Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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MITIFFIOT DE BÉLAIR Ferdinand, dit Fernand de BÉLAIR (1849-1928)

par Maryannick Lavigne-Louis.

 Claude Antoine Léon Ferdinand Mitiffiot, né le 30 avril 1849 à Lyon 3 rue du Plat, est déclaré le 2 mai ; présents : Jean Morand, rentier rue Tramassac, et Augustin Bérard, rentier 32 rue de la République. On lit en marge de l’acte : « Par jugement du tribunal civil de Vienne, Isère, en date du vingt-huit novembre dernier, enregistré, l’acte ci-contre a été modifié en ce sens : qu’au nom de Mitiffiot sera ajouté celui de de Bélair en sorte que le nom patronymique sera Mitiffiot de Bélair en vertu d’un décret impérial à la date du huit octobre mil huit cent soixante-six, Lyon le six décembre mil huit cent soixante-sept. Le secrétaire général du département du Rhône. » La particule qui avait été perdue à la Révolution est en fait ancienne ; c’est celle d’une famille dauphinoise apparue au milieu du xvie siècle avec le capitaine Mitiffiot de Bélair, né vers 1560, père de Claude Mitiffiot, capitaine châtelain du marquisat de Saint-Symphorien d’Ozon et de Solaize en 1631. Le fils de celui-ci, Alexandre Mitiffiot, sieur de Bélair, chevalier de Saint-Louis, est brigadier des armées du roi et lieutenant de la maréchaussée du Dauphiné.

 Ferdinand est le fils de Léon Mitiffiot (Solaize [Rhône] 13 juin 1814-Lyon 10 février 1895) – représentant de la 8e génération du nom, avocat puis notaire à Lyon, président de la Caisse d’épargne de cette ville, membre du conseil municipal de Solaize, où il possède toujours la propriété de Bélair, – et d’Apollonie Louise Augustine Dumas (Lyon 2 juin 1819-Périgueux 23 avril 1884), fille de Jean-Baptiste Dumas* et d’Élise Séverine Robertine Richoud (née à Saint-Genis-Laval le 10 février 1795, et dont le père Antoine Richoud était manufacturier de papiers peints à Saint-Genis-Laval). De leur mariage le 24 août 1842 à Lyon, sont nés deux filles, Louise Alexandrine Adrienne (1843) et Jeanne Marie Anastasie (1845), et deux fils, Charles Georges (1846) et Ferdinand (1849).

 Après des études au collège dominicain d’Oullins, Ferdinand va à Paris (2 rue de Sèvres) où il obtient en 1869 sa licence de droit. En 1870, il est mobilisé dans un régiment d’infanterie à Gap et fait prisonnier à Leipzig puis à Dresde. Revenu en 1872 chez ses parents, 3 rue du Plat, il décide de s’adonner à la peinture et se forme dans l’atelier de Chatigny, 11 rue Jarente. Le 29 juillet 1883 il épouse à Crolles (Isère) Charlotte Adèle de Pierre de Bernis (Crolles 22 octobre 1860-20 septembre 1930), fille du comte Albert de Pierre de Bernis, propriétaire rentier à Crolles (1811-1877), et de Claire Bernou de Saint-Maurice (1820-1891). Le couple s’installe à Lyon 9 rue Adélaïde-Perrin, où vont naître neuf enfants, dont le peintre Pierre Mitiffiot de Belair (Lyon 2e 1892-Sainte-Foy-lès-Lyon 1956). L’été, la famille réside à Saint-Genis-Laval, dans le beau domaine de la Martinière acquis en 1791 par Antoine Richoud, et hérité d’Élise Séverine Robertine Richoud.

 Fernand de Bélair a installé son atelier dans l’orangerie, tandis qu’à Lyon il peint, toujours en costume-cravate, dans un grand et luxueux atelier-salon 122 rue Saint-Georges. Dès 1873 il expose un tableau – Un pêcheur vénitien – au salon annuel de la société des Amis des arts, et il y présentera une œuvre jusqu’en 1887, date de la dissolution de la société remplacée en 1888 par la Société lyonnaise des beaux-arts, dont il est membre. De 1876 à 1893, il expose régulièrement au salon des Artistes français à Paris (quand il y va, il réside dans le 9e arrondissement, 6 rue Halévy, puis à partir de 1882, 10 rue Lafayette), mais aussi à Dijon (1876-1905), à Moulins (1877), à Nice (1878). Ses tableaux exposés sont presque toujours récompensés d’une médaille. À l’Exposition universelle de Lyon de 1894, il reçoit la médaille d’or pour son David. Fernand de Bélair peint toute sa vie, « lavis, gouache, aquarelle, pastel, fusain, sanguine, huile, sur divers supports » et différents formats. « Cet artiste est un amateur qui fait de l’art sans avoir à s’occuper de la vente ». Fortuné, il ne cherche pas en effet à faire du commerce, et la majorité de son œuvre est conservée chez ses nombreux descendants. Ayant beaucoup visité les musées européens, notamment espagnols, il a copié les plus grands artistes, ce qui fait qu’il s’est essayé dans tous les styles et qu’il n’a pas une touche vraiment personnelle.

 Décédé le 6 mai 1928 dans son appartement lyonnais, il est inhumé le 9 au cimetière de Solaize. « Il passait pour un homme de belle stature, de grande prestance qui en impose ». Ainsi le décrit en 1897 le critique d’art Eugène Vitton : « barbe soigneusement taillée à la François Ier, front très découvert, l’œil vif, perçant, l’air affable, la main aristocratique. » (La Vie française, 1897).


Académie

Ayant présenté sa candidature le 23 février 1904 et après un rapport circonstancié de Bléton* le 31 mai 1904, Ferdinand de Bélair est élu le 23 février 1904 au siège de Nicolas Sicard*, devenu émérite, au fauteuil 2, section 4 Lettres. Le 30 mai 1905, il prononce son discours de réception : Les Amis d’autrefois. Souvenirs rétrospectifs de l’Académie (MEM 1907). Le 31 juillet 1906, il lit Le récit d’une ascension au Puy de Dôme. Le 17 décembre 1907, en séance publique, il est chargé du Rapport du prix Dupasquier. Le 26 novembre 1912, il fait un Rapport sur la candidature de Jean Chorel, dont l’élection, après trois tours est ajournée le 3 décembre suivant. Le 19 mai 1914, il fait un Rapport sur Tony Tollet*. Le 12 décembre 1916, il disserte sur Les avantages qu’il y aurait d’associer l’idée religieuse à la solution des problèmes sociaux, à la lutte contre les fléaux qui ravagent notre pays. Le 12 janvier 1926, il fait une conférence sur L’évolution de la peinture de paysage de Poussin à Corot. Il accède à l’éméritat en 1927. Son éloge funèbre est prononcé par Henri Rigollot* (MEM 1931).

Bibliographie

Rivoire de La Batie, Armorial du Dauphiné. – Frécon (bleu). – Claude de Magny, Fernand de Bélair peintre lyonnais 1849-1928, Taluyers : FBW, 2013. – Emmanuelle Joly-Grégoire, « Le peintre de l’église de Saint-Genis-Laval Fernand Mitiffiot de Bélair », avec six reproductions de tableaux : Internet, www.cadec.org/attachment/ 213939/.

Publication

Les Amis d’autrefois: souvenirs rétrospectifs de l’Académie, Lyon : Rey, 1905.

Œuvres

Sainte Blandine dans sa prison, tableau huile sur toile, signé et daté 1887, offert à l’église de Solaize par l’auteur. Inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques le 9 juillet 1993. – Christ au tombeau, tableau huile sur toile, présenté au salon de Lyon en 1897 et à Paris en 1898, offert par l’auteur à l’église Saint-Georges de Lyon. – La fuite en Égypte, toile marouflée, église paroissiale de Saint-Genis-Laval, signée (1911). – La tempête sur le lac de Tibériade, toile marouflée, église paroissiale de Saint-Genis-Laval, signée et datée 1913. – L’annonciation, toile marouflée, église paroissiale de Saint-Genis-Laval, signée et datée 1915. – L’assomption, toile marouflée, église paroissiale de Saint-Genis-Laval, signée et datée 1915. – Confession de saint Genis, toile marouflée, église paroissiale de Saint-Genis-Laval, signée et datée 1917. – Martyre de saint Genis, toile marouflée, église paroissiale de Saint-Genis-Laval, signée et datée 1917. – Décors peint de la chapelle de Saint-Alban (Lyon) [détruite en novembre 1971].