Charles Fleury Édouard Guironnet de Massas est né à Grenoble le 27 brumaire an VII [17 novembre 1798], fils aîné de Charles Antoine Guironnet Massas (Bozas [Ardèche] 18 janvier 1762-Valence 6 avril 1821), vérificateur de l’enregistrement, et de Marie Françoise Mounier (Grenoble, 9 mars 1771-3 décembre 1839), sur la déclaration de François Mounier (Lalley 1734-Grenoble 1809, grand-père maternel), négociant, assisté des deux témoins ci-après nommés Charles Laurent Joachim Guironnet Massas, ancien receveur de l’enregistrement, oncle paternel de l’enfant, et François Balthazar Mounier fils (né à Grenoble le 28 mars 1761), négociant, oncle maternel de l’enfant. Une mention marginale indique que le jugement rendu le 17 septembre 1851 par le tribunal civil de Lyon, ordonne que la particule de soit placée avant le nom de Massas. Il est par sa mère le neveu de Jean Joseph Mounier (Grenoble 1758-Paris 1806), député du Tiers État aux États-généraux en 1789, qui proposa le Serment du Jeu de paume, qui présida l’assemblée nationale constituante et devint plus tard préfet d’Ille-et-Vilaine (an VIII) et conseiller d’État (an XIII).
Il décède le 22 janvier 1865 au château de Selles-sur-Cher, chez sa nièce Louise (Paris 1841-Sables-d’Olonne 1883), épouse d’Eugène du Moulinet d’Hardemare.
Douanier, philhellène, bonapartiste, il résume sa vie dans sa profession de foi aux électeurs qu’il sollicite à Paris en 1848 : « Placé à vingt ans dans les douanes, je leur donnai mes jours ; mes loisirs, je les consacrai aux lettres. En 1825, quelques poésies sur la Grèce me signalèrent à l’attention publique. La cause des Grecs était alors celle de la liberté. En 1826, M. de Lamartine adressa à Casimir Delavigne une épître sur la liberté. Il la voyait encore au milieu des ombres de 1793. Comme Casimir Delavigne, je répondis à cette épître. Comme les siens, mes vers présentèrent la liberté telle que M. de Lamartine la conçoit et la sert aujourd’hui. En 1827, un ouvrage plus important sortit de ma plume. J’avais vu l’Empereur revenir de l’île d’Elbe. Ce souvenir me dicta le poème des Cent-Jours et Sainte-Hélène, poème qui depuis a été réimprimé sous le titre des Derniers jours de l’Empire. Cet ouvrage m’ouvrit les portes de l’académie de Lyon. De 1828 à 1829, plusieurs satires politiques, écrites et publiées par moi, me donnèrent dans les rangs de la littérature opposante, une place plus nette et plus avancée. MM. Méry et Barthélemy m’y rencontrèrent parmi leurs émules. Par suite de ces publications, je crus devoir me séparer des douanes. La révolution de 1830 me trompa comme elle trompa toute la France. […] Je n’ai jamais compté au nombre des habiles. La seule position que j’aie véritablement ambitionnée, c’est celle de représentant du peuple. Entre elle et moi, le maintien de l’inique et immorale institution du cens électoral maintenait une infranchissable barrière. Je fus heureux de rentrer dans les douanes. En 1832, cette administration me nomma vérificateur au Havre. Cet emploi était laborieux ; je ne pus cependant renoncer à mes goûts d’écrivain. Je devins publiciste, et, sous le titre d’Archives du Havre, fondai une revue mensuelle où une foule de questions commerciales, d’économie politique, de politique même furent traitées… Une grande cause d’intérêt public m’avait surtout occupé : c’était celle de l’agrandissement et de la défense du port du Havre. En 1838, une pétition rédigée par moi sur ce sujet, fut couverte de plus de 1500 signatures, et je fus choisi pour la présenter au chef du gouvernement d’alors… » (Adolphe Rochas). La carrière douanière de Massas le conduit à Lyon, puis à Nantes fin 1827, au Havre et enfin à Paris. Il s’essaye au théâtre en 1845 avec Ivanhoé. En 1848, il n’est pas élu et se signale par une propagande assez active en faveur de Louis-Napoléon. On a de lui en 1848 un prospectus pour un Journal du 5e arrondissement. Retraité des douanes, il publie des ouvrages d’halieutique, édite et rédige en grande partie pendant un an le journal La Campagne, et dépose le 26 février 1852 un brevet pour des cannes à pêche rubanées pour les renforcer.
Le concours de l’Académie pour 1824 avait pour sujet le siège de Lyon. Aucun des poèmes envoyés, dont l’un par Massas, ne parut digne d’être couronné, et le prix fut renvoyé à 1825. Massas, dépité, en appela au jugement du public et publia son envoi : Le siège de Lyon et poésies diverses. Le 8 mai 1827, Torombert* remet à l’académie la lettre de candidature de Charles Massas, accompagnée de ses poèmes Les Cent-Jours et Sainte-Hélène. Il est chargé avec Trélis* et Dugas-Montbel* d’instruire cette demande. Le 29 mai, sur le rapport très élogieux de Trélis, Massas est inscrit sur la liste des candidats. Lors de la séance d’élections du 28 août, trois tours de scrutin ne départagent pas Rieussec* et Massas. Les élections sont renvoyées à décembre. Le 4 décembre 1827, Massas est élu titulaire. Mais le 29 janvier 1828, « M. Charles Massas, nouvellement nommé académicien ordinaire annonce par une lettre, en date du 22 de ce mois, qu’il éprouve les plus vifs regrets d’être obligé de quitter cette ville pour aller à Nantes remplir un emploi administratif dans les douanes. Il exprime sa reconnaissance pour les suffrages dont il avait été l’objet et il ajoute : “Jeune encore, et dès mes débuts, j’avais dirigé contre l’académie de Lyon les traits d’une critique injuste et irréfléchie et cette société si distinguée ne m’en a puni qu’en m’appelant dans son sein”. M. Massas a trouvé dans cette conduite le sujet d’un discours qu’il doit adresser incessamment à l’académie. Il demande à être inscrit sur la liste des correspondants. Ce qui a eu lieu sur le champ, suivant l’article 25 des règlements ».
Membre de la Société littéraire de Lyon de 1824 à 1828. Interventions : Discours d’installation en vers (20 juillet 1824), paru Tablettes historiques, 25 juillet 1824 ; Poème sur le siège de Lyon (12 août 1824), paru Journal du Commerce, 18 août 1824, et Tablettes historiques, p. 333-334 ; Deux pièces de vers (26 août 1826), parues Gazette, 28 août 1824 ; Stances sur la mort de Molard (14 avril 1825), parues Tablettes historiques, 20 avril 1825, p. 497 ; Épisode de la bataille de Waterloo (1er décembre 1825), paru Éclaireur du Rhône, 3 décembre 1825 ; suite, 15 décembre 1825.
GDU Larousse. – Adolphe Rochas, Biographie du Dauphiné, 1860.
Portrait (buste) en tête du Manuel du pêcheur à la mouche artificielle et du pêcheur à toutes lignes, Paris : Dussacq, 1852, 200 p., ou Le pêcheur à la mouche artificielle et le pêcheur à toutes lignes, Paris : Garnier, 1859, 280 p.
Lettres : Ac.Ms275-III f°436 ; Ac.Ms275-IV f°123,26-1-1827 ; Ac.Ms275 IV-f°141, 7 mai 1827; Ac.Ms275-IV f°254, 22 janvier 1828.
Deux odes sur la Grèce, suivies de vers à M. de Lamartine, au sujet de sa lettre à Casimir Delavigne, insérée dans les derniers journaux, Lyon : Faverio et Paris : Ponthieu, 1824, 36 p. – Un Français aux mânes de lord Byron, Paris : Ponthieu, 1824, 16 p. – Le siège de Lyon et poésies diverses, Paris : Ladvocat, 1824, 220 p. – La Grèce moderne messénienne, Lyon : Faverio et Chambet, 1826, 15 p. – La fondation de l’académie provinciale, poème, Paris et Lyon : Baron, 1826, 16 p. – « Lettre à Mr Charles Durand » (après sa critique de la Fondation de l’Académie provinciale), Le Précurseur, n° 365, 15 décembre 1826. – Les Cent-Jours. Sainte-Hélène, Paris : Dupont, 1827. – Les derniers jours de l’Empire, poème en 4 chants : L’île d’Elbe, Le retour, Waterloo, Sainte-Hélène, suivis de notes historiques et de poésies diverses ; Souvenirs de 1816 à 1830, Paris : Schwartz et Gayot, 1842, 303 p. portr. ; 4e éd., Paris : Brière, 1848. – Poésies lyriques sur la guerre et l’affranchissement de la Grèce, suivies du prospectus d’un poème héroïque sur la gloire des armées françaises, Paris : Dupont, 1828, 51 p. – Le diable philosophe, ou adieux aux Jésuites (en vers), Nantes : S. Coffinhal, 1828, 16 p. – Épître à la Gazette de France, Nantes : Vict. Mangin, 1828, 16 p. – Méditation de M. de Martignac devant la baleine, recueillie et publiée par M. de Veau-Marin [Charles de Massas], Paris : Levavasseur, 1829,16 p. – Le Commis-Poète ou mes adieux aux douanes, Paris : Bigl, 1829, 15 p. – Archives du Havre, recueil commercial et littéraire, Le Havre : Faure, 1er numéro mai 1837, puis Archives du Havre et de Normandie jusqu’à fin 1840. – Études sur Le Havre, ou examen des divers systèmes proposés pour l’extension de ce port en 1838, Le Havre : Fauré, 1838, 28 p. – De l’agrandissement du port du Havre, Paris : Cosson, 1841, 16 p. – Histoire des projets pour l’agrandissement, les fortifications et la rade du Havre depuis l’année 1837, Paris : Dumaine, 1846, 36 p., 1feuille de plans. – Aux électeurs du département de la Seine. Ma vie et mes pensées par Charles de Massas, auteur du poème : Les derniers jours de l’Empire, et de l’Histoire des projets pour l’agrandissement et la défense du Havre, candidat pour l’Assemblée nationale, Paris : Lacombe, 4 p. – L’Examen, revue politique, sociale, administrative et littéraire Lacombe, 4 numéros de 4 p., 28 mai, 3, 10 et 17 juin 1848, rédacteur en chef : De Massas. – La magie d’un nom. Vingt cinq jours de la vie d’un grand homme. Île d’Elbe, 25 février, Placard Nap. : Chaix, 1848, extrait de son poème Les derniers jours de l’Empire, signé A-T. d’Esquiron de Saint-Aignan [pseudonyme]. – Le banc de douleur ou Revue des principales candidatures pour la présidence de la République, Paris : T. Lévy, 2 p., signé M…s. – Louis-Napoléon et ses concurrents, dernier examen des candidatures pour la présidence de la République, signé Ed. Fleury M…s, Paris : Chaix, 1848, 2 p. – Aux électeurs du département de la Seine. Coup d’œil sur la République depuis sa fondation, par Charles de Massas, candidat pour l’Assemblée législative, Paris : Chaix, 5 mai 1849. – Ivanhoé, drame en 5 actes et 8 tableaux, tiré du roman de Walter Scott, représenté au théâtre des Batignolles le 22 février 1851, Paris : Tresse, 1851, 116 p. – Manuel du pêcheur à la mouche artificielle et du pêcheur à toutes lignes, Paris : Dussacq, 1852, 200 p. ; 2e éd., Le pêcheur à la mouche artificielle et le pêcheur à toutes lignes, Paris : Garnier, 1859, 280 p., portr. – Journal des Pêcheurs devenu La Campagne, 12 livraisons octobre 1859-septembre 1860, Paris : Aumont. – Des règlements sur la pêche à la ligne en France, Paris : Albessard et Bérard, 1862, 36 p. – Au Sénat, pétition présentée dans le but d’obtenir des modifications dans la loi qui régit la pêche fluviale, Paris : Dupray de la Mahérie, 1863, 12 p. – Études sur la seconde république et le second empire 1re partie, Souvenirs de 1848, Paris : Dentu, 1864, 47 p. – Mes Chéries, chants de famille, Paris : Dubuisson, 1864, 4 p.