Né le 29 avril 1901, 16 quai de la Guillotière (act. quai Victor-Augagneur), André Auguste Latreille est le fils de Camille Latreille* et de Cécile Julie Burle. Orienté vers des études littéraires, il obtient sa licence en 1921, est reçu à l’agrégation d’histoire et géographie en 1923. Il enseigne au lycée Blaise-Pascal de Clermont-Ferrand (1924-1926), puis au lycée Thiers à Marseille (1926-1928) et enfin au lycée Ampère de Lyon. En 1935, il soutient à la Sorbonne sa thèse sur Napoléon et le Saint-Siège, 1801-1808, qui lui vaut un prix de l’Académie française (5 000 francs). Il est nommé maître de conférences en Histoire contemporaine à la faculté des lettres de Poitiers (1937-1944).
Devenu membre du Comité de libération du département de la Vienne en août 1944, le général De Gaulle le nomme au mois de novembre directeur des cultes au ministère de l’Intérieur du gouvernement provisoire où, avec le nonce Mgr Roncalli (futur pape Jean XXIII), il doit régler le problème des évêques qui ont collaboré avec le régime de Vichy. L’année suivante (août 1945), il obtient la chaire d’Histoire moderne de la faculté des lettres de Lyon, dont il est doyen de 1956 à 1959, chaire qu’il va conserver jusqu’à sa retraite en 1971. Mais son activité ne s’est pas limitée à la faculté de Lyon : il donne des cours aux instituts d’études politiques de Paris, Lyon, et Grenoble ; pendant cinq mois (octobre 1947-février 1948), il met en place l’enseignement de l’Histoire à l’université Laval de Québec, où il retournera en 1950, 1957 et 1960 ; il se rend aussi à Beyrouth et à Tananarive. Il est à l’origine de l’université de Saint-Étienne, où il a créé le département d’Histoire. Il a été, de 1945 à 1974, membre du Comité consultatif des Universités (CCU). À la demande de son ami Hubert Beuve-Méry, de septembre 1945 à novembre 1972, il assure une chronique de critique historique dans le journal Le Monde (au total, 336 chroniques). En 1947 la publication de son ouvrage L’Église catholique et la Révolution française lui vaut le grand prix Gobert de l’Académie française (9 000 francs). Il fonde en 1956 Les Cahiers d’histoire, et en 1962 le Centre régional interuniversitaire d’Histoire religieuse (devenu après sa mort le Centre André-Latreille). Catholique convaincu, il est impliqué très jeune dans la Chronique Sociale, et il est membre du Centre catholique des intellectuels français (CCIF, 1941-1977), du Cercle Tocqueville, et de la Paroisse Universitaire (association des chrétiens de l’Enseignement public).
Officier de la Légion d’honneur, commandeur de l’Ordre des Palmes académiques, membre correspondant de l’Institut de France (Académie des sciences morales et politiques), commandeur de l’Ordre de Saint-Grégoire-le-Grand, et docteur honoris causa de l’université Laval (Québec).
André Latreille épouse, le 11 septembre 1924 à Lyon 3e, Suzanne Jeanne Marie Ruplinger (Lyon 2e 24 janvier 1901-18 rue Pierre-Dupont, Lyon 1er 20 mars 1991), fille de Jean Ruplinger, professeur honoraire d’allemand à l’université de Lyon, et de Marie Adélaïde Pascalin. Dès le 28 juillet 1914, alors âgée seulement de 13 ans, et jusqu’au 30 mai 1918, Suzanne Ruplinger a tenu des cahiers sur la guerre où elle a perdu ses frères, André (le 20 août 1914) et Henry (en mars 1915) ; ces carnets ont été publiés en ligne sur internet. De cette union sont nés dix enfants, dont les trois aînés sont Jean, prêtre (Chamalières 10 février 1926-Neuville 19 juillet 2015) ; Marie-Louise, épouse d’Alain Rostagnat, tous les deux professeurs d’histoire ; Geneviève, universitaire très engagée dans la sociologie et la psychologie sociale (son nom a été donné à l’amphithéâtre du campus universitaire de Bron-Parilly de l’université Lumière Lyon-2, où elle a enseigné). La famille a habité 6 rue Jacquard, puis 18 rue Pierre-Dupont.
André Latreille est décédé le 25 juillet 1984 à Neuville-sur-Saône, dans la propriété familiale des Ruplinger, 4 chemin de Parenty. Après une cérémonie dans l’église Notre-Dame de l’Assomption de Neuville-sur-Saône, il a été inhumé dans le caveau familial du cimetière de cette commune. Le nom d’André Latreille a été donné à une salle polyvalente, 23 rue de Bourgogne, Lyon 9e. Le Centre André-Latreille conserve un fonds d’archives le concernant.
André Latreille a posé sa candidature le 20 février 1949, et il a été élu le 14 juin après un rapport de Jean Tricou* présenté le 31 mai, au fauteuil 1, section 2 Lettres. Il a prononcé son discours de réception le 6 février 1950 : Un Primat des Gaules, le cardinal Fesch grand aumônier de l’Empire. Le 1er avril 1952, il livre ses Impressions canadiennes ; le 4 mai 1959, Les jésuites à Lyon sous Louis XIV, et la même année L’ouvrage du R.P. Guitton sur le P. Lachaise. Mais c’est après sa retraite qu’il consacre du temps à l’Académie, dont il est président en 1974-1975. Communications (dont ne sont publiés que des résumés) : La réforme des études littéraires dans l’enseignement supérieur, 1971 ; Les dernières années de Montalembert, 1971 ; Autour du centenaire de Pauline Jaricot, 1971 ; Impressions de Madagascar, 1971 ; Un archevêque de Lyon oublié : le cardinal Fesch, 1975 ; Pourquoi réécrit-on constamment l’histoire ?, 1975 ; La société en miettes, 1975 ; André-Marie Ampère, l’homme, la pensée, l’influence, 1977 ; Napoléon, pour ou contre ? , 1977. Son éloge funèbre a été prononcé par Henri Hours*.
André Latreille est entré à l’Académie des Pierres plantées en 1951, sous le pseudonyme de Le Guste Plantevigne (discours de réception le 21 juin).
G. Corneloup, DHL. – T. de Morembert, DBF. – Marcel Pacaut*, Jacques Gadille, Jean-Marie Mayeur et Hubert Beuve-Méry, Préface des Mélanges offerts à M. le doyen André Latreille, Lyon : Audin, 1972, 624 p.
Napoléon et le Saint-Siège, 1801-1808, thèse de doctorat, Paris : Félix Alcan, 1935. – Le catéchisme impérial de 1806, Paris : Belles Lettres, 1935. – « Le destin des races blanches », Chronique sociale de France, avril 1936, p. 270‑280. – Comment s’est formée la France, Paris : PUF, 1942. – L’explication des textes historiques, Paris : Hachette, 1943. – L’Église catholique et la Révolution française, Paris : Hachette, 1946 ; Cerf, 1950. – Avec Édouard Perroy et Roger Doucet, Histoire de la France pour tous les Français, Paris : Hachette, 1950. – Avec André Siegfried, Les forces religieuses et la vie politique, Paris : Armand Colin, 1951. – Avec A. Kleinclausz, Histoire de Lyon, Lyon : Masson, 1952. – Avec E. Delaruelle, J.-R. Palanque et René Rémond Histoire du catholicisme en France, Paris : Spes, 1957-1964, 3 vol. – « L’Église catholique et la laïcité », La Laïcité, Paris : PUF, 1960. – La Seconde Guerre mondiale, 1939-1945 : essai d’analyse, Paris : Hachette, 1966. – Avec J. Gadille, Catholicisme et liberté : correspondance inédite de Charles de Montalembert 1852-1870, Paris : Cerf, 1970. – L’Ère Napoléonienne, Paris : Armand Colin, 1974. – Histoire de Lyon et du Lyonnais, avec Richard Gascon et al., Toulouse : Privat, 1975. – De Gaulle, la Libération et l’Église catholique, préface par H. Beuve-Méry, Paris : Cerf, 1978.