malignes des os, il a publié une série d’articles et de communications aux sociétés savantes dans des congrès. Il a contribué à la mise au point de grands problèmes de l’orthopédie : chirurgie du genou, luxations de l’épaule, chirurgie de la hanche (il a mis en place une des premières prothèses), et a collaboré à plusieurs grands traités sur le sujet.
Après une lettre de candidature du 15 août 1946, il est élu à l’Académie de Lyon le 4 décembre 1946 sur rapport de Maurice Patel*, au fauteuil 2 section 3 Sciences, remplaçant le doyen Jean Lépine* passé à l’éméritat.
Il est aussi membre correspondant de l’Académie de Médecine (Institut de France), 1945 ; membre associé de la Société Nationale de chirurgie, 1920 ; chevalier de la Légion d’honneur, 1920 ; membre de la Société belge de chirurgie, 1935 ; administrateur des Hospices civils de Lyon, et titulaire de la grande Médaille des Hospices.
L’Académie de Lyon a décerné en 2010 son Prix d’honneur à son parent, le cinéaste Bertrand Tavernier (né en 1941), arrière-arrière-petit-fils d’Horace Tavernier.
Parmi les nombreuses nécrologies et notices parues dans la presse et les revues spécialisées, on rappellera : M. Guilleminet, « Le professeur Louis Tavernier, 1878-1951 », Revue de Chirurgie orthopédique 37, nos 3-4, 1951, p. 219-223. – A.T., « In memoriam », The Journal of Bone and Joint Surgery 34 B, no. 1, February 1952, p. 129-130. – Laurence Papinaud-Brouland, Louis Tavernier (1878-1951), professeur de Chirurgie orthopédique et infantile de l’Hôpital Édouard-Herriot, thèse, dir. L.-P. Fischer, Université Claude-Bernard, Lyon, 1995. – Rémi Kohler, « Un siècle de chirurgie infantile à Lyon », dans la Gazette de la société française d’orthopédie pédiatrique 17, février-mars 2006, p. 3-14.
Outre de nombreux articles et communications, on citera les ouvrages suivants : Les déplacements traumatiques du semi-lunaire, Lyon : A. Rey, 1906. – Notice dans Chirurgie réparatrice et orthopédique, dir. E. Jeanbrau, P. Nové-Josserand, L. Ombrédanne, Paris : Masson, 1920 (chirurgie du genou). – Notices dans Traité de pathologie médicale et de thérapeutique appliquée, Paris : Ν. Maloine, 1926 (Invagination intestinale et Prolapsus rectal). – Les tumeurs malignes des os [avec Gabriel Nové-Josserand], Paris : Doin, 1927, 424 p. – Pathologie des ménisques du genou [avec Albert Mouchet], Paris : Masson, 1927. – Utilisation de l’insuline en dehors du diabète [avec Ph. Barral], Paris : Masson, 1930. – Notice dans Traité de chirurgie orthopédique, dir. L. Ombrédanne et P. Mathieu, Paris : Masson, 1937. – Traitement chirurgical de l’arthrite sèche de la hanche [avec Ch. Godinot], Paris : Masson, 1945, 360 p.