Antoine Paulin Marie Alexandre de Tarlé est né le 23 mai 1871 à Gisors (Eure), fils d’Adolphe Antoine Fortuné Paulin (Dijon 1848-Versailles 1899), alors avocat, puis magistrat et conseiller municipal à Versailles, et de Marie Louise Pauline Vinot Préfontaine (Gisors 1848-Gisors 1922) ; témoins : Antoine François Passy, 79 ans propriétaire – membre de l’Institut, commandeur de la Légion d’honneur, Grand-croix de l’ordre d’Isabelle-la-Catholique et commandeur de l’ordre de Charles Trois (Espagne) –, et Hippolyte Passy, âgé de 77 ans, domicilié à Paris ; le premier Passy (Antoine 1792-1873) a été sous-secrétaire d’État au ministère de l’Intérieur de 1840 à 1848, le second (son frère Hippolyte, 1793-1880) a été ministre des Finances de 1834 à 1839 et en 1848-1849, et ministre du Commerce et des Travaux publics en 1836. Le grand-père d’Antoine de Tarlé a été officier de l’Empire et de la Restauration, et son arrière-grand-père, commissaire ordonnateur des guerres, intendant en chef de l’armée de Rochambeau.
Le 2 septembre 1895, Antoine de Tarlé épouse à Fontainebleau Eugénie Marie Thérèse Bès de Berc (née le 12 octobre 1876 à Clermont-Ferrand), fille d’Emmanuel Bès de Berc (1826-1916), colonel d’artillerie et de Mélanie Chaix de Lavarene (1846-1918). Marie Thérèse décède le 12 août 1897 à Fontainebleau. Le 12 mai 1899, Antoine de Tarlé épouse en secondes noces à Versailles, Isabelle Marie Magdeleine de L’Hermite (Autun 14 septembre 1873-Lyon 21 décembre 1948), fille de Jean Marie Roger, comte de L’Hermite (1842-1917), et de Claire Bonneau du Martray (1851-1924).
Il décède le 29 juillet 1939 à Lagnieu (Ain).
Antoine de Tarlé, alors domicilié chez ses parents à Angers, est entré en 1872 à l’École polytechnique, dont il sort en 1894 sous-lieutenant d’artillerie. Après diverses affectations, il passe en 1899 par l’École de guerre, où il est remarqué par le futur maréchal Foch, encore lieutenant-colonel. Il est promu capitaine le 24 décembre 1907. Pour raisons de famille, il obtient un congé de six mois à partir du 11 mai 1912, puis il est mis en inactivité pour infirmité temporaire, et rayé des contrôles le 28 février 1913. Il est alors attaché à la chambre de commerce de Lyon sur proposition de Jean Coignet* et en devient le secrétaire général. Rappelé à l’activité le 18 août 1914, il est affecté comme capitaine à l’état-major de l’artillerie à Paris, puis à celui de la 57e division d’infanterie, à Belfort d’abord, à l’armée d’Orient ensuite. Il est cité à l’ordre du jour de cette armée, le 15 décembre 1915, pour avoir assuré d’une façon parfaite le repli par chemin de fer de deux divisions lors de la retraite de 1915 ; cette citation lui vaut la croix de guerre avec palme. Le 10 décembre 1916, il est cité à l’ordre du jour de la 113e brigade d’infanterie pour son activité à l’état-major de la brigade lors des opérations en Macédoine occidentale en septembre 1916 et particulièrement lors des actions dans la vallée de la Zélova. Il est promu chef d’escadron à titre temporaire le 6 septembre 1916, à titre définitif le 30 septembre 1917. Atteint de paludisme, il revient en France le 4 mars 1917 ; il est affecté au cabinet du ministre de la Guerre, auprès de son collègue polytechnicien le romancier Marcel Prévost, à la direction du service des informations militaires, puis à l’état-major du représentant militaire permanent au Conseil supérieur de la guerre, comme chef de la section économique. Ses services militaires prennent fin le 31 octobre 1918 et il reprend son poste à la chambre de commerce de Lyon, jusqu’à sa mort en 1939. Il est promu lieutenant-colonel de réserve (23 décembre 1923), puis colonel (20 novembre 1928). Il est fait chevalier de la Légion d’honneur par arrêté du 1er février 1916, officier par décret du 6 juillet 1929.
Dès 1910, il montre son talent d’écrivain avec une étude historique sur Le règne de Murat à Naples, qu’on lui demande de lire en mars 1910 à l’Académie des sciences morales et politiques. En 1912, à la demande expresse de Foch, il publie une série d’études sur la coopération militaire entre l’Angleterre et la France en cas de guerre européenne, puis, au moment de la « Loi des trois ans » (25 mai 1913), deux brochures pour éclairer l’opinion. Plus tard, il prend le pseudonyme de « Jean Saison » pour donner ses notes et impressions de sa campagne à l’armée d’Orient et sur le rapport de Frédéric Masson ; son livre obtient le prix Montyon littéraire de l’Académie française. Après la guerre, il collabore à la Revue des deux mondes et au Correspondant, et écrit des articles dans Les Alpes militaires, organe de liaison entre les officiers d’active et de réserve du 14e corps d’armée. Chrétien engagé, il est membre du Conseil central de la propagation de la foi et tient une chronique presqu’hebdomadaire dans le journal La Croix, sur les questions économiques.
Sur un rapport de Gaston Lepercq*, il est élu le 1er juin 1920 au fauteuil 4, section 1 Sciences. Il prononce le 21 juin 1921 son discours de réception intitulé : Une occupation militaire française au temps de l’Empire : l’esprit public à Naples sous le règne de Murat. Autres interventions : 20 mars 1923, Une offensive de l’esprit prussien, à propos de la brochure d’Oswald Spengler « Preussentum und sozialismus », Munich, 1920 ; 4 juin 1929, Foch ; 24 avril 1934, Napoléon d’après les Mémoires de Caulaincourt ; 15 décembre 1936, 26 janvier et 2 février 1937, La naissance en 1836 du libéralisme économique et la vie prodigieuse d’Hippolyte Passy ; 22 juin 1937, Comment l’Allemagne est-elle sortie de la défaite de 1918 ? Et quel fut le véritable instrument de sa résurrection ?
LH/2644/28 – Auguste Rivet* : Discours prononcé le 1er août 1939 aux funérailles de M. Antoine de Tarlé.
J. Bürde : Principes tactiques, Traduction du capitaine A. de Tarlé, Paris : R. Chapelot, 1911, 87 p., fig.. – La défense de l’Empire britannique, l’organisation militaire et navale de l’Australie, Paris : R. Chapelot, 1911, 23 p. – La préparation militaire et l’éducation nationale en Angleterre, Paris : R. Chapelot, 1912, 35 p. – Comment on prépare la défaite (1867-1870), Paris : M. Imhaus et R. Chapelot, 1913, 32 p. – Comment l’Allemagne prépare la guerre (1806-1913), Paris : M. Imhaus et R. Chapelot, 1913, 35 p. – L’armée suisse et ses manœuvres en 1912, Paris : M. Imhaus et R. Chapelot, 1913, 52 p. – Murat, Paris : M. Imhaus et R Chapelot, 1914, 166 p., pl. – Américains et Français aux États-Unis pendant la guerre d’indépendance, d’après des témoignages contemporains, Le Correspondant, 1917. – L’avenir économique de la Macédoine, Chambre de commerce de Lyon, séance du 12 juillet 1917, notice, Lyon : Rey, 1917, 30 p. – Soldats romains et consuls français en Macédoine, Salonique : Typ. Avenir 1917, extrait de la Revue franco-macédonienne, 28 p. – [Sous le pseudonyme de Jean Saison], D’Alsace à la Cerna : notes et impressions d’un officier de l’armée d’Orient (octobre 1915-août 1916), Paris : Plon-Nourrit, 1918, II + 327 p., cartes. – La préparation de la lutte économique par l’Allemagne, Paris : Payot, 1919, 284 p. – Siegfried Herzog, Le plan de guerre commerciale de l’Allemagne. Préface et traduction par A. de Tarlé, Paris : Payot, 1919, 249 p. – La préparation industrielle de la guerre en France et en Allemagne, Paris : Chapelot 1922, 55 p. – « Deux états dans l’État en Allemagne », Revue des deux mondes, 15 février 1924, p. 859-884. – « À l’exposition de Wembley », Revue des deux mondes, 1er juillet 1924, p. 165-182. – « L’organisation professionnelle patronale en France », Revue des deux mondes, 1er mars 1925, p. 177-196. – « La paix des Empires centraux, I, 1916-1917 », Revue des deux mondes, 1er septembre 1929, p 42-59. – « La paix des Empires centraux, II, 1917-1918 », Revue des deux mondes, 15septembre 1929, p. 304-342. – « Les conseils d’ouvriers », Revue des deux mondes, 15 février 1923, p. 883-908. – « Trade unions britanniques et syndicats américains », Revue des deux mondes, 15 octobre 1926. – « Idées actuelles sur le salaire », Revue des deux mondes, 1er octobre 1929, p. 675-689. – « L’Angleterre et ses dominions », Revue des deux mondes, 1er décembre 1930. – Une occupation militaire française au temps de l’Empire : l’esprit public à Naples sous le règne de Murat : 1808-1812. Lyon : Rey, 1928, 31 p., et MEM 20, 1931. – « Le mouvement économique et social aux États-Unis », Le Correspondant, 10 octobre 1933. – L’Europe industrielle en face du Japon, Paris, Plon, 1934, extrait de La revue hebdomadaire 15 septembre 1934, p. 365-288. – Quelques exemples sur 478 chroniques dans le journal La Croix, de 1922 à 1939 : Autour de la conférence de Gênes : I. Les dettes interalliées, n° 11993, 22 avril 1922 ; Un problème difficile : le statut des coopératives agricoles, n° 14252, 27 août 1929 ; Le progrès social en Italie : Les exemples fondés sur le corporatisme, n° 15601, 20 décembre 1933 ; Notre ravitaillement en pétrole, n° 15420, 6 octobre 1936 ; A propos de la question du blé, n° 17163, 14 janvier 1939.