Claude Jourdan est né le 29 prairial an XI [18 juin 1803] à Heyrieux (Isère), fils de Joseph Jourdan et d’Anne Brillier ; témoins à la déclaration du 1er messidor an XI : Antoine Dubessay, huissier, et Louis Alexandre Baumond-Latour.
Il épouse à Tournus (Saône-et-Loire), le 15 octobre 1834, Marie Barrier (Lyon 9 mai 1811-1899), fille de Pierre Barrier négociant à Lyon (1763-1840) et de Benoîte Montader (1779-1861). Ils ont deux fils et une fille : Clément François Victor Gabriel (Lyon 1835-1903), polytechnicien, ingénieur des ponts et chaussées à Lyon, chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire pour les travaux de défense de la ville de Lyon effectués en 1870-1871, marié avec Marguerite Canard ; Claude Gabriel Lucien Albert (Lyon 1840-Gap 1898) général de division du Génie, marié à Marthe Marie Fanny Menand en 1879 ; et Jeanne Françoise Clémentine dite Bénédicte (1847-1939), mariée à Louis Dumont (1841-1905), avocat à Mâcon.
Il suit les études médicales à Montpellier, en particulier les cours de Gabriel Prunelle* auprès duquel il joue le rôle de secrétaire. En 1823 il est interne des hôpitaux et docteur en médecine ; de 1826 à 1829 il est chirurgien des hôpitaux et des hospices civils de Lyon. Il soutient une thèse de doctorat ès sciences naturelles à Grenoble en 1834, intitulée : Dissertation sur le Maki à bourre de Sonnerat, pour lequel il va créer un nouveau genre, Avahi (Avahi laniger, Gmelin 1788).
Grâce à l’appui de Gabriel Prunelle, devenu maire de Lyon, Claude Jourdan est nommé directeur du muséum en 1832. Faisant le bilan des collections, il commence par parcourir l’Angleterre et la France pour les compléter, mais il ne peut que les empiler dans les greniers. En 1833, on lance de grands travaux pour rénover une partie du Palais Saint-Pierre et permettre au muséum de doubler sa surface ; les travaux sont terminés en 1836. Grâce à la générosité de Jean-Claude Fulchiron, président du conseil général, roches et minéraux sont présentés au 1er étage, anatomie comparée et zoologie au 2e étage. Ce second et nouvel étage est inauguré par Chinard en 1837. Le musée occupe un petit bâtiment attenant à l’église, servant de logement et d’atelier à Poortmann, technicien préparateur des collections ; il occupe aussi quelques caves et greniers. Le budget annuel atteint 11 100 francs de 1839 à 1848, et Jourdan a l’autorisation de visiter plusieurs pays d’Europe pour continuer à compléter les collections. Mais, après la révolution de 1848, le budget diminue de 20 % : Jourdan ne s’en préoccupe guère, poursuit ses explorations sur le terrain et abandonne littéralement le musée qui entame un inexorable déclin.
À partir de 1834, Jourdan est professeur de zoologie à la faculté des sciences dont il sera le doyen en 1865 ; il professe aussi l’anatomie comparée à l’école des Beaux-Arts. Il est élu conseiller municipal et conseiller général, mais, en 1869, il est candidat aux élections du Corps législatif : pour n’être point gêné dans sa campagne électorale il démissionne de ses postes de professeur et de directeur du muséum (bel exemple rarement suivi !) ; il ne sera pas élu, mais poursuivra ses recherches en amateur.
Claude Jourdan a beaucoup exploré les terrains du bassin rhodanien dans la région proche de Lyon, et il a récolté de nombreux fossiles, dont ses successeurs profiteront (mais sur lesquels il a relativement peu publié).
Le 28 octobre 1859 il découvre à Lyon, à proximité de la montée de Choulans sur la colline de Fourvière, un squelette complet d’éléphant du groupe des mammouths. Jourdan le décrit sous le nom d’Elephas intermedius pour le différencier des plus récents mammouths laineux. Les ossements furent entreposé dans le sous-sol du palais Saint-Pierre où le squelette resta 13 ans sans traitement, dans l’humidité, jusqu’à ce que l’association des Amis des Sciences, créée par L. Lortet*, successeur de Jourdan, finance en 1872 sa très difficile restauration et son montage. C’est le « mammouth de Choulans », devenu le symbole du muséum [il est aujourd’hui exposé au musée des Confluences].
Chevalier de la Légion d’honneur 6 mai 1839, officier le 9 juin 1865 (LH 1381/46).
Claude Jourdan est mort à Lyon 1er le 12 février 1873 (acte du 13 février) ; signent comme témoins son fils Gabriel et Léon Jandard son neveu (fils de Catherine Barrier et de Jean-François Jandard, docteur en médecine à Lyon).
Ses collections et sa bibliothèque ont été légués au muséum de Lyon.
Le 1er décembre 1835, Jourdan est élu membre titulaire au fauteuil 5, section 2 Sciences. Communications : Rapport sur les travaux et les préparations du docteur F. Thibert, concernant la pathologie et l’histoire naturelle, MEM L, 2, 1846. – Des cestracions [poissons], MEM S, 17, 1869-1870. – Pluies de crapauds, Ibidem. – « Rapport sur le concours régional d’Annecy », AcBULL 1, 1865, p. 150. – « Mémoire sur un grand Félidé », AcBULL 2, 1866, p. 26. – « Nouveaux mammifères voisins de Paradoxus », Gazette Médic. Paris 5, 1837, p. 606.
Bonnel (bibl.) – P. Gervais, Notice sommaire sur Jourdan, 1873. – F. Huguet et B. Noguès, Les professeurs des facultés des lettres et des sciences au xixe siècle (1808-1880), en ligne.
Il existe un portrait de Jourdan, conservé au muséum de Lyon.
On lui attribue à tort une impasse Claude-Jourdan dans le 8e arr. de Lyon [une voie privée s’ouvrant sur l’avenue Général-Frère] : en réalité ce Claude Jourdan est le propriétaire à l’origine du lotissement (cf. M. Vanario, Rues de Lyon à travers les siècles, ELAH, 2002).
Ac.Ms270-221, Document relatif à l’Histoire de l’Académie de Dumas. – Ac.Ms279-1 pièce 44, avec Polinière*, Brachet*, Imbert*, Menoux*, V. de Laprade*, Pravaz*, Grandperret*, Boullée*, Bonnardet*, François*, Bouillier*, Chenavard*, 18 janvier 1847, Rapport sur la proposition de M. Jourdan relative à une modification du règlement. – Ac.Ms279-III pièce 35, avec Fournet*, 4 juillet 1837, Rapport sur les observations de l’abbé Lecateur, missionnaire sur l’île de Grenade. – Ac.Ms279-III, pièce 92, 30 août 1853, Rapport sur la candidature de M. Arlès-Dufour*. – Ac.Ms279-III pièce 136, 18 août 1857, Rapport sur la candidature de M. Perroud* entomologiste distingué. – Ac.Ms279-III pièce 149, Rapport sur la candidature de M. Tisserant*.
Membre de l’Académie d’agriculture.
Hors académie : « Mémoire sur un nouveau genre de Lémurien », 1834. – « Mémoire sur deux mammifères nouveaux de l’Inde », 1837. – « Mémoire sur un rongeur fossile des calcaires d’eau douce du centre de la France », 1837. – « Mémoire sur cinq mammifères nouveaux », 1837. – « Sur la délimitation géologique du bassin du Rhône », procès-verbal dans Ann. Soc. Agric. Lyon 1, 1949, p. 67. – « Sur les terrains récents », procès-verbal dans Ann. Soc. Agric. Lyon 7, 1855, p. 35 et 73. – « Points pliocéniques marins du bassin du Rhône dont les coupes ont été relevées par M. Jourdan », procès-verbal dans Ann. Soc. Agric. Lyon 8, 1856, p. 26. – « Observations sur l’ensemble des couches de graviers que recouvre le lehm dans les environs de Lyon », procès-verbal dans Ann. Soc. Agric. Lyon 1, 1857, p. 39. – « Diverses communications sur les mammifères tertiaires du bassin du Rhône », procès-verbal dans Ann. Soc. Agric. Lyon 3, 1859. – « Observations sur les terrains de l’ancien jardin des plantes de Lyon », procès-verbal dans Ann. Soc. Agric. Lyon 4, 1860, p. 49 et 96. – « Communication sur des mammifères fossiles des environs de Lyon », procès-verbal dans Ann. Soc. Agric. Lyon 5, 1861, p. 43. – « Des terrains sidérolithiques, CRAS 53, 1861, p. 1009-1014. – Note sur l’Elephas intermedius. – Sur les blocs erratiques », procès-verbal dans Ann. Soc. Agric. Lyon 7, 1863, p. 30 ; 9, 1865, p. 44 et 33. – Description de restes fossiles de deux grands mammifères des terrains sidérolithiques, 1866. – Description d’ossements de l’Ormenalurus agilis, 1866. – Note géologique et paléontologique sur une partie de l’Ardèche, Valence : Céas et fils, 1867, 41 p. – « Aperçu géologique et paléontologique sur Vals et ses environs », Bull. Soc. Sc. Natur. Hist. Ardèche, 1867-1868, p. 21.