Né et baptisé (Urbin) le 21 septembre 1754 à Toulon, paroisse Sainte-Marie, fils de François Jaume, marchand de toile, et d’Anne Marie Graugnard, mariés à Toulon le 20 janvier 1737. Parrain : Gaspard Jaume, marchand ; marraine : Geneviève Friset. Son frère François Thomas Jaume (Toulon 7 mars 1750-Aix-les-Bains 6 août 1800), avocat, est député du Tiers aux États généraux, élu le 6 avril 1789 par la sénéchaussée de Toulon, puis administrateur du département du Var, avant de se retirer à Lyon en 1796.
Le fait qu’Urbain Jaume ait demandé à Paris un passeport pour se rendre à Lyon en l’an VIII (F7/3571 an VIII), laisse à penser qu’il n’est venu dans cette ville qu’à cette date, pour devenir le premier secrétaire du premier préfet Verninac*. Il est encore qualifié de secrétaire général pour l’administration de la préfecture du Rhône nommé en l’an VIII, puis de commissaire général de police succédant à François Noël. En tout cas, il est remplacé en l’an X et semble retourner à Paris. En 1807, il est domicilié 19 rue Pelletier.
En 1812, il est cité dans les Mémoires de Barras, comme lui rendant des services, dans l’épisode de l’intrigue menée à Marseille avec Charles IV d’Espagne. Auparavant, il est cité comme avocat, membre de la Société des Jacobins de Paris, membre de la commission de correspondance avec Billaud-Varenne, et incarcéré quelque temps au cloître des Carmes en 1793. L’ordre d’arrestation porte : « Urbain Jaume, se disant-né à Port-la-Montagne [Toulon], ami des Lameth, du ci-devant duc d’Aiguillon et de Moreton Chabrillant » (Catalogue de la collection de lettres autographes manuscrites du comte de..., Par Jean Marie Nicolas Lucas de Montigny, Paris 1860). Il est inscrit sur les listes de détenus comme ex-administrateur des armées.
Il a eu une heure de gloire lorsque, avec le graveur Jean-Démosthène Dugourc (1749-1825), il déclara dans le Journal de Paris en mars 1793 qu’un républicain ne pouvait utiliser des cartes à jouer avec des rois, des reines et des valets, qui rappelaient le despotisme et l’inégalité des conditions. On pouvait se procurer dans leur dépôt 11 rue Saint-Nicaise des jeux de cartes dont les rois étaient des génies (guerre, paix, arts et commerce), les reines des libertés (des cultes, de la presse, du mariage et des professions) et les valets des égalités (des droits, des devoirs, des rangs et des couleurs). Les as étaient la Loi, car elle est au-dessus de tout. Le 17 février 1793, un brevet de cinq ans a été délivré pour l’invention de nouvelles cartes à jouer, aux sieurs Urbain Jaume, et Jean-Démosthène Dugoure [sic] de Paris, inventeurs : « Nouvelles cartes de la République française. Plus de rois, de dames, de valets ; le génie, la liberté, l’égalité les remplacent. La loi seule est au-dessus d’eux. Si les vrais amis de la philosophie et de l’humanité ont remarqué avec plaisir, parmi les types de l’Égalité, le Sans-Culotte et le Nègre, ils aiment surtout à voir la Loi, seule souveraine d’un peuple libre, environner l’as de sa suprême puissance dont les faisceaux sont l’image, et lui donner son nom ». (Jules Renouvier, Histoire de l’art pendant la Révolution, 1789-1804, Paris : Renouard. Les Cartes de la Révolution : cartes à jouer et propagande : [exposition], 17 novembre 1989-12 février 1990, Ville d’Issy-les-Moulineaux, Musée français de la carte à jouer, 1989). Victor Hugo a salué l’inventivité révolutionnaire de Jaume : « On jouait aux cartes sur la borne des carrefours; les jeux de cartes étaient, eux aussi, en pleine révolution; les rois étaient remplacés par les génies, les dames par les libertés, les valets par les égalités, et les as par les lois » (Quatre vingt-treize, II, ch. 1).
Il est mort à Paris le 4 février 1816, un inventaire après décès ayant été dressé le 5 avril 1816.
Il est porté sur les listes dressées par Verninac en 1800, et présent aux séances de l’an VIII et l’an IX. Aucune intervention de sa part n’est mentionnée.