Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

PELLOUX Pierre (1903-1975)

par Isabelle Collon.

 La famille Pelloux est une ancienne famille de maîtres de poste et d’aubergistes de La Mure (Isère). Vers 1854, Antoine Pelloux (1803-7 mars 1858) s’est associé à Jean Perret pour reprendre une petite fabrique de chaux et plâtre au lieu-dit les Ayes. Son fils Antoine Pierre François (1825-6 avril 1884), maître d’hôtel, gère l’hôtel Pelloux à La Mure, avec son épouse Angèle Berthier. Le 31 mars 1868, il prend la concession d’une carrière à Pont-du-Prêtre (appelé autrefois Pont des Ayes), pour fabriquer du ciment naturel. Il a 6 garçons et deux filles. Le cadet, Georges, reste hôtelier, les autres se consacrent au ciment dans la Société des Ciments Portland de Valbonnais, Pelloux, Père, Fils et Cie, devenu en 1912 Société anonyme des ciments Pelloux : Antoine (décédé le 11 août 1894), Joseph Paul Augustin (né 30 juin 1853), Joseph Casimir (né le 18 octobre 1854), Jean-Baptiste (né le 1er février 1864), ingénieur qui devient président de la chambre de commerce de Grenoble et Maurice, né à La Mure le 11 juin 1867. Le troisième fils de Maurice est Pierre, né à La Mure le 9 décembre 1903, rue des Fossés à l’hôtel Pelloux. Il fait ses études primaires et secondaires à La Mure. Dès le collège, son professeur Victor Miard (1893-1971), illustrateur, philatéliste et collectionneur sous le nom de Draim, qui sera également le mentor du sculpteur, graveur et médailleur Abel Chétien (La Mure 1919-Antibes 1972)] remarque ses dispositions pour le dessin et l’incite à poursuivre dans cette discipline. En 1919, Maurice, comme deux de ses frères, quitte la cimenterie, qui fermera en décembre 1938. Seul reste Augustin, président du conseil d’administration jusqu’en 1928. Maurice s’installe à Saint-Fons où il prend la direction d’une entreprise de transport. En octobre 1920, Pierre s’inscrit à l’école des beaux-arts de Lyon, installée à cette époque au Palais Saint-Pierre. Il suit les cours d’Auguste Morisot et d’Henri Focillon, alors conservateur du Musée Saint-Pierre. Il sort diplômé de l’école en 1925.

 Dès 1926, il expose au Salon d’Automne de Lyon et, en 1927, au Salon du Sud-Est et à la galerie Folklore de Marcel Michaud. En 1928, il devient sociétaire du Salon du Sud-Est. Cette même année, il fait son premier voyage en Italie avec le peintre René Besset, et découvre à Arezzo les fresques de Piero della Francesca dont le hiératisme et le silence vont marquer son style pictural. Il admire aussi beaucoup Paolo Ucello.

 De 1929 à 1930, il fait son service militaire comme sergent-infirmier à Casablanca et à Rabat.

 En 1931, il participe à la première manifestation du groupe « les Nouveaux » fondé par Marc Aynard aux côtés de Jean Couty*, Henri Vieilly, Carlotti, Besset, et Eugène Bloch. Ils exposent ensemble à la galerie Saint-Pierre. De plus, il participe avec Henri Vieilly à Paris à la peinture murale de Ducos de la Haille pour le musée des Colonies.

 En 1933, à la mort de son père, il est contraint de réduire son activité artistique pour s’occuper de l’affaire familiale de transports jusqu’en 1945.

 En 1937, il participe au décor du pavillon lyonnais pour l’exposition de 1937, avec Antoine Chartres et Henri Vieilly.

 Il épouse Constance Attavay à Morestel en 1945. Le couple aura deux enfants : Jean-Pierre né en 1946, et Jacqueline en 1951.

 Depuis 1943, il enseigne au cours de dessin de la ville rue Tronchet jusqu’en 1973 et donne également des cours du soir à l’Hôpital du Vinatier dans un atelier d’ergothérapeute (ou d’art-thérapeute), puis à Saint-Jean-de-Dieu. Le professeur Henri Maldiney (1912-2013), titulaire à Lyon de la chaire Philosophie générale, d’Anthropologie phénoménologique et d’esthétique, croit aux vertus apaisantes et tonifiantes de Pierre Pelloux.

 Pelloux est professeur suppléant à l’école des beaux-arts de Lyon en 1944, titulaire de 1946 à 1949, date à laquelle il reprend son activité de dessinateur en soierie, notamment au bénéfice des soieries Brochier. Il peint essentiellement des paysages, des natures mortes, et quelques portraits où le hiératisme, le synthétisme formel, un certain primitivisme caractérisent son style, mais avec une grande pudeur, un silence original, une austérité archaïsante.

 Soutenu par le critique d’art, René Deroudille (1911-1992), il a beaucoup exposé à la galerie Malaval, au Salon du Sud Est (de 1927 à 1973), à la Maison Ravier à Morestel, à la galerie Troncy, à la galerie Bellecour, à Folklore (de 1925 à 1964), chez Alphonse Chave à Vence, à Arles, Chambéry…

 Chevalier des Arts et Lettres en 1968.

 Atteint d’un cancer de la gorge, il meurt à Lyon le 26 octobre 1975 au Centre Léon Bérard.

 Ses élèves, les peintres Jean Janoir, Pierre Jacquemon, Armand Avril, Henri Ughetto, Régis Bernard, Elena Brugo ont tous témoigné de ses qualités de peintre et d’enseignant.


Académie

Titulaire le 6 juin 1972 au fauteuil 3, section 4 Lettres, précédemment occupé par Louis Charrat*. Sous la présidence du doyen Latreille, il prononce son discours de réception le 12 décembre 1972 : De l’imaginaire à la poésie dans l’art et de ce qui nous touche particulièrement (MEM 1975).

Bibliographie

René Deroudille, « Pierre Pelloux, peintre de la lumière », Lyon pharmaceutique, 1972, 23, 5, p. 633-642. – René Deroudille, Pierre Pelloux mon ami, préface du catalogue de l’exposition à la Maison de Lyon en 1975. – Pierre Pelloux, 1903-1975, [exposition], Musée des beaux-arts, Lyon : Le Musée, 1981, 33 p. – Pierre Pelloux 20 ans après, catalogue du Salon du Sud Est, 1995. – Catalogue de la rétrospective Pelloux à Hauterives en 2000. – Danielle Stéphane, Pierre Pelloux, homme de l’ombre, Paris : Thalia, 2007, 141 p.

Iconographie

Jean-Jacques Lerrant lui a consacré un film en 1973, sur FR3.

Un square Pierre-Pelloux a été inauguré à Lyon 3e, près de l’église arménienne. À La Mure, une plaque a été apposée le 11 juin 1977 sur sa maison natale, rue des Fossés.

Œuvres

Il a laissé de nombreux tableaux de chevalet de natures mortes et de paysages, la fresque exécutée à Paris au musée des Arts africains et océaniens pour l’exposition coloniale de 1931, Les illuminations du 8 décembre à la brasserie des Archers à Lyon (1961), rénovée après sinistre.