Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

TRICOU Jean (1890-1977)

par Jean-Pol Donné.

 Jean Louis Tricou est né le 13 septembre 1890 à Lyon 5e, montée des Génovéfains, fils aîné de Georges Tricou* et de Marguerite Fellot ; témoins : Thomas Alphonse Four, son arrière-grand-oncle, et Marie Michel Favier (1853-1935), orfèvre. Il se marie à Vaugneray le 27 septembre 1919 avec Benoîte, Joséphine, Marthe Breton (Lyon 5e 7 novembre 1887-29 décembre 1960), fille de Pierre Hilaire Breton (né à Lyon 2e le 25 décembre 1863) clerc de notaire, et Marie Antoinette Jeanne Domeck (née à Lyon 2e le 17 septembre 1861). Le couple qui n’a pas d’enfant adopte les trois filles d’une sœur de Jean, Laure Henriette Yvonne (Lyon 5e 3 juillet 1899-1938) – mariée à Henri Breton (Lyon 5e 26 septembre1891-Bron 14 décembre 1942) qui était le frère de la femme de Jean Tricou – : Madeleine (mariée à Jacques Denis Marcel Sicard), Monique (mariée à Jacques Méchin), et Marcelle (mariée à Hubert Rousseau).

 Jean Tricou meurt à son domicile, 90 quai Pierre Scize, le 27 janvier 1977.

 Après des études à l’institution Notre-Dame des Minimes, puis à la faculté de droit, où il obtient sa licence, Jean Tricou est mobilisé, comme sergent au conseil de guerre, de 1914 à 1918. En 1919, il entre comme clerc dans l’étude de son père, 17 quai de Bondy, au sein de laquelle il poursuit toute sa carrière, lui succédant le 26 décembre 1930 au 2 rue d’Oran, et n’abandonnant qu’en 1961 sa charge qu’il cèdera à son gendre, Jacques Sicard. Il a été président de la chambre des notaires du Rhône.

 Dès l’âge de 14 ans, il commence à établir des fiches sur les familles et institutions lyonnaises et commence ses recherches dans les archives et bibliothèques de Lyon, avant de passer trois mois à Paris pour explorer celles de la capitale. À 19 ans, il publie son premier article consacré à des « Fers de reliures et ex-libris lyonnais rares ou inédits » dans les Archives de la Société des collectionneurs d’ex-libris et de reliures artistiques. Plus de 500 articles ou communications suivront, ce qui permettra à Henri Hours* d’écrire que « c’est comme érudit surtout qu’il fut connu et, de fait, Lyon n’en eut jamais et n’en aura sans doute jamais plus d’aussi grands » (Revue du Lyonnais, 1977). Remarqué par Jean Beyssac* et Eugène Vial* qui furent ses maîtres, il est admis à la Société historique, archéologique et littéraire de Lyon dès 1913 qu’il présida. L’histoire de Lyon avant la Révolution française, la sigillographie, l’héraldique et surtout la numismatique mobilisent particulièrement son attention. Ses recherches en héraldique lui valurent d’être nommé et de participer activement à la Commission nationale d’Héraldique instaurée en 1941. C’est dans le domaine de la numismatique que Jean Tricou œuvra le plus. Toute sa vie, il s’attacha à enrichir le médaillier, spécialisé dans les médailles et jetons lyonnais, commencé par ses grand-père et père. Il publie successivement des catalogues raisonnés consacrés aux jetons et médailles concernant Lyon. Le premier, Méreaux et jetons armoriés des églises et du clergé lyonnais (1926) reçoit le Prix Duchalais de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1928. Suivent Les jetons armoriés de Personnages lyonnais (1942, Prix Engel de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1945) ; Les jetons armoriés offerts par la ville de Lyon aux xviie et xviiie siècles (1946) ; Les jetons offerts par la ville de Lyon à diverses compagnies, xviie et xviiie siècles (Revue Numismatique, 1954) qui fait le point détaillé sur les jetons reçus par l’Académie de 1735 à la Révolution ; Les jetons consulaires de Lyon (1955), Numismatique des corporations, des métiers et du commerce lyonnais de l’Ancien Régime 1957) ; et les Médailles lyonnaises du xve au xviiie siècles (1958).

 En 1939, il est nommé par Édouard Herriot* conservateur bénévole du Médaillier du musée des beaux-arts de Lyon, qu’il remet en ordre et dont il fait réaliser un fichier photographique (le premier en France) comportant 40 000 fiches dûment renseignées par ses soins. La qualité des réponses qu’il apporte aux demandes des savants étrangers contribue à la renommée de ce département du musée sur lequel il veille jusqu’à sa mort. Membre titulaire de la Société française de Numismatique depuis 1924, il en devient président (1957-1959) après avoir été élu (1962) co-directeur de la Revue Numismatique et avoir initié, à Lyon en 1956, le déplacement annuel de la Société en province. C’est autour de Jean Tricou que se constitue en 1945 le Cercle lyonnais de numismatique, dont il assure la présidence de sa création à 1970. La qualité des travaux du Cercle est reconnue par l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, qui lui décerne en 1950 le Prix Duchalais. Les pages que lui accorde la Société française de Numismatique dans son Bulletin (il est l’une de deux sociétés à bénéficier de cet accueil), afin de publier le compte rendu de ses séances mensuelles, témoignent de l’activité de Jean Tricou (plus de 355 communications apportant, pour la plupart, des éléments inédits). À partir de 1960, il entreprend de mettre à la disposition des chercheurs les dizaines de milliers de fiches établies depuis plus de 50 ans sur les familles ayant un rapport avec Lyon. Sa mort interrompra ce travail après la publication du 7e volume de cet Armorial et répertoire lyonnais, qui synthétise et recense les sources disponibles sur les personnes mentionnées.

 Jean Tricou appartenait à de nombreuses sociétés savantes : la Société des Bibliophiles lyonnais, la Société des Amis des beaux-arts, qu’il présida pendant 30 ans, la Société suisse de Numismatique, la Société italienne de Numismatique, la Société française d’Héraldique et de Sigillographie dont il était vice-président, la société suisse d’Héraldique, la Commission des musées, la Commission du Vieux-Lyon. Élu en 1935 à l’Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées, (voir plus loin)il choisit d’y prendre le nom d’Épipoy Gardenote. Il est aussitôt élu secrétaire perpétuel (jusqu’en 1937), puis chancelier en 1945 (jusqu’en 1967) et à nouveau secrétaire perpétuel en 1962. Il publie en 1956 une étude sur cette académie. Très attaché aux traditions lyonnaises, il compose, à diverses occasions, comme pour les Journées de la Société française de Numismatique à Lyon, quelques petites scènes théâtrales dans lesquelles Guignol et Gnafron lui offrent la possibilité de se moquer de travers qu’il sait relever avec acuité. Toute sa vie, il manifeste une véritable passion pour l’Italie à laquelle il consacre un voyage annuel.

 Longtemps ignorée par le monde universitaire, l’importance de son œuvre est reconnue par la ville de Lyon qui prend en 1972 l’initiative d’offrir à Jean Tricou un volume de Mélanges et de donner, en 1986, son nom à un square du 5e arrondissement de Lyon.


Académie

Présenté par Mathieu Varille*, il est élu au fauteuil 5, section 2 Lettres, le 9 juin 1942. Il est accueilli par une allocution d’Auguste Rivet*. Le 20 mars 1945, il consacre son discours de réception à La restauration de l’église et de la Commanderie de Saint-Georges de Lyon à la fin du xve siècle (MEM 25, 1949). Ses communications et interventions sont très nombreuses : 24 avril 1945, Étienne Valentin, notaire à Lyon dès 1493 ; 4 mars 1947, Le Guerchin des Carmes ; 27 janvier 1948, À propos d’un buste du cardinal Fesch ; 10 juin 1947, Le testament de Sébastien Gryphe ; 29 avril 1948, La restauration de 1816 à 1918 de la chapelle construite à Saint-Jean par le cardinal Charles de Bourbon ; 15 février 1949, Les « enseignes » des anciennes confréries lyonnaises ; 15 novembre 1949, Les papiers de Monsieur Brun ; 2 mai 1950, Le livre de raison de Claude Verdier de Valprivas ; 29 janvier 1952, Benoit de Troncy, notaire lyonnais au xvie siècle ; 20 novembre 1950, séance publique à l’Hôtel de ville, Les armoiries de Lyon (publié au BMO) ; 6 mai 1952, Évocation de Benoit du Troncy et de ses œuvres ; 23 mars 1953, Le journal de Jean Chanal, sous-maître de Saint-Just ; 19 janvier 1954, Le médaillier de la ville de Lyon au musée des Beaux-Arts ; 15 novembre 1955, Une victoire de l’héraldique ; 7 février 1956, Le graveur Claude Warin et ses œuvres ; 20 novembre 1956, Le Tractatus ; 4 novembre 1958, Le château d’Oullins ; 21 avril 1959, La Monnaie de Lyon pendant la Révolution ; 1959, La liturgie lyonnaise ; 5 avril 1960, Un garde des sceaux numismate, Jean-Baptiste Machault d’Arnouville (1701-1794) ; 12 mars 1962, Les collections de Claudius Cote (MEM 27, 1971 R) ; 4 décembre 1962, Les bustes de Slodz, donnés à l’académie par l’abbé de Lacroix-Laval (Ibidem) ; 21 janvier 1964, Documents inédits sur le théâtre à Lyon au xviie siècle (Ibidem) ; 29 mars 1966, Le dernier maître de la Monnaie de Lyon sous l’ancien régime (Ibidem) ; 22 novembre 1966, Le trésor du cheval de bronze (Ibidem) ; 31 janvier 1967, La famille Yemeniz (Ibidem) ; 5 mars 1968, La numismatique du Beaujolais (Ibidem) ; 24 novembre 1970, Un tableau du peintre Nonotte (BMML 4, 1970, p. 309-316, et MEM 28, 1975) ; 27 février 1973, Un Lyonnais injustement oublié : Henri Morin-Pons (Ibidem). Président en 1958, il passe à l’éméritat en 1976. Le président Mounier-Kuhn* prononce son éloge funèbre, complété par une longue notice nécrologique rédigée par Henri Hours (MEM 32, 1978).

Il avait été élu et intronisé le 15 juin 1935 à l’académie du Gourguillon et des Pierres Plantées (voir plus haut) dont il fut le secrétaire perpétuel et le chanceyer.

Bibliographie

Chaon Grattepierre [Louis David], Histoire de l’alme et inclyte Académie du Gourguillon et des Pierres plantées, Lyon : ÉLAH, 1996, 109 p. – Olivier Vernier, « Le renouveau de l’héraldique des collectivités locales sous le régime de Vichy : une initiative rhodanienne (1941-1944) », in Mélanges en l’honneur du professeur Nicole Dockès*, Paris : La Mémoire du Droit, 2014, p. 895-916.

Iconographie

Une médaille coulée à son effigie, entourée de la légende

CIVITATISQVE • FASTOS • IOHS • TRICOV • LVGD • IVRA • NOTAT • CIVIVM •,

a été modelée par Louis Rousselon* en 1939. Au revers, l’Agnus Dei et les armes que Jean Tricou s’était composées : d’azur au chevron d’or accompagné de trois roses d’argent, une fasce du même chargée de trois molettes d’éperons de sable brochant sur le tout.

Le revers d’une médaille, gravée et frappée par la Maison Isler de Strasbourg, éditée par le Cercle lyonnais en 1995, rappelle que

LE 15 OCTOBRE 1945 LE CERCLE LYONNAIS DE NUMISMATIQUE FUT FONDÉ AUTOUR DE JEAN TRICOU QUI LE PRÉSIDA DE 1945 À 1970.

Jean Tricou avait dessiné un ex-libris présentant une anagramme composée avec son nom et son prénom pour former la devise TOI VAINCRE disposée autour de son blason, l’ensemble affectant l’apparence d’un jeton ancien.

Manuscrits.

Fonds Jean Tricou, AML 0015 II, avec en particulier le manuscrit et les notes concernant la suite (non publiée) de l’Armorial et répertoire lyonnais (0015 II 114 et 115), ainsi que 35 000 fiches concernant l’héraldique (0015 II 102 à 113). Les boîtes 118 et 119 contiennent le catalogue des sceaux matrices du MBAL, commencé par Paul Dissard, complété par Jean Tricou.

Publications

Une bibliographie des travaux de Jean Tricou, arrêtée en 1972, figure dans les Mélanges de travaux offerts à Jean Tricou, Lyon : Audin, 334 p. ; elle a été complétée du détails de toutes ses communications devant le Cercle lyonnais de Numismatique (CLN) dans Louis Chaurand et Jean-Pol Donné, Hommage à Jean Tricou, à l’occasion du cinquantième anniversaire du Cercle lyonnais de Numismatique, Lyon : CLN, 1995, 90 p., qui reproduit les éloges funèbres prononcés au lendemain de sa mort.

On retiendra ici ses principaux ouvrages : Le Plâtre Saint Esprit, Lyon : Cumin et Masson, 1920, 100 p. – Méreaux et jetons armoriés des églises et du clergé lyonnais, Lyon, Lyon : libr. ancienne Badiou-Amant, 1923-1926, 245 p., 14 pl. – Jean Beyssac*, Historien, Lyon : Société des Bibliophiles, 1930, 35 p. – Les Valentins, Lyon : Badiou-Amant, 1944, 138 p., 8 p. – Les jetons armoriés de Personnages lyonnais, Lyon : Badiou-Amant, 1942, 137 p., 8 pl. – Les jetons armoriés offerts par la ville de Lyon aux xviie et xviiie siècles, Lyon : Badiou-Amant, 1947, 226 p., 5 pl. – Benoît de Troncy, notaire, secrétaire de la ville, Lyon : Croco, 1953, janvier-avril, 94 p. en 2 fasc. – Les jetons offerts par la ville de Lyon à diverses compagnies, xviie et xviiie siècles, (Rev. Numismatique, 1954) qui fait un point détaillé sur les jetons reçus par l’Académie de 1736 à la Révolution). – Les jetons consulaires de Lyon, Paris : Émile Bourgey, 1955, 109 p., 10 pl. – Notes et documents pour servir à l’Académie du Gourguillon et des Pierres Plantées, Lyon : Croco, 1956, juillet-août, 34 p. (publié sous le nom d’Épipoy Gardenote). –

Numismatique des corporations, des métiers et du commerce lyonnais de l’Ancien Régime, Paris : Émile Bourgey, 1957, 76 p., 3 pl. – Recherches sur les monnaies frappées à Lyon, d’après les documents gardés aux Archives du Rhône, Croco. juillet-décembre 1959, 94 p. en 3 fasc. – Médailles lyonnaises du xve au xviiie siècles, Paris : Émile Bourgey, 1958, 80 p., 13 pl. – Bibliographie lyonnaise par le Président Baudrier publiée et continuée par J. Baudrier, tables par Georges Tricou, revues et complétées par Jean Tricou, augmentée des additions de Henry Joly, publié avec le concours du CNRS, Paris : De Nobele, 1965. – Armorial et répertoire lyonnais, Paris : Saffroy, 1965-1976, 7 vol. de A à DAS.