Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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BERTAUD de LA VAURE Pierre (1712-1775)

par Dominique Saint-Pierre.

 (Écrit parfois à tort Berthaud). Né à Lyon en octobre 1712, fils aîné de Claude Bertaud (décédé en 1748) – écuyer, seigneur de la Vaure, Prapin et autres terres, architecte et voyer de la ville de Lyon, intendant des fortifications, conseiller secrétaire du roi maison couronne de France –, et de Jeanne Ferley. Pierre a épousé à Lyon, paroisse de Saint-Nizier, le 12 janvier 1740 Marie Robin, née en 1719, fille de François Robin, marchand, et d’Antoinette Sornin. Il est le beau-frère de Pierre Aulas*, membre de l’Académie des sciences et belles-lettres depuis 1727, qui avait épousé le 15 janvier 1730 Jeanne Bertaud de la Vaure. Son petit-fils, Alphonse de Boissieu*, sera aussi académicien.

 Pierre Bertaud est écuyer, seigneur de Taluyers, la Vaure (commune de Chassagny), du Coing et Prapin (Orliénas), avocat en parlement et en la cour de Lyon, pourvu d’une charge de conseiller du roi en la cour des monnaies sénéchaussée et présidial de Lyon, achetée par son père le 26 août 1733 (il avait alors 21 ans), « moyennant une maison de la rue de Bœuf estimée vingt mille livres et huit mille d’argent comptant » (François Régis Cottin).

 Il est mort le 10 janvier 1775 et a été inhumé dans l’un des tombeaux de l’église d’Ainay.

 L’histoire de cette famille se confond avec celle de l’hôtel Bertaud, dit plus tard hôtel du gouvernement ou hôtel Villeroy, ou encore du Gouvernement –, aujourd’hui Musée historique des Tissus – 32, puis 34 rue de la Charité (l’histoire est racontée par François Régis Cottin*) : Claude Bertaud, qui avait fait fortune dans plusieurs opérations immobilières avec sa charge de voyer de la ville, commença les travaux de ce luxueux hôtel vers 1730. Situé près des remparts, à la récente ouverture de la rue Neuve de la Charité, le bâtiment avait une vue superbe sur le Dauphiné, sans vis-à-vis, ce qui en faisait un des plus beaux logements de la cité. Vers 1735, Claude Bertaud y case sur la partie droite son fils et héritier Pierre et sur la partie gauche son gendre Pierre Aulas, qui quittent leur domicile de la rue Saint-Dominique. Il reste quant à lui dans un logement de fonction à l’Hôtel de ville. En 1740, lors du mariage de Pierre, pour compenser l’énorme dot de l’épouse, soit cent mille livres plus dix mille livres de nippes et bijoux, son père lui donne à titre d’augment, en avance d’hoirie, notamment l’hôtel de la rue Neuve de la Charité et ses meubles, à condition qu’un appartement lui soit réservé pour ses vieux jours. Il n’y logera jamais avant sa mort en 1748, et depuis quelques années son importance aura faibli. La révolte des ouvriers en soie de 1745 provoque une répression, puis une occupation de Lyon par les troupes du roi, dont le chef, le comte de Lautrec, réquisitionne l’hôtel Bertaud à son profit et celui de son état-major. Pierre Bertaud et Aulas, expulsés avec seulement leurs hardes, se voient imposer par la ville un bail de location de 6 ans, qui sera renouvelé, et ils arrivent difficilement à récupérer leurs meubles. Puis, toujours en 1745, le gouverneur, 4e duc de Villeroy*, le duc de Retz, remplace Lautrec à l’hôtel qui va porter le nom d’hôtel du Gouvernement ou de Villeroy.

 Pierre Bertaud, qui s’était réfugié chez les Jésuites, « logé comme un chien » dans la maison des retraites, meurt en 1775 dans la maison Robin, rue d’Auvergne, à deux pas de là. Le 3 avril 1756, Claude Bertaud de Taluyers (1741-1816), conseiller à la cour des monnaies, héritier universel de son père, vend à Joachim Balan d’Arnas (1749-1805) l’hôtel, que la ville cesse de faire occuper.


Académie

Pierre Bertaud a été proposé comme membre de l’académie des beaux-arts de Lyon le 17 novembre 1738, élu le 24 « libre dans les arts ». Son remerciement de réception du 11 décembre 1738 (Ac.Ms263 f°93) n’est qu’un simple mot de politesse. Il a lu à l’Académie un Mémoire sur l’Imprimerie (44 p.) aux séances des 25 novembre 1739 et du 17 août 1740, puis en assemblée publique le 6 décembre 1741 (Ac.Ms182 f°111). Les 2 et 9 août 1741, il lit un mémoire sur les métiers qui sont employés dans la fabrication des étoffes de soie. Bollioud-Mermet (Ac.Ms271), cite un autre manuscrit : Sur les matières qui sont employées pour la fabrication des étoffes en soie et d’argent (1740), et « d’autres écrits relatifs aux essais académiques ».

Lors de l’affaire Tolomas, il se range du côté de d’Alembert et s’éloigne de la Société royale : « Du mercredi 10ème janvier 1753 […]. La place d‘académicien ordinaire de M. Berthaud a été aujourd’hui déclarée vacante en conséquence de sa démission et on lui a accordé en même temps une place d’académicien vétéran associé sur la demande que M de Ruolz a faite de sa part ». Le 7 mars 1755, « M. Berthaud, conseiller à la cour des Monnaies s’est démis de sa place d’associé vétéran par ses deux lettres adressées à l’Académie, l’une datée du 3 de ce mois et l’autre de ce jour » (Ac.Ms268-II f°149 et f°154).

Bibliographie

Dumas. – François Régis Cottin, « Les Bertaud, leur hôtel, et le nouveau Gouvernement », in Mélanges d’histoire lyonnaise offerts par ses amis à M. Henri Hours, Lyon : ELAH, 1990, p. [75]-104.