Étienne Alexandre Harnould [sic] Locard est né le 8 décembre 1841, à Lyon, fils de Pierre Louis Eugène Locard (Paris 10e 25 décembre 1805-Lyon 2e 20 août 1883), ingénieur en chef dans les chemins de fer de Lyon-Saint-Étienne, demeurant à Lyon, 14 rue de Sarron, et d’Alexandrine Caroline Niepce (Moulins [Allier] 22 décembre 1817-Lyon 4 décembre 1879), sœur de Thérèse Alexandrine Niepce, mère du géologue Albert Falsan*. Témoins à la déclaration de naissance : Jean Baptiste Curtet, employé du chemin de fer, et Charles Philippe Laurent Deraloral, inspecteur du chemin de fer. Un jugement du tribunal de première instance de Lyon du 1er mars 1873 transformera Harnould en Arnould (en marge de l’acte). Son père a construit de grands ouvrages lyonnais (chemin de fer Lyon Saint-Étienne, viaducs de la Mulatière et de Perrache, gares de Lyon et de Saint-Étienne…).
Étienne Alexandre Arnould fait ses études au collège d’Oullins, mais de santé fragile, il doit les interrompre souvent. Il est admis en 1863 à l’École centrale des arts et manufactures (ECP) et en sort diplômé en 1866. En 1867, il est ingénieur de la Compagnie des forges et aciéries de la marine et des chemins de fer de l’établissement Petin-Gaudet, où il dirige les hauts fourneaux Bessemer pour la production de l’acier, puis il est envoyé en mission dans de nombreux départements français. Ses ennuis de santé le forcent à abandonner en 1878 sa profession et à se consacrer à sa passion, la géologie, en particulier à la conchyliologie essentiellement de la faune française. Néanmoins, il se fait inscrire comme expert auprès des tribunaux et de la cour d’appel,
et il apporte aussi ses connaissances d’ingénieur au service de plusieurs compagnies minières en France et à l’étranger. Parallèlement, il continue ses recherches en géologie avec une production scientifique de plus d’une centaine de publications. Parmi celles-ci, outre de nombreuses monographies, il aborde des thèmes comme les migrations malacologiques, le polymorphisme des coquilles en relation avec le milieu. Il a collecté lui-même du matériel, collection aujourd’hui au Muséum d’Histoire naturelle de Paris, mais il a étudié surtout celui des musées et de particuliers.
Il est mort le 28 octobre 1904 à son domicile à Lyon, 38 quai de la Charité (act. quai Gailleton) et a été inhumé le 31 au cimetière d’Oullins.
Il avait épousé aux Ardillats (Rhône) le 30 mai 1875 Marie Gibert (Messy [Seine-et-Marne], 23 avril 1854-Lyon 4 août 1932), fille d’Edmond Alfred Gibert (1825-1875), fabricant de papier, et d’Eugénie Rudault (1832-1867). Ce sont les parents de l’académicien Edmond Locard*, et de Marguerite Locard (1880-1954), épouse en mai 1904 d’Émile Bender (Charentay, Rhône 1871-Nice 1953) – avocat à Lyon, maire d’Odenas en 1901, député radical du Rhône (1907-1919 et 1924-1928), président du conseil général (1920), sénateur du Rhône (1931-1944) ; il fera partie le 10 juillet 1940 des 80 parlementaires qui ont refusé de voter le projet de loi constitutionnelle présenté par Pétain.
Membre en 1863 de la Société géologique de France, puis président, membre correspondant de la Société d’agriculture, histoire naturelle et arts utiles de Lyon (1865), membre de la Société française pour l’avancement des sciences (1873), membre de la Société de paléontologie suisse (1875), membre de la Société d’agriculture de Lyon (1879). Le 2 décembre 1879, sur rapport de Michel Marmy* le 25 novembre, il est élu membre titulaire de l’Académie de Lyon au fauteuil 6, section 2 Sciences ; archiviste en 1881 pendant un an, et président en 1886. Outre son discours de réception, le 21 décembre 1880, intitulé : Des sciences naturelles et des naturalistes lyonnais dans l’histoire (MEM S 1879-1880), il fait des communications variées : Note sur les pluies de boue dans la région lyonnaise (MEM S, 1879-1880) ; Étienne Mulsant, sa vie, ses œuvres (MEM S, 1881-1882) ; Catalogue des mollusques vivants terrestres et aquatiques du département de l’Ain (MEM S, 1881-1882) ; Correspondance inédite entre le comte d’Angenois duc d’Aiguillon, le comte de Seignelay et le cardinal de Polignac sur la divisibilité de la matière (MEM S, 1883-1884) ; Histoire des mollusques dans l’Antiquité (MEM S, 1885) ; Note sur une faune malacologique gallo-romaine trouvée en 1885 dans la nécropole de Trion (MEM S, 1886) ; Recherches historiques sur la coquille des pèlerins (MEM S, 1888) ; Note sur une tombe romaine trouvée à Lyon et renfermant le masque d’un enfant (MEM S, 1884) ; Éloge funèbre de Jean Reignier* (MEM S, 1885-1886) ; Éloge funèbre de Jean-Jacques-Marie-Alphonse de Boissieu (MEM S, 1887) ; Éloge funèbre d’Émile-Joseph Belot (MEM S, 1887) ; Recherches historiques sur la coquille des imprimeurs (MEM S, 1893) ; Malacologie des conduites d’eau de la ville de Paris (MEM S, 1893) ; Notice biographique sur Gaspard Michaud (MEM S, 1895) ; Notice ethnographique sur les mollusques utilisés en Nouvelle-Calédonie et dans les îles avoisinantes (MEM S, 1896) ; Sur quelques modifications récentes survenues dans la faune zoologique lyonnaise : hirondelles et moustiques : soafe et hotu ; mouettes (MEM S, 1903) ; Avec Louis Germain, Sur l’introduction d’espèces méridionales dans la faune malaco-logique des environs de Paris (MEM S, 1905). Membre fondateur de l’Association lyonnaise des amis des Sciences naturelles. En 1881 membre de la Société Linnéenne de Lyon et président en 1882, ainsi que membre et vice-président de la Société française de malacologie. Membre correspondant de nombreuses académies : de Macon, du Vaucluse, de Philadelphie et aussi de sa section de conchyliologie. Médaille d’or de l’Académie de Lyon en 1866, prix du prince Lebrun en 1864, grande médaille d’argent de la Sorbonne en 1868, officier d’Académie en 1879, de l’Instruction publique en 1889 et commandeur de l’ordre du Christ de Portugal en 1898.
[Anonyme], « Locard, Étienne Alexandre Arnould », Rev. Biographique Soc. Malacolo-gique Fr., 1, 1885, p. 7-19. – Eugène Vincent, discours prononcé aux funérailles de M. Arnould Locard, Rapport Académie de Lyon, t. III, 1904, p. 164-179. – Louis Germain, « Arnould Locard sa vie, ses travaux », Ann. Soc. Linn. Lyon 52, 1905, p. 189‑222. – Louis Joubin, « Note sur la collection malacologique et sur les travaux scientifiques de M. Arnould Locard », Bull. Mus. Hist. Nat. Paris, 1905, n° 2 : 87-88. – Philippe Dautzenberg, « Notice sur M. Arnould Locard », Journ. Conchyliologie 7, 1905, vol. 53, p. 82-83.
Une liste complète de ses travaux est donnée par Eugène Vincent* (1904). Locard a publié de nombreux articles concernant la géologie lyonnaise, sur les faunes de mollusques actuels et fossiles, ainsi que des notices biographiques de plusieurs naturalistes de son époque.
Aperçu de sa production scientifique : Avec Albert Falsan* [son cousin germain], Monographie géologique du Mont-d’Or lyonnais et de ses dépendances, Paris : F. Savy, 1866, 499 p. – « Description de la faune de la Mollasse marine et d’eau douce du Lyonnais et du Dauphiné », Archives Mus. Hist. Nat. Lyon 2, 1878, p. 160-171, 1 pl. – « Description de la faune malacologique des terrains quaternaires des environs de Lyon », Ann. Soc. Agriculture, Hist. Nat. et arts utiles Lyon 1, 1879, 5e série, p. 145-220 – Notes sur les pluies de boue dans la région lyonnaise, Lyon : Assoc. typogr., 1880, 21 p. - Nouvelles recherches sur les argiles lacustres des terrains quaternaires des environs de Lyon, Lyon : Y. Georg, 1880, 37 p. – Les chemins de fer lyonnais, état actuel de la question, Lyon : Pitrat aîné, 1880, 18 p. – Études sur les variations malacologiques, d’après la faune vivante et fossile de la partie centrale du bassin du Rhône, Lyon : H. Georg, Paris : Baillière et fils, 1880, vol. 1, 518 p., 1881, vol. 2, 570 p. – Catalogue des Mollusques vivants, terrestres et aquatiques du département de l’Ain, Lyon : H. Georg, Paris : J.B. Baillière, 1881, 151 p. – Notice sur la constitution géologique du sous-sol de la ville de Lyon, Lyon : H. Georg, 1882, 24 p. – Prodrome de malacologie française. Catalogue général des Mollusques vivants de France, Mollusques terrestres des eaux-douces et des eaux saumâtres, Lyon : H. Georg, Paris : J.B. Baillière, 1882, 482 p. – Étienne Mulsant*, sa vie et ses œuvres, Lyon : Assoc. typogr., 1882, 55 p. – Sur la présence d’un certain nombre d’espèces méridionales dans la faune malacologique des environs de Lyon, Lyon : Pitrat aîné, 1882, vol. 4, 28 p. – Monographie des Helix du groupe de l’Helix heripensis Mabille, Lyon : Pitrat aîné, 1883, vol. 6, 74 p. – Histoire des Mollusques dans l’antiquité, Lyon : Pitrat aîné, Paris : Baillière et fils, 1884, 242 p. – Monographie des espèces françaises de la famille des Buccinidae, Lyon : Pitrat aîné, 1887, vol. 10, 126 p. – Monographie des espèces appartenant au genre Pecten, Lyon : Pitrat aîné, 1888, vol. 11, 165 p. – Monographie des espèces françaises appartenant au genre Valvata, Paris : Baillière et fils, 1889, vol. 15, 67 p. – Les coquilles marines vivantes de la faune française décrites par G. Michaud. Études critiques d’après les types de sa collection, Paris : Baillière et fils, 1890, vol. 16, 47 p. – De l’influence des milieux sur le développement des mollusques. Étude comparative des diverses faunes malacologiques de France, Lyon : Pitrat aîné, 1891, 156 p. – Les coquilles marines des côtes de France. Description des familles, genres et espèces, Paris : Baillère et fils, 1892, 406 p., 348 figs. – Conchyliologie française. Les coquilles terrestres de France, description des familles, genres et espèces, Paris : Baillière et fils, 1894, 370 p. – « Résultats scientifiques de la campagne du Caudan dans le golfe de Gascogne, août-septembre 1895 », Ann. Univ. Lyon 26, 1896, p. 129-233, 5-6 pl. – Les Opisthobranches et les Héterobranches testacés des mers d’Europe, Lyon : Rey, 1905, 64 p.