Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

ARLOING Fernand (1876-1944)

par Christian Bange.

 Jean-Jacques Fernand Arloing est né à Toulouse (Haute-Garonne) le 28 février 1876, fils de Saturnin Arloing* (alors professeur à l’école vétérinaire de Toulouse) et de Marie-Jeanne-Elisabeth-Laure Roux ; témoins Cyrille Caubet, docteur en médecine, et Ferdinand Laulanié, chef de service à l’École vétérinaire. Peu de temps après sa naissance, ses parents reviennent à Lyon, où Fernand effectue ses études médicales. Il épouse à Saint-Fons (Rhône), le 1er mai 1901, Marie-Alice Picard (Lyon 2e 11 août 1877-Lyon 2e 2 juin 1966), fille de Lucien Picard (1838-1918), ingénieur diplômé de l’école centrale de Lyon, industriel, fabricant de produits chimiques, et de Laure-Céline Janisset ; les témoins au mariage sont Auguste Chauveau*, le professeur [de médecine] Raymond Tripier (1838-1916), le prince François Sapieha (1836-1909) et Cyr Adolphe Benoist, juge d’instruction. En 1902, il soutient sa thèse portant sur les ulcérations tuberculeuses de l’estomac. Bien qu’il soit interne des hôpitaux (1897-1902), il se passionne pour les recherches que son père conduit dans son laboratoire de l’École vétérinaire, et il renonce à mener une carrière hospitalière afin de consacrer la plus grande partie de son activité à la recherche dans le domaine de la bactériologie, déjà exploré avec fruit à Lyon par Chauveau ainsi que par son père. Tout d’abord chef de laboratoire de clinique médicale (1907-1912), il est reçu à l’agrégation de médecine en 1910 et devient en 1913 chef de travaux de médecine expérimentale. C’est d’ailleurs la chaire de médecine expérimentale précédemment occupée par ces deux savants, rebaptisée médecine expérimentale et bactériologie, qu’il obtient en 1919, succédant à Paul Courmont* transféré dans la chaire d’hygiène. Ses recherches portent sur les réactions humorales et cytologiques au bacille de Koch, la culture homogène du bacille de Koch, l’immunisation ; mais il s’intéresse aussi à la diphtérie, au tétanos, à la fièvre aphteuse, ainsi qu’au cancer. En collaboration avec Albert Morel et André Josserand, il étudie expérimentalement chez l’animal et cliniquement chez l’homme la possibilité de réaliser des traitements novateurs pour certains types de cancer ou d’autres maladies comme la sclérose en plaques. Il assure en même temps la direction du service des vaccins et sérums à l’Institut bactériologique du Sud-Est, ainsi que de plusieurs services d’hygiène dans divers centres et dispensaires.

 Dès sa jeunesse, Fernand Arloing se passionne pour la photographie ; il installe un laboratoire personnel pour développer ses clichés dans la maison de campagne de la famille Picard à Cogny (Rhône). Il prend de nombreux clichés, tant de son père, de sa belle-famille et de ses amis que de paysages observés au cours de ses voyages ou de natures mortes, et il réalise une centaine de plaques autochromes selon le procédé Lumière. Cet ensemble a été donné en 1978 par sa nièce Marthe Leblond (née Boutmy-Picard) à la Fondation nationale de la photographie, et il est conservé depuis 1994 à la bibliothèque municipale de Lyon ; certains autochromes figurent régulièrement dans des expositions.

 Réputé, d’après ses biographes, pour son enthousiasme ainsi que pour son affabilité et sa bienveillance, quoique d’un abord réservé, Fernand Arloing était titulaire de plusieurs décorations : chevalier de la Légion d’honneur, officier de la Couronne d’Italie, chevalier de l’Ordre de Léopold (Belgique), chevalier du Nicham Iftikar (Tunisie). Il meurt à son domicile 6 rue du Plat, Lyon 2e, le 9 septembre 1944, « victime du terrible bombardement de Lyon au mois de mai précédent » (G.C., DHL : 68). Après un service à Ainay le 12 septembre, il est inhumé à Caluire.


Académie

Il est admis à l’Académie de Lyon le 5 décembre 1922, au fauteuil 3, section 3 Sciences ; son discours de réception n’a pas été publié.

Fernand Arloing a appartenu à la Société d’anthropologie de Lyon (1908), puis à la Société Linnéenne de Lyon après la fusion de ces deux sociétés en 1922. Il est membre correspondant de la Société de biologie (Paris), et secrétaire de l’Association des médecins de langue française. Il a été élu correspondant national de l’Académie de médecine le 9 janvier 1923, et a également été membre de l’Académie royale de Belgique.

Bibliographie

P. Ameuille, « Notice nécrologique de Fernand Arloing », Bull. Acad. Méd. 128, 1944, p. 683‑684. − L. Meunier, « Éloge funèbre de Fernand Arloing (1876-1944) », MEM 25, 1949, p. 86-87. − G. Corneloup, DHL.

Iconographie

Outre ses portraits contenus dans le fonds photographique Fernand Arloing à la BML, une médaille à son effigie, gravée par Louis Muller, été frappée au lendemain de sa mort. Le revers présente, entre une tige de laurier et un caducée, Esculape tenant un parchemin.

Publications

Outre sa thèse, intitulée Ulcérations tuberculeuses de l’estomac (étude clinique, expérimentale et anatomo-pathologique), Paris : Asselin et Houzeau, 1902, 419 p., ill., F. Arloing est l’auteur d’ouvrages de pratique médicale, tels que Le tétanos (avec A. Dufourt), Paris : Doin, 1936, 60 p. Seul ou en collaboration avec ses élèves, notamment André Dufourt (1885-1957) et Jean Viallier (1913-1995), il a publié entre 1899 et 1943 plus de 300 mémoires et communications scientifiques, insérés pour la plupart dans les Comptes rendus de l’Académie des sciences et de la Société de biologie, ainsi que de nombreux articles dans des revues médicales. On citera, à titre d’exemples : « L’agglutination du bacille de Koch par un sérum spécifique s’accompagne-t-elle d’une action bactériolytique et bactéricide ? », CR Soc. Biol. 51, 1899, p. 751-753. − « Influence de l’oxygène sous pression sur le bacille de Koch en cultures liquides », CR Soc. Biol. 52, 1900, p. 291-292. − « Sur la réaction cutanée à la tuberculine », CR Soc. Biol. 62, 1907, p. 1171‑1175. − « Sur la réaction cutanée provoquée par diverses tuberculines et par du sérum d’homme tuberculeux », CR Soc. Biol. 62, 1907, p. 1215‑1217. − « Nouvelles considérations sur le mécanisme et la valeur spécifique de l’oculo-réaction à la tuberculine », CR Soc. Biol. 64, 1908, p. 722-724. − Avec G. Richard, « Les corpuscules métachromatiques des Corynebactéries. Cyto-logie expérimentale et comparée », Rev. Gen. Botan. 33, 1921, p. 88-95. − « Sur la durée de la période ante-allergique à la tuberculine chez les cobayes injectés de filtrats tuberculeux », CR Soc. Biol. 98, 1928, p. 685-687. − Avec Josserand et Charachon, « Recherches sur l’action du corps thyroïde de lapin normal ou préparé sur l’évolution de l’épithelioma expérimental de la souris blanche », CR Soc. Biol., 100, 1929, p. 665-666. − Avec A. Dufourt, « Réflexions sur le cycle de l’infection tuberculeuse humaine », Presse médicale 40, 1932, p. 877-1880. − Avec Morel et Josserand, « Action sur les tumeurs, en injections intraveineuses, de produits chimiques solubles dans lesquels le fer est associé à la vitamine C (acide ascorbique) », CRAS 201, 1935, p. 456-458. − « Effets, vis-à-vis des cancers expérimentaux, d’un produit d’action du chlorure ferrique sur les sels de l’acide L-ascorbique », CR Soc. Biol. 118, 1935, p. 551-554. − Avec Thévenot et Viallier, « Action de divers sulfamidés sur le développement du colibacille », CR Soc. Biol. 136, 1942, p. 601-602. − Avec Morel, Josserand et Perrot, « Désinfiltration et désinfection des cancers par injections intraveineuses de sels complexes ferrico-sodiques d’acides cétoniques autres que l’acide déhydro-ascorbique, de l’acide alloxanique principalement », CR Soc. Biol. 137, 1943, p. 117-119.