Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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GAUTIER de MONTDORGE Antoine (1701-1768)

par Dominique Saint-Pierre.

 Antoine Gautier de Montdorge est né à Lyon le 24 janvier 1701, et baptisé le 25 à Saint-Pierre Saint-Saturnin. Fils d’Antoine Gaultier (1662-Ainay 1735) – écuyer, seigneur d’Arbent (Ain), Uffelle, Bona, Chatonne et Emondaux, receveur général, échevin de Lyon – et de Marie Louise de Barcos (5 septembre 1675-Yerres 5 juillet 1757), dame de Pusignan. Parrain : Antoine Saladin, seigneur de Fresne, trésorier de France en la généralité de Lyon, son oncle (époux le 24 février 1668 à Saint-Nizier de Marie Gaultier) ; marraine : Catherine de Barcos, sa tante. Il est ainsi le neveu d’Artus Timoléon de Barcos*, et le beau-frère de Jacques Annibal Claret de La Tourrette*.

 Maître de la chambre aux deniers du roi à Lyon, il possède une grande fortune et s’intéresse aux lettres et aux arts. Romancier, amateur de peintures et d’opéra, il est le librettiste des Fêtes d’Hébé, opéra-ballet mis en musique par J.-Ph. Rameau, qui obtint un grand succès en 1739 (rue Neuve-des-Petits Champs, il était voisin de Rameau, qui s’était installé chez le mécène Le Riche de la Pouplinière). Ami et mécène du peintre et graveur Jacob Christophe Le Blon qui le conseille, il publie en 1756 L’Art d’imprimer les tableaux en trois couleurs, dont il reprend les idées dans l’article « Gravure » de l’Encyclopédie.

 D’après les Mémoires secrets (29 octobre 1768), M. Gauthier de Mont-d’Orge a épousé en secondes noces une jeune personne qui « ne l’a point quitté dans toutes ses infirmités […] et, dans la plus grande jeunesse, s’est conduite avec toute la prudence de la femme la plus raisonnable. Elle est à même de recueillir aujourd’hui les fruits de sa sagesse par plus de cent mille livres de rentes, dont elle se trouve avoir l’usufruit ». « Paralysé dans tous ses sens », il avait en effet épousé en 1765 Marie Françoise Félicité du Crest, née le 14 janvier 1748, fille de Lazare du Crest de Chigy (1703-1763) et de Philippine Julienne Gayot. Selon Grimm et H. Carré, elle aurait été, comme sa sœur Catherine, une fille adultérine de la marquise de Belvo – Catherine Chaussin d’Hurly (1725-4 janvier 1773), épouse en 1740 de Jean de Branol, seigneur de Bellevaux, officier tué à Prague en 1743) – et de Charles Guillaume Lenormand d’Étiolles, mari délaissé de la Pompadour, et elle aurait été reconnue et légitimée, moyennant finances, par Lazare du Crest de Chigy et Philippine Julienne Gayot. La comtesse de Genlis la revendiquait comme une de ses cousines. J. Nicolle soutient qu’elle était, comme sa sœur Catherine, fille de Marie-Victoire de Chevailles – veuve de François-Antoine des Lacs du Bosquet d’Arcambal – et de Charles Guillaume Lenormand d’Étiolles, recueillie par Mme de Bellevaux, qui aurait reçu une rente de son amant pour leur éducation et qui aurait utilisé les services de Lazare du Crest. Devenue veuve, Marie Françoise Félicité épousa le 13 janvier 1770 Antoine Joseph des Lacs d’Arcambal (Cahors 20 mai 1727-8 octobre 1790), colonel de la légion corse, d’où naquit Aglaé des Lacs (Paris 10 juin 1775-1er décembre 1728), qui épousa en premières noces le 31 mars 1792 Charles Pierre Claret de Fleurieu de La Tourette*, et en secondes noces en 1815 Eusèbe Baconnière de Salverte (1771-1839).

 Gautier de Mondorge meurt sans postérité à Paris le 24 octobre 1768 « des suites d’une apoplexie dont il avait été frappé il y a quelques années, et dont il ne s’était jamais bien relevé » (Bachaumont). Le Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacie (juin 1768, p. 542-544) indique qu’une paralysie de la gorge l’empêchait de se nourrir, et qu’il fallut faire intervenir M. de Bauve, inventeur d’un instrument pour introduire des aliments dans l’œsophage.


Académie

« Dans la séance du 17 Xbre [1726] [...] M. de Mondorge fût reçû, et remercia l'academie » (Pernetti, Ms 301, p. 32; le registre original est lacunaire à ces dates): il a donc dû être élu peu avant. On ne le trouve noté présent dans les registres qu'à l'assemblée publique du 25 novembre 1732. D'après Kafker (p. 261), il réside rue de Richelieu à Paris de 1734 à sa mort

Bibliographie

Michaud. – Quérard. – Louis Trénard, DBF. – Barbier, Dict., 9944. – Mémoires secrets pour servir à l’histoire de la république des lettres en France [dits de Bachaumont], Londres, Adamson, t. 4, 1784, p. 128-129. – Mémoires inédits de Madame la comtesse de Genlis, sur le dix-huitième siècle et la révolution françoise depuis 1756 jusqu’à nos jours, Paris : Didier Masseau, 1825, p. 95-96. – Friedrich Melchior Grimm, Correspondance littéraire, philosophique et critique de Grimm et de Diderot, depuis 1753 jusqu’en 1790, Paris : Furne et Ladrange, t. 6, p. 154-155, 1829 (1er février 1769). – Henri Carré, La Noblesse de France et l’opinion publique au xviiie siècle, Paris : Champion, 1920, p. 47. – Jean Nicolle, Madame de Pompadour et la société de son temps, Paris : éd. Albatros, 1980. – Françoise Gevrey « Fées cartésiennes ou fées newtoniennes », Féeries n° 6, Ellug, 2009, p. 87-105 (à propos de Brochure nouvelle). – Jean-Marc Warszawski, « Notice sur Gautier de Montdorge Antoine (1701-1768) », www.musicologie.org/Biographies/g/gautier_de_montdorge_antoine.ht. – Isabelle Tremblay, Catherine Chaussin d’Hurly, www.siefar.org/dictionnaire/fr/Catherine_Chaussin_d’Hurly. – F. & S. Kafker, The Encyclopedists as individuals, Oxford, Voltaire Foundation, 1988, p. 261-263

Œuvres

« Le Voyage à Paphos », Mercure de France, décembre 1727, p. 2849-2886 [attribué aussi à Montesquieu]. – Les Fêtes d’Hébé, ou les Talents lyriques, ballet représenté pour la première fois par l’Académie royale de musique le jeudi vingt-un May 1739, musique de Rameau, Paris : Ballard, 1739, 58 p. ; rejoué en 1747 et 1766. – Basile et Quitterie, tragi-comédie en vers, en trois actes, par Gaultier, représentée à Munich, chez J.J. Vötter, imprimeur de la Cour et des États de Bavière, 107 p. – Quelques lettres écrites en 1743 et 1744 par une jeune veuve au chevalier de Luzeincour, 1761 ; quinze de ces lettres avaient paru sous le titre « Lettres d’une jeune veuve à un chevalier de Malthe » dans le Mercure (novembre 1758, p. 8-13, et janvier 1759, p. 57‑72) ; éd. augmentée (53 lettres) sous le titre Lettres au chevalier de Luzeincour, par une jeune veuve, Londres : s.n., 1769, 288 p. (si Gautier a en effet publié ces textes, l’auteur en est, selon Marmontel, la marquise de Belvo). – Réflexions d’un peintre sur l’opéra, La Haye : Pierre Gosse, 1743, 41 p. ; rééd. Paris : F.-G. Mérigot, 1763, 42 p. – Brochure nouvelle [conte de fées parodique et licencieux], s.l., s.n., 1746, 190 p. – L’Art d’imprimer les tableaux en trois couleurs, traité d’après les écrits, les opérations et les instructions verbales de J. C. Le Blon, Paris : P. G. Le Mercier, 1756, 180-xii p., pl. – L’Opéra de société, comédie-ballet en un acte représentée pour la première fois par l’Académie royale de musique le vendredi 1er octobre 1762, musique de Giraud, Paris : aux dépens de l’Académie, 1762, 23 p. – Conte oriental, par Nadir, Paris, 1767, in-12 (peut-être le même que le suivant).– Nadir, histoire orientale, roman moral et politique applicable aux mœurs du jour, La Haye : C. Le Febure, 1769, 168 p. – Trénard lui attribue Le Galant Triollet, ou Mémoires d’Azaminde et de Thersini, Amsterdam, Adrien Moetjens, 1747.