Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

La recherche est faite par sous chaîne, insensible à la casse et aux accents.

TISSEUR Jean (1814-1883)

par Louis David.

 Jean Marie Marcel est né le 7 janvier 1814, paroisse de Saint-Bonaventure à Lyon, père Jean Marie Louis Tisseur, mère Françoise Durafor ; témoins Barthélémy Tisseur négociant, son oncle, et Benoît Mathevon fabricant. Jean est un frère de Clair Tisseur*.

 Il est mis en nourrice à la campagne, comme son frère Barthélémy de deux ans son aîné. Il fait ses premières études auprès du père Clément, puis entre au pensionnat Aynès et Sauvignet à Saint-Just où se trouvait déjà son frère ; après un passage au séminaire des Minimes puis au collège de Lyon, les deux frères entrent en octobre 1829 au petit séminaire de l’Argentière. Après 1830-1831, Barthélémy quitte l’Argentière pour préparer son baccalauréat au collège de Lyon sous la direction de l’abbé Noirot* ; en 1833 il part pour Aix-en-Provence suivre des études de droit : très liés, les deux frères échangent de nombreuses lettres.Après ses études, Jean est placé d’abord chez un avoué, mais en 1839 ou 1840 il est atteint d’une fièvre typhoïde qui arrête à jamais l’exubérance de sa vie physique. Il entreprend à son tour des études de droit à Paris et Grenoble. Le 28 janvier 1843 survient un accident dramatique : Barthélemy, qui enseigne alors la littérature française à l’académie de Neuchâtel en Suisse, se noie dans le lac suite à un accident inexpliqué ; il avait 31 ans et pouvait espérer un bel avenir ; ses frères, Jean en particulier, restent très affectés par cette disparition.

 Études terminées, Jean vient à Lyon pour exercer la profession d’avoué, de 1844 à 1848, mais il l’abandonne pour se consacrer au journalisme et surtout à la poésie : il écrit de très nombreux poèmes dans les journaux et les revues de la région. Le 20 juin 1853 il est recruté comme secrétaire par la chambre de commerce de Lyon, mais commence par une longue maladie, ce qui ne l’empêchera pas, pendant trente années, de jouer un rôle important au service des intérêts de la ville. Son métier le conduit, à côté de la poésie toujours présente, à publier de nombreux articles consacrés à l’économie : dans le Salut Public, il sera chargé d’un bulletin commercial hebdomadaire, ainsi que d’une autre rubrique hebdomadaire dans L’économiste français. Retenons aussi son très documenté ouvrage sur l’histoire de la fabrique lyonnaise de soieries de 1873. C’est à ce titre d’économiste qu’il obtient la Légion d’honneur : chevalier le 14 juin 1865 (LH/2609-68).

 Dans le cadre de ses fonctions à la chambre de commerce, il va entrer en contact avec un collègue des services de la préfecture : Joséphin Soulary*, poète lui aussi. Ce sera le début de relations suivies. En 1885, ses deux frères encore vivants, Alexandre et Clair, rassemblèrent et publièrent ses poésies, comme cela avait déjà été fait pour Barthélemy ; Clair ajoute alors une introduction de 152 pages – avec l’aide de Soulary – qui est très précieuse pour bien connaître Jean et sa carrière. Laissons conclure sobrement Clair pour définir son frère : « Jean est le fils d’Homère et des Grecs ; il était de l’école du net, du précis, du tangible ; il rejetait l’expression nuageuse et flottante » ; bien que très proche, il était à l’opposé du romantique Barthélemy.

 Il meurt le 26 juillet 1883, un mois après la cérémonie organisée par la chambre de commerce avant son proche départ à la retraite ; il habitait 10 rue Franklin, et son acte de décès est établi le 27 par la mairie de Lyon 2e, avec comme témoins Jean Knaff, négociant, et Jean Pommet, employé. La tombe familiale est au cimetière de Sainte-Foy-lès-Lyon.


Académie

Au concours ouvert en 1852, ayant pour thème l’éloge de Jacquard, Jean Tisseur obtient le 21 juin 1853 la médaille d’or de l’Académie offerte par Mathieu Bonafous*, pour un long poème en vers sur Jacquard. Il est élu le 3 juin 1856 au fauteuil 1, section 1 Lettres, sur un rapport de Charles Fraisse* du 27 mai ; discours de réception le 15 février 1859 : Des affinités de la poésie et de l’industrie dans l’Antiquité grecque (MEM L 7, 1858-1859, et Lyon : A. Vingtrinier, 40 p.). Paul Rougier* a prononcé un discours à ses funérailles, lu à l’académie le 31 (MEM 22, 1884).

Bibliographie

Paul Mariéton, « Un poète lyonnais, Jean Tisseur », RLY 6, 1883, p. 213-216. – Jean Vachez*, « Jean Tisseur », Ibidem, p. 216-217. – Clair Tisseur, « Quelques notes sur Jean Tisseur », RLY 8, 1884, p. 601-615. – Clair Tisseur*, « Jean Tisseur », préface de Poésies de Jean Tisseur recueillies par ses frères, Lyon : Pitrat Aîné, 1885, p. I-CLII. – Gaspard Émile Valentin*, « Jean Tisseur », MEM L 23, 1885-1886, p. 251-279. – Édouard Aynard*, Une famille littéraire à Lyon. Les quatre Tisseur, Lyon : Storck, 1896 (Jean : p. 1-7 ; 9-29 ; 101-102, portrait). – H. Hours*, « Tisseur Jean », in DMR, 1994, p. 398-399.

Publications

Jean Tisseur publie ses poésies dans différents journaux : la première fois dans le journal Papillon sous l’anagramme « Reussit » ; il lui donne ensuite en 1835 une pièce sous le titre Pauvre fille (plus tard changé en Compassion), signée Joannys du nom que lui donnait ses parents [fondé par Léon Boitel, le Papillon ne dura que ce que dure la vie de l’insecte de décembre 1833 à août 1835, mais Boitel lança alors la Revue du Lyonnais où continua à publier Tisseur]. Ses poèmes sont rassemblés dans les Poésies de Jean Tisseur recueillies par ses frères, 1885, 277 p. : Sous le nom de Joannys Tisseur, « La locomotive », RLY 28, 1848, p. 5-9) [un poème étonnant]. – « De l’esprit de Lafontaine, à propos des fables de Pierre Lachambeaudie, d’Eugène Mazelle et de Théophile Duchapt », RLY 2, 1851, p. 406-422. – « Béranger et Pierre Dupont », RLY 3, 1851, p. 58-84. – « Rétif de La Bretonne à propos de La paysanne pervertie », Ibidem, p. 518-532. – « Alfred de Musset, à propos de sa réception à l’Académie française », RLY 4, 1852, p. 450-465. – Note sur le tarif des soieries, Paris : impr. impériale, 1860. – La guerre (idylle grecque), suivie de : Épitaphe imitée du grec, Lyon : Vingtrinier, 1862, 14 p. – Union libérale lyonnaise pour le maintien des traités de commerce. Rapport général sur le commerce et l’industrie de Lyon, Lyon : Bellon, 1870, 20 p. – La fabrique lyonnaise de soieries, Lyon : Louis Perrin, 1873, – Concours Académie : « L’amélioration de la condition des femmes », rapport de J. Tisseur du 16 juillet 1878, MEM L 18, et Lyon : impr. Bellon, 1878, 29 p. – « Étude littéraire : Victor de Laprade », RLY 6, 1853, p. 323-339. – « Une visite au tombeau de Jacquard » [inauguration du nouveau monument Jacquard, 29 septembre 1901], Ibidem, 1853, p. 506-519 ; Lyon : F. Dumoulin, 1853, 13 p., et Lyon : A. Rey, 1901.