Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

SICARD Henri (1837-1894)

par Christian Bange.

 Henri Joseph Auguste Sicard est né à Carcassonne le 19 septembre 1837, fils de Just Pasteur Stanislas Anne Sicard, avocat, et d’Élisabeth Constance Plauzoles ; du côté paternel, le grand-père est médecin, issu d’une longue lignée médicale. Du côté maternel le grand-père et l’arrière-grand-père sont notaires ; la famille Plauzoles compte également un grand-oncle capitaine d’état-major, chevalier de Saint-Louis et de la Légion d’honneur, et un trésorier payeur des armées qui a pris part à la campagne d’Égypte.

 Henri Sicard effectue ses études médicales et scientifiques à Montpellier. Il est reçu docteur en médecine en 1861 avec une thèse intitulée : De l’influence climatérique sur la tuberculisation pulmonaire. Le 16 septembre 1861, il épouse à Marseille Marie-Lucie-Baptistine Roux (1835-1878), fille d’un médecin réputé de la ville ; au moins trois enfants vont naître de ce mariage ; le fils aîné, Louis-Justin-Joseph (1862-1893) est docteur en médecine ; son fils cadet, Justin-Joseph-Eugène Sicard de Plauzoles (1872-1968), lui aussi docteur en médecine, milite pour l’hygiène sexuelle et l’eugénisme, et dirige l’Institut Fournier à Paris ; professeur au Collège libre des sciences sociales, il préside la Ligue des droits de l’homme (1946-1953) après Paul Langevin.

 Henri Sicard vit pendant quelques années à Nice, où ses parents se sont fixés, ainsi qu’à Marseille, où habite sa belle-famille. Il est nommé en 1869 agrégé d’histoire naturelle des facultés de médecine, après avoir soutenu une thèse consacrée à l’anatomie comparée des organes respiratoires chez les animaux ; il est alors attaché à la faculté de médecine de Montpellier, et devient collaborateur de Charles Martins (1806-1889). Celui-ci, titulaire de la chaire de botanique de la faculté de médecine et directeur du célèbre Jardin botanique, s’intéressait aux idées transformistes et il s’était mis à enseigner le darwinisme dans la vénérable faculté de médecine, ce qui était particulièrement novateur à l’époque. Sicard effectue des recherches sur l’anatomie et l’embryologie d’un mollusque gastéropode, le Zonites algirus, qui donnent lieu à la publication de plusieurs notes insérées à partir de 1872 dans les CRAS, et à un mémoire qui constitue en 1874 sa thèse de doctorat ès sciences, soutenue à Paris sous la présidence de Milne Edwards, dont il se reconnaît l’élève ; la seconde thèse est consacrée à un sujet de botanique et a pour titre : Observations sur quelques épidermes végétaux ; Sicard y examine les rapports entre la composition du milieu extérieur et la structure des feuilles, notant en particulier la disparition très fréquente des stomates chez les plantes aquatiques. Cette deuème thèse dénote l’influence de Martins.

 Après avoir suppléé Martins en 1870 et en 1873, Sicard est chargé d’enseignement de zoologie à la faculté des sciences de Dijon en 1875, puis à la faculté des sciences de Lyon en mai 1877 ; en décembre suivant, il est nommé professeur titulaire dans la chaire précédemment occupée par Louis Lortet*, devenu doyen de la faculté mixte de médecine et de pharmacie, qui vient d’ouvrir ses portes ; il est également nommé agrégé de la nouvelle faculté. Sicard doit alors consacrer un temps considérable à son activité d’enseignement, ainsi qu’aux tâches administratives, car il est élu doyen de la faculté des sciences le 20 octobre 1884. C’est pourquoi, après sa nomination à Lyon, il ne publie guère d’articles relatant des recherches originales – si ce n’est sur le Ver à soie –, mais plutôt des ouvrages d’enseignement ou de vulgarisation. Dans son volumineux traité intitulé Éléments de Zoologie, publié en 1883, il présente un exposé détaillé du darwinisme. En 1892, il publie un ouvrage de vulgarisation consacré à la sélection sexuelle chez les animaux et chez l’homme, dans lequel il expose les conceptions darwiniennes en les accompagnant de conseils pratiques.

 Chevalier de la Légion d’honneur par décret du 31 décembre 1889.

 Atteint par la maladie, il abandonne ses fonctions universitaires quelques mois avant son décès, survenu à Neuilly-sur-Marne, le 22 mars 1894 (acte transcrit à Lyon sur le registre des décès du 1er arr., le 7 février 1895). Devenu veuf en 1878, il s’était remarié à Lyon (6e) avec Jeanne Marie Garnier, le 10 octobre 1892.


Académie

En 1881, H. Sicard participe à la fondation de la Société d’anthropologie de Lyon, fondée à l’instar de celle que Broca avait établie à Paris en 1859, et il en est le président en 1883, succédant à Saturnin Arloing*. C’est probablement à l’initiative de Sicard que Darwin a été élu en 1881 membre honoraire de la nouvelle Société ; il accepte cet hommage, mais il meurt quelques mois plus tard, et c’est alors Sicard qui prononce son éloge funèbre devant la Société d’anthropologie.

Le 7 juin 1887, au deuxième tour, Sicard est élu membre de l’Académie, dans le fauteuil 5, section 2 Sciences, précédemment occupé par Chauveau*, devenu émérite après son départ pour Paris. Il n’hésite pas à consacrer son discours de réception, lu le 1er juillet 1890, à un exposé détaillé du darwinisme. Il est président en 1892.

Bibliographie

C. Valson, « Notice sur la vie et les travaux de Henri-Joseph-Auguste Sicard », Ac Rapports 1892-96 ; C. Bange, « Darwin et sa théorie, vus par les naturalistes lyonnais, MEM 9, 2009, p. 37-47 (cf. p. 43-44) ; Scientific Papers, 11, p. 409 ; 12, p. 680-681 ; 18, p. 737.

Publications (sélection)

Organes de la respiration dans la série animale, Paris : Savi, 1869, 81 p. – Recherches anatomiques et histologiques sur le Zonites algirus, Ann. Sc. Nat., Zool., 1874, nouv. sér., 1, art. 3, p. 1-86, pl. 1-4. – Observations sur quelques épidermes végétaux, ibid., p. 90-125. – De l’individualité zoologique, Rev. des sciences naturelles 6, 1877, p. 240-245. – De l’influence du milieu sur les formes animales, C. R. de l’Association lyonnaise des Amis des sciences, 1878, p. 27-43. – « Notice biographique de Charles Darwin », Bull. de la Société d’anthropologie et de biologie de Lyon, 2, 1882, p. 187-189. – Éléments de Zoologie, Paris : Baillière, 1883, 842 p., ill. – De la Soie du Bombyx mori dans l’intérieur de l’organisme, 1887 (avec J. Raulin*), Lyon : Pitrat aîné, 6 p. – Coup d’œil historique sur la marche de la zoologie, ses progrès et ses tendances, MEM 311892, p. 1-26 ; L’évolution sexuelle dans l’espèce humaine, Paris : Baillière, 1892, 320 p., ill.