Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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VILLEROY (Famille de NEUFVILLE de)

par Louis David, Marguerite Yon-Calvet.

 Au cours du xviiie siècle les cinq Villeroy « protecteurs de l’Académie » – dans l’ordre chronologique : François* (1644-1730), François Paul* (1677-1731), Louis Nicolas* (1663-1734), Louis François Anne* (1695-1765), et Gabriel Louis* (1731-1794) – seront inscrits de droit comme membres à part entière de l’institution et c’est pourquoi tous méritent de figurer parmi les académiciens. La famille est ancienne, originaire d’Île-de-France. Le premier Neufville que nous retiendrons est Richard (?-1401), commerçant aux Halles de Paris, qui construisit vers 1370 les premiers bâtiments de ce qui sera l’hôtel de Villeroy (rue des Bourdonnais Paris 1er). L’un de ses fils, Nicolas Neufville (?-1471) acquiert le fief d’Albic et aura parmi ses enfants Simon Neufville ; celui-ci, à son tour, sera père d’un Nicolas (?-1549), dit Nicolas I de Neufville, car il est seigneur de l’Équipée (près de Beauvais), des Tuileries et de Chanteloup, notaire et secrétaire du roi (1511), secrétaire des finances (1514), ambassadeur, trésorier de France (1525), marié à Geneviève Le Gendre.

 Leur fils, Nicolas II, héritier de Pierre le Gendre, sera seigneur de l’Équipée, Villeroy, etc. ; c’est lui qui échange avec le roi maison et terrain des Tuileries situés à Paris, contre la terre et l’hôtel de Chanteloup (1518) ; marié à Denise (Jeanne) Morlet du Museau, il a pour fils aîné Nicolas III.

 À l’origine, Villa regis ou Villeroy est un tout petit village situé au sud-ouest de Corbeil, à sept lieues de Paris. Au début du xive siècle, le fief de Villeroy appartient au chevalier Jehan de Grez, puis à l’église Notre-Dame de Paris, puis à Guillaume de Tignonville puis à son petit-fils Jean du Monceau qui le cède, en 1497, à Jean Le Gendre (1435-1512), trésorier des Guerres, conseiller du roi. Celui-ci épouse Françoise de Dampont (1440-1524) et ils ont au moins quatre enfants, dont Pierre et Geneviève. Anobli en 1496, il devient seigneur de Villeroy, mais aussi d’Hardeville, d’Alincourt, de Magny, etc.

 Les armes de la famille sont « d’azur au chevron d’or accompagné de trois croisettes ancrées du même ». Elles ont été adoptées en 1890 par la commune de Neuville-sur-Saône (Rhône) et figurent sur le fronton de la mairie (ancien château d’Ombreval appartenant aux Villeroy).

 Pierre Le Gendre (?-3 février 1524), qui hérite des domaines, est notaire et secrétaire du roi, trésorier des guerres, maître des comptes et trésorier de France. Il se marie trois fois, mais n’aura pas d’enfants et, après sa mort et celle de sa troisième épouse, ses biens reviennent à son neveu Nicolas I, puis, après la mort de celui-ci, à son petit neveu Nicolas III. Ses héritiers prennent aussi le nom et les armes des Le Gendre. Nicolas III (1525-1598) poursuit l’ascension de la famille : il restaure les châteaux d’Alincourt et de Magny, et fait construire le nouveau château de Villeroy ; il se marie avec Jeanne Prud’homme, fille de Guillaume Prud’homme, prévôt des marchands, trésorier de France, et de Marie Cueillette.

 Leur fils Nicolas IV (1542-1617), diplomate de grande réputation, a servi plusieurs rois : secrétaire particulier de Charles IX, conseiller et secrétaire d’état d’Henri III, ministre d’Henri IV, puis de la régente Marie de Médicis... Créé marquis de Villeroy en 1610 il est considéré comme le vrai fondateur de la grande maison des Villeroy. Il est marié à Madeleine de l’Aubespine (1546-1596) – dame d’honneur de Catherine de Médicis –, qui tient un salon littéraire que fréquente Ronsard.

 Ils ont pour fils Charles (1567-1642), seigneur d’Alincourt (ou Halincourt), le premier Villeroy à être gouverneur de Lyon et du Lyonnais, Forez et Beaujolais (1608). Marié d’abord à Marguerite de Mandelot (1570-1593, fille de François, gouverneur du Lyonnais de 1571 à 1588) dont il a deux filles, il épouse en secondes noces Jacqueline de Harlay, fille de Nicolas de Harlay de Sancy (un arrière-petit-fils de Jacques Cœur, ca 1400-1456), qui fut surintendant des finances d’Henri IV, de 1594 à 1598.

 Nicolas V, leur fils aîné (1598-1685) lui succède comme gouverneur de Lyon et du Lyonnais, Forez et Beaujolais, maréchal de France, et il devient le premier duc de Villeroy en 1651, pair de France en 1663 ; il épouse Madeleine de Blanchefort de Créqui (1609-1675), et leur fils François (1644-1730) sera le premier « protecteur » de l’Académie. Le frère de Nicolas V, Camille (1606-1693, est le très célèbre archevêque de Lyon qui exerça cette fonction pendant 40 ans, de 1653 à sa mort, et en l’honneur de qui le village de Vimy (où se trouve le château d’Ombreval) fut rebaptisé à sa mort « Neuville-l’Archevêque », devenu à la Révolution « Neuville-sur-Saône » (son nom actuel).

 Viendront ensuite les cinq protecteurs de l’Académie (voir notices ci-dessous).