Dictionnaire historique des académiciens de Lyon

Préface
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PONSAINPIERRE du PERRON Dominique de (1685-1755)

par Denis Reynaud, Michel Dürr.

 (On trouve aussi Ponsaintpierre, Ponsaimpierre, dans les registres de l’Académie. Il signe Ponsainpierre. Sous la plume de Dugas*, il est toujours nommé M. du Péron ou Dupeyron).

 Dominique de Ponsainpierre, seigneur du Peron (act. Perron) – du nom du château de Pierre-Bénite acquis le 17 juin 1675 par son grand-oncle Lambert de Ponsainpierre, et vendu le 12 août 1761 aux administrateurs de l’Hôpital de l’aumône générale – est né le 14 novembre 1685 23 rue Juiverie, dans la belle maison des lions que son père venait d’acquérir, et baptisé à l’église Saint-Paul le 9 mai 1686. La famille Andretti, d’origine lucquoise, s’était établie à Lyon à la fin du xvie siècle, naturalisée en 1599 et avait fait fortune dans le négoce de la soie ; ils avaient adopté le nom de Ponsainpierre, du nom d’un village où ils avaient des domaines dans le territoire de Lucques. Dominique est le fils de Barthélemy de Ponsainpierre (Lyon, 1653-1731), conseiller du roi, président trésorier de France en la généralité de Lyon, et d’Elizabeth Guêton (décédée en 1738) – fille du Lyonnais Claude Gueston, agent de la compagnie royale des Indes à Surat, mort à Shiraz en 1673, et d’Élisabeth Holier –, qui fut trésorière de la Propagation. Il est aussi le cousin germain de l’académicien Lambert Rouvière*.

 Il épouse, le 28 juin 1715, paroisse d’Oullins dans la chapelle du château du Peron, Bonne d’Ambournay, fille de Jean Baptiste d’Ambournay, marchand bourgeois de Lyon, et d’Anne Jouve. Ils ont eu deux filles : Anne Constance, mariée à Oullins dans la chapelle du Peron le 2 novembre 1739 à Pierre Dugas*, et Marie Bonne, qui épousa à Ainay le 25 novembre 1744 Jean-Antoine de Regnault de Parcieux*. Il réside place Louis-le-Grand (Almanach Royal, 1726, 1733), dans un hôtel situé à l’emplacement du 27 place Bellecour, où son épouse tient salon (en 1757, Dugas et Parcieux firent construire par l’architecte P.-J. Thénard un nouvel immeuble qui existe encore). Du Perron est inhumé à Ainay le 21 novembre 1755.

 Conseiller à la cour des monnaies en 1708 (comme nombre des premiers membres de l’Académie), chevalier, conseiller du roi, trésorier général au bureau des finances de la généralité de Lyon, administrateur de l’Hôpital général de la Charité (1717).


Académie

Entré à l’Académie en 1712, il n’y lit pas moins de quatre-vingts dissertations entre 1715 et 1753 (dont quatorze pour la seule année 1728), généralement sur des sujets d’histoire ancienne et de poésie, mais aussi de philosophie et d’histoire naturelle ; la plupart sont perdues, mais on en trouve parfois l’analyse dans les registres de l’Académie. Dans la correspondance entre Dugas et Saint Fonds, Du Perron est jugé « ferme, droit, un peu austère, mais raisonnable », et ses discours souvent « trop prolixes », voire « ennuyeux ». Le 24 janvier 1718, ses observations critiques sur Descartes et la question du vide sont suivies d’un vif débat dont Dugas rend compte dans une lettre du même jour. Sa dissertation sur le rythme, lue lors de l’assemblée publique du 2 septembre 1733, est appréciée par Dugas, mais jugée « un franc galimathias » par Colonia (lettre du 27 septembre). En 1736, il participe à une réforme controversée de la distribution des jetons qui vise à ne récompenser que les membres les plus assidus, dont lui-même. Voici ses interventions telles qu’elles sont mentionnées dans les registres : 5 juillet 1715, Sur les dots et conventions de mariages. – 14 et 25 avril 1717, De l’établissement du droit romain à Lyon. – 24 janvier 1718, Réfutation d’un point de la philosophie de Descartes : la matière définie comme un espace étendu. – 24 janvier 1718, Sur une question de physique très difficile : le vide. – 14 février 1719, Histoire des monnaies jusqu’à Charles VII. Réflexions sur l’édit de mai 1718 dévaluant les monnaies. – 14 mars 1719, Réflexions sur la taille, 4e cas où le seigneur et son fils ont été faits chevaliers. – 23 avril 1720, Sur le prologue de l’Amphitryon de Plaute. – 10 février 1721, Suite de l’histoire des monnaies dans le royaume de France. – 1er février 1727, De l’opération du soleil sur les plantes. – 13 janvier 1728, Observations sur Plutarque. – 13 janvier 1728, Sur ces mots : Miles feri vultum. – 20 janvier 1728, Observations sur les mots dominus et domina. – 27 janvier 1728, Observations sur les travaux des anciens pour unir deux mers ou deux rivières et sur un fait singulier que l’eau n’entre dans les caves que quand les rivières diminuent. – 3 février 1728, Sur les Amphitryons. – 17 février 1728, Sur les pétrifications. – 24 février 1728, Observations sur l’ostracisme. – 9 mars 1728, Justification de l’amour employé dans les tragédies. – 13 avril 1728, Observations sur le grand et le pathétique. – 15 mai 1728, Sur la signification du mot damoiseau. – 1er juin 1728, Sur les masques et la déclamation des anciens. – 8 juin 1728, Sur la durée de l’action dans le poème dramatique. – 15 juin 1728, Sur le motif de crédibilité tiré du risque de l’incrédulité. – 14 décembre 1728, Remarques sur la noblesse française et les titres de chevalier, d’écuyer et de valet. – 3 janvier 1729, Sur les serments des anciens. – 3 janvier 1729, Traduction d’une lettre d’Épicure. – 8 février 1729, Observations sur le discours de M. Rey sur la liberté de l’homme. – 15 mars et 5 avril 1729, Sur les coquillages pétrifiés trouvés sur les montagnes. – 26 avril, 21 juin, 9 et 23 août 1729, Si l’incertitude des événements est une source de plaisir dans les poèmes. – 12 janvier 1730, Sur la vraie étymologie du mot académie. – 9 janvier 1731, Sur ce que les anciens appelaient le παθος. – 13 février 1731, Réflexions sur l’Andromaque d’Euripide. – 3 avril 1731 (assemblée publique), Sur le bannissement de cinq ou dix ans à Athènes. – 10 avril 1731, Sur la versification, contre M. de la Mothe. – 5 juin 1731, Lecture d’une lettre de Racine fils sur la dissertation de Duperron sur Euripide, puis réponse de Ponsainpierre à Racine fils sur quelques questions posées sur les poètes tragiques. – 31 juillet 1731, Sentiments des anciens sur les limites de l’intervention des dieux dans la poésie, à l’occasion d’un passage de Pindare et d’un passage de Sophocle. – 31 juillet 1731 et 15 janvier 1732, Explication des divers sens qu’on donne au mot galant. – 19 février 1732, Si les Macédoniens doivent être nommés Barbares, et si les Pélagiens sont véritablement grecs. – 22 avril (assemblée publique) et 12 août 1732, Histoire des Messéniens. – 2 décembre 1732, Sur les jeux funèbres, comparaison de Virgile, de Stace et de Silius Italicus. – 20 janvier 1733, Sur la Cyropédie de Xénophon. – 28 avril 1733, Sur les éloges funèbres que les Athéniens faisaient des guerriers morts au service de la patrie. Traduction de trois de ces éloges. – 1er septembre 1733 (assemblée publique), La poésie a une beauté réelle et intrinsèque. Sur le rythme et la cadence de la poésie. – 5 janvier 1734, À la suite du discours de Glatigny sur l’humeur, même sujet traité d’une manière métaphysique. – 6 avril 1734, Sentiments de Platon sur la poésie. – 18 janvier 1735, Réflexions sur le caractère personnel de Cicéron. – 8 mars 1735 et 19 avril 1735 (assemblée publique), Sur la valeur des anciens Gaulois, comparée avec celle des Romains. – 5 juin 1736, Sur ce qui peut faire la félicité de l’homme indépendamment de la religion. – 26 mars 1737 et 15 avril 1738, De la religion des Grecs. – 29 avril 1738, Discours où sans s’attacher servilement à l’opinion de Sextus Empiricus, il est établi qu’il est peu de choses dont il ne faille douter. Sur les divers degrés de certitude. – 2 septembre 1738, Sur les jeux de hasard et en particulier la loterie. – 24 février 1739, La vie de Palamède. – 9 juin 1739, Observations sur les nouvelles opinions des philosophes sur la physique moderne. – 11 août 1739, Sur la Cyropédie. – 9 février 1740, Si l’admiration pour les vertus morales des romains est fondée. – 24 janvier 1741, Éloge de Tribonien et de sa compilation des lois romaines. – 13 février 1742, Mémoire pour servir à l’histoire de la physique depuis un siècle (lu par Dugas fils à la place de Ponsainpierre indisposé). – 20 février et 3 avril 1742, Suite du précédent. – 26 mars 1743, Observations sur le discours de Dugas fils : Cicéron a-t-il été proclamé imperator par ses soldats lors de son expédition en Cilicie ? – 19 février 1743, Sur l’établissement et l’autorité des empereurs romains. – 21 janvier 1744, Sur une proposition tirée du Traité de la pluralité des mondes par Fontenelle. – 17 mars 1744, Réflexions sur la mesure des vers utilisés par les tragiques grecs. – 16 février 1745 et 15 février 1746, Sur les commencements de la Grèce. – 28 février 1747, De plusieurs traits intéressants d’un auteur italien sur l’ancien gouvernement de Gênes et ses changements successifs depuis l’an 1100 jusqu’à nous. – 21 mars 1747, Présentation de l’Histoire critique des Gaules de l’abbé Du Bos et de la critique qu’en a faite l’abbé Desfontaines.– 9 janvier 1748, Recherches sur l’origine des Bourguignons établis à Lyon sous Majorien. – 23 janvier 1748, Remarques et observations sur les devises de Titon du Tillet. – 14 janvier 1749, Sur les mœurs et les lois des anciens Bourguignons. – 3 juin 1749, Réflexions sur les différentes manières d’écrire l’histoire. – 15 avril 1749 (assemblée publique), Des véritables sentiments de Platon sur la poésie. – 3 février 1750, De l’érudition des anciens. – 27 avril 1751, Explication d’un passage de Cicéron : sur l’exemple des tributs attachés aux temples des dieux, extrait de De la nature des dieux, livre 3 : « an Amphiaraus deus erit, et Triphonius, nostri quidem publicani ». – 30 novembre 1751 (assemblée publique), Sur l’Andromaque d’Euripide. – 13 juin 1752, Pour justifier Tite-Live d’avoir rapporté les prodiges tenus pour vrais par la tradition. – 15 mai 1753 et 29 janvier 1754, Observations diverses.

Bibliographie

Pernetti. – Dugas et Saint Fonds. – M. Cochard, « Notice sur le château du Perron », AHSR, vol. 2, mai-oct. 1825, p. 278-293.

Manuscrits

Observations sur quelques points de la philosophie de Descartes (Ac.Ms144 f°26, 24 jan. 1718). – Discours prononcé dans l’académie de Lyon par M. Dupeyron sur l’histoire des monnaies de France (Ac.Ms141 f°31-39, daté de 1718, mais voir commentaire de Dugas dans sa lettre du 14 février 1719). – Observations sur les ouvrages de deux historiens grecs : Ctesias et Hérodote (Ac.Ms135 f°2-40). – Notes sur Cicéron et sur Jean Milton (Ac.Ms138 f°2-3). – Dissertation sur la vie du poète Martial (Ac.Ms138 f°7-13). Voir aussi la Réponse [de Depravieux ; directeur] à la dissertation de M. Duperron [du 13 juin 1752, reprise en Assemblée publique] sur les prodiges rapportés par Tite-Live (Ac.Ms157 f°77, 1er mai 1753). – Le ms intitulé « Sur l’autel de Lyon » (Ac.Ms118 f°94-103) est attribué à Colonia (« Hist. litter. t. 1er, page 71 jusqu’à la page 118 »), mais semble partiellement de l’écriture, caractéristique et assez illisible, de Du Peron.