Jean-Baptiste Marie Dugas-Montbel est né à Saint-Chamond le 10 mars 1776, dans la rue qui porte son nom (depuis le 5 mai 1835), et baptisé le 12, paroisse Saint-Pierre et Sainte-Barbe. Parrain : son oncle Jean Baptiste Dugas, négociant [Jean Baptiste Dugas de Chassagny, 1730-1814, anobli par le roi en 1777 avec son frère Jacques, mais sans le troisième frère Camille qui deviendra noble en achetant une charge et un fief], marraine : Marie Cayrel, épouse de Thomas Crozet, négociant, grands-parents maternels. Il est le deuxième fils de Camille Dugas, important fabricant de rubans (Saint-Chamond, 4 août 1742-21 mars 1799), marié le 16 juin 1772 à Saint-Pierre-Sainte-Barbe à Saint-Chamond, et de sa première épouse Antoinette Victoire Crozet (Saint-Paul en Jarez 8 septembre 1748-Saint-Chamond 3 novembre 1784). Il est le grand-oncle d’Anne Dugas, épouse de Pierre Ravier du Magny*. D’après Jouvencel (t. 1, p. 418), Camille Dugas possédait la seigneurie du Sapt, près de Saint-Genest-Malifaux, où se trouvait le fief de Montbel. Il devient écuyer, secrétaire du roi en la chancellerie établie près le parlement d’Aix.
Après le décès de sa mère en 1784, il est mis en pension au collège des Oratoriens de Lyon où il fait des études médiocres. Il sert dans les armées de la Révolution, puis entre dans la maison de commerce familiale Dugas qu’il dirige avec son frère aîné Thomas (Saint-Chamond 1773-Lyon 1857, qui sera adjoint au maire de Lyon), après la mort de son père en 1799. Il hérite alors du domaine de Montbel. Il réside d’abord à Lyon où il devient délégué de la chambre de commerce. Il reprend et complète ses études et s’initie à la poésie, à la métaphysique, aux sciences politiques et morales, et aux langues anciennes et vivantes. En 1798, il fait fonction de secrétaire dans l’éphémère résurgence de la Société littéraire, où il retrouve Jean Baptiste Dumas*, Beuchot, Leuillon-Thorigny, Ballanche* et Ampère*. Selon Dumas, il aime à disputer avec Ampère* sur l’âme et le libre arbitre. Ses affaires le conduisent souvent à Paris, où il fait jouer un petit vaudeville au théâtre Montansier le 13 novembre 1799 : La femme en parachute, ou le soupçon, comédie en 1 acte et en prose, avec Dominique Boutard. Il fait un voyage à pied dans les cantons suisses en 1797, et, après 1803, voyage en France, en Italie et en Suisse. Il en tire son Voyage en Alsace et en Suisse, adressé à Madame de Vannoz. À l’âge de trente ans, il s’éprend de la langue grecque et finit par abandonner le commerce en 1810 et s’établit à Paris. Entre 1815 et 1818, il publie une traduction de l’Iliade et de l’Odyssée dont il donne deux nouvelles versions en 1828 et 1835 et trois études sur la poésie homérique. « Dugas-Montbel, dont les journaux accueillaient très-volontiers les productions, a fourni au journal le Temps des articles sur l’Aristophane d’Artaud ; sur la Beauté morale et la poésie d’Homère, par Van Limburg-Brower, enfin sur L’Iliade de M. Bignan [GDU Larousse] ». Il contribue par des articles et des opuscules au Mercure de France, à la France littéraire et au Magasin Encyclopédique. Associé libre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1830, il y lit en 1832 un mémoire : De l’époque où l’écriture fut introduite dans la Grèce. Il travaille ensuite à une traduction d’Eschyle restée inachevée. En 1829, le Collège départemental de la Loire propose sa candidature à la députation, mais c’est un échec. Il est cependant élu dans le Rhône le 3 juillet 1830 avec 286 voix contre Verna, Vachon-Imbert et Lacroix-Laval. Il siège au centre gauche et est réélu le 5 juillet 1831 et le 23 juin 1834. Il n’intervient qu’une fois pour demander l’abolition de la peine de mort. Il reçoit la Légion d’honneur en 1833.
Jean Baptiste Dugas-Montbel est mort célibataire le 30 novembre 1834 dans son domicile parisien rue du Faubourg-Poissonnière. Il est inhumé au cimetière du Père-Lachaise (38e division, monument historique), avec cette épitaphe :
Ici repose J. B. DUGAS MONTBEL.
né à St Chamond département de la Loire le 10 mars 1776.
Élu par le département du Rhône à la chambre des députés.
Membre de l’académie des inscriptions et belles lettres de Paris,
de l’académie de Lyon et de plusieurs autres sociétés savantes.
Enlevé à ses parents et à ses amis le 30 septembre 1834.
Son frère lui éleva ce monument pour dire que la mort seule
pouvait rompre l’amitié qui les unissait dans ce monde.
Ballanche* prononça un discours sur sa tombe.
Par son testament du 26 novembre 1832, Dugas-Montbel a légué à la ville de Saint-Chamond sa bibliothèque de 5 000 volumes, avec la somme de 8 000 francs pour l’entretien des livres, et une somme de 10 000 francs, inaliénable, pour faire le premier fonds d’une caisse d’épargne et de prévoyance, qui s’est rapidement développée. Une petite partie de cette bibliothèque a été dévorée par les flammes en 1841.
Placé parmi les émules à la restauration de l’Athénée en 1800, il devient titulaire le 27 floréal an XI [17 mai 1803], et lit son premier discours à ce titre le 9 messidor sur les principales époques et sur l’état actuel de la poésie française. Selon Dumas, il lit les pièces de vers suivantes : Épître à mon ami [Leuillon-Thorigny] ; Hymne de la douleur, traduit d’Ossian ; Discours sur les principales époques et sur l’état actuel de la poésie française ; Examen critique de la tragédie d’Hippolite composée par Palmézeaux ; Observations sur les derniers volumes du cours de littérature ; Notice sur le poète Fontaine, du xvie siècle ; Réflexions sur le Misanthrope de Molière. Dumas lit son éloge le 15 mai 1835.
Il était membre des académies de Besançon et de Nancy et de la société littéraire de Lyon.
Dumas : Éloge historique de M. Jean-Baptiste Dugas-Montbel, Lyon : Barret, 1835. – Michaud. – GDU. – DBF. – G. Lefebvre [conservateur et archiviste de la ville de Saint-Chamond], La vie et les œuvres de Dugas-Montbel, Saint-Chamond : A. Poméon, 1889, 106 p.
Buste en marbre, daté de 1838, par Arthur Guillot, exposé au salon de 1839, MBAL, Inv. H 815°. – Buste en plâtre par Clémence Daudignac dite Madame de Sermézy, Académie, réplique du marbre du MBAL, donné par Thomas Dugas.
Comme Saint-Chamond, Lyon a sa rue Dugas-Montbel, située derrière la gare de Perrache.
Voyage en Alsace et en Suisse, Ac.Ms123 f°4. – Quelques idées sur l’influence réciproque des lois et des mœurs, Ac.Ms123ter f°351. – Réflexions sur le Misanthrope de Molière, Ac.Ms123bis f°149. – Hymne à la douleur (traduit d’Ossian), 28 nivôse an 11, Ac.Ms125 f°541. – Rapport sur les poésies de M. Montpelier, Ac.Ms125 f°523. – Rapport sur l’ouvrage de M. Duroure de Savy, Ac.Ms125 f°525. – Épître à mon ami [Leuillon-Thorigny], 13 vendémiaire an 13, Ac.Ms125 f°535. – Rapport du 10 fructidor an 12, concours de 1803-1804, Causes de la supériorité des Grecs dans les arts d’imitation, Ac.Ms248 f°4.
La femme en parachute ou le soupçon, vaudeville en un acte, Paris, an VIII. – Éloge historique de M. J. J. de Boissieu, membre correspondant de l’Institut de France, lu à la séance publique le 28 août 1810, Lyon : Ballanche, 1810, 55 p. – « Réflexions sur la comédie et les causes de sa décadence ». Mercure de France du 7 novembre 1812. – « Lettre à M. B. [Beuchot] sur un poète du xvie siècle [Jean Venette], Bull. Lyon et Magasin Encyclop., décembre 1812. – « Examen de quelques observations publiées par M. de Rochefort, pour prouver que le récit de la blessure d’Ulysse, au XIXe livre de l’Odyssée est un passage interpolé », Ann. Encyclop. et Lenormant : Paris, 1817. – « Sur les œuvres de Louise Labé », La semaine, gazette littéraire, t. 1, septembre 1824. – « Poésies : retour, ou adieux à Rome », Tablettes historiques et littéraires, 5 septembre 1824, Lyon : Chambet. – Lettre sur une inscription antique trouvée à St Irénée, insérée dans les Lettres lyonnaises de M. Bréghot du Lut, Lyon : Barret, 1826, p. 77-85 ; parue d’abord dans ASTHR, II, 1825, p. 231. – « Dixième lettre, contenant une réponse à la troisième lettre sur une inscription antique trouvée à St Irénée », ASTHR, II, 1825, p. 331. – Discours prononcé sur la tombe de M. Boscary de Villeneuve, Paris : Firmin-Didot, 1827, 4 p. – Notice sur Advenier-Fontenille, Ann. Biogr. de M. Mahul, 1826. – Notice sur P.E. Lemontey, Ann. Biogr. de M. Mahul, 1827. – Notice sur Frédéric-Auguste Wolf, Ann. Biogr. de M. Mahul, 1828. – Observations sur l’ouvrage ayant pour titre : Examen critique des dictionnaires de la langue française, par M. Charles Nodier, Paris, 1828. – « Nouvelle lettre sur une traduction de l’Art poétique d’Horace », ASTHR, VIII, 1828, p.413. – « Ulysse-Homère, ou le véritable auteur de l’Iliade et l’Odyssée, par Constantin Koliadès », La Revue française, 1829, 16 p. – Observations adressées à la commission d’enquête commerciale par M. Dugas-Montbel, délégué de la chambre de commerce de Lyon, Lyon : Barret, 1829, 12 p. – Notice sur Pierre Édouard Lemontey, Paris : Firmin Didot, 1830, 18 p. – Candidature au collège électoral de Lyon, Lyon : Rusand, 1830. – De l’influence des lois sur les mœurs et de l’influence des mœurs sur les lois, Saint-Étienne, 1830, 22 p. – Électeurs du nord ! Qui nommerons nous ?, Lyon : J-M. Boursy, 1831. – « De l’époque où l’écriture fut introduite dans la Grèce ». La France littéraire, septembre 1833.
Contributions au Bulletin universel des sciences de Férussac, 7e section, Bull. Sci. Hist. Antiquités, Philologie : – « Du digamma dans les poésies homériques », 3, janvier 1825. – « Des Épithètes dans les poésies homériques », 3, mars 1825. – « Sur le mémoire de M. J. Andrès, concernant le Commentaire d’Eustathe et les traductions qui en ont été faites », novembre 1825. – « Sur le plaidoyer pour Servius Sulpicius contre L. Murena, composé en latin par A. Palearius et traduit pour la première fois par A. Péricaud », 9, 1829, p. 306. – « Observations sur la traduction de Théocrite de M. Servan de Sugny* », mars 1829. – « Sur les mélanges biographiques et littéraires pour servir à l’histoire de Lyon, par M. Bréghot du Lut », 10, octobre 1829, p. 233. – « Sur la traduction des Noces de Thétis et Pélée par M. Servan de Sugny », 11, novembre 1829. – L’Iliade d’Homère, Paris : P. Didot, 1815, 2 vol., 397 et 425 p. – L’Iliade d’Homère, texte et traduction, Paris : P. Didot, 1828-1830, 3 vol., 405, 455 et 421 p. – Observations sur l’Iliade d’Homère, Paris : Firmin-Didot, 1829-1830, 2 vol., 474 et 402 p. – Histoire des poésies homériques, pour servir d’introduction aux observations sur l’Iliade et l’Odyssée, Paris : Firmin Didot, 1831, 160 p. – L’Odyssée, suivie de la Batrachiomyomachie, des hymnes, de divers petits poèmes et fragments attribués à Homère, 2 vol., Paris : P. Didot aîné, 1818, 442 et 442 p. – Observations sur l’Odyssée d’Homère, Paris : Firmin Didot, 1833, 368 p. – Œuvres complètes, Paris : Sautelet, 1825, 4 vol., 397, 425, 442 et 444 p. – Œuvres complètes d’Homère, avec le texte grec et des observations, 9 vol., Paris : Didot, 1828-1833.