Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

JARS Gabriel, dit l’aîné (1729-1808)

par Louis David.

 Au début du xviiie siècle, Gabriel Jars avait épousé Jeanne Marie Valioud (vers 1695-Lyon Saint-Paul 23 mai 1770). Ils eurent six enfants, trois garçons et trois filles : les fils portaient tous le prénom de leur père, Gabriel. Le premier, Antoine Gabriel (Lyon Saint-Pierre Saint-Saturnin 20 décembre 1728-Chessy [Rhône] 19 août 1796) s’occupait de la pratique aux mines et aux ateliers de Chessy et de Sain-Bel ; le deuxième était Gabriel, dit l’aîné bien que né l’année suivante (Lyon Saint-Pierre et Saint-Saturnin 17 décembre 1729) ; le troisième, Gabriel le jeune (Lyon Saint-Pierre Saint-Saturnin le 26 janvier 1732-Clermont 20 août 1769), était intéressé par la mine, mais passionné par la métallurgie, et sera le plus illustre de la fratrie. Gabriel le père était devenu, avec le financier Perron, propriétaire des mines de Chessy ; en 1746, il s’associe avec Dominique Blanchet, le propriétaire des mines de Sain-Bel ; en 1748 il construit l’usine de cuivre de Chessy et habite le château de Baronat près du village.

 Gabriel Jars le jeune, élève de l’école des Ponts et chaussées, voyagea beaucoup à travers toute l’Europe ; en 1766, il effectue son ultime voyage en compagnie de son frère Gabriel l’aîné en Allemagne, Belgique et Scandinavie. De retour à Paris, il est envoyé en mission dans l’est puis le centre de la France : en étudiant les coulées basaltiques de Langeac, il est frappé d’insolation et mourra en août 1769 dans le Puy-de-Dôme, à 37 ans.

 Gabriel l’aîné voua alors à son cadet un véritable culte et se donna pour mission de publier ses relations de voyages : elles seront éditées en 1774 sous le titre Voyages métallurgiques, en trois volumes. Quant aux mines du Lyonnais, il poussa leur exploitation avec le souci de ne jamais s’enfoncer dans la routine, mais de chercher constamment des perfectionnements ; les mines de Chessy et de Sain-Bel occupaient entre 180 et 200 personnes pour produire 150 tonnes de cuivre par an ; avec la Révolution, le cuivre sera réservé à l’artillerie. Les mines vont ensuite connaître une période difficile jusqu’à la découverte des filons de cuivre bleu carbonaté, mais Gabriel Jars l’aîné meurt le 2 octobre 1808 à Écully, dans la propriété de la famille.

 Il avait épousé Thérèse Baréty (La Piarre [Hautes-Alpes] 1er février 1751-Écully 3 février 1838, inhumée au cimetière Montmartre) à Notre-Dame-de-la-Platière le 21 novembre 1770. Leur fils Antoine Gabriel (Lyon Saint-Paul 9 janvier 1774-Paris 1857) sera plus un politique qu’un mineur : polytechnicien, capitaine du Génie en 1796, il se retire à Écully en 1810, mais il est nommé maire de Lyon par Napoléon le 20 avril 1815, pendant les Cent-Jours ; il assumera cette charge durant 86 jours, jusqu’à sa démission le 17 juillet ; après une éclipse assez longue, il sera élu conseiller général, député de 1827 à 1843, et sera pair de France. Les mines, qui étaient devenues propriété de la famille Perret, connaîtront un nouvel essor grâce à l’exploitation du soufre.


Académie

Gabriel l’aîné est élu le 9 mai 1775, après avoir été associé le 6 février 1770 sous le nom de Jars le cadet [sic], après la mort de son frère.

Le 5 septembre 1770, il est nommé à l’Académie des sciences correspondant de Fougeroux de Bondaroy, puis en 1790 de Guillot-Duhamel. Le 28 novembre 1803, il devient membre correspondant de la section minéralogie.

Son frère, Jars le jeune, est associé de l’académie de Lyon le 5 juillet 1764 ; à l’Académie des sciences, il est élu correspondant de Hellot le 10 janvier 1761, puis titulaire comme adjoint chimiste le 18 mai 1768 ; il est aussi correspondant de la Société royale de Londres pour l’encouragement des arts et du commerce (Bollioud, p. 285).

Bibliographie

Michaud. – Bollioud, p. 249. – C.H. Schlütter, traduit, augmenté et publié par J. Hellot, De la fonte des mines, des fonderies, etc., Paris : Pissot, Hérissant, 1, 1750, 412 p. ; 2, 1753, 773 p. – Jean Dupaquier, « Gabriel Jars en Bourgogne », Le Bien Public, 17 septembre 1968. – A. Chermette, « La famille Jars et sa contribution à l’exploitation des mines lyonnaises au xviiie et au xixe siècle », Bull. mensuel Soc. Linn. Lyon, 50e année, n° 5, 1981, p. I-XI. – A. Chermette, Minéraux, mines et minéralogistes lyonnais au 19e siècle, Lyon : ELAH, 1993, p. 42-47.

Manuscrits

Ils sont relativement nombreux et nous avons seulement retenu les plus importants. Observations sur la circulation de l’air dans les mines, moyens qu’il faut employer pour l’y maintenir, Ac.Ms214 f°96-102 + 2 pl., 27 mai 1766 ; observations servant de suite à un mémoire sur la circulation de l’air […], f°106-110. – Manière de préparer le charbon minéral […] pour le substituer au charbon de bois dans les travaux métallurgiques mise en usage dans les mines de Sainbel […], Ac.Ms120 f°135-141, 30 janvier 1770. – Méthode avantageuse de griller les mines de cuivre nouvellement mise en pratique aux mines de Chessy en Lionnois, Ac.Ms120 f°41-53 + 3 pl, 1776. – Notice historique de toutes les mines qui sont connues dans le Lyonnois, le Forêt et le Beaujolois avec l’indication des lieux où elles se trouvent […] , Ac.Ms120 f°116-128, 1782. – Mémoire sur l’exploitation des mines de charbon de Rive-de-Gier, Ac.Ms120 f°54, 1785. – Mémoire sur les filons ou veines minérales, Ac.Ms214 f°76-95, 1786. – Observations générales sur quelques parties du commerce de la Hollande, sur ses fabriques et ses manufactures, Ac.Ms187 f°2-15, 1787. – Essai de métallurgie pour servir de suite au mémoire que j’ai présenté […] [Ms120 f°41, 1776], Ac.Ms120 f°82-96, 1789. – Rapport de MM Gavinet, Jars et Le Camus au sujet des pièces dorées à la manière anglaise présentées à l’académie, Ac Ms182 f°31-33, 1781.

Jars a laissé aussi des manuscrits à la société d’Agriculture de Lyon : Notice sur la mine de houille de Montrond, près Givors. – Mines de plomb entre Givors et Condrieu, Juliénas, Joux, Tarare, Chambost, Brussieu, Senevier, La Tour, Paule, Létra, Proprières, Chasselay, etc. (reproduit par Gobet).

Aux ARN, Ministère Industrie, rapports Mines, Ms : État des mines exploitées dans la généralité de Lyon, 1790.

Aux AAS, dossier Jars l’aîné : correspondance avec Jussieu ; correspondance du xxe siècle entre l’archiviste, les descendants de Jars, Alexis Chermette* et des chercheurs ; pochettes des séances : Rapport de Courtivron et Sage sur la Méthode avantageuse de griller les mines de cuivre pauvres…, 12 avril 1777.

Publications

Il faut prendre garde que de nombreuses études ou biographies confondent les travaux du père et des trois fils. En outre, ceux des deux frères (l’aîné et le jeune) étant inséparables, on trouve souvent des renseignements sur ceux de l’un dans les dossiers de l’autre (par exemple à l’Académie des sciences).

Jars l’aîné et le jeune, Mémoire sur le charbon de terre dessoufré [...], s.l., s.n., s.d. [1777], 16 p. (cote Bibl. Institut, 4° Rec. HR1 [t. XI, n° 6]) [présenté le 24 janvier 1770] – Jars l’aîné et le jeune, « Mémoire sur les mines de Norwège », Mém. Savants étrangers (Académie des sciences) 9, 1780, p. 451-469 [présenté en 1772]. – Voir aussi Duhamel du Monceau, L’Art du charbonnier, p. 6-13. – Voyages métallurgiques ou recherches et observations sur les mines [...] par Gabriel Jars le jeune, publié par Gabriel l’aîné sous privilège de l’Académie des sciences, 3 volumes : 1) Lyon : G. Regnault 1774, préface p. VII-XX + éloge de M. Jars [le jeune] par Granjean de Fouchy XXI-XXVIII + table XXIX-XXXVII + 352 p. + explication des figures p. 353-363 : 10 pl. + jurisprudence en Belgique, Suède p. 371-416 ; 2) Paris : L. Cellot 1780, préface p. I-XXI + table XXII-XXVIII + 573 p. + explication des figures p. 574-612 : 28 pl. 3) Paris : P. F. Didot, L. Cellot 1781, 614 p. + jurisprudence Saxe et autres.

L’ouvrage de Gobet sur Les anciens minéralogistes du royaume de France comprend un court mémoire de Jars sur les mines de la région lyonnaise, complément de celui de Blumenstein*, qui reproduit un manuscrit conservé à la société d’Agriculture.