Étienne François, dit Étienne-Félix, Berlioux est né le 22 septembre 1828 à Bourg-d’Oisans (Isère), fils d’Étienne Berlioux, boulanger, et de Louise Gaston. Par la suite, il est toujours désigné comme Étienne Félix ; à l’état civil : décédé, célibataire, des suites d’un accident de voiture, le 2 juin 1910 Lyon 6e, 2 rue Cuvier ; dans les autres actes officiels, ainsi : « Étienne Félix Berlioux, chargé de cours d’histoire au lycée de Bourg est nommé agrégé des lycées dans l’ordre de l’histoire et de la géographie le 15 septembre 1863 » ; ou encore dans ses publications.
Élevé au petit séminaire du Rondeau à Grenoble, il incline d’abord vers une carrière sacerdotale, mais, sans abandonner ses convictions reli-gieuses, il se tourne vers l’enseignement. D’abord précepteur dans une famille, il est ensuite répétiteur, puis professeur d’histoire aux lycées de Gap, de Digne, de Bourg, de Troyes, et enfin au lycée de Lyon en 1865, ayant passé une licence ès lettres, puis l’agrégation en 1863. Il obtient son doctorat en 1874 : thèse latine sur La géographie de Ptolémée, et thèse française sur André Brue, directeur sous Louis XIV de la Compagnie du Sénégal. Il est chargé de cours complémentaire de géographie à la faculté des lettres de Lyon en novembre 1874, puis est nommé professeur de géographie à cette faculté en 1876, poste qu’il occupe jusqu’à sa retraite en 1888. Il est très marqué par la défaite de 1870, due, entre autres causes, à la supériorité de l’enseignement en Allemagne. La municipalité lyonnaise partage ces vues et institue en 1871 des cours du soir gratuits. Berlioux y est nommé titulaire de la chaire de géographie où il obtient un succès considérable, et il remplit la salle mise à sa disposition. Dans son exposé de géographie physique, il veut rendre plus scientifique un enseignement de la géographie qui lui paraît indispensable aux officiers, et s’attache à l’étude du relief, de la topographie. Il édite à cet effet une carte de France au 1/1 000 000e, en courbes de niveau, plus pédagogique que la carte d’état-major en hachures, découpée en 20 planches. En 1880, il applique sa méthode dans un ouvrage consacré au Jura, précurseur des travaux de géographie régionale. En 1888, pour éliminer un professeur populaire dont l’indépendance d’esprit et les convictions religieuses déplaisent, la municipalité supprime tous les cours municipaux, pour les rétablir en 1889 à l’exception de la chaire de géographie ! Berlioux fait preuve d’un grand talent, d’une part pour interpréter les textes des auteurs anciens et faire apparaître leurs connaissances des terres africaines en cours d’exploration, d’autre part pour faire la synthèse des informations rapportées dans les récits des nombreux voyageurs modernes, missionnaires, militaires et explorateurs. Ses écrits sur les conséquences effroyables de la poursuite de la traite négrière en Afrique, en direction du Moyen Orient, ont un retentissement jusqu’en Angleterre et contribuent à justifier l’expansion coloniale. Ses textes sur les Atlantes ont un écho prolongé jusqu’au roman de Pierre Benoît en 1919, qui cite à plusieurs reprises son nom dans les auteurs ayant traité de l’Atlantide.
Berlioux fait partie de plusieurs sociétés savantes. Le 5 mars 1874, il participe à l’assemblée générale des sociétaires-fondateurs de la Société de géographie de Lyon, et il prononce le 22 mars 1874 au Palais des Arts la première conférence organisée par cette société avec pour thème : La géographie en 1874. Il est vice-président de la Société en 1875. La même année, il participe à la création de la section lyonnaise du Club alpin. Il est membre de la Société d’économie politique de Lyon, où il fait le 24 janvier 1881, une conférence sur Les voies de communications et les relations commerciales ouvertes entre l’Afrique du Nord et l’Afrique intérieure.
Le 31 mai 1881 Exupère Caillemer* présente Étienne-Félix Berlioux, qui est élu le 7 juin 1881 au fauteuil 1, section 3 Lettres. Il prononce son discours de réception à la séance solennelle du 10 juillet 1883 : Un voyage dans l’Afrique centrale, d’après le livre de Polybe « La terre habitable sous l’équateur ». Il intervient souvent : Les diverses populations de l’Afrique (2 et 8 mai 1882) ; Les Khétas ou Chétas (21 février 1888), travail lu par Bonnel*, lui-même étant empêché ; Les diverses contrées de l’Afrique équatoriale (31 juillet 1888), communication orale sur la situation du Congo ; Introduction à L’Étude du pays danois ou la Celtique du Nord (22 avril 1890) ; La question géographique du lac Tchad et notre politique coloniale (21 novembre 1893) ; La situation de l’Algérie et les diverses races qui l’habitent (12 mars 1895) ; Les pygmées et la contrée africaine située entre le Nil et le pays dit des Aromates (15 décembre 1896) ; Une étude sur les rapports des européens avec l’Extrême-Orient, à l’occasion de la découverte dans l’île de Sumatra de plusieurs inscriptions phéniciennes mêlées de caractères grecs, (16 février 1897). Le 16 mars 1897, il continue la lecture de ses recherches sur L’origine des rapports de la Chine avec l’Europe ; le 19 juillet 1896, il communique Une carte de l’Asie Centrale dressée d’après Ptolémée ; le 4 juillet 1900, il présente un rapport sur l’ouvrage de M. de Kirvan : Le déluge de Noé et les populations préhistoriques.
À ses funérailles à Saint-Pothin, le 3 juin 1910, son éloge est prononcé par le président Gabriel Canat de Chizy*. Il est inhumé à Bourg-d’Oisans.
P. Hamon, DBF. – Édouard Chappet, Le professeur É. Berlioux, Lyon : Waltenar, 1912, 19 p. – Discours prononcé aux funérailles de M. Berlioux le 3 juin 1910 par M. Canat de Chizy, Ac Rapports 1909-1912, p. 139-143. – Numa Broc, « Il y a un siècle, Étienne-Félix Berlioux », Rev. géogr. Lyon 50-2, 1975, p. 167-170.
Organisation de la Défense nationale, Lyon : impr. Salut public, 1870, 69 p. – Les précautions urgentes de salut, Lyon : Vingtrinier, 1871, 36 p. – La traite orientale, histoire des chasses à l’homme organisées en Afrique depuis quinze ans pour les marchés de l’Orient, Paris : Guillaumin, 1870, XI + 350 p. – « La traite des esclaves en Afrique pendant l’année 1872 », Bull. Soc. Géogr. Lyon, mars 1874, et Paris : Leroux, 14 p. – Slave trade in Africa in 1872, principally carried on in eastern and central Africa for the supply of Turkey, Egypt, Persia and Zanzibar, London, publ. by Missionary Board of Western yearling meeting of friends, 1872, VIII, 77 p. ; reprint London Cass, 1971. – Discours prononcé à la distribution des prix du Lycée de Lyon le 12 août 1872, Lyon : Vingtrinier, 1872, 11 p. – Doctrina Ptolemaei ab injuria recentiorum vindicate sive, Nilus superior et Niger verus, hodiemus Echirren ab antiquis explorati. Opus tabulis instructum, Thesim proponebat, Paris : Guillaumin, 1874, IV + 82 p., 2 cartes. – Des cartes topographiques et de leur lecture, Lyon : Perrin, 1874, 11 p. – Petite carte topographique de France en 18 feuilles, Lyon : Georg, 1874, 4 p., 17 cartes. – André Brue, ou l’origine de la colonie française du Sénégal, Paris : Guillaumin, 1874, 349 p., 1 carte. – La première école de géographie astronomique et la prochaine découverte du pays des Garamantes, lecture faite le 2 décembre 1878 devant les facultés de Lyon, Lyon : Perrin, 1878, 30 p. – Les anciennes explorations et les futures découvertes de l’Afrique Centrale, Lyon : Perrin, 1879, 39 p., 1 carte. – Lecture de la carte de France : le Jura, Paris : Dumaine, 1880, VII + 140 p., cartes. – Les Atlantes, histoire de l’Atlantis et de l’Atlas primitif, ou introduction à l’histoire de l’Europe, Paris : Leroux, 1883, 170 p. – « Les Atlantes », Annuaire Fac. Lettres Lyon 1, Paris : Leroux, 1883. – « Le livre de Polybe sur les Terres équatoriales, discours de réception », MEM L 22, 1884. – La terre habitable vers l’équateur. Notice sur cet ouvrage et sur les itinéraires des anciens dans l’Afrique occidentale, Paris : Chalamel, 1884, 106 p. – « Les Khetas ou Chetai », MEM L 26, 1889. – Les Chetai sont des Scythai, Lyon : Assoc. Typogr., 1888, 15 p. – Croquis d’une carte comparée de la Grèce ancienne et moderne, Lyon, s.d. – La Germanie, explorée et relevée à l’époque d’Auguste, avec ses tribus, ses villes, ses marchés, ses centres industriels et ses routes, d’après la carte de Ptolémée, Lyon, juin 1885. – Carte (provisoire) de Rhetie, Vindelicie, Norique, d’après Ptolémée, suivant les principes exposés dans la carte de la Germanie, Lyon, 1886. – « À la recherche de la nation et de la cité des Hyper-boréens. Première partie d’un voyage aux pays danois, » Bull. Soc. Géogr. Lyon, septembre 1890 ; et Lyon : Vitte, et Paris : Leroux, 1890, 92 p. – Les premiers voyages des Européens dans l’Asie centrale et au pays des Sères. La Chine du Nord, Lyon : Mougin-Rusand, 1898, 81 p., 1 carte. – Le Tibet et le champ géographique du bouddhisme, Lyon : Rey, 1805, et MEM L 8, 1905, 12 p. – L’Afrique équatoriale, carte au 1/10 000 000, Lyon, décembre 1887. – Asie centrale en 1878, Lyon : Roux, 3 décembre 1878, 1 carte.