Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

BOISSIEU Jean Jacques de (1736-1810)

par Paul Feuga, Dominique Saint-Pierre.

 Jean Jacques de Boissieu, né à Lyon le 30 novembre 1736, a été baptisé en l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin le 2 décembre. Parrain : Jean Jacques Dareste (Saint-Chamond 1679-Lyon 1757), seigneur d’Écossieu, avocat en parlement, conseiller du roi, juge en la douane de Lyon ; marraine : sa tante, Catherine Vialis (1708-1788), épouse de Joseph Dugas (1705-1759), marchand. Il est le fils de Louis Jacques de Boissieu (Saint-Germain-Laval [Loire] 1698-Lyon, Saint-Pierre Saint-Saturnin 1740), conseiller du roi, contrôleur du grenier à sel de Feurs, puis médecin agrégé au collège des médecins de Lyon ; Louis Jacques avait épousé le 7 janvier 1730, à Lyon, paroisse Saint-Pierre Saint-Saturnin, Marie Antoinette Vialis (Saint-Chamond 1711-Lyon Ouest 28 septembre 1792), fille de Jean François Vialis (Saint-Chamond 1656-Saint-Jean-de-Touslas 1719), héraut d’armes de France au titre d’Alençon, moulinier en soie, et de Jeanne Dareste (Saint-Chamond 1668-Saint-Jean-de-Touslas 1741). Après la disparition prématurée de son père, il est confié à des parents qui ne peuvent imaginer qu’il puisse vivre de ses talents d’artiste : ils souhaitent l’orienter vers la magistrature. Néanmoins, il apprend le dessin chez Lombard et entre dans l’atelier lyonnais du peintre d’histoire Charles Frontier ; il fait du dessin industriel pour les fabriques de soieries pendant trois ans. Il avait pu admirer les toiles réunies par un oncle Vialis. Pariset, marchand d’estampes parisien, l’incite à faire des gravures à l’eau-forte, technique dans laquelle il va exceller tout en continuant à produire des dessins et des portraits à la sanguine. En 1758, il publie sous le titre Livre de griffonnements inventés et gravés par de Boissieu (Paris : Pariset) six feuilles de croquis à l’eau forte, puis en 1759 Paysages dessinés et gravés par J.J.D.B à Lyon (Paris : Pariset) avec six paysages. Le 28 juillet 1762, sur les conseils du graveur J. G. Wille, avec lequel il était en rapport depuis 1760 pour vendre ses dessins, il part pour Paris où il fréquente Joseph Vernet, Watelet, Greuze et Soufflot. Ami du jeune duc Alexandre de La Rochefoucauld, il part avec lui en Italie en 1765. Ensemble, ils visitent Gênes, Florence, Naples, et séjournent à Rome en 1764 et 1765. Au retour, il aurait rendu visite à Voltaire à Ferney. Dans ses voyages, Boissieu admire « la beauté des paysages, la grandeur des monuments et leurs ruines imposantes ». Dès lors, ses dessins sont une combinaison de monuments vus en divers lieux et insérés dans des paysages à la romaine. S’il acquiert le 7 août 1771, une charge de chevalier trésorier de France général au bureau des Finances de la ville en généralité de Lyon, c’est à la requête de ses tuteurs qui veulent lui assurer une certaine stabilité financière. Les revenus de cette charge lui permettent de se consacrer librement à son art.

 Le 20 avril 1773 il épouse, en l’église Saint-Pierre Saint-Saturnin, Anne Roch Valous, née à Lyon, le 22 novembre 1754, baptisée le lendemain en l’église Sainte-Croix. Ce mariage est célébré dans l’église paroissiale de la mariée. Anne Roch, en effet, demeure à l’hôtel de ville de Lyon avec ses parents, Benoît Valous (Lyon 1714-1797), avocat en parlement, échevin de Lyon en 1765 et 1766, alors secrétaire de la ville, puis procureur du Consulat, et Françoise Fourgon (Lyon, 1724-1795). Pendant la période révolutionnaire, la protection du peintre Louis David, député à la Convention, lui permet d’échapper aux poursuites. Ses cuivres sont placés « sous la sauvegarde de la loi ». Il collabore aux inventaires des objets d’art séquestrés. En 1790, il verse 1 020 livres pour la contribution patriotique, fixée au quart de son revenu annuel, ce qui montre une situation aisée, toutefois loin d’atteindre celle des principaux négociants de Lyon.

 En 1796, il est nommé membre du jury de l’instruction publique et, en 1802, il est membre de la commission administrative du Conservatoire des Arts. Par-là, il exerce une forte influence sur les jeunes peintres lyonnais, tout en continuant de peindre, de dessiner et de graver des eaux-fortes. On le considère comme un des fondateurs de l’école lyonnaise de peinture. Selon Blumer, « toutes ses planches se distinguent par leur accent de sincérité ; la liberté de la facture, la puissance de la lumière, le charme du clair-obscur, l’absence de toute sécheresse permettent de placer J.J. de Boissieu au premier rang des graveurs de notre temps ». Il devient membre correspondant de l’Institut.

 Jean-Jacques de Boissieu avait acquis le château de Cruzols à Lentilly, commune dont il sera nommé maire, de 1806 à son décès.

 Il décède à Lyon le 1er mars 1810, à l’âge de 74 ans. Il demeurait alors 9 rue du Plat. Il est enterré au cimetière de Loyasse (allée n° 8) où une épitaphe retrace ses mérites :

 DOM

 HIC JACET

 JOANNES-JACOBUS DE BOISSIEU EQUES

 QUI PICTURAE LAUDE FLORUIT

 QUEM

 INDOLIS AMOENITAS, CARUM HOMINIBUS,

 MIRA PIETAS ACCEPTUM DEO

 FECERE

 OBIIT DIE PRIMA MARTII

 ANNO 1810

 Sa femme lui survit jusqu’au 10 mai 1834.

 Le 18 juin 1829, son nom est attribué à une nouvelle rue de la Croix-Rousse, aujourd’hui rue Colbert ; mais il subsiste depuis le 7 avril 1930 pour une rue des Brotteaux.

 Il eut pour élève son neveu, Claude Victor de Boissieu du Tiret (Ambérieu, château du Tiret, 28 novembre 1784-22 novembre 1868) – fils de Jean-Baptiste Louis de Boissieu (1739-1812), seigneur du Tiret, docteur en médecine, et de Marie Françoise Andrée Roch de Valous (1758-1834) –, peintre et artiste botaniste, contrôleur des postes, maire d’Ambérieu et conseiller général de l’Ain. Il a notamment publié entre 1804 et 1823 Flore d’Europe, Lyon : Bruyset.


Académie

Candidat le 1er février 1780, J. J. de Boissieu est élu le 7 mars 1780. Dans son discours de réception, prononcé le 18 avril 1780, il traite de Réflexions sur l’art de peindre. Son tribut académique le 15 février 1785 est un portrait de Montgolfier aîné. Sa lettre du 16 juillet 1792 (Ac.Ms268-IV f°444), annexée au rapport des commissaires Loyer*, Barou du Soleil* et Boissieu sur la candidature à l’association de Mlle Victoire Lallier (Ac.Ms263 f°140), porte un jugement très élogieux sur la figure de Dédale et celle de son fils dont Mlle Lallier a fait hommage à l’Académie et conduit l’Académie à décider cette association. Sa lettre du 1er décembre 1792 (Ac.Ms268-IV f°450) donne son accord à l’institution d’une cotisation pour les académiciens. Lors du rétablissement de l’Académie sous le nom d’Athénée de Lyon par le préfet Verninac* le 24 messidor an VIII, Boissieux figure comme membre ordinaire de la classe des Arts. Il est porté sur le tableau des membres émérites lors de la séance extraordinaire du 15 frimaire an XI. Lors de la séance publique du 6 floréal an XI, [26 avril 1803], J. J. de Boissieu, commissaire du gouvernement près du tribunal civil de Lyon transmet le jugement rendu le 23 germinal d’après son réquisitoire ordonnant le dépôt au greffe du testament du Major-Général Martin. Son éloge est prononcé à l’Académie par Dugas-Montbel*, le 28 août 1810.

Bibliographie

Jean-Baptiste Dugas-Montbel, Éloge historique de M. Jean-Jacques de Boissieu, lu à la séance publique de l’académie de Lyon, le 28 août 1810 (Lyon : Ballanche, 1810, 55 p). – Alphonse de Boissieu, Catalogue raisonné de l’œuvre de J. J. de Boissieu, Lyon-Paris, 1878. – Alphonse de Boissieu, Notice sur la vie et les œuvres de J. J. de Boissieu, Lyon, 1879. – Audin, Vial. – D. Saint-Pierre, Dict. Ain. – Benezit, qui en fait le Rembrandt français. – M.-L. Blumer, DBF. – Monique Rey, Jean-Jacques de Boissieu et la région lyonnaise, catalogue d’exposition au Musée Gadagne, Lyon 1986. – Marie-Félicie Pérez, L’œuvre gravé de Jean-Jacques de Boissieu 1730-1810, (thèse), Genève : éd. du Tricorne, 1994 (avec mention de 53 autres références). – Louis Trénard, L’œuvre de J. J. de Boissieu, Lyon : Audin, 1955, extrait du BMML, 21 p. et gravures.

Iconographie

Son buste en plâtre par Léopold de Ruolz-Montchal* est donné à l’Académie par l’auteur, le 18 novembre 1836. – Un autre buste en plâtre par Clément Jayet appartient aussi à l’Académie.

Manuscrits

Discours sur la peinture (discours de réception le 18 avril 1780, Ac.Ms185 f°51-55).

Œuvres

J. J. de Boissieu n’a pas laissé d’écrits imprimés. La longue liste de ses eaux-fortes, peintures (peu nombreuses car il ne supportait pas l’odeur de l’essence) et dessins, a été donnée par Audin et Vial, et complétée par Marie Félicie Pérez.